J’ai terminé hier soir une partie mémorable de Civilization 5 pendant laquelle j’ai eu la bonne idée de prendre des notes et de faire un paquet de captures d’écran. Voici donc le tout premier compte-rendu détaillé d’une partie de Civ5 sur le mur de laine de briques.

Les paramètres de la partie sont les suivants : je joue une civilisation aléatoire, sur une carte de taille immense et de type Terra Incognita, c’est-à-dire composée d’un nombre de continents lui aussi aléatoire (1, 2, 3 ou 4). Je joue en mode monarque (difficulté 5/8) et vitesse de jeu standard. Il y a treize civilisations au total sur la carte, toutes aléatoirement choisies sauf les Arabes d’Harun al-Rashid que j’ai rajouté moi-même car c’est toujours sympa d’avoir un arabe sur qui taper (je déconne, c’est juste parce que c’est la seule civ contre qui je n’ai pas encore joué et dont je n’ai donc pas pu voir l’animation du leader).

Les mods utilisés pour cette partie sont le Balance Combined Mod, qui ajuste un bon paquet de paramètres du gameplay pour équilibrer certains points très mal réglés au départ, l’Advanced Missiles Mod qui ajoute les ICBM (missiles nucléaires intercontinentaux), tragiquement absents du jeu de base (ainsi que censément plusieurs autres types de missiles (bactériologique, vitrificateur, apocalyptique…) que je n’ai pas vu au cours de la partie). Le dernier mod ajoute simplement une horloge en haut à droite de l’écran, histoire de garder un contact certes ténu avec le monde réel. La partie se lance et je tombe sur…

La Grèce est une nation intéressante à jouer car Alexandre bénéficie de relations privilégiées avec les cités-états, que j’ai eu tendance à négliger au cours de mes dernières parties. L’occasion de remédier à cela et de m’impliquer un peu plus dans ce nouvel aspect de Civilization est donc toute indiquée.

La Grèce s’enorgueillit également de deux unités spéciales de l’ère classique, le hoplite et la cavalerie de compagnie, qui peuvent faire la différence en début de partie.

Mon groupe de colons et mon unité de guerriers apparaissent au bord d’une rivière coulant paresseusement en bordure d’une large vallée encaissée entre deux lignes de basses collines. Les plaines sont médiocrement fertiles mais des vignes sauvages poussent en masse aux alentours.

La présence de blé et de moutons sauvages fournira la nourriture nécessaire pour éponger les futures libations de ma population, que j’augure déjà excessives. Des animaux à fourrures sont également présents et feront de superbes manteaux à offrir aux femmes pour s’excuser d’être encore rentré bourré. Enthousiasmé par les perspectives offertes par ce lieu, je fonde Athènes.

Comme à l’accoutumée dans un jeu de Civilization, on commence par explorer les environs pour découvrir de nouvelles ressources – il y a des vignes à foison – et des ennemis potentiels. Tiens à propos d’ennemis potentiels, je tombe rapidement sur Hiawatha, chef de la tribu des Iroquois, qui me fait l’effet d’un curieux lascar.

À l’ouest également je rencontre le Babylonien Nabuchodonosor, décidément je suis condamné à devoir écrire ce nom à chacun de mes comptes-rendu Civ, j’aurais pas dû acheter la version deluxe. Et puis tiens, à partir de dorénavant je l’appellerai Nabu, c’est bien moins long à écrire. Nabu le nabot barbu.

Côté sud se développe l’Allemand Bismarck. Je croise également les cités-états de Stockholm et de Genève à l’est, et Hanoï à l’ouest, lesquelles deviendront vite des alliées indéfectibles. Surtout Stockholm et Hanoï en fait.

Le début de partie consiste à sécuriser un max de terrain et de ressources. L’importance des produits de luxe est telle dans Civ5 qu’il ne faut pas hésiter à fonder des villes très éloignées de la capitale afin de sanctuariser un territoire pourvu de telles richesses. Je me lance d’ailleurs dans la branche Liberté des politiques sociales, qui facilite l’expansion en offrant pour commencer la division par deux du coût de production des colons. D’autres avantages viendront par la suite. Je fonde Sparte au Nord de ma capitale, pas très loin au bord de la mer, près d’une ressource en marbre et surtout dans un étroit goulet me permettant de bloquer l’accès à tout un territoire vierge et inexploré, des terres étendues d’épineux battus par la neige et le vent, uniquement peuplées de barbares endurcis par le climat et la viande de renne.

