IV - ESPAGNE ET PORTUGAL

Les « Rois Catholiques » dans la série « Isabel » (2012-14).

2. L’ESPAGNE UNIFIÉE SOUS LES « ROIS CATHOLIQUES »

En 1469, l’héritière de la couronne de Castille épouse secrètement l’héritier de la couronne d’Aragon, inaugurant ainsi un siècle d’or, de feu et de sang.
ISABELLE Ière DE CASTILLE / ISABEL I DE CASTILLA la Católica (1451-1504) est fille de Juan II et sœur d’Henri IV de Castille. Son époux FERDINAND II D’ARAGON / FERNANDO II DE ARAGON el Católico (1452-1516) est fils du roi aveugle Juan II d’Aragon. En 1474, Isabelle monte sur le trône de Castille et León, et dix ans plus tard, en 1479, Ferdinand devient roi d’Aragon. Le pape espagnol Alexandre VI Borgia leur confère le titre honorifique de « Rois Catholiques », à défaut de rois d’Espagne, l’Espagne étant alors une expression géographique générale qui inclut aussi le Portugal. Avec six millions d’habitants, la Castille (et le castillan) occupe dans la monarchie une position prépondérante qu’elle doit à sa centralité et à sa vitalité. Les deux ensembles territoriaux ont désormais les mêmes souverains (ils sont cousins au troisième degré), et ceux-ci décident que leurs sujets doivent être soumis aux mêmes lois, aux mêmes obligations et pratiquer la religion de leurs rois pour assurer la cohésion du corps social. En 1478, ils instaurent à Séville l’INQUISITION ESPAGNOLE (autorisée par une bulle du pape Sixte IV), tribunal d’exception permanent qui exerce de manière souveraine et s’érige par la suite en inquisition d’État. En 1483, le roi Ferdinand, monarque machiavélien auquel la religion a donné un prétexte pour mener à bien ses propres desseins politiques, nomme TOMAS DE TORQUEMADA (1420-1498), dominicain paranoïaque pourtant issu d’une grande famille de convertis juifs, organisateur général du Saint-Office et Grand Inquisiteur d’Aragon, de Valence et de Catalogne.
La Reconquista des derniers territoires non encore christianisés reprend dès 1481. Avec la chute de Grenade en février 1492, ultime enclave musulmane dans la péninsule après plus de 780 années de présence arabe, suivie de l’expulsion immédiate de 25'000 juifs de la cité, Isabelle et Ferdinand ambitionnent de faire du royaume enfin unifié une terre "plus catholique que l’Italie". Quoique s’étant engagés initialement à respecter les croyances et les coutumes de leurs nouveaux sujets, le 31 mars 1492, ils font publier le Décret d’Alhambra ordonnant la conversion ou le départ forcé de tous les musulmans et juifs d’Espagne, de ses territoires et de ses possessions. Les monarques inventent ainsi le racisme d’État, promis à un bel avenir : en quittant le Moyen Âge et en entrant dans la Renaissance, l’Espagne passe insensiblement de l’antijudaïsme médiéval à l’antisémitisme moderne. Au 31 juillet, plus aucun non-catholique ne pouvant demeurer dans le pays « purifié » sous peine de mort, les communautés menacées commencent à se disperser dans le Maghreb, l’Europe méridionale et le Moyen Orient. Plusieurs milliers de victimes sont livrées aux flammes (il n’existe aucune recension fiable à ce sujet). Mais la conversion à la religion catholique ne sauve pas, les conversos juifs sont espionnés, traqués, soupçonnés de pratiquer secrètement leur religion antérieure, leurs aveux faux ou réels sont extorqués sous la torture en attendant le bûcher. La « solution finale » se fait par étapes, car HERNANDO DE TALAVARA (1430-1507), confesseur des Rois Catholiques et évêque de Grenade, est un homme tolérant qui s’oppose aux conversions forcées. Mais il est remplacé en 1499 sur ordre royal par le cardinal réformateur JIMÉNEZ DE CISNEROS (1436-1517) qui met la machine à broyer en marche. Constatant que sept ans après sa capitulation, la population grenadine reste toujours majoritairement musulmane et refuse l’assimilation, les monarques chargent en vain ce dernier d’accélérer l’évangélisation. Les méthodes brutales de l’archevêque provoquent un soulèvement armé qui, en février 1502, donne prétexte aux Rois de décréter que tous les musulmans de la couronne de Castille doivent se convertir ou quitter l’Espagne. La mesure est étendue en 1516 à la Navarre, en 1526 à Aragon. En 1609, afin de protéger « la race », Felipe III ordonnera l’expulsion du royaume de tous les moriscos, plus de 500'000 Maures convertis de force au catholicisme. La langue arabe est interdite dans tout le royaume.
