J’ai assisté à ce festival qui réunissait dans un quartier populaire de Bruxelles

Avec les vedettes incontestées de cette réunion….
YASMINA KHADRA  (auteur francophone d'origine algérienne)
NADINE MONFILS  (auteure)
SYLVIE GRANOTIER (auteure)
HÉLÈNE BIHÉRY (directrice de collection)
FRANK PAVLOFF (auteur)
THIERRY CRIFO  
(auteur)
PATRICK MERCADO  (auteur)
ALEXIS LECAYE  (auteur)
JEAN-CLAUDE SCHINEISER  (auteur)


… et pour la Belgique,
PASCALE FONTENEAU (auteure- une des organisatrices de ce festival)
BARBARA ABEL (auteure)
                                                      E.Borgers



Ci-dessous vous trouverez la suite du compte-rendu des deux journées
(29 et 30 janvier 2005)


     
      CONTENU DE CETTE PAGE  (PAGE 2)  
      -->  LES AUTEURS S'EXPLIQUENT  - 2eme partie
      --> TABLE RONDE :  POLAR ET SERIES TELE
     
--> DEBAT : ROMAN NOIR ET REALITE POLITIQUE
     --> TABLE RONDE: LE MASQUE VIRE AU NOIR !
      --> CONCOURS RTBF DE NOUVELLES POLICIÈRES
     

       
PAGE SUIVANTE  (PAGE 3)
      -->  LES AUTEURS JOUENT A LA PETANQUE: PALMARES

       PAGE PRECEDANTE (PAGE 1)
     
-->  PRESENTATION DU FESTIVAL 2005              


                                           
TOTAL POLAR - Festival 2004
2005

PAGE 2
 DU COMPTE-RENDU

S U I T E -  face au public
  et d é b a t
s


                                                 
                                      FACE AU PUBLIC …
                                            ( 2 ème partie )  Suite et fin

                                              Pour lire la page 1 >>>>>> cliquez

               
Pour mieux comprendre le cheminement de l'auteur, ses intentions
Nadine Monfils   Dans le rappel par le meneur de jeu des livres qui sont l’œuvre de Nadine Monfils, elle soulignera que les criminels n’ont pas toujours l’apparence à laquelle on peut s’attendre… comme dans un de ses premiers romans qu’elle avait fait sur…  « La Brinvilliers, celle qui empoisonna toute sa famille, meurtrière aux yeux bleus à qui on aurait donné le Bon Dieu sans confection… comme dit un de mes amis.» et où elle traitait le point de vue des enfants des assassins.
« Puis il y a eu les bouquins à tonalité fantastique, puis érotique, puis il y aussi le théâtre, du polar qui n’en est pas vraiment, une intrusion chez Gallimard ( à la SN – ndlr)… ».


Carmelo Virone abordant la série des « commissaire Léon » rappellera que bon nombre de personnages sont atypiques dans ces intrigues, à commencer par le commissaire lui-même, adepte fervent du tricot depuis qu’il a arrêté de fumer. « C’est parce que le crochet est plus individualiste… dans le tricot, il y a un réseau, un côté social par son produit qu’on distribue, comme dans les aventures du commissaire Léon ».
L’idée du tricot est venue à Nadine Monfils suite à l’anecdote qui relate que Paul Meurisse (l’acteur) faisait de la broderie sur le plateau de tournage des films auxquels il participait, pour tuer les temps …morts. Lorsqu’un de ses collègues de tournage lui demanda pourquoi il faisait cela, il répondit que « c’était pour faire quelque chose et pas simplement reluquer les fesses de Danielle Darrieux, comme tout le monde sur ce plateau !… ».
« Je me suis attaché à Léon, je voulais le suivre…au début ce n’était cependant pas une série… J’y étais tellement attaché qu’assez vite j’ai voulu le tuer ! Mais je n’y suis pas arrivé… ». elle confirme que la série va renaître, rééditée chez les  "Editions Complexe"
.
Rappel d’un personnage important de la série : Montmartre, qui lui rappelle son quartier des Marolles à Bruxelles, par beaucoup d’aspects. Les Marolles (*) qui sont pour elle « …comme un petit village, plein de personnages hétéroclites ».
Nadine Monfils rappelle le profil de quelques personnages récurrents de la série dont tous ont un profil bien particulier. « Mais tous ces gens sont réels. La mère de Léon, c’est ma mère. Chez elle il y a aussi de la décoration kitsch partout et elle est vraiment comme Annie Cordy interprète le personnage dans le film "Madame Edouard" (tiré du livre-ndlr).
C’est Versailles aux Galeries Lafayette ! »
« Avec des livres comme Madame Edouard, Monsieur Emile ou les Léon, je me sens plus du côté belge de la littérature que dans le parisianisme… »
« J’adore les accents, comme avec la mère belge de Léon… En Belgique, par contre c’est très mal vu quand on utilise les accents. Mais j’ai besoin de ces accents, de les entendre… comme celui des Marolles ou l’accent liégeois… et les autres.

