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Anton Arensky (1861-1906) -compositeur

Anton Arensky est un compositeur russe, hélas méconnu, qui a pourtant été l'élève de Rimsky-Korsakov puis le professeur de Scriabine et de Rachmaninov...

Si sa musique symphonique ou ses concertos n'ont en effet qu'un intérêt historique, du fait d'un langage musical assez faible et qui ne s'émancipe pas de l'influence de Rimsky-Korsakov ou de Tchaïkovsky, il en va tout autrement de sa musique de chambre, dont la délicatesse et le raffinement rapprochent davantage Arensky du romantisme allemand, voire de l'école française fin de siècle qui annonce Debussy et Ravel, que de la musique par trop nationaliste du Groupe des cinq, qui lui est pourtant contemporain.  

A la différence du trio avec piano grandiloquent et martial, presque lourd et pompeux, de Tchaïkovky,  dont le langage est excessivement nationaliste, ou du trio de Rimsky-Korsakov dont seule l'introduction, certes magnifique, émeut véritablement, le trio avec piano opus 32 en ré mineur d'Arensky est un véritable bijou emprunt d'une délicatesse et d'une sensibilité tout à fait remarquables.

Suite aux accents brahmsiens et au lyrisme exceptionnel des deux premiers mouvements, Arensky livre ensuite une élégie, un adagio et un finale qui semblent pouvoir concilier le romantisme allemand avec l'impressionnisme des compositeurs français. Une œuvre d'une grâce et d'un charme exceptionnels:

- Trio op. 32 en ré mineur:    http://youtu.be/WR7IgPqscJE

 

Le quatuor op. 35 avec deux violoncelles renoue sans doute encore plus fortement avec l'héritage allemand (en particulier dans son introduction moderato) et plus précisément avec la musique de Schubert qui avait déjà su associer merveilleusement deux violoncelles dans son célèbre quintette.

L'emploi de ces deux violoncelles confère au quatuor d'Arensky un caractère intime et mélancolique qui, pour autant, ne sombre jamais dans le pathétique. Certes l'âme humaine y est sollicitée dans toute sa profondeur mais au sein d'un clair-obscur qui ne se s'abandonne pas à un déchirement désespéré. Ce premier mouvement semble nous dire tout le réconfort que pouvait procurer la composition à Arensky, un homme qui n'a pas eu une vie très heureuse… Il est donc tout à fait remarquable que sa musique ait pu conserver un si bel équilibre au sein même de ses œuvres les plus personnelles.

Tout le second mouvement est un ensemble très réussi, enjoué et dansant, de variations sur un thème particulièrement lyrique de Tchaïkovsky.

Arensky en a écrit un arrangement pour orchestre à cordes qui lui permet d'être encore joué aujourd'hui dans les salles de concert, tandis que son quatuor à cordes conserve toute sa place dans le répertoire des chambristes. Avec son trio op.32, il s'agit sans doute là de l'une des œuvres les plus réussies de ce compositeur. 

- Quatuor op. 35 en la mineurhttp://youtu.be/AmU-s2V-xwA

 

Le quintette avec piano en ré majeur op. 51 est un chef d'œuvre de la maturité. Son langage musical atteint une évidence et une luminosité qui en font une œuvre maîtresse du répertoire. Le premier mouvement est d'une dynamique parfaite, le dialogue entre le piano et les cordes développe des contrastes d'un équilibre et d'une complémentarité dignes d'un Brahms, et dans lequel chaque instrument est traité avec beaucoup de sensibilité et d'intelligence. 

L'Andante du second mouvement est splendide tandis que le tempo di valse qui lui succède, merveilleusement dansant au piano, est tout à fait irrésistible.

Le scherzo, d'une grande vivacité, joyeux et lumineux, débute sur un tempo Allegro vivace particulièrement entraînant -telle une folie parisienne des années 50!- avant de laisser la place à un second thème plus méditatif.  Sans doute la musique la plus heureuse qu'Arensky n'ait jamais écrite alors qu'il se sait déjà atteint par la tuberculose qui allait l'emporter à l'âge de 45 ans.

Le dernier mouvement, assez bref mais d'une belle architecture, dont le tempérament slave est plus marqué, conclut de manière originale (introduction en canon des instruments) une œuvre vraiment très réussie et injustement méconnue.

- Quintette avec piano op. 51 en ré majeurhttp://youtu.be/Hd9JRnolB3M

A l'écoute de ces trois œuvres absolument magnifiques, chacun se convaincra de la beauté et de la personnalité du style musical d'Arensky dont la musique de chambre mérite le plus vif intérêt.

Tag(s) : #Musique
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