Rat musqué, animal nuisible et invasif

Le rat musqué (Ondatra zibethicus) est un rongeur parfois surnommé "rat d’Amérique". Originaire du nord de ce continent, il fut introduit en Europe à la fin du XIXe siècle pour l’exploitation de sa fourrure. Progressivement, le petit mammifère s’est retrouvé dans la nature et il a su s’adapter à son nouvel environnement, colonisant les espaces autour des rivières et provoquant d’importants dégâts sur les berges et dans les cultures agricoles. Zoom sur cet animal commun considéré comme nuisible.

Qui est le rat musqué ?

• Ordre : Rodentia
• Famille : Cricetidae
• Genre : Onatra
• Espèce : zibethicus

Le rat musqué est un rongeur herbivore semi-aquatique originaire d’Amérique du Nord. Introduit en Europe à la fin du XIXe siècle pour l’exploitation de sa fourrure, il n’est pas resté bien longtemps en captivité. En effet, de nombreux individus se sont échappés des élevages et d’autres ont été relâchés volontairement dans la nature. Or, l’animal s’est très vite adapté à son nouvel espace de vie et il y a proliféré très rapidement. Au cours des années 1960, le rat musqué – qui doit son nom à ses glandes préputiales qui produisent une substance odorante musquée destinée notamment à marquer son territoire – est devenu le mammifère le plus commun dans les cours d’eau parcourant les zones agricoles en Europe de l’Ouest.

On reconnait le rat musqué à sa tête imposante et large dotée de petits yeux et de petites oreilles. Ses quatre incisives jaunes sont puissantes et il peut les utiliser en nageant, car il est doté de lèvres qui se referment derrière elles pour que l’eau ne puisse pénétrer dans sa bouche. Ses pattes arrière sont elles aussi très puissantes et frangées sur l’extérieur de petits poils natatoires. Les pattes avant sont quant à elles plus petites, mais dotées de griffes imposantes.

Excellent nageur, le rat musqué est également pourvu d’une longue queue écailleuse, noirâtre et aplatie latéralement. Seul rongeur à être doté d’une telle forme de queue, elle lui permet de nager avec efficacité et rapidité. Bon apnéiste, le rongeur peut en effet rester immergé sans respirer pendant près de 15 minutes, immobile ou bien en nageant !

Plus petit en Europe que dans son aire originelle de répartition, en Amérique du Nord, le rat musqué mesure en moyenne 30 cm à 36 cm de long, auxquels il faut ajouter 20 cm à 25 cm de queue, pour un poids moyen de 1,5 kg, et jusqu’à 2,5 kg. Il est recouvert d’une fourrure brun sombre, presque noirâtre, avec des poils brillants et drus, sous laquelle se cache un fin duvet qui lui permet de mieux se protéger du froid. Sur son ventre, son pelage est plus clair, avec une dominante marron gris.

Il est fréquent que le rat musqué soit confondu avec le ragondin, qui occupe les mêmes espaces de vie. Pourtant, les deux rongeurs sont loin d’avoir le même gabarit. En effet, si le rat musqué oscille, rappelons-le, entre 1,5 kg et 2,5 kg, le ragondin, quant à lui, pèse entre 7 kg et 9 kg !

Un nageur hors pair

Le rat musqué est un excellent nageur, comme nous l’avons souligné. Il faut dire qu’il est bien aidé de ses pattes arrière semi-palmées, de sa longue queue aplatie sur les côtés telle une anguille et de sa capacité à rester en apnée immobile ou en mouvement pendant 15 minutes.

C’est par ailleurs un animal plutôt solitaire qui vit essentiellement seul ou en petit groupe familial. Dans ce cas, le mâle vit avec sa femelle et les jeunes auxquels ils ont donné vie au cours de l’année. Peu sociable, l’animal se bat facilement avec des congénères qui ne font pas partie de son groupe.

Le rat musqué passe ses journées dans son terrier, bien à l’abri de ses prédateurs. C’est la nuit qu’il sort se nourrir. Mais lorsque l’hiver arrive et que les températures sont négatives, les membres d’une famille restent blottis dans leur tanière, lovés les uns contre les autres pour se tenir chaud.

Où vit le rat musqué ?

Le rat musqué est originaire d’Amérique du Nord, où il vit au Canada, aux États-Unis et dans le nord du Mexique. Depuis son introduction en Europe, où il est aujourd’hui considéré comme une espèce invasive, il s’étend de la façade atlantique à l’extrême est de l’Asie. En France, il est présent sur tout le territoire, hormis dans l’extrême Sud-Est.