(*): Marolles et autres détails "belges" >>> voir notre interview de Nadine Monfils

CV : Pour la truculence du langage c’est peut-être dans la tradition de San Antonio ou de Pennac qu’on doit placer tes livres. Tu te reconnais dans des gens comme ça ?
NM : Je suis Belge,encore plus depuis que je vis en France. On a une particularité, ici en Belgique, qui est différente de celle qui se voit en France… Mais San A., non ! Frédéric Dard, oui ! Dard a bercé mon enfance. Les romans de Frédéric Dard… j’étais une grande fan.
CV : Si je te fais apparaître comme une petite fille à bottes rouges qui veut supprimer Léon ? (
allusion à certains épisodes de la série -ndlr)
NM : On vit dans un monde qui est toujours à la lisière du fantastique. Il peut toujours se passer quelque chose d’étrange, tout à coup… Le hasard, le destin pour certains…
CV : Il y a beaucoup de violence dans tes romans, c’est une  catharsis ?
NM : Non… c’est par une liberté totale. Autant dans l’horreur que dans le bonheur… La vie réelle peut d’ailleurs être encore beaucoup plus horrible. De toute façon, toute œuvre d’art a droit à la liberté totale. Quant à l’éthique, quand on l’a en soi c’est une barrière suffisante. Je ne tiendrai jamais de propos racistes, par exemple. Mes personnages, peut-être oui… mais alors ce sera pour les ridiculiser… »

Carmelo Virone rappellera à Nadine Monfils que derrière une réplique anodine dans un épisode du commissaire Léon : « Maman n’achète pas une moto jaune, c’est vulgaire… », Nadine Monfils fait écho à une aventure picaresque qui lui est vraiment arrivée, avec un tenancier de bistrot … qui avait une moto jaune et qui s’était reconnu dans les allusions et le personnage ridicule traité de gros con dans un livre précédant. Dépôt de plainte dudit bonhomme. Entortillements juridiques qui n’en finissent pas. Un ami charitable se propose d’endosser la responsabilité d’être le vrai modèle que Nadine Monfils aurait pris pour croquer l’homme à la moto dans son bouquin et il officialise la chose par une lettre. Lettre déposée auprès de la Justice pour documenter l’affaire. Etant averti de la clôture du dossier sur base de la lettre, le plaignant outré écrit aussitôt à son tour en déclarant : « qu’il y a usurpation d’identité  …que le gros con à la moto jaune, c’est lui ! ». Authentique.

« Quand j’écris, je suis toujours dans mon monde imaginaire. Ecrire, c’est comme une histoire d’amour… ça ne sert à rien de savoir ce qu’est l’amour. Il y a un mystère… Comme lorsqu’on écrit, si on cherche à savoir pourquoi. Je veux protéger ce bonheur qui, pour moi, est d’écrire »

Une professeur de français dans un lycée technique, présente dans le public, confirme qu’après avoir programmé la lecture obligatoire d’un roman de Nadine Monfils, c’est la seule fois ou ses élèves ont vraiment lu le livre en entier et sont venus demander d’en lire d’autres de la même auteure.
Nadine Monfils confirmera : « Je me suis rendu compte que je plaisait à un public jeune… Même mon film (Madame Edouard – ndlr) avait un public d’ados. Ils se sentent sans doute proches de mes personnages et aussi, il y a un mélange d’horreur et d’humour noir qui peut les attirer… Je ne sais pas exactement. »


voir également l'interview que Nadine Monfils a donné à Polar Noir, dans le cadre de ce Festival

aussi les commentaires sur ses deux romans publié à la SN  dans Polar Noir


Pour lire le début de ce texte:  Face au Public de  Yasmina Khadra et Frank Pavloff
                                      >>>>>>  cliquez ici










                            
                                                                 Nadine Monfils et Carmelo Virone (g)
             Nadine Monfils
     interviewée par Carmelo Virone
                  (photo : E.Borgers)














 
                     
   















 
        

           


















   
   




 TABLES RONDES - DÉBATS


Les auteurs, se prêtent au débat, à la contreverse et à l'improvisation sur des thèmes lancés par les organisateurs, avec la participation du public
Comptes-rendus et résumés des discussions...

>TABLE RONDE: POLAR ET SERIES TELE    

 
   
 
> DEBAT : ROMAN NOIR ET REALITE POLITIQUE        

    > TABLE RONDE: LE MASQUE VIRE AU NOIR !
     


POLAR ET SERIES TELE

                                     
                                     Alexis Lecaye - J-C Schineizer -
                                            Trois des auteurs présents:
                             (de g.à dr.)  Alexis Lecaye- J-C Schineizer - Patrick Mercado
                                                    (Photo: E.Borgers)

Préambule : Interview d’ Alexis Lecaye

Alexis Lecaye rappellera que, vu les impositions des séries télé et le temps accordé à chaque épisode, il n’est pas toujours possible de développer tout à fait un scénario. Le scénariste peut donc parfois être maltraité. De plus, le tournage doit se faire très vite pour réduire les coûts.
Romancier (il a écrit entre autres  le premier Julie Lescaut, qui sera la base pour la série télé  qui suivra), critique, scénariste, il a même été réalisateur de films, trois au total, ce qui est une expérience unique pour un scénariste, lui permettant de voir directement l’impact de ses dialogues et des autres constituants du film sur le scénario. Et vice versa.