Je fonde également Argos, et Corinthe au sud de ma capitale, aux sources du fleuve qui longe Athènes la déjà glorieuse, dans une agréable région boisée aux plaines fertiles. Pas de ressources de luxe ici-bas, à part encore plus de vignes, mais cette ville m’est nécessaire pour justifier mes revendications territoriales (j’ai expressément défendu à Bismarck de fonder des villes trop près de chez moi), asseoir mon contrôle sur la région en protégeant ma capitale et me servir d’avant-poste pour préparer mes conquêtes en direction du sud et de l’ouest (Bismarck a quand même eu l’outrecuidance de fonder Hambourg – maintenant ça sent la saucisse jusqu’à Athènes). Les barbares commencent à s’agiter un peu partout mais rien de très dangereux à part que mes ouvriers ont les foies et rechignent à aller travailler les terres adjacentes à mes villes.

Scientifiquement parlant, je me dirige vers la guerre. À peine les bases découvertes – la roue, l’agriculture, l’élevage… – je me lance à la recherche du travail du bronze et de l’équitation. De nouvelles ressources apparaissent : les chevaux. Il y en a suffisamment sur mon territoire pour me permettre de monter une armée décente. Dès que j’ai accès aux hoplites et à la cavalerie grecque je produis un bon paquet de ces unités d’élite et les envoie en station à Corinthe en attendant le signal de départ en campagne. Mon objectif : Berlin.

On est en 875 avant JC lorsque je signifie à Bismarck que c’est fini pour lui, qu’il va y passer, et qu’il n’est que le premier d’une liste que j’espère longue. Je descends comme promis sur Hambourg où je me fais accueillir par une volée de caillasses grosses comme ma tête un lendemain de cuite : ces bâtards d’Allemands ont des catapultes.

Après de sévères pertes quand même j’arrive à capturer Hambourg qu’on rase aussitôt, non mais oh, il n’est pas dit que les villes grecques porteront des noms boches. On se dirige ensuite, une fois les renforts arrivés, en direction de Berlin, qui tombera bien plus facilement que Hambourg, la Wehrmacht ayant été réduite en pièces là-bas.

Bismarck s’incline. Ça fait un de moins. Je décide de ne pas raser Berlin, la ville étant entourée de ressources alors inconnues des Grecs, l’argent et les teintures.

La campagne militaire s’est superbement déroulée et j’hésite à pousser l’avantage que me confère mes unités d’élite grecques pour annihiler un deuxième adversaire, Nabu par exemple, qui commence à devenir un peu trop puissant à mon goût. Un coup d’œil en diplomatie m’informe que ce dernier ainsi que Hiawatha me font la gueule à cause de ma guerre contre Bismarck. Je me dis qu’alors autant les éliminer tout de suite pour éviter de futurs problèmes, n’est-ce pas ?
Je suis en train de reconfigurer la position de mes troupes vers l’ouest lorsque un émissaire d’une civilisation inconnue arrive du sud, au-delà des terres qui furent allemandes. C’est un Perse, un envoyé de Darius, lequel est puissant, bien plus puissant que Nabu le nabot barbu, dites donc. En fait il est même plus puissant que moi, ce qui m’inquiète un peu. Du coup j’annule la campagne iroquoise et je repositionne mes troupes autour de Berlin, en attendant que les choses évoluent.

J’en profite pour développer mes villes et mes relations avec les cités-états. J’envoie un grand marchand établir comptoir à Hanoï, ce qui me rapporte une quantité appréciable de pièces d’or et une proposition d’alliance de la cité, qui me fournira en troupes fraîches tout au long de la partie.

