Minus et Cortex

Publié le par JSUL


Souris perchées

Remember...
«Dis, Cortex, tu veux faire quoi cette nuit ?
-La même chose que chaque soir, Minus... Tenter de conquérir le monde ! ». Pour certains - trop jeunes ou pas suffisamment - Cortex, la souris mégalomane et son compagnon de cage simplet Minus ne leur parleront pas. Si c'est le cas, ce qui suit devrait néanmoins mettre l'eau à la bouche. Du moins espérons-le.
Pour les autres, qui suivaient assidûment (ou pas) les aventures des deux rongeurs les plus subversifs du PAF, une question germe dans leur esprit : pourquoi exhumer une série d'animation décédée il y a plus de 10 ans ? Réponse justificative génétiquement modifiée.




 

Série télévisée créée par Tom Ruegger et produite par Steven Spielberg, Minus et Cortex fut diffusée à partir de 1995 aux Etats-Unis sur le Warner Brothers Network. Elle fut achetée par Canal + en 1996 puis reprise par France 3 dans les Minikeums. Jusqu'en 1998, 65 épisodes la composent, divisés en 4 saisons reprenant le duo comique traditionnel, à savoir le grand crétin et le petit malin, dans un scénario fil rouge similaire à (presque) tous les épisodes : enfermées dans leur cage, au sein d'un laboratoire expérimental, deux souris cobayes rivalisent de trouvailles ambitieuses pour devenir les rois du monde. Cortex, trop intelligent, développe les théories et les plans diaboliques ; Minus, pas assez intelligent, se contente de suivre, balbutiant diverses onomatopées renvoyant directement à sa condition de souris. Tous les jours ils échouent, tous les jours, il réessaient... Minus et Cortex, c'est 10 minutes de pur bonheur télévisuel. Mais pas seulement...




L'humour réside principalement dans la personnalité de chacune des deux souris et dans la relation prototype qu'elles entretiennent entre elles.
Cortex, taciturne et blindé de névroses en tous genres, reconnaissable à sa boîte crânienne surdéveloppée, traîne une méchante ressemblance avec Orson Welles. Outre le mimétisme physique, Cortex semble avoir le même pouvoir hypnotisant sur les autres que le modèle d'origine. L'épisode Minus et le Brouillard (1), par exemple, fait clairement référence au canulars radiophonique chers à Welles.
Précisons que la quête de Cortex ressemble fort, sous certains angles, à de charmants dictateurs ou conquérants tels que César, Charlemagne ou... Adolf Hitler ! En version édulcorée, ne poussons pas mamie dans les orties. L'objectif de Cortex est de conquérir le monde et asservir ses habitants... pour leur bien.
Minus est l'archétype même du mec sympa mais con, prêt à suivre son meilleur pote jusqu'au bout du monde en se prenant des baffes à répétitions. Si Minus était humain, c'est un personnage qui ressemblerait sensiblement au nerd tel qu'on l'imagine en cliché: il bouffe des pizzas, en regardant la télé, en jouant à la console. Il a autant d'opinion qu'un Bioman et autant de concentration que Homer Simpson. Minus fait penser à ces deuxièmes mains américaines dans les blockbusters : l'inutilité poussée au maximum jusqu'à l'absurdité la plus totale et le décalage complet avec ce que peut dire le héros.


(1) Minus et le Brouillard (saison 1 - Ep. 4)





Petit par la taille, grand par l'esprit

Produite par l'homme à la casquette pourrie, j'ai-nommé Spielberg, la série est emprunte d'un certain cynisme joyeux, plein de paradoxes et de clins d'oeil à la culture populaire. Dans l'épisode Aux Frontières De Frunobulax (2),  Spielberg se permet de prendre la défense de son pote George Lucas (THX 1138 - qui revient à plusieurs reprises dans la série, Star Wars, Indy Jones) :
" Enfin Minus, je suis apprécié à ma juste valeur dit Cortex
- Et ça fait quelle impression ? réplique Lucas, souvent critiqué".
Des acteurs et personnalités se prêtent d'ailleurs souvent au jeu du doublage. Dont James Belushi. Oui, oui. Et pas de lol dans l'assistance.

(2) Aux Frontières de Frunobulax (Saison 1 - Ep.4 bis)




L'humour corrosif - et particulièrement mûr pour un cartoon - mélange habilement le comique de situation propre au sitcom (sic) et les ficelles classiques du dessin animé américain (les dégâts physiques, les têtes hallucinés hilarantes). Comme dans cet épisode où les deux souris continuent de discuter d'un énième "plan sur la comète" pendant que des scientifiques testent leur résistance à l'attraction.




Si Minus et Cortex bénéficie de scénarios brillants à en rester sans voix, le D.A. prend vie en Français à grâce à ses deux doubleurs. Vincent Violette (Minus) est parfait avec son ton en roue libre. Et que dire de l'inévitable Pierre Hatet (Cortex), certainement l'une des voix françaises les plus connues... Son palmarès impressionnant (le Doc de Retour Vers le Futur, oui, c'est lui). Il existe des voix VF qui donne encore envie de regarder de la Version non Originale ! Consultez les liens pour plus d'infos ; impossible de les répertorier ici, le site ne pourrait pas gérer tant de caractères...


Dessin animé très à part dans le monde flottant de la télévision, Minus et Cortex se déguste comme un plat qui se mange froid. Espèce de melting-pot culturel et tube à essai créatif, voilà une série insolente et génialement drôle, qui mériterait une médiatisation revival, un revival médiatique, voire même... une révolution ! Oui, allons grands enfants, scandons ensemble: libérez Minus et Cortex !

Publié dans Séries

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