Table ronde  (orchestrée par Marc Oschinsky)

Sylvie Granotier, romancière présente,  fut mannequin et est toujours actrice.
Nadine Monfils, réalisatrice du film qu’elle a tiré de son premier roman de la série du "commissaire Léon",  Madame Edouard , titre conservé pour le film.
Patrick Mercado  auteur de romans et scénariste TV pour une nouvelle série qui va bientôt sortir sur FR2, avec une flic beure comme personnage central, dans un commissariat de banlieue. Au départ c’était un projet pour un film de 90 min. mais la chaîne a décidé d’en faire une série en découvrant la réalité des beurs qui ont leur place dans la société française actuelle. Les six premiers épisodes sont écrits.
Mercado est également acteur, mais pas dans sa série.
Jean-Claude Schineizer, vient du monde de la pub. Romancier, il a été le scénariste d’épisodes de plusieurs séries, dont Femme d’honneur, Le patron est une femme
Alexis Lecaye : auteur d’une trentaine de romans et créateur de Julie Lescaut, dont il fut également le scénariste et le rédacteur de la « bible » de la série. Il signa aussi la série du polar de l’été, L’été rouge.
Lecaye rappelle que le pilote de la série Julie Lescaut fut basé sur le roman préalable. La bible de la série viendra après.

Bible ?
 c.à.d la description des personnages, leurs cadres et les avatars importants au fur et à mesure qu’ils surviennent au long des épisodes, les points de vues à privilégier, les décors récurrents, certaines contraintes économiques ; tout scénariste collaborant à la série doit la prendre en considération.
Degré de liberté de l’écriture ?
Le sujet devrait être original, il faut que l’intrigue intéresse le spectateur.
La liberté totale n’existe pas dans ce média.
Ndlr : La question est plus ou moins éludée par Lecaye qui en un premier temps a difficile de reconnaître que le formatage est imposé, ou parfois outrancier comme dans "Julie Lescaut" et similaires.

Il faut constater que la durée de vie d’un téléfilm à la TV est très précaire (un jour) contrairement au cinéma où il peut même être repris par la télé et ressortir sous diverses formes.
Nadine Monfils expliquera que dans son cas, elle est dans l’impossibilité de se plier aux contraintes, bibles ou autres, quand elle écrit. Au cinéma elle y trouve une liberté totale, au contraire de la série télé. Elle rappelle les difficultés qu’elle a eu par contre avec le producteur de son premier long métrage, qui a réussi à même rater l’affiche, malgré la présence de Michel Blanc, Annie Cordy et Josiane Balasko (
voir également l’interview que Nadine Monfils a donné à Polar Noir - ndlr). Son film aura cependant une deuxième vie, car il sortira dans d’autres pays et le DVD vient d’être mis en vente.
 

                                                              Nadine Monfils -Sylvie granotier - Marc Oschinsky  (de g à dr)
                                                              Nadine Monfils et Sylvie Granotier
                                                     
réagissent aux questions de Marc Oschinsky (à dr.)
                                                                            
(Photo: E.Borgers)

Sylvie Granotier confirme qu’elle ne mélange pas sa vison d’auteure de romans et de comédienne, face au script qu’elle doit interpréter. Les dialogues d’un livre sont, par exemple, rarement « lisible » par un comédien, il faut les adapter.

Contrairement à Tito Topin qui ajoutait au générique de Navarro "scénarisé par Tito Topin", donc vraisemblablement reprenant le scénario fait par d’autres pour leur imposer sa patte et sa vision, Lecaye veut agir autrement : il laisse la liberté de vue au scénariste et n’intervient que rarement pour corriger des détails et les rendre plus conformes à l’ensemble de la série.
Surtout que maintenant l’écurie des scénaristes a reçu une formation en collaborant aux premiers épisodes.

"J’ai ressenti un grand plaisir quand je recevais mon chèque…" (Lecaye dixit- dans une interview, cité par Oschinsky)  Réponse:-« C’est vrai que ça paye bien. Dans la proportion de 1 à 10 ou 20 comparé au roman »

On a encore envie d’écrire des romans, sachant qu’on est si bien payé par la télé  ?
Sylvie Granotier souligne que par la télé on a perdu des auteurs de romans policiers, qu’ils n’écrivent plus de romans.
Mercado  reconnaît qu’il peut avoir besoin de l’argent, et que le piège pour certains c’est d’être pris par un niveau de vie aux dépenses exigeantes… Mais ajoute qu’il pourrait malgré tout ressentir la nécessité d’écrire un roman, qui est un exercice dans lequel on s’implique totalement.

                                                                            
Aux reproches de fadeur et de formatage des feuilletons et séries policières françaises, et spécialement chez TF1, Lecaye et Schineizer se défendent en disant que le marché est trop petit pour faire de la segmentation (du public) permettant d’accéder à une qualité qui ne plaira pas au plus grand nombre, seulement à une petite partie du grand public. On entend clairement dans les questions du public présent et de l’intervenant, que le « public polar » se sent frustré par ce qu’on lui impose sous la couverture de « série policière » à la télé française.
Lecaye reconnaît que sous n’importe quelle forme ça se rapproche toujours du whodunit, légèrement travesti, car c’est ce que le public attend. Il faut plaire au plus grand nombre… L’imposition est claire et avouée par les participants.
La critique que je soulève dans une question vise le sujet traité  dans les épisodes de séries TV, de Julie Lescaut à PJ (et en passant par le belge  Flikken -Patrouille 101- qui aprèe;s les deux premières saisons suit le même profil), qui met toujours en cause le même genre de délinquants de la rue ou de la petite classe moyenne. Jamais de politiques, jamais de hauts placés ou de vrais nantis.
La réponse de Lecaye, appuyée par les autres scénaristes TV, selon laquelle il faut que le public identifie et comprenne bien le milieu dans lequel évolue les délinquants, qu’il lui soit familier, est indispensable  sinon on risque qu’il ne comprenne même pas le délit reproché ou la position du délinquant, est, même si elle est une réponse  honnête, l’aveu flagrant de la manipulation et du mépris appliqué à ce public courtisé par les « marketeers » et autres hommes de communication qui veulent tout régenter en prenant un minimum de risques.
Le formatage n’est pas que dans les décors….