Darius me propose bientôt une alliance militaire contre Babylone. Pourquoi pas, ça me permettra d’étendre mon territoire, de régler le problème posé par Nabu et de resserrer les liens avec Darius qui est trop puissant pour que je l’affronte directement. En plus comme je ne doute pas que les Perses vont, avec ou sans mon aide, balayer les Babyloniens, je pourrai essayer de capturer les meilleures villes et bloquer les meilleurs emplacements aux troupes Perses. Dont acte, la guerre commence et je capture Borsippa (que je rase), Akkad (que je garde à cause de la présence d’ivoire dans les environs), Buffalo Creek… tiens ça sonne pas très babylonien comme nom de ville, apparemment les Iroquois et eux se sont déjà foutus sur la gueule il y a peu.
J’ai un peu de mal à conquérir cette dernière car je n’y ai envoyé qu’un petit contingent détaché de Berlin et je décide de garder la ville pourtant quelconque (pas de nouvelles ressources, présence de marécages), mais qui géographiquement est parfaitement située pour me servir d’avant-poste et bloquer le Perse au Sud. L’avenir me donnera à maintes reprises la preuve éclatante de mon génie stratégique, comme vous le verrez bientôt (retenez vos applaudissements).

J’en étais où ? Ah oui. La guerre avec les Babyloniens. Je capture bientôt Babylone, la capitale des Babyloniens, même les plus nuls en histoire devraient être capable de deviner cela.

Je suis ensuite contraint de négocier un traité de paix avec Nabu car mon taux de bonheur fait un plongeon vertigineux suite à la capture de ces différentes villes. Je suis tombé jusqu’à -23 en bonheur, c’est pas rien. Dans l’absolu j’en ai rien à foutre que ma populace fasse la gueule du moment qu’elle bosse et qu’elle se bat, mais c’est bien là le problème : à partir de -10 les villes ne croissent plus, la production est considérablement ralentie et surtout les unités militaires subissent un malus de 33%, ce qui contrarie de beaucoup la poursuite de la guerre. Darius par contre continue la campagne avec entrain et c’est avec un peu d’inquiétude que je constate le défilé des unités militaires perses sous mes fenêtres.

Je profite de l’accalmie militaire pour me tourner un peu vers l’intérieur. Les affaires marchent malgré le mécontentement, la tune rentre. Je finance un peu les cités-états du coin ou bien j’accomplis certaines de leurs demandes : construire une route de telle à telle ville, nettoyer des campements barbares, faire l’entremetteur entre une cité-état et une autre civilisation… Elles me remercient en denrées alimentaires, en culture ou en unités militaires. Je débloque d’ailleurs la branche Patronage de l’arbre des politiques sociales, qui améliore nettement les relations avec les cités en question : le premier bonus octroyé est une plus lente dégradation des relations avec ces entités. Additionné au trait d’Alexandre qui est précisément du même type, cela me permet de garder des contacts privilégiés avec les villes franches sans avoir à les arroser constamment avec ma tune durement gagnée. Dans le même temps, paf !, c’est la Renaissance !

Vers 1200 je construis une caravelle à Berlin et l’envoie à la découverte du Nouveau Monde, que j’espère riche en ressources, en or et en petites pépées.

Il se passera du temps avant que je ne découvre de nouvelles terres, mais je ferai la découverte d’un bon nombre de Merveilles Naturelles qui améliorent le bonheur de ma population, et j’en ai bien besoin. La cité-état de Gênes m’avait en outre donné pour mission de découvrir une de ces merveilles, voilà qui est fait, les Gênois m’aiment tout plein dedans leurs petits corps.

C’est en 1360, alors que je viens d’apprendre que, quelque part dans le monde, la civilisation Arabe s’est faite exterminer avant même que j’aie pu les rencontrer, que ma caravelle approche d’une côte habitée par un peuple sauvage, arrogant et pas très porté sur l’hygiène : les Français.

Tout n’est pas horrible sur ce nouveau continent puisque je fais également la connaissance de Wu Zetian, impératrice chinoise. J’entretiens aussitôt les meilleures relations possibles avec la Chine, avec un partenariat commercial privilégié et de beaux serments d’amitiés, et ce malgré le fait que les Chinois soient des plus faibles. Mon asiatisme me perdra.