C’est sous les « Rois Catholiques » et fort de leur soutien que le navigateur génois Christophe Colomb et ses trois caravelles partent à la découverte du Nouveau Monde (août-octobre 1492), marquant le début de la colonisation européenne outre-Atlantique ; Isabelle se réserve le bénéfice de toutes les découvertes maritimes. L’Espagne s’enorgueillit alors d’être touchée par la grâce et récompensée par l’or des Amériques, mais si ses galions reviendront chargés de trésors après avoir soumis ou annihilé les populations indigènes, les statuts de la pureté de sang (limpieza de sangre) bloquent tout esprit d’entreprise et signent en fait son déclin tant intellectuel que scientifique ; ces statuts d’impureté vont par la suite s’étendre parmi les métis des nouvelles colonies. Pendant trois siècles, l’obsession de savoir qui sont les vrais ou les faux chrétiens va gangréner la société espagnole. Pas d’hérétiques, pas de déviants, pas d’opposants : tout l’espace social est désormais surveillé, l’Inquisition entraînant la société chrétienne hispanique dans un jeu compliqué d’aveux et de dénonciations sans exemple dans l’Histoire avant le XXe siècle.
Autoritaire, Fernando renforce le pouvoir de la Couronne, détruit l’indépendance de la noblesse, réprime avec sévérité les guerres privées et, la lutte contre les Maures étant achevée, ordonne la destruction de tous les châteaux forts. Après le décès d’Isabelle en 1504, la démence de leur fille Jeanne la Folle et le décès inopiné de leur gendre Philippe le Beau (cf. chap. 2.2) lui permettent de reprendre le pouvoir en Castille et d’y renforcer l’absolutisme. Il se remarie avec Germaine de Foix, 18 ans, nièce de Louis XII, puis achève l’unité territoriale par l’annexion de la Navarre à l’Espagne en 1512. Il décède quatre ans plus tard, laissant le trône à son petit-fils, le futur Charles Quint.
Pour Christophe Colomb, cf. chap. 7 : « L’Âge des conquistadors ».

2.1. De la chute de Grenade (1492) au royaume d’Espagne guidé par la Sainte Inquisition

1904Un miracle sous l'Inquisition (FR) de Georges Méliès
Star Film no. 558-59, 45 m./2 min. 30 sec. - av. Georges Méliès (le bourreau), Mlle Bodson (l'accusée). - Une femme est emmenée dans la chambre de torture par deux religieux où le bourreau doit la faire brûler. Il exécute la sentence, mais un miracle se produit: un ange ressuscite la jeune femme et fait brûler le bourreau à la place, tandis que les moines hurlent de frayeur.
1905Les Martyrs de l'Inquisition (FR) de Lucien Nonguet, supervision : Ferdinand Zecca
Pathé Frères S.A. (Paris), no. 1307 (5 tableaux), 210 m. - av. Fernand Rivers. – Une « scène historique » en 5 tableaux décrivant le sort des victimes et les tortures appliquées sous les yeux du monarque et du clergé. – 1. « La Prison » - 2. « La Galerie des supplices » - 3. « Le Banc de torture » - 4. « Le Supplice de la roue » - 5. « L’Auto-da-fé ».
1907La Civilisation à travers les âges - 7. L'Inquisition : La Chambre de torture, 1490 (FR) de Georges Méliès
Star Film no. 1050-65, 320 m. – Un Méliès désabusé et ironique dresse un rapide panorama des « bienfaits » de la civilisation – de Caïn et Abel en passant par Néron à Rome, Louis XI en France, Torquemada en Espagne et aux inutiles conférences sur la paix du présent - dans un film dont le cinéaste dreyfusard était particulièrement fier.
1910Isabella d'Aragona (Isabelle d'Aragon) (IT) de Romano Luigi Borgnetto (?)
Itala Film, Torino, 323 m. – Quelques moments-clé de la vie d’Isabelle de Castille, « une personnalité révoltante qui a persécuté les juifs » comme le souligne la presse américaine (The Moving Picture World, 7.5.10). – DE : Isabella von Aragonien, US, GB : Isabelle of Aragon.
1910La resa di Granata (Capitulation de Grenade) (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 289 m. – Amoureux de la juive Esther, Soleïman se rend chez le père de la belle, Alemano, pour lui demander sa main, mais celui-ci ne veut rien entrendre et interdit à sa fille de revoir son amoureux musulman. Entretemps, la guerre a éclaté entre le sultan Boabdil et Ferdinand d’Aragon et ce dernier assiège Grenade. Alemano propose à Ferdinand de transmettre à Boabdil ses conditions de capitulation et, comme preuve de sa bonne foi, laisse sa fille en otage dans le camp catholique. Le sultan étant réticent, Alemano lui fait boire du vin, puis signer l’acte de reddition. Pendant son absence, Esther s’est convertie et a reçu le baptême. Les chrétiens envahissent la ville. Dépité, Alemano veut tuer Esther, mais Soleïman prend sa défense et l’épouse. - DE : Die Übergabe von Granada, US/GB : Surrender of Granada.