L’exemple des très bonnes séries américaines est rejeté par les auteurs, prétextant l’exiguïté du marché français qui demande de ratisser large… Lecaye et Schineizer soulignent qu’en général ce ne sont *que les meilleures séries * qui arrivent en France et en Europe, et qu’il y a de nombreux navets dans les séries américaines moyennes. Choses parfaitement exactes selon ma propre expérience.
En résumé la qualité des productions d’un HBO américain est inapplicable en France, faute de moyens (ndlr : partiellement vrai ; l’excès d’argent n’a jamais garanti la qualité d’une série- voir par exemple la qualité élevée de nombre de productions de la BBC !).
J’interviens en faisant remarquer qu’à force de grignotage de temps par la publicité effrénée, de séries formatées jusqu’à la nausée, d’émissions débiles se copiant les unes les autres, on arrivera au même rejet que celle de la majorité actuelle du public américain : s’ils peuvent se le permettre, ils s’abonnent aux programmes câblés ou émis via satellites, d’une qualité supérieure et sans publicité excessive. Je prédis que c’est ce qui menace les chaînes genre TF1 et les autres qui se dirigent sur la même pente, puisque avec 20 années de retard les travers américains dans beaucoup de domaines « modernes » se retrouvent en Europe, et que ce délai est déjà entamé par la médiocrité ambiante ne cessant de croître dans ce "paysage télévisuel français" des dernières années.
Bien que Sylvie Granotier confirme la dérive américaine et va dans mon sens, cela ne semble pas perturber les tenants les plus acharnés des séries formatées dites "grand public"…

Donnons-leur rendez-vous dans une dizaine d'année.

E. Borgers
janvier 2005



ROMAN  NOIR  ET  REALITE  POLITIQUE


Le débat est orchestré par
Paul Aron, historien de la littérature, professeur à l’ULB (Université Libre de Bruxelles)

Intervenants
Yasmina Khadra
, écrivain francophone algérien
Frank Pavloff, écrivain et directeur de collections de romans pour la jeunesse

                           de g à dr: Yasmina Khadra - Frank Pavloff - Paul Aaron
                      
(de g. à dr.) Yasmina Khadra - Frank Pavloff - Paul Aron
                                                                                            
(Photo: E.Borgers)

Préambule, par Paul Aron


Dans la littérature contemporaine, française ou belge, on constate que la notion d’écrivain engagé est devenu plutôt un boulet que doit traîner l’auteur. Les valeurs de cette littérature tourne autour de valeurs qu’on peu appeler formalistes et qui s’alimentent d’une littérature minimaliste ou personnelle.
C’est un état de la littérature française qui est une exception comparée à l’état de la littérature mondiale ou à l’histoire de la littérature. En somme, on constate que  la notion que la littérature puisse n’avoir rien à faire avec la politique est une exception, et non pas la règle.
Le passé de la littérature française est rempli d’exemples de littérature « engagée » de Molière à Pascal, aussi avec Victor Hugo ou Chateaubriand.
Le minimalise, apparu dans les années 1970, semble donc être un mouvement à rebours. C’est une littérature qui ne cherche que le jugement de ses pairs. L’écrivain moderne n’accepte pas que le monde social puisse proférer des jugements sur son œu
vre...

Paul Aron fait remarquer que la disparition de l’engagement correspond à l’effondrement des idéologies, surtout celles de gauche, conjuguée avec la disparition d’une certaine cohésion sociale (les quartiers etc.). Même la critique universitaire actuelle, ne s’occupe presque exclusivement que de comparaison de textes, du jaugeage littéraire et peu du contexte de l’œuvre, de ses rapports sociaux.
« Je crois qu’un des derniers refuges de l’opposition à ce type de littérature, est le roman noir. C’est un lieu où le questionnement politique reste possible dans la littérature francophone. »
« Le roman noir implique le rapport à l’autre, un roman solipsiste me semble pas concevable, ce ne peut être de «  l’ego-littérature »… Il implique aussi une relation forte à une réalité contemporaine, un réel concret. »
« Le roman noir a su garder une relation au  plaisir littéraire, c’est un univers saturé de littérature, par ses milliers de volumes et de personnages « similaires ». Il est donc nécessaire, en écrivant un roman noir, de se situer par rapport à d’autres œuvres, d’autres personnages. »

Pourquoi le roman noir est-il  actuellement  la réponse qui  permet de parler du politique et des problèmes ?
FP
Rebondir va être facile puisqu’on jouait aux boules ce matin… j’ai perdu. On a été déjeuner dans un bistro où il y avait un accordéoniste formidable… dans un quartier populaire magnifique, pas loin d’ici. Ce sont des ambiances qu’on risque de retrouver dans nos prochaines nouvelles, nos prochains écrits, comme il y avait plusieurs écrivains du noir dans cet endroit –là.
Je sais raconter des histoires, faire vivre des personnages et j’ai envie de les faire évoluer dans un quartier comme celui-là… qui bouge, qui se frotte. Il y a même eu une petite  altercation pendant le repas… C’est un monde politique et social qui bruisse à la porte de mon bureau d’écrivain.