Je continue à explorer la côte franco-chinoise (et apparemment un peu aztèque aussi vu le nom de la ville ci-dessous).

Peu après, en 1400, Darius le fourbe me déclare la guerre alors que j’avais rien provoqué du tout, je croyais même qu’on était potes. Pour protester je construis la Chapelle Sixtine.

Tout ça c’est très joli, mais des troupes Perses sont disséminées un peu partout sur le continent et c’est un beau bordel pendant quelques tours où je me fais attaquer de tous les côtés.

Seulement, ô bonheur, un Scientifique Illustre dont j’ai oublié le nom fait son apparition dans une de mes villes. Je lui demande aussitôt de me découvrir la poudre à canon. Sitôt dit, sitôt fait, ils sont bien ces savants. En attendant d’avoir des unités équipées de mousquets je repousse tant bien que mal les troupes perses autour de Babylone puis, à force de pousser, en-dessous de Buffalo Creek où j’installe mes soldats autour d’une colline tenue par une catapulte.

Darius continue d’attaquer cette position en masse mais je tiens bon. Des troupes modernes ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez, ce qui va me permettre de reprendre l’initiative et de porter la guerre chez mon adversaire.

Pendant ce temps, dans le Nouveau Monde, je rencontre enfin Moctezuma l’Aztèque et Catherine II des Russes. Cette dernière rencontre me vaut d’ailleurs les remerciements de Stockholm qui recherchait des contacts avec la civilisation Russe.

Je constate également que ça castagne bien dans le Nouveau Monde. C’est rassurant, la guerre est donc une vertu planétaire.

Pendant ce temps, du côté de chez Swann, pardon de chez Darius, la guerre se déroule plutôt bien (pas pour lui). Je descends joyeusement mes mousquetaires au cœur du territoire perse en rasant tout ce qui se trouve sur le passage. Confiant dans la puissance de mes troupes, je ne prépare pas de renforts et préfère bâtir Notre-Dame, sans doute en vue d’une future protestation officielle.

Bien mal m’en prend car bientôt les Perses reviendront en force avec des unités de fusiliers toutes neuves. Il semblerait que Darius ait mis un coup de fouet à la recherche technologique afin de repousser ma contre-attaque. Du coup ma force de frappe fond comme neige au soleil.

Je négocie un traité paix avec Darius. Personne n’y gagne rien de plus que la paix mais je profite du répit ainsi offert pour piller toutes les améliorations de terrain abandonnées autour des ruines de villes rasées par mes troupes.

Je replie ensuite les survivants et commence à produire plus de troupes, des fusiliers et des canons que je positionne près de Buffalo Creek dans l’attente d’une reprise très probable des hostilités. Le temps passe. En 1655 ma caravelle qui continue à parcourir les océans découvre un îlot de cités-états avec lesquelles je noue des relations d’autant plus privilégiées que je suis le premier à les contacter. À Buffalo Creek, la défense s’organise.

Pendant ce temps mes tout récents navires de ligne parcourent les océans et en foutent plein la gueule aux campements barbares. Je n’ai pas de troupes pour les capturer, c’est vraiment juste pour amuser l’équipage (et puis pour les points d’expérience aussi).

De nouveaux personnages illustres apparaissent dans ma civilisation, dont un artiste illustre qui me permettra de revendiquer le terrain au sud de Buffalo Creek où j’ai établi ma défense et où se trouve une des rares sources de pétrole apparues sur ce continent avec la découverte de la biologie. Un autre artiste illustre me permettra de lancer un âge d’or pour booster ma production et mes revenus. Un scientifique illustre, outre me gratifier d’une technologie gratuite, me permet d’améliorer encore mes relations avec je ne sais plus trop quelle cité-état qui demandait depuis un certain nombre de tours à en rencontrer un.