1911L'ultimo degli Abenceragi (Le Dernier Abencérage) (IT)
Società Italiana Cines (Roma), 284 m. – Le musulman Ben Hamid, dernier descendant de la famille noble des Abencérages, se rend à Grenade, là où vivaient ses ancêtres maures avant d’être exilés en 1492. Il tombe amoureux de Bianca, chrétienne, descendante d’une riche famille espagnole, fille du comte Rodrigo de Bivar et descendante du Cid Campeador. L’un et l’autre n’acceptent de s’aimer que si l’un se convertit à la religion de l’autre. Don Carlos, frère de Bianca, désapprouve cette liaison et se mesure en combat singulier à Ben Hamid qui le bat, mais le laisse en vie. Surpris par tant de générosité, il accepte le mariage de sa sœur. Mais lorsque Ben Hamid reconnaît dans la maison de sa future épouse les armes du Cid, l’ennemi mortel des Abencérages, il s’enfuit. Bianca se retire dans un cloître. – Script tiré de la nouvelle Les Aventures du dernier Abencérage de François-René de Chateaubriand (1807/1826). – GB : The Last of His Race, ES : El ultimo de los Abencerrajes, DE : Der letzte der Abenceraggi.
1912® The Coming of Columbus (US) de Colin Campbell. – av. Kathlyn Williams (Isabelle de Castille).
1913The Pit and the Pendulum (US) d’Alice Guy Blaché
Alice Guy Blaché/Solax Film Company (Fort Lee), 3 bob. – av. Darwin Karr (Don Alonzo), Blanche Cornwall (Doña Isabella), Fraunie Fraunholz (Don Pedro, l’Inquisiteur), Joseph Levering.
Un moyen métrage réalisé, écrit et produit par la pionnière du cinéma Alice Guy (une Française formée chez Pathé) dans son propre studio à Fort Lee, New Jersey. Le titre comme l’instrument de torture en question sont bien sûr empruntés à la nouvelle d’Edgar Allan Poe (1842), mais l’action elle-même est située en Espagne au XVe siècle. La jolie Doña Isabel est violentée par Don Pedro, mais Don Alonzo, un étudiant en médecine travaillant au monastère local, vole à son secours. Don Pedro alerte le monastère où il a volé les bijoux de l’église, bijoux qu’il cache dans la maison de Don Alonzo. Ce dernier est arrêté, accusé de vol et d’hérésie, puis torturé dans le donjon rempli de squelettes du cloître. Doña Isabel alerte des soldats qui sauvent le jeune homme des griffes des inquisiteurs.
1917® Christophe Colomb (FR) de Gérard Bourgeois et René Navarre. – av. Léontine Massart (Isabelle de Castille), Marcel Verdier (Fernando II d'Aragon).
1919/20[second épisode :] Blade af Satans bog (Pages arrachées au livre de Satan) (DK) de Carl Theodor Dreyer
Nordisk Film, 167 min./147 min./121 min. - av. Helge Nissen (le Grand-Inquisiteur / Satan), Hallander Hellemann (Don Gomez de Castro), Ebon Strandin (Isabel, sa fille), Johannes Meyer (Don Fernandez), Nalle Halldén (l’intendant José).
Les persécutions de l’Inquisition recréées aux studios danois de Kagerup. La deuxième séquence du film se déroule à Séville au XVe siècle, oú Don Gomez de Castro est astrologue. Sa fille Isabel étudie sous la férule d’un moine, Don Fernandez, qui est secrètement amoureux de son élève. L’intendant José les accuse d’hérésie et Don Gomez périt sous la torture, tandis qu’Isabel, violée par Don Fernandez, finit sur le bûcher. Le film de Dreyer est divisé en quatre parties qui, à l’instar d’Intolérance de D. W. Griffith, se déroule à diverses époques (Judas trahit Jésus, l’Espagne des Rois Catholiques, la France sous la Terreur en 1793 et la Finlande en 1918 menacée par les Soviets), elles-mêmes introduites par un texte-prologue dans lequel il est énoncé que Dieu invite Satan à prendre forme humaine et à agir contre les Lois Divines (« Tente-les, pour qu’ils agissent contre ma volonté »). À la différence de Griffith, Dreyer traite les quatre épisodes séparément. Son film sera tout autant fustigé par les luthériens puritains, jugeant l’œuvre blasphématoire, que par l’extrême-gauche prolétarienne qui qualifie Dreyer de profondément réactionnaire.
1922® Häxan (La Sorcellerie à travers les âges) (DK) de Benjamin Christensen. – av. John Andersen (le Grand Inquisiteur). - Les méthodes d’interrogation pratiquées par l’Inquisition espagnole sous Torquemada.
1922® Christoph Columbus (DE) de Martin Garas. – av. Emerich Pethes (Fernando II d'Aragon), Tamara Duvan (Isabelle de Castille).
1923® Columbus (US) d’Edwin L. Hollywood. - av. Dolores Cassinelli (Isabelle de Castille), Rober Gaillard (Fernando II d'Aragon).
1924® Columbus and Isabella (US) de Bryan Foy. - av. Ethel Teare (Isabelle de Castille).
Gaston Modot en rabbin tourmenté par l’Inquisition (1929).