YK
La chance du roman policier c’est qu’il a échappé aux universitaires… Et je le lui souhaite vraiment car je crois que la branche universitaire devient de plus en plus « tueuse » du roman… Le roman policier est trop humble que pour être narcissique.
C’est à ses débuts un genre de la littérature populaire. Par la suite, une certaine élite l’a relégué dans les genres mineurs. C’est pourtant un roman, le roman noir, qui est capable d’aller loin dans les préoccupations d’un peuple et il est capable d’apporter des solutions, ce que la littérature dite  blanche est incapable de proposer…
Dans mon cas, je suis romancier tout court. Et, ce sont mes personnages qui décident dans quel genre il veulent évoluer. Je reste à leur disposition. Lorsque j’ai choisi le roman noir, c’est dans un but presque pédagogique : je voulais raconter une tragédie à des gens qui étaient loin de la soupçonner. Pour ne pas traumatiser le lectorat il fallait un matériau plus accessible, et c’était le roman policier. D’ailleurs, en l’appliquant au roman noir, cela m’a permis de la décrire tout en restant sobre. C’est ce genre d’humilité qui fait la force du roman noir.

Pénétrer dans certaines sphères de mon pays (
l'Algérie-ndlr), les rouages de l’administration, c’est une vraie  aventure policière. Mon pays vit une vie crapuleuse, d’où la nécessité du personnage qui est un vrai flic.
La littérature est un espace beaucoup plus large que la vie elle-même. L’univers que l’homme côtoie ne lui suffit pas et la littérature lui offre un espace supplémentaire.

FP
C’est dans les cassures que les romans sont les plus intéressants, cassures de la société ou de cas personnels. De ces cassures et du regard qu’on y porte va naître le roman noir. On se préoccupe de la victime
La politique c’est son propre regard sur le regard collectif…
La littérature est redevenue un espace qu’on redécouvre, porteur d’une certaine analyse personnelle, face à ce monde journalistique concentré, au regard télévisuel qui ne s’occupe que de l’image, un espace qui montre.

YK
Mais ce n’est pas que le genre qui donne la force à l’écrivain, il faut la force de l’écrivain lui-même… sa propre substance. C’est pour cela que je ne crois pas trop aux genres littéraires…
Certains choisissent le roman noir par facilité, ou en réaction à l’immobilisme du roman blanc qui ne va nulle part…
Les étiquettes peuvent exclure… on les crée parfois comme mécanisme de protection, après une déconstruction des œuvres. Cela permet même de tenir des concurrents à l’écart !

FP
Le roman noir est assez jeune, et il n’a pas de tradition universitaire ou littéraire; il est apparu aux USA, dans des années de grande récession (
fin des années 1920-ndlr), au moment ou une musique très différente s’installait aussi : le jazz.
Dans l’expression artistique, le roman est à la traîne, même comparé aux 19e siècle, on ne fait que de tous petits pas de progression en littérature. Au contraire d’arts tels la peinture, la musique…
Je ne peux plus écrire comme au début du 19e siècle : si je fais six pages sur un coucher de soleil à Bruxelles, le lecteur va zapper. Si je décris le vol d’un avion qui va s’écraser sur la ville, je l’intéresse. A partir de cette histoire, je peux l’entraîner dans tout autre chose, l’amener à réfléchir, à découvrir…



                                      Yasmina Khadra et Frank Pavloff
                                  Yasmina Khadra et Frank Pavloff (à dr.) dialoguent
                                                     (Photo: E.Borgers)

Littérature engagée, littérature engageante ?
Comment concilier les deux aspects ?

YK
Pour moi ça ne pose pas trop de problèmes… comme écrivain , il a parfois quelque chose qui m’interpelle et je vais le développer. C’est ça le roman, une réalité après une réflexion…
J’ai besoin de rester dans mon texte et d’apporter quelque chose à celui qui le lit.
Le roman noir à la chance de ne pas craindre ce qu’on pense de lui, il n’est pas complexé. Ce n’est pas un genre narcissique… Il parle à un public très large, il n’est pas sélectif. L’avenir de la littérature, aujourd’hui, c’est le roman noir. Certains écrivains connus, s’essayent au roman noir, mai ils n’y arrivent pas…  Ils n’ont pas, peut-être, cette humilité qui rend à l’aise dans ce genre …
Si être un écrivain engagé c’est être un écrivain qui voudrait contribue à quelque chose, je suis un écrivain engagé. Mais si ce n’est que pour la provocation, ça ne m’intéresse pas.

FP
Il y a eu beaucoup de littérateurs engagés dans le passé, engagés dans leur parti politique. Mais je crois que ça a refroidi toute une génération que d’ être le porte-parole d’un parti politique.
Après 1970, il y a eu, même dans le polar, des auteurs qui voulaient un engagement, mais heureusement, il y avait une nouvelle génération qui avait aussi envie de rigoler…
Le drapeau, qui devait être rouge,on l’a porté sur beaucoup de fronts, on s’est même essuyé le front avec, mais qu’est-ce qui nous reste ? On recherche un engagement dans le quotidien, des buts bien plus modestes, comme dans le bistro dont je parlais au début…
On s’est tellement étripés au nom des utopies, que je suis content que ça s’arrête. Bien que les jeunes soient capables de trouver d’autres utopies. Qui m’agacent, car je ne les comprend pas tout à fait. Il y a un autre ferment qui se met en place…
Je ne changerai pas le monde avec ma littérature, mais je changerai le plaisir qu’ont les gens à regarder le monde.