Le reste du temps passe en échanges commerciaux, en construction de bâtiments, en amélioration de terrain, etc…

Vers 1800 les Ottomans, situés sur l’autre continent, me proposent une alliance militaire contre Catherine. Je saute sur l’occasion car je redoutais depuis un moment la puissance des Russes, moins avancés que moi technologiquement mais disposant de bien plus de troupes. Je rechignais à attaquer seul car une campagne militaire si lointaine est très risquée à cette époque, l’envoi d’un corps expéditionnaire prenant un temps considérable et les renforts arrivant au compte-gouttes. Avec l’appui des Turcs je sens l’aventure potentiellement profitable. J’hésite un moment à dégarnir ma défense à Buffalo Creek puis décide de tout envoyer et de produire de la troupe pour remplacer les soldats partis péter du Russe, en espérant que Darius ne profitera pas du laps de temps pendant lequel ma ligne de défense sera affaiblie pour m’attaquer. Pendant ce temps Hiawatha explose les Babyloniens.

S’ensuit un épisode laborieux qui consiste à déplacer les bateaux de transport un par un sur toute la distance séparant mes côtes des côtes russes, c’est-à-dire pendant une vingtaine de tours. En plus il faut également gérer les navires d’escorte car les transports sont très vulnérables et les pirates et bateaux barbares nombreux, surtout près des côtes et autour des îles. À Civ4 on n’avait pas ce problème : tous les bateaux étaient empilés sur la même case et pour peu que votre pile soit bien défendue, c’est-à-dire composée de suffisamment de bateaux de guerre pour protéger les bateaux de transport, vous pouviez lancer votre convoi jusqu’au bout de la carte et ne plus vous en occuper jusqu’à son arrivée. Dans Civ5 c’est impossible car on n’a droit qu’à une unité par case, il faut donc déplacer vos unités une par une et veiller à ce que les bateaux de transports soient bien protégés par les navires de guerre.

Une vingtaine de tours, ça représente un paquet d’années à Civ. Je vois le score de la Russie chuter, apparemment Soliman fait du bon boulot tout seul. Du tellement bon boulot qu’en 1828, alors que je n’ai même pas encore approché des côtes russes, Catherine me propose un juteux traité de paix. Produits de luxe, or, droit de cuissage, pardon de passage, comment refuser ? Inversement, c’est le score Ottoman qui s’est hissé à des sommets inquiétants. Je garde donc le cap et préviens mes hommes que finalement on va taper du Turc. Je conclus à ce dessein un pacte secret avec Askia du Songhaï et convainc Jules César de déclarer la guerre aux Ottomans.

Juste avant d’aborder les côtes turques, Soliman me demande une audience et m’informe qu’il a bien compris mes petites manigances et que je devrais lui déclarer la guerre franchement plutôt que de sournoisement manœuvrer comme je le fais en ce moment. Je le prends au mot et déclare la guerre, de toute façon je suis prêt.

La conquête est fulgurante, les armées Turques étant engagées à l’ouest contre Catherine et César. Bursa tombe (je la rase), puis Istanbul (je la garde), Ankara, Édirne, Diyarbakir…
Complètement débordé, Soliman vient bientôt m’implorer de lui faire la faveur d’un traité de paix. Il m’offre de l’or, des produits de luxe (sucre) et neuf ou dix de ses villes ! Sachant qu’un traité de paix dure dix tours, que je pourrai toujours lui redéclarer la guerre ensuite, et que je mettrais forcément plus de dix tours à conquérir toutes ces villes qu’il m’offre, je décide d’accepter, m’épargnant ainsi de pénibles déplacements de troupes et des sièges harassants.

La question est maintenant : que faire de toutes ces villes ? Je peux les annexer à mon empire mais cela va sérieusement plomber le taux de bonheur de ma population, avec les mêmes effets que précédemment (production ralentie, troupes démoralisées…). Je peux créer des gouvernements fantoches à la tête de ces villes, ce qui me garantit les revenus en science et en or de chaque ville mais m’empêche d’en contrôler la production alors que je dois supporter le coût de maintenance des bâtiments, ce qui risque de vite grever mes finances. Je peux sinon décider de tout raser, ce qui prend plusieurs tours mais règle tous les problèmes précédemment cités avec efficacité (et puis ça amuse les troupes). Seulement cela laisse le champ libre aux autres civilisations pour s’installer et m’empêche de prendre position sur ce continent. J’ai longtemps réfléchi, j’ai essayé différentes options, rechargé plusieurs fois la partie et finalement décidé d’annexer les meilleures villes et de raser le reste, en pillant les aménagements laissés à l’abandon histoire de faire un peu de tune.