1929Conte cruel - La Torture par l’espérance (FR) de Gaston Modot
Productions Emile Natan, 40 min. / 35 min. / 26 min. - av. Gaston Modot (le rabbin Aser Abarbanel), Antonin Artaud (Don Pedro Arbuez d’Espila, le Grand Inquisiteur). – À Saragosse durant la période noire de l’Inquisition, le rabbin Aser Abarbanel, juif aragonais ayant refusé l’abjuration, est retenu dans un cachot où il est tourmenté par des moines chrétiens qui cherchent à saper son moral et sa résistance. La mort est sa seule issue : on lui annonce qu’il sera brûlé le lendemain. Tandis qu’on discute de son cas en examinant des instruments de torture, le rabbin réalise que la porte de sa cellule est restée entrouverte. Il tente de s’échapper à travers un dédale de corridors et d’escaliers, évite les embûches, espère de plus en plus, mais au moment où il se croit sauvé, le piège sournois des hommes d’Église se referme. Le Grand Inquisiteur, qui l’accueille par la phrase : « Eh ! quoi, mon enfant, à la veille peut-être du salut vous vouliez donc nous quitter ? », veut par ce jeu cruel posséder l’âme du condamné et l’amener de lui-même à son salut, c’est-à-dire au bûcher. – Un récit tiré des Nouveaux Contes cruels d’Auguste de Villiers de l’Isle-Adam (1893), adapté par l’assistant-réalisateur Charles Spaak et Gaston Modot (cf. téléfilm de 1964).
1931Isabel de Solís, reina de Granada (ES) de José Buchs
José Buchs/Exclusivas Diana-Ediciones Forns-Buchs (long métrage muet). – av. Custodia Romero (Isabel de Solís, sultane Zoraya), Ricardo Galache (le sultan Mulay Hassan), Angelita Durán (Aïcha al-Horra, son épouse), (le sultan Boabdil, leur fils), Felipe Fernansuar (Don Fernando de Vargas), Ketty Moreno (Noemi), Alejandro Navarro (le rénégat Don Pedro Venegas), José Morales (Sancho Jiménez de Solís, le père d’Isabel), Antonio Vico.
Le sultan Mulay Hassan (appelé Mulhacén par les Castillans) règne à Grenade depuis 1464, puissant et respecté, tandis que, non loin de là, dans le château chrétien de Martos, gouverne le chevalier de Solís, représentant des Rois Catholiques. Sa fille Isabel (v. 1454-1510) est promise à Don Fernando de Vargas, qu’elle n’aime point. Comme le sultan refuse de payer tribut aux rois de Castille et d’Aragon, la guerre menace, et Solís évacue sa fille à Cordoue, escortée par Don Fernando et ses soldats ; la caravane est surprise par les Maures qui ramènent les prisonniers à Grenade, et Isabel devient l’esclave de la favorite du sultan, Aïcha al-Horra. Mais Mulay Hassan tombe amoureux de la jolie chrétienne, l’amadoue avec l’aide de l’alchimiste juif Samuel et la demande en mariage. Isabel s’éprend de son séducteur, se convertit à l’Islam et devient la nouvelle sultane sous le nom de Zoraya, tandis que Don Fernando se console avec la juive Noemi, fille de Samuel. Mais, répudiée, Aïcha conspire avec le rénégat Venegas et renverse Mulay Hassan en faveur de son fils Boabdil. Celui-ci monte sur le trône de Grenade en 1482 tandis que Mulay Hassan et Isabel-Zoraya se réfugient en Afrique du Nord. – Un scénario original tiré du drame Doña Isabel de Solís, reina de Granada de Francisco Martínez de la Rosa (1837), tourné à Grenade, Tetuán, Alcalá de Henares et à Madrid (villa Ideal Rosales). Notons que la trame trop « tolérante » sur le plan religieux sera jugée inconvenable avec l’arrivée de Franco et l’instauration du national-catholicisme fasciste.
1933® The Double-Crossing of Columbus (US) de Joseph Henabery. – av. Leona Maricle (Isabelle de Castille).
1936[Alhambra / El suspiro del moro (ES) d’Antonio Graciani ; Producción Cinematográfica Española (PCE, Valencia), 8 bob. - av. Ricardo Galache (Abdallah, descendant du sultan Boabdil), Florita Solé (Elena), José Alcántara, Albert López, Garbiel Algara, Miguel de Molina. – Drame musical : au XXe siècle, Abdallah, noble musulman marocain et lointain descendant de Boabdil, visite Grenade, ville de ses ancêtres où il s’éprend d’une belle Espagnole, mais sa liaison est sans avenir, leurs cultures et religions respectives les séparent. Adaptation de La Alhambra o El suspiro del moro de Luis Fernández de Sevilla. Remake en 1949/50.]
1941® La torre de los suplicios (MX) de Raphael J. Sevilla. – av. José Crespo (Enrique IV de Castille), Elena D'Orgaz (Isabelle de Castille, sa demi-sœur).
1943® Cristobál Colón - la grandeza de América (MX) de José Diáz Morales. - av. Consuelo Frank (Isabelle de Castille), José Baviera (Fernando II d'Aragon).