Le contexte de l’écriture est plus ou moins libre… mais il y a l’intérêt du marché et sa logique, parfois aussi des logiques de censure, d’autocensure, de problèmes objectifs de  pouvoir dire certaines choses à certains moments. Comment  voyez–vous l’écrivain  à l’intérieur de ces deux logiques principales : celle du contexte politique et de la capacité de vouloir dire certaines choses et celle de la logique de marché qui est de pouvoir publier…
YK
Il n’est pas prouvé que l’écrivain n’écrive que pour vendre…. Il écrit d’abord pour intéresser l’autre. Le succès échappe à toute sorte de calcul.
L’écrivian intelligent est celui qui plante son univers et ne se soucie pas de tout ce qui n’est pas son texte…la seule façon pour lui de négocier son être et son écriture.
Il y a des écrivains qui ont la chance de ne pas devoir vivre de ce qu’ils écrivent. D’autres au contraire… moi je vis de mes livres.
L’argent est partout, les groupes financiers créent des tensions partout pour récolter plus d’argent. L’écrivain, du moins dans mon cas, essaye d’échapper à cette logique.
J’étais soldat, officier supérieur, je pouvais donc bien vivre grâce à ma position. Je n’avais pas besoin de la littérature, économiquement. J’ai pourtant choisi de tout quitter, par amour de la littérature. C’est peut-être l’instant du choix de la littérature qui est ce qui poussera l’écrivain.
L’argent est partout, on ne peut y échapper. Partout, même dans cette Europe qui se forme, on voit l’argent remplacer les relations humaines.


                                                           Frank Pavloff
                                                                               Frank Pavloff -
                                                             
l'interlocuteur tient la plaquette Matin brun
                                                                               
(Photo: E.Borgers)

FP
En France, les maisons d’édition se concentrent par les fusions et les auteurs ne sont pas trop engagés dans ces fusions. Or, c’est important, non seulement pour qu’il y ait des fusions qui fassent le contrepoids d’autres, car si la fusion est une opération horizontale de regroupement, elle conserve et accroît  le pouvoir par la concentration « verticale »  qui intervient elle dans toutes les étapes du livres.
Hachette,  en plus de l’édition de livres a sa propre diffusion et distribution, ses propres chaînes de boutiques, et les journaux du groupe Hachette qui vont parler de leurs livres... Cette concentration verticale est excessivement dangereuse car ils maîtrisent toute la chaîne, contrôlent donc toutes les étapes du livre.
Un éditeur indépendant ne trouvera donc pas les moyens de se faire distribuer et de survivre.
Les petites maisons peuvent naître d’un vrai coup de cœur et croire fort à ce qu’elles font. Beaucoup disparaissent, vu les difficultés. Personnellement, c’est souvent vers ces petits éditeurs que je me tourne, vu la qualité de leur travail. Il m’appartient de décider donc si je reste avec ces petites maisons ou si je me tourne vers les grands groupes. C’est un choix que dois faire l’auteur, mais c’est quand même un problème.
J’ai dernièrement été édité par Albin Michel, une grande maison. Au départ, ils ne me disaient pas grand-chose car ils publiaient des gens qui m’étaient indifférents, avaient des lignes éditoriales qui ne me plaisaient pas, des bouquins qui me tombent des mains. Je me disais, c’est pas possible…
C’est une des dernières maisons à caractère familial, et maintenant que j’y suis, je dois reconnaître qu’ils ont un savoir faire, une attention, et même une gentillesse… et je me sens à l’aise dans cette maison là.
Par contre je trouve qu’un problème important reste le prix du livre. Je vois de plus en plus des bouquins policiers à 20 euros ce qui ne correspond pas  du tout au genre. Le livre de poche convient mieux, avec son prix de 5 ou 6 euros. Le roman policier a toujours été dans ces collections, même la Série Noire qui peut aller jusqu’à 10-11 euros reste à un prix raisonnable pour ce genre de littérature.

Paul Aron soulignera le rôle grandissant de l’agent littéraire en France, sur le modèle anglo-saxon, et qui devient l’intermédiaire entre l’éditeur et l’écrivain. L’agent joue aussi souvent le rôle que tenait l’éditeur dans le passé, en soutenant et guidant l’auteur.