J’ai gardé 6 villes seulement, trois qui m’assuraient des ressources en baleines (superbes bancs de baleines dans la baie des Turcs), une me fournissant des ressources en aluminium (découvert il y a peu et qui fait pratiquement défaut dans mon territoire, à part dans le territoire toujours vierge au nord de Sparte et où j’irai bientôt fonder une ville solitaire pour exploiter pétrole, aluminium et uranium) et les deux autres villes stratégiquement placées pour coordonner le tout et consolider mes acquisitions territoriales. Seulement six villes et pourtant mon bonheur tombe à -64 ! C’est le chaos. Je fais construire des tribunaux dans toutes les villes occupées pour enrayer l’agitation mais ma production étant ralentie à cause de ces mêmes troubles, cela prend un temps fou, et il n’est pas possible de les payer cash, pas tant que la ville est en proie à l’insurrection. C’est un peu le problème du Nœud Gordien, j’ai bien fait de prendre Alexandre dites donc.

J’entre alors dans une période noire de ma civilisation. Je sais pas si je vais réussir à vous faire comprendre à quel point j’en ai chié à ce moment-là. Mes villes ne se développent pas, produisent peu, mes troupes sont aux deux-tiers de leur efficacité. Y a bien que la tune qui rentre. Du coup j’économise à mort, je pille tout ce que je peux dans les zones non-revendiquées, je délaisse les cités-états et je tente de faire un max de pognon pour pouvoir acheter comptant des bâtiments augmentant le bonheur – cirques, théâtres… – dans mes villes principales. Je lance la construction de Big Ben à Berlin, qui réduira de 25% le prix des bâtiments payés cash dans les villes, et de la Tour Eiffel à Athènes, qui me donnera 16 points de bonheur gratuits. Je privilégie aussi les politiques sociales qui me donnent du bonheur et de la tune, laissant pour un temps de côté le rationalisme que j’ai adopté au début de la Renaissance. À ce propos, voilà à quoi ressemble l’arbre des politiques sociales (c’est en fin de partie là) :

Dans le même temps n’oubliez pas que je dois regarnir mes défenses à Buffalo Creek, et ça prend du temps, surtout vu le nombre de bâtiments que je dois construire en parallèle ! Les bâtiments provoquant le bonheur coûtent chers à entretenir, ce qui m’oblige à construire ensuite des marchés, banques, bourses… au détriment des troupes. Heureusement que j’ai des amis – Hanoï par exemple – qui me font de merveilleux cadeaux !

J’ai en effet décidé de laisser tout mon corps expéditionnaire sur place en Turquie pour défendre ces possessions coloniales contre les convoitises de voisins pas très scrupuleux (Rome, c’est de toi que je parle). Je suis dès lors très mal préparé lorsque Darius me déclare la guerre vers 1890. Toujours dans le rouge niveau bonheur, à peine une poignée de tanks et d’infanteries mécanisées pour défendre mes frontières, mon général stationné en Turquie, à ce moment-là j’ai failli tout abandonner. Mais j’ai tenu ! J’ai tenu bordel ! Putain vous imaginez pas à quel point le sud de Buffalo Creek ça a été Bagdad à un moment. Les vagues d’infanterie perses se sont succédées les unes après les autres et j’ai perdu pas mal de troupes, mais la citadelle a tenu ! Bordel.

Mes villes produisent de la troupe (très lentement) mais je veux pas utiliser ma tune pour les payer cash car je la garde pour les bâtiments relevant le bonheur dès que Big Ben sera construit. Je gère donc au mieux le peu d’unités que j’ai (pendant que toute une armée se la coule douce dans les hammams turcs).

Au bout d’une période qui me semble infinie, j’arrive à inverser la tendance et couronne mon retour sur la scène internationale par une protestation officielle en bonne et due forme et la construction de la Tour Eiffel.