1944-46El doncel de la reina [Le serviteur de la reine] (ES) d’Eusebio Fernández Ardavín
José Martín/Onuba S.L. (Madrid), 92 min. - av. Manuel Luna (Zaide), Carlos Muños (Hernando de Albornoz), Mary Carrillo (Isabelle de Castille), Conchita de Lara (Doña Blanca de Sandoval), Francisca [Paquita] Vives (Fatima), José Bruguera (Fernando II d'Aragon), Angel Falquina (Boabdil, dernier calife de Grenade), Nicolás Díaz Perchicot (Don Rodrigo de Albornoz), Mario Berriatúa (Lope), Ana de Siria (Doña Carrión), Xan das Bolas (Mariano), Emilio Segura (Iñigo).
En 1491, malgré l’opposition de son père, Hernando de Albornoz rejoint le corps des « serviteurs de la reine » avec l’ambition de chasser les Maures de Grenade. Isabelle de Castille le prend à son service et, malgré les railleries et humiliations de ses confrères, il se montre habile bretteur et se couvre de gloire au combat. La reine le fait chevalier. Au péril de sa vie, Hernando pénètre dans Grenade déguisé en Arabe et y enlève une femme maure, Fatima, célèbre pour fabriquer de délicieuses pâtisseries frites que la reine convoite toujours. Lorsque Grenade tombe, et après une déception amoureuse, Hernando souhaite partir pour les Indes, mais la reine n’autorise pas son précieux serviteur à quitter la cour. Les années passent, Isabelle meurt en 1504, et malgré les supplications de Fatima qui voudrait le garder à ses côtés, Hernando, à présent libre, s’embarque pour l’Amérique. – Un petit film qui n’a pas marqué les annales de la cinématographie franquiste, fabriqué aux studios madrilènes de Chamartin sous le premier titre de Visperas imperiales.
1946En tiempos de la Inquisición / Los prohibidos amores (MX) de Juan Bustillo Oro
Jesús Grovas/Producciónes Grovas, 200 min./120 min. - av. Jorge Negrete (cpt. Enrique de Acuña), Gloria Marín (Zoraya), Francisco Jambrina (Frère Servando), Beatriz Aguirre (Doña Juana de Padilla), Miguel Arenas (Don Lope, corregidor de Tolède), Maruja Grifel (Aïcha, servante de Zoraya), Francisco Reiguera (le Grand Inquisiteur), Jesús Valero (Don Jimeno de Mendoza, médecin), Celia Manzano (la condamnée), Ramiro Gómez Kemp (Ramiro), Francisco Pando (Sancho Cuellar), Joaquín Coss (frère Hernando de Talavera), María Gentil Arcos (l’abbesse), Salvador Quiroz (l’agitateur), José Eduardo Pérez (Arias), Hernán Vera, Chel López.
À Grenade vers 1500. Les Maures sont persécutés par l’Inquisition, parfois brûlés vifs sur ordre du cardinal Ximénès, tandis que des édits rigoureux punissent de mort l’union de chrétiens avec ces infidèles. Le cadavre de Kaleb, pendu pour avoir enfreint la loi, ayant été décroché et secrètement enseveli, Don Enrique de Palacios, chef des archers royaux, pense que ce méfait a été commis par la mauresque Zoraya, fille du médecin de l’ex-sultan Boabdil, guérisseuse réputée et maîtresse dans l’art de la séduction. Mais il tombe sous son charme et elle devient sa maîtresse. Zoraya parvient à guérir par l’hypnose Juana, fille de Don Lopez de Padilla, le gouverneur de Tolède qui souffre de somnambulisme, mais lorsqu’elle apprend que sa patiente est la future épouse de son amant, la colère monte. Lors du mariage de Don Enrique et Juana, Zoraya endort sa rivale et Enrique étrangle Cardenos, l’émissaire du Saint-Office chargé de surveiller les sorcières, et en particulier Zoraya, lorsqu’il les surprend enlacés. Les amants sont jetés en prison. Devant leurs juges, le cardinal Ximénès présente Enrique, bon catholique, en victime de la sorcière. Des faux témoignages l’accablent. Quand Zoraya se rend compte qu’on veut sauver ainsi la vie d’Enrique, elle s’accuse des pires crimes infernaux. Condamnée au bûcher, elle est toutefois délivrée pour avoir tiré du sommeil « magique » Juana. Enrique et Zoraya s’apprêtent à fuir ensemble, mais la populace et les moines leur barrent la route et les amants s’empoisonnent. – Un grand mélo historique tourné aux studios de Churubusco, d’après La Sorcière, drame en 5 actes de Victorien Sardou (1903) adaptée par Juan Bustillo Oro. La pièce de Sardou sortit à Paris avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Zoraya, Marguerite Moreno (Afrida) et De Max (le cardinal Ximénès).
1947Fuenteovejuna [Font-aux-Cabres] (ES) d’Antonio Román
Rafael Salgado/Estudios C.E.A. (Ciudad-Lineal, Madrid)-Alhambra Films S.L., 99 min. - av. Amparo Rivelles (Laurencia), Manuel Kayser (l’alcalde Estebán, son père), Fernando Rey (Frondoso, son fiancé), Manuel Luna (Fernando Gomez de Guzman, comendador de Calatrava), Lina Yegros (Isabelle de Castille), Julio Peña (Fernando II d’Aragon), Carlos Muñoz (Don Rodrigo Téllez Girón), Rafael Calvo (le père Abad), Tony Leblanc (Mengo), Arturo Marín (Flores), José Evelio Alvarez (Juan Rojo), Félix Fernández (un clerc), Antonio Casas, Pilar Sala, Asunción Sancho, Fernando Aguirre, Conrado San Martín, Gregorio Blanco, Eduardo Fajardo, Concha López Silva.