Dans la discussion ouverte avec le public, je souligne que lorsqu’on regarde ailleurs qu’en littérature francophone, le paysage littéraire est tout différent et on rencontre des écrivains qui eux ont une vraie force, un vrai engagement. Certains sont d’ailleurs présentés en Europe comme auteurs du noir, ce qu’ils ne sont peut-être pas chez eux ! Je pense aux hispaniques, notamment et des auteurs tels Rolo Diez, Ignacio Paco Taibo II.
Yasmina Khadra attribuera cette déchéance de la littérature francophone actuelle à l’existence de petites chapelles qui se protègent et contrôlent les accès à la scène littéraire, sans compter le rôle des médias tels la télé qui restreint encore plus et fait la promotion de la médiocrité.
D’après lui il y a encore des écrivains de qualité possédant une force réelle, en France, mais personne n’en parle,car ils ne font pas partie des cénacles.
EB (
intervenant): "J’irai plus loin en soulignant que pour ce qui me concerne, à l’heure actuelle, il n’y a plus de critiques, de vrais critiques, à de très rares exceptions près, dans la presse "papier" et que je suis convaincu qu’il n’y a pas la moitié de ceux qui commentent les livres dans la presse qui ont lu les livres dont ils parlent. "
Paul Aron se ralliera à mon point de vue, expliquant qu’une étude a été publiée tout récemment sur le monde des livres, où on a analysé les critiques parues pendant un an.
Les résultats ont été publiés dans la revue L’histoire Littéraire  et montrent que 80% des articles analysés ne sont que des résumés du livre. Ce qui est inquiétant. Il souligne deux facteurs qui font que cette critique donne peu d’avis : la peur de passer à côté d’un grand écrivain, ou pire... de le démolir, et donc de se ridiculiser dans le futur et aussi  la diminution du volume de publications en littérature résultat du rôle de moins en moins important que joue la littérature dans notre société contemporaine, donc absence de lieux (revues etc.) qui pourraient abriter les polémiques. Le compte-rendu a remplacé la critique…

Je souligne aussi l’effet pervers des faux intellectuels de la télé qui font la promotion de livres qui ne sont que de l’ersatz de littérature : « Un livre écrit par quelqu’un de médiocre, ou qui, s’il est capable, n’a pas fait l’effort de création nécessaire, livre commenté par quelqu’un qui ne l’a pas lu et qui n’y connaît rien en littérature. Si c’est ça ce qu’on qualifie  de littérature française actuelle, on est en droit de dire qu’elle n’existe plus » (EB).
Pour Yasmina Khadra, cela correspond à la  "cheptellisation des masses", voulues et entretenues par le pouvoir d’argent qui veut tout contrôler; pour lui, la littérature est en danger si en finale elle est contrôlée par un média comme la télévision qui de plus en plus gomme le vrai débat et ne veut pas l’élever, dans quelque domaine que ce soit. Il faut rester prudent et attentif à préserver notre liberté, qui n’est pas que celle de pouvoir dire ce que l’on veut, mais aussi et surtout d’exprimer et de faire entendre ses opinions. C’est ce qui est en danger à l’heure actuelle.
Frank Pavloff conclura qu’il appartient à tout un chacun de rechercher ou de créer les derniers espaces de liberté, espaces qui peuvent exister.
 «Comme ce mot tiré et lu à un million d’exemplaires (*), qui a finalement trouvé sa place dans un système qui n’est pas fait pour lui, et aussi un dimanche après-midi avec une cinquantaine de personnes qui acceptent de tout laisser tomber pour parler de littérature… il y des endroits de résistance assez formidables…»

(*)
allusion à sa nouvelle  Matin brun qui, à partir d’un "mini éditeur", parvint à créer un mouvement de support populaire incroyable et toucher 1 million de personnes…


EB - janvier 2005



LE MASQUE VIRE AU NOIR !  

Débat animé par Patrick Moens

Panel composé de :
Hélène Bihéry,
directrice littéraire du Masque
Barbara Abel, Thierry Crifo, Pascale Fonteneau  et Jean-Claude Schineizer
- auteurs

Hélène Bihéry s'explique...                   Bihéry et fonteneau dialoguent - panel complet
           Hélène Bihéry s'explique                                                         Panel au grand complet
    de g à dr: Barbara Abel, J-C Schineizer,                                          à dr: Pascale Fonteneau et Thierry Crifo
                   Hélène Bihéry, Patrick Moens
                                        (Photo: E.Borgers)
                   (Photo: E.Borgers)

Pour la sortie du troisième roman de Barbara Abel chez Le Masque (« Duelle »,  en collection grand format), Hélène Bihéry directrice littéraire au Masque était de passage à Bruxelles avec certains des auteurs qu’elle vient de republier dans la célèbre collection. La nouveauté c’est que ces auteurs, et d’autres récemment programmés, sont du domaine du noir…
La seule différence sera une ajoute de photo noire en surexposition noyée dans le cliché de couverture de la collection de poche à couverture jaune.
HB confirme qu’à côté du fonds du Masque, dans la lignée des romans publiés depuis 1927, il y aura un deuxième courant de choix de romans plus orienté vers le roman noir.



Patrick Moens rappelle qu’un des premiers romans de Jean-Claude Schineizer, auteur français, avait été publié chez Luce Wilquin , éditeur belge. J-C Schineizer rappelle qu’il avait écrit pour la collection "Souris Grise" chez Baleine, où il a rencontré HB, collaboratrice de l’éditeur à cette époque. Toujours en possession d’un manuscrit non publié à cause de la disparition de Baleine, J-C S en écrira un autre, à la demande de HB avant qu’elle ne publie l’existant. Ce qui montre le professionnalisme de la directrice de collection.

Pour Hélène Bihéry, le rôle de l’éditeur est notamment de lire… elle expliquera que son rôle au sein de la maison d’édition est aussi de maintenir le contact avec les gens, de les écouter, un travail de rencontres. Rencontres qui peuvent décider d’engager un auteur.
Il est aussi nécessaire de travailler avec l’auteur pour éventuellement reprendre son texte et proposer des modifications. Tout en laissant l’auteur libre.
Barbara Abel confirme que HB fait un vrai travail éditorial conseillant l’écrivain sur certains aspects de son texte.

