« Cet Homme est dangereux (bis) ». Avec un tel titre de l’éditorialiste du quotidien « Le Soir », Béatrice Delvaux, en ce 30 avril 2012, je m’attendais à un article sur Kim Jong-eun ou Viktor Orban ou peut-être le populiste Geert Wilders. Ma naïveté intellectuelle m’a détrompé par le fait qu’il s’agissait d’un article sur le président actuel français: Nicolas Sarkozy. Le « bis » aurait dû me mettre la puce à l’oreille : sur les traces de Joëlle Meskens correspondante du nombril de la France à Paris (celle-ci avait déjà signé un article intitulé « oui, Nicolas Sarkozy est dangereux » et prenait position au nom du journal du « Le Soir » pour voter Mme Royal), Béatrice Delvaux s’en prend au message dit de «haine» de Nicolas Sarkozy.
Tout d’abord, je voudrais vous signaler que je suis un étranger vivant en France depuis maintenant 22 ans, et que du fait de la loi, je ne peux pas voter pour les élections présidentielles. Cela ne me gêne nullement, et si je souhaitais voter en France cela ne me serait pas interdit, il suffirait que je prenne la nationalité française, que je me naturalise. Toutefois, Mme Delvaux, je suis tout comme Nicolas Sarkozy un patriote et je ne renie pas la patrie qui m’a vu naître, je garde donc ma nationalité d’origine.
Je vous conseille de réécouter l’ensemble du discours de Nicolas Sarkozy lors du meeting précité, et de l’inscrire dans une analyse contextuelle comme le fait si bien Michel Onfray, et vous passerez peut être la frontière qui sépare le Bien du Mal. En effet Nicolas Sarkozy exprime toutes les frontières : géographique (France, Europe, régions), sociales, économiques,…
Nicolas Sarkozy a demandé de ne pas confondre « l’amour de sa patrie avec la haine des autres », qui est un « sentiment détestable », il a opposé « le patriotisme », qui est « l’amour de la patrie », au « nationalisme » qui est « la haine de l’autre ». Un article de décembre 1989, de votre envoyé spécial permanent de l’époque Jacques Cordy intitulé « un million de clandestins en France : constat de carence de l’immigration », parlait et argumentait la célèbre phrase du socialiste Michel Rocard « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». A cette époque le ton de votre correspondant était clair, juste et objectif. Je regrette maintenant simplement la dérive sectaire de votre journal qui a bercé mon adolescence, ma vie universitaire, et a forgé le penseur et l’être que je suis.
Encore une chose, je suis belge en ik ben trots op – et je suis fier de l’être.
-Un patriote-
L’article original:
Cet homme est dangereux (bis) in le quotidien « Le Soir »
BEATRICE DELVAUX
lundi 30 avril 2012, 06:28
éditorialiste en chef
Nicolas Sarkozy ne court plus derrière le Front national. Ce dimanche, il l’a rattrapé. Le président candidat n’avait plus hier pour ses militants qu’un projet et une obsession : pas la croissance, pas la dette mais la Nation, l’identité, la frontière.
Mais pourquoi cet homme s’est-il tant battu pour la survie de l’Europe dès lors que les paroles scandées ce dimanche en torpillent l’essence ? Il faut réentendre et relire les phrases prononcées : « Je veux faire de la France une nouvelle frontière future de la civilisation du XXIe siècle », « Les pays qui gagnent sont ceux qui croient dans l’esprit national », « L’Europe a trop laissé s’affaiblir la Nation », « Je n’accepterai pas qu’il n’y ait plus aucune différence entre être français et ne pas l’être ». Il n’y a sans doute pas là de quoi arracher la victoire mais la manière dont il aura banalisé, exalté ces paroles, aura contaminé les esprits, quoi qu’il se passe le 6 mai. Jouer le nationalisme à l’extrême est un danger total, car on sait comment réveiller l’instinct identitaire mais rarement comment le maîtriser, le faire rentrer dans sa boîte et l’empêcher de virer à l’obsession raciste. Certains estiment François Hollande dangereux pour l’économie européenne et les marchés financiers. Mais c’est un amateur face à ce président candidat qui ose tout pour gagner.
Il n’est pas question ici de nier que la multiculturalité et l’intégration sont des enjeux majeurs pour la France et l’Europe de demain. Mais il y a une certitude : ce n’est pas avec cette ode triomphante à la Nation et à l’identité sous-entendue « pure » qu’on va apporter des solutions. Et il va en faire quoi, s’il est réélu le président Sarkozy, de son discours antieuropéen et identitaire ? Aller au bout de sa nouvelle logique ? Cela fait froid dans le dos.
Mais le pire dans cette histoire est que l’homme n’en pense pas un mot, de ce discours. Sarkozy depuis toujours, ne se sert des thèmes que parce qu’ils peuvent le servir, lui. Cet homme au service de son ambition, sorte de girouette sans tête, est en train de détruire l’esprit citoyen, de nourrir le racisme, d’exalter les instincts de haine. Dans sa tentative désespérée de quand même emporter cette couronne, il brûle tout sur son passage. Et ne s’en rend même pas compte.