Le rongeur a besoin de vivre à proximité de l’eau, qu’elle soit faiblement courante ou stagnante, peu profonde et marquée de végétation aquatique et de la présence de mollusques dont il peut se délecter. Ainsi, étangs, lacs, rivières, marais ou encore prairies humides sont ses terrains de prédilection. Il aménage un terrier dans les berges qu’il creuse lui-même et qui dispose au moins d’une entrée sous l’eau.

Lorsqu’il est relativement tranquille, il aménage des huttes en surface, comme les castors, à partir de branchages, de plantes aquatiques et de débris végétaux de toutes sortes. Il y accède alors par le sous-sol où ses galeries sous-marines peuvent être particulièrement organisées et vastes.

Un régime alimentaire majoritairement herbivore

Le rat musqué est principalement herbivore. Il se nourrit essentiellement de massettes, de joncs, de nénuphars et de diverses autres plantes de rivage, mais il peut étendre son menu aux céréales, aux pommes de terre, aux betteraves ou encore aux maïs cultivés aux alentours.

En hiver, lorsque les végétaux se font plus rares, il peut consommer quelques mollusques, des crustacés, des poissons, des insectes et des amphibiens. Il se constitue des réserves qu’il stocke sous des abris pour la saison froide. Dans tous les cas, il mange toujours son menu aquatique hors de l’eau et il part en quête de nourriture dès la tombée de la nuit.

La reproduction du rat musqué

Très prolifique, le rat musqué se reproduit au printemps et en été. Le mâle et la femelle manifestent leur disponibilité reproductive en sécrétant une forte odeur musquée, dont l’animal tire son nom, comme nous l’avons indiqué.

Une fois que le couple s’est uni par le coït, la femelle débute une gestation d’un mois. Elle donne ensuite naissance à une portée de 5 à 7 petits qu’elle allaite pendant 20 à 30 jours. À l’automne suivant, ils sont devenus adultes, mais il leur faut attendre l’âge d’un an pour être sexuellement mâtures.

À raison d’une à trois portées par an, les rats musqués prolifèrent aisément et un couple peut ainsi donner vie à 21 petits dans une année, au maximum. Dans la nature, le rat musqué vit environ 4 ans.

Les dégâts causés par le rat musqué

Le rat musqué n’est pas un animal à favoriser autour de votre jardin. En effet, il peut être porteur de maladies, telles que la leptospirose ou la maladie de Lyme, mais il est en outre classé comme espèce nuisible en France et il appartient aux espèces dites invasives en Europe.

Avec ses galeries de terriers qui fragilisent les terrains, il provoque d’importants dégâts sur les berges, les digues et sur les aménagements hydrauliques situés autour des fossés et des cours d’eau, y compris lorsqu’il s’agit de lagunage naturel, ce qui accroit le risque d’inondation.

De ce fait, les racines des arbres situés à proximité sont également atteintes, tout comme les roselières qu’il saccage pour se nourrir et construire ses huttes.

Cependant, la construction de ces dernières permet d’accueillir des nids et de favoriser le développement de certaines plantes et de petits insectes décomposeurs.

Comment lutter contre le rat musqué ?

Il est très difficile d’éradiquer le rat musqué d’un site qu’il occupe en raison de sa reproduction intensive et du fait qu’il n’a que peu de prédateurs naturels en Europe. En effet, seuls les rapaces, les serpents, le raton laveur, la loutre, le vison, la fouine et le renard sont des menaces pour le rongeur. Or, il fuit aisément ou, s’il est acculé, il peut provoquer de sérieuses blessures grâce à ses incisives.

En raison des dégâts qu’il provoque sur les écosystèmes locaux ainsi que des risques de transmission de maladies, le rat musqué fait l’objet d’opérations de piégeages et de tirs réguliers, dont les modalités sont définies localement par les arrêtés préfectoraux.

Il est toutefois à noter que l’usage de produits chimiques poison, tels que les anticoagulants, est interdit pour éradiquer les rats musqués, comme le stipule un arrêté ministériel de 2007 qui indique que "l'emploi de la lutte chimique avec des appâts empoisonnés est réservé à des cas exceptionnels".

Enfin, dans la mesure où les rats musqués n’apprécient pas les berges en pente douce, les aménagements de bords de rivières sont bien souvent conçus de cette manière, dès que l’occasion se présente, pour le dissuader de s’y installer.