Thierry Crifo confirme que c’est grâce aux deux romans qu’il a publié en Série Noire qu’il a pu connaître d’autres écrivains et les personnes gravitant dans le monde du polar. Il confirme qu’être publié en SN c’est un rêve, cela participe au mythe « Mais après, on déchante un peu, car on aime bien d’être accompagné et que quelqu’un soit là pour vous dire ce qu’il en pense, ce qu’il faudrait corriger… C’est ce qui se passe avec Hélène… ».
Son troisième livre rend la SN « frileuse » et elle ne se décide pas, hésite… Hélène Bihéry, elle, sera prête à le prendre. Après le non de la SN, dans la journée il signe avec Hélène pour Le Masque. Il souligne l’importance de pouvoir discuter sur le texte. Et voilà pourquoi Je n’aime pas les hommes qui couchent avec maman sera finalement édité chez Le Masque.

Hélène Bihéry confirme que Le Masque reste une toute petite maison d’édition, qui appartient au groupe J-C Lattès lui-même partie du méga conglomérat Hachette. Même si cette appartenance peut poser question, voire effrayer, HB confirme que c’est également rassurant de par sa puissance.

Patrick Moens confirme que Pascale Fonteneau va passer au Masque. HB connaît Pascale Fonteneau principalement à cause de la participation de l’auteure au Poulpe, chez Baleine.
Pascale Fonteneau rappellera comment elle est arrivée à la SN et pourquoi son amour du polar (voir dans l’interview de Pascale Fonteneau et les comptes-rendus de Total Polar 2004, dans Polar Noir -ndlr).
PF comme les autres est attirée par la collaboration et le travail sur les textes avec l’éditeur donc est favorable au rapprochement avec Le Masque, car elle ne trouve plus, actuellement, le même support à la Série Noire (où elle a publié la majeure partie de ses romans). Après un livre qui doit sortir chez  "Labor", elle a décidé de passer au Masque, bien que l’image qu’elle en avait comme lectrice de la SN ne correspondait pas à ce qu’elle avait envie de lire ou d’écrire. L’arrivée progressive d’auteurs qu’elle connaît la conforte et lui donne envie de participer.

Hélène Bihéry confirme que Hachette avait demandé que la maison soit dépoussiérée, en réponse à Patrick Moens qui s’étonne avec raison de ce revirement du Masque vers un genre presque antagoniste, Masque où traditionnellement on ne publiait que ce qui pouvait intéresser un certain public, souvent féminin. Donc il fallait élargir le catalogue.
Un autre problème est la raréfaction d’auteurs qui font strictement des romans de la tradition du whodunit, donc une deuxième raison d’après HB d’élargir la recherche. Egalement que le lectorat se renouvelle naturellement, vu la durée de vie du lecteur, donc est aujourd'hui plus facilement prêt à lire d’autres choses.
La question est pourtant de savoir si ce qu’un J-C Schineizer écrit va plaire au lecteur du Masque, question que cet auteur s’était immédiatement posée.
Crifo déclarera qu’en France il y avait deux grandes maisons mythiques du roman policier et qu’il est content de participer à la continuité de l’une d’elle, « même si ce n’est qu’en étant l’ombre d’une virgule… » -Le Masque-   qui lui permet, par ailleurs, de donner une seconde vie à certains de ses livres.

Patrick Moens, en conclusion, re-souligne que le lecteur traditionnel du Masque pourra être désarçonné en trouvant des romans noirs dans la série à la couverture jaune.
Je soutiens son approche, tout en reconnaissant que savoir qu’il y aura une maison connue de plus qui publiera du noir est une bonne nouvelle pour les auteurs et les amateurs de romans noirs.
Dans le public, Nadine Monfils interviendra pour souligner qu’il faut applaudir et soutenir l’existence de l’artisanat de la littérature, comme on le voit chez Le Masque. Ceci dans une réalité quotidienne de l’édition où le seul fait d’être « pipole » ou de parader à la télé est un motif suffisant pour qu’on édite votre livre… les yeux fermés.


EB - janvier 2005




 CONCOURS DE NOUVELLES POLICIERES (2004)

                   ORGANISÉ PAR LA RTBF

Concours de nouvelles qui existe depuis 15 ans et qui reçoit environ 200 soumissions par an, venant de professionnels et d'amateurs.
Les nouvelles primées, y compris celles qui se voient attribuer une "mention", seront adaptées par la RTBF (radio publique belge francophone) pour une mise en onde qui sera diffusée dans le cadre de leur émission Le polar du dimanche.

Pour l'année 2004, les résultats furent connus et les prix remis aux lauréats lors de la première journée du festival Total Polar, le samedi 29 janvier 2005.

Le jury avait  
Patrick Raynal (auteur et directeur de collection policière) comme parrain
et Pascale Fonteneau  comme présidente.

Pour la RTBF :   Dominique Vasteels productrice - (qui, par ailleurs, fait partie de  l'équipe organisatrice du Festival)



NOUVELLES PRIMÉES

1er Prix (750€)
Jour de fête de Thierry Verspecht

2ème Prix (500 €)
Sévices compris  d' Emanuelle Urien

PRIX DE LA  SCAM (Société d'auteurs) de 500€
A côté de Dick Tomasovic

PRIX DU JOURNAL LE LIGUEUR (250 €)
Crime parfait de Lorraine Tison

PRIX POLAR & Co (publication de la nouvelle en fascicule)
La crèche Nimby de Baudoin Massaert




                                                                                                         
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