Je construis aussi le Christ Rédempteur à Athènes et la Statue de la Liberté à Berlin. Je me pose un temps histoire de respirer après ce coup de frayeur. Je suis toujours en guerre contre Darius mais mes défenses ne sont plus menacées. Je pourrais même avancer et lui raser quelques villes pour lui apprendre les bonnes manières mais j’aimerais m’occuper de mon empire qui est encore bien fragile après cette longue période de troubles. Et puis ça m’amuse de voir Hiawatha, qui a senti le vent tourner et a déclaré la guerre à Darius, envoyer ses troupes nombreuses mais peu expérimentées se faire hacher la gueule par les unités plus modernes du Perse. J’ai d’ailleurs aménagé un couloir dans mes défenses pour qu’ils puissent passer facilement. On ne m’accusera pas de vouloir empêcher la guerre. Le Songhaï sur le continent d’en face devient assez gros et menaçant, ayant détruit la Chine et les Aztèques, mais j’ai autre chose à faire et je fais confiance à César pour s’occuper de ce problème (faut que je le surveille lui aussi). Je me lance dans la production d’ICBM à Athènes et d’un Robot Géant de la Mort à Akkad.

Je songe alors à me diriger vers une victoire scientifique, en bâtissant mon vaisseau spatial. Mais, en parcourant la carte et les différents graphiques, je me remémore une option que j’avais négligé : je pourrais très bien poursuivre une victoire diplomatique. Je ne suis pas loin de la technologie débloquant la construction des Nations-Unis, et mes finances sont saines, ce qui me permettrait d’acheter le vote de plusieurs cités-états. J’ai déjà d’excellentes relations avec la plupart d’entre elles d’ailleurs, comme le prouve ce dernier cadeau que me fait Hanoï. Un Robot Géant de la Mort !

Je place tout de suite ce petit bijou au centre de mes défenses anti-perses. Ça a de la gueule.

Je lance la construction des Nations-Unies et place toutes mes villes en mode production de richesse, je veux dire par là de tunes, bien sûr. Mes coffres gonflent à chaque tour.
Enfin, le tour précédent l’achèvement des Nations-Unies, je fais le tour des cités-états et leur procure de généreux dons. Toutes me promettent leur vote.

Blam ! Les Nations-Unies sont construites, mais damnède ! il faut attendre 10 tours avant les votes. Heureusement grâce à tous mes bonus envers les cités-états, cela ne suffira pas à les éloigner de mon influence. Influence bienveillante, cela va sans dire. D’ailleurs Napoléon qui s’était mis en tête d’attaquer Bruxelles s’est vu rappelé à l’ordre à deux reprises : je l’ai sommé de faire la paix avec cette ville placée sous ma protection. La troisième fois c’est Bruxelles elle-même qui refuse de faire la paix avec Napoléon, excédée qu’elle est par la constante agressivité du Français à son égard. Je trouve ça très courageux de la part de Bruxelles, mais sans assistance elle va se faire dévorer. Aussi et plutôt que de déclarer la guerre à la France je fournis Bruxelles en troupes fraîches : tanks, infanteries mécanisées et hélicoptères de combat. La gueule des Français arrivant avec leurs fusiliers moustachus pour conquérir une proie qu’ils pensaient facile ! C’était assez réjouissant. Les élections arrivent enfin et, sans surprise, j’arrive en tête.

Me voilà donc victorieux après une partie des plus passionnantes.

Pour finir je n’ai pu m’empêcher, après la victoire et en vertu de l’immunité totale que me confère le poste de secrétaire général des Nations-Unies, d’attaquer les Perses avec le Robot Géant de la Mort, juste pour voir. Voilà ce que ça donne (faut le voir bouger aussi).

[EDIT du 13/3/11]

Civilization 5 n’étant pour le moment pas à la hauteur de son prédécesseur, je vous recommande de jouer plutôt à Civilization 4: Beyond the Sword accompagné du mod Rise of Mankind: A New Dawn. L’ultime expérience Civilization.

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