Don Fernán Gómez de Guzmán, Commandeur de l’Ordre de Calatrava, fait peser sa tyrannie sur tout le pays et s’en prend surtout au beau sexe qu’il prétend soumettre à un arbitraire jus primae noctis, au droit de cuissage. En 1476 à Fuenteovejuna, une bourgade d’Andalousie (province de Cordoue), l’échec de ses tentatives auprès de Laurencia, une belle paysanne, fille de l’alcalde, n’entame en rien son arrogance : survenant aux fêtes des noces de la jeune femme, il l’enlève et fait emprisonner le marié, Frondoso. Violée, Laurencia parvient à s’évader et exhorte la population du village à la révolte ; les villageois sauvent Frondoso de la pendaison. Tombé aux mains du peuple en fureur, Fernán Gómez subit le juste châtiment de ses crimes et sa tête, placée au bout d’une pique, devient la bannière de la dignité reconquise de Fonteovejuna. Mais Don Rodrigo, le Grand Maître de l’Ordre de Calatrava, demande justice aux Rois Catholiques de la mort de son vassal. Trois cents habitants du village sont soumis à la torture pour savoir qui a tué le Commandeur, mais tous répondent : « Fuenteovejuna ! ». Informés de l’affaire, Isabelle de Castille et Fernando d’Aragon se rendent sur place et, frappés par le sens de l’honneur des paysans, acquittent collectivement le village. – Une comédie dramatique en trois actes de Félix Lope de Vega (1619) dans laquelle l’arbitraire individuel est opposé à la révolte et à la justice immanente de la collectivité et qui jouit dans ce conflit de la protection d’une royauté idéalisée (ou de l’État).
L’adaptation cinématographique de ce conflit social – très populaire dans les régimes communistes alors que sa thématique est une constante dans les comédies du « Siècle d’Or » ! – tombe aussi à pic dans l’Espagne franquiste, isolée sur le continent à la fin du conflit mondial et où le caudillo est célébré comme l’incarnation d’une politique nationale de justice, de sécurité et de protection ; Antonio Román est bien vu du régime, ayant réalisé en 1945 un film sponsorisé sur Franco, Los últimos de Filipinas, sur l’héroïsme des soldats ibériques pendant la guerre hispano-américaine. Tourné avec un budget imposant sur place à Fuenteovejuna et dans les studios C.E.A. à Madrid, son œuvre est déclarée « d’intérêt national » et Amparo Rivelles reçoit le grand prix du Cercle des Auteurs Cinématographiques. - IT : Il tiranno di Castiglia.
1949® Christopher Columbus (Christophe Colomb) (GB) de David MacDonald. - av. Florence Eldridge (Isabelle de Castille), Francis Lister (Fernando II d'Aragon).
1949/50[Alhambra (ES) de Juan Vilá Vilamala ; Cumbre Prod. – av. Rosario Saenz de Miera (Elena, marquise de Genil), Felipe Fernansuar (Abdallah, descendant du sultan Boabdil), Carmen de Lucio, Julio Frances, Félix Fernández, Dolores Villodres. – Remake du film éponyme de 1936, cf. supra.]
1951® Alba de América (ES) de Juan de Orduña. - av. Amparo Rivelles (Isabelle de Castille), José Suárez (Fernando II de Aragon). – Le film consacré à Colomb reconstitue aussi une bataille autours des remparts de Grenade et la reddition de Boabdil.
1953El corazón y la espada / Sword of Granada / The Naked Sword (MX/US) d’Edward Dein et Carlos Véjar Jr.
Jorge García Besné/Producciones García Besné, S. de R.L. (Ciudad de México)-20th Century-Fox, 81 min. – av. Cesar Romero (Don Pedro de Rivera), Katy Jurado (Lolita), Tito Junco (Juan Ponce de León), Rebeca Iturbide (la princesse Esmé), Víctor Alcocer (Boabdil, calife de Grenade), Miguel Angel Ferriz (Père Angélico), Fernando Casanova (le capitaine du calife), Gloria Mestre (la messagère), Norma Ancira (Sara), Manuel Casanueva (l’alchimiste), José Torvay, Antonio Haro Oliva, Ramón Sánchez.
En Espagne à la deuxième moitié du XVe siècle, trois aventuriers s’introduisent dans une forteresse maure : Don Pedro de Rivera veut récupérer le château qui appartenait autrefois à sa famille, Juan Ponce de León (le futur conquistador, 1460-1521) y recherche la Rose de Grenade, une amulette magique qui garantirait la vie éternelle, et Lolita (déguisée en homme) veut forcer l’alchimiste du calife à lui révéler le secret de la fabrication de l’or. Le trio est capturé mais s’évade avec l’aide de la princesse captive Esmé. Quelques coups d’épée plus tard, le quatuor est à nouveau cerné par les Maures, puis sauvé in extremis... – La première production mexicaine en 3-D (une curiosité), qui mériterait d’être interdite aux enfants de plus de douze ans et n’a jamais été projetée à Ciudad de México. C’est dire. Filmée en juin 1953 aux studios Tepeyac à Ciudad de México. - IT : La spada di Granada.
1955[Qartuli baletis ostatebi [Quartuli était en otage] (SU) de Vakhtang Chabukiani, Shota Managadze ; Georgian Film, 55 min. – av. Irina Aleksidze, Vakhtang Chaukiani, Vladimir Ivashkin, Margarita Grishkevich. - Un ballet russo-géorgien inspiré par Fuenteovejuna de Lope de Vega, cf. film de 1947.]
1959(tv) Fuente Ovejuna (IT) d’Anton Giulio Majano
Série « Le grandi produzioni di prosa », Radiotelevisione italiana (RAI 3.4.59), 111 min. – av. Arnoldo Foà (le Commandeur Fernando Gómez de Guzmán), Wandisa Guida (Lorenza), Roldano Lupi (l’alcalde Estebán, son père), Alberto Lupo (Frondoso), Mario Colli (Flores), Camillo Pilotto (Juan Rojo), Marisa Mantovani (Isabelle de Castille), Nando Gazzolo (Fernando II d’Aragon), Giovanni Materassi (Don Rodrigo Téllez Girón), Edmonda Aldini (Pasqua), Ubaldo Lay (Ortunio), Angela Cavo (Giacinta), Guido Celano (Alonzo). - La population d’un village andalou tue le seigneur local qui a abusé de son rang en exigeant un droit de cuissage et les Rois Catholiques absolvent la population. Le drame de Lope de Vega (1619), cf. film de 1947.
1961[The Pit and the Pendulum (La Chambre des tortures) (US) de Roger Corman ; Roger Corman, James H. Nicholson, Samuel Z. Arkoff/American International, 85 min. - av. Vincent Price (Don Nicolas/Don Sebastian Medina), Barbara Steele (Doña Elisabeth Barnard Medina), John Kerr (Francis Barnard), Luana Anders (Catarina Medina), Antony Carbone (Dr. Carlos León). - Le film restitue l’univers d’Edgar Allan Poe, même s’il ne reste pas grand-chose de la nouvelle - qui se déroule en été 1808 à Tolède. Corman et Richard Matheson inventent un récit très libre situé, lui, en 1546 et dans lequel un noble espagnol, fils d’un tortionnaire de l’Inquisition au service de Torquemada, s’imagine hanté par le fantôme de son épouse qu’il craint avoir enterrée vivante ; bien sûr, il attire son beau-frère trop curieux dans l’épouvantable chambre des tortures du donjon de son château. Visuellement aussi splendide que traumatisant.]
1962The Pit (GB) d’Edward Abraham
Edward Abraham/British Film Institute Experimental Film Fund, 28 min. - av. Brian Peck (le prisonnier), Burt Betts et Dave Lloyd (les Grands Inquisiteurs). – La torture sous l’Inquisition des Rois Catholiques, librement inspiré de la nouvelle d’Edgar Allan Poe.
1962(tv) Font-aux-Cabres (FT) de Jean Kerchbron
Radio-Télévision Française RTF (1e Chaîne 13.11.62), 89 min. – av. Régine Blaess (Lorenza), Robert Etcheverry (Frondoso), Pierre Debauche (Fernando II d’Aragon), Catherine Anglade (Isabelle de Castille), René-Louis Lafforgue (le Commandeur Don Fernando Gómez de Guzmán), Bernard Laïk (Don Rodrigo Téllez Girón), Jean Barrez (Don Enrique), François Maistre (l’alcalde Estebán), Paul Préboist (Mengo), Edmond Beauchamp (Jean Le Roux). - La population d’un village andalou tue le seigneur local qui a abusé de son rang en exigeant un droit de cuissage et les Rois Catholiques absolvent la population. Adaptation française de Fuenteovejuna, le drame de Lope de Vega (1619), cf. film de 1947.
1963® (tv) Christoph Columbus oder Die Entdeckung Amerikas (DE-RDA) de Hanns Anselm Perten et Henry Riedel. – av. Lothar Krompholz (Fernando II d’Aragon), Karin Seybert (Isabelle de Castille). – Cf. chap. 7.
1964(tv) La Torture par l'espérance (FR) de Pierre Badel
ORTF (TF1 12.11.64), 30 min. - av. Michel Bouquet (le rabbin Aser Abarbanel), Jacques Seiller (le bourreau), Ambroise Nema (l’aide du bourreau), Jean Galland (le Grand-Inquisiteur Pedro Arbuez d’Espila), Pierre Bataille (l’aveugle), François Dalou (le moine). – Un rabbin juif de Saragosse tourmenté par l’Inquisition, d’après les Nouveaux Contes cruels d’Auguste de Villiers de l’Isle-Adam (1893). Une illustration soignée, raffinée, aux extérieurs tournés au château de Salses dans les Pyrénées orientales mais qui reste un peu extérieur au drame (synopsis cf. film de 1929).
1965La muerte se llama Myriam (El hombre de Toledo) / L'uomo di Toledo / Der Mann von Toledo / Die Ritter von Sevilla / Miguel, Ritter der Rache (ES/IT/DE) d’Eugenio Martín
Franco Palombi, Gabriele Silvestri/Petruka Films S. A. (Madrid)-Italcine TV (Roma)-Procusa Film (Madrid)-Top Film Produktionsgesellschaft mbH (München), 102 min./96 min. - av. Stephen Forsyth (cpt. Miguel de Fuentes), Ann Smyrner (Doña Rosita), Carl Möhner (Don Ramiro), Ivan Desny (Don Felipe), Norma Bengell (Myriam), Gabriella Andreini (Cafat), Pepe Calvo (Don Canio), Gianni Solaro (Don Pedro, gouverneur de Tolède), Enrique Avila (Pancho), Elena Maria Tejeiro (Juana), María Laura Rocca (Doña Sol), Aldo Cecconi (Don Raphael), Nerio Bernardi (Don Alfonso), Andrea Scotti (Carlos), Rosy Zichel (Aixa).
À Tolède en 1483, le capitaine Miguel de Fuentes est chargé par Ferdinand II d’Aragon de trouver le meurtrier de Don Alfonso, commandant suprême des armées catholiques qui a péri empoisonné à la veille des festivités de mariage entre son fils Don Carlos et Doña Rosita, la fille du gouverneur. Miguel découvre que le meurtre est au cœur d’une conjuration de perfides Arabes afin de s’emparer du « feu grégeois », une arme secrète que fabriquait Don Alfonso pour permettre aux Espagnols d’envahir Grenade. Le valeureux militaire échappe au poignard de l’espionne Myriam, déjoue les plans ennemis et épouse Rosita, dont le fiancé a péri. – Un banal film d’aventures bricolé par un fabricant du spaghetti-western en Technicolor et Techniscope en Espagne et à Cinecittà à Rome. - US: Captain from Toledo, DE (vd): Miguel – Ritter der Rache, Die Todesfaust von Sevilla, AT: Der Rächer von Sevilla.
1967(tv) El cardenal de Castilla (ES) mini-série de Cayetano Luca de Tena
Série « Novela », Radiotelevisión Española RTVE (TVE 14.-18.8.67), 5 x 30 min. – av. Angel Picazo (Francisco Jiménez de Cisneros), Asunción Villamil (la reine Isabelle I de Castille), Fernando Delgado (Fernando de Talavera), Valentín Tomos.
En 1492, la nomination fortuite de frère Hernando de Talavera comme archevêque de Tolède fait que Francisco Jiménez de Cisneros, 50 ans, qui vivait retiré dans le couvent de La Salceda à Guadalajara, devient le nouveau confesseur, le directeur de conscience et le proche conseiller d’Isabelle la Catholique. Il deviendra cardinal et un impitoyable Grand Inquisiteur d’Espagne en 1507.
1967(tv-th) Laurencia (DE-RDA) de Martin Eckermann
Deutscher Fernsehfunk der DDR (Ost-Berlin) (DFF 11.6.67), 65 min. – av. Werner Dissel (Fernando II d’Aragon), Ingeborg Schumacher (Isabelle de Castille), Wolfgang Greese (le ministre-inquisiteur), Rolf Ludwig (le Commandeur Don Fernando Gómez de Guzmán), Marita Böhme (Laurencia/Laurenza), Stefan Lisewski (Frondoso), Horst G. Fischer (Simbranos), Carl Heinz Choynski (Flores), Gerhard Lau (Ortunio), Ernst Kahler (Alfonso), Hans Klering (Huan). - La population d’un village andalou tue le seigneur local qui a abusé de son rang en exigeant un droit de cuissage et les Rois Catholiques absolvent la population. Friedrich Wolf adapte le drame Fuenteovejuna de Lope de Vega (1619), cf. film de 1947.
1967(tv-th) Fuenteovejuna (ES) de Roberto Carpio
Série « Teatro de siempre », Radiotelevisión Española RTVE (TVE 29.9.67). – av. Mercedes Borqué, Antonio Cintado, Gemma Cuervo, José María Escuer, José Franco, Sancho Gracia, Mauricio Lapeña, José Luis Lespe, Arturo López, Jacinon Martín, Fernando Marín. - La population d’un village andalou tue le seigneur local qui a abusé de son rang en exigeant un droit de cuissage et les Rois Catholiques absolvent la population. Le drame de Lope de Vega (1619), cf. film de 1947.
1968® (tv) Cristoforo Colombo / Cristobál Colón (IT/ES) de Vittorio Cottafavi. - av. Aurora Bautista (Isabelle de Castille), José Suarez (Fernando II d'Aragon).
1969® (tv) Christoph Kolumbus oder Die Entdeckung Amerikas (DE) de Helmut Käutner. - av. Margot Trooger (Isabelle la Catholique), Theo Lingen (Fernando II d'Aragon).
1969(tv) Isabel y Fernando (ES) de Pilar Miró
Séries « Novela » et « Estudio 1 », Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 12.5.69 / 19.10.69), 50 min. – av. Amparo Pamplona (Isