Sa verdure fraîche à l’arôme puissant défend le jardin du printemps à l’automne. L’oignon égyptien (allium cepa proliferum), ce légume vivace, se cuisine, mariné, grillé, confit ou caramélisé, de l’entrée au dessert.

L’oignon égyptien, arrivé en Nouvelle-France par bulbilles conservées au sec durant la traversée, nous invite à partager ce joyau de notre patrimoine végétal alimentaire. Il peut s’élever à un mètre en quelques semaines. Son bulbe, pas énorme mais parmi les plus goûteux, érige des tiges portant jusqu’à trois étages de bulbilles aériennes qui voltigent à la hauteur des sourires d’enfant face à cette architecture insolite. Celles-ci prennent vie, assurant la relève.

Atypique, à l’allure de ciboulette surdimensionnée et échevelée, il s’épanouit dans notre climat nordique, malgré un nom exotique. Au soleil, avec un drainage suffisant, il résistera en temps de sécheresse. À moins d’avoir un terreau fertile, bonifiez-le d’un apport de compost bien mûr. L’oignon égyptien, parfois appelé perpétuel, montre plus de résilience que la moyenne de ses cousins. Répulsif contre plusieurs nuisibles, il protégera vos vivaces comme le fraisier, rosier, chou vivace, rhubarbe, oseille, chervis, livèche. N’hésitez pas à associer un rang au potager avec les carottes, céleris, betteraves, choux, laitues, concombre, ou poivrons. Après quelques années, divisez les talles pour maintenir la vigueur. Ce sera l’occasion d’en offrir à tout voisin épris de simplicité. Replantez quelques bulbilles non loin de la surface pour perpétuer le cycle. Depuis la découverte de cet oignon, de nombreux jardiniers comme nous se sont affranchis de la nécessité de ressemer des oignons annuels sous éclairage artificiel en hiver.

Universel et mondial, familial et local, ravivant toutes sauces et trempettes, l’oignon réconforte avec ses arômes chaleureux, familiers, universels. Vous apprêterez les tiges robustes et creuses en bouchées farcies. Vous transformerez naturellement les oignonets en marinades exquises. Nombreuses sont les recettes où vous remplacerez l’échalotte d’épicerie par plus frais, le temps d’un détour par la cour. Je l’apprécie pour son feuillage linéaire, verticalité contribuant à la diversité des textures, à la richesse visuelle. Cette forme donne du relief, et peut briser la monotonie d’une platebande. D’un point de vue paysager, sa présence hâtive tant que tardive donne vie aux espaces qui conservent leur éclat jusqu’après la neige. Les chevreuils les boudent. Incontournables comestibles, ils donnent de la profondeur à nos platebandes et recettes, contribuant à la santé du jardin et du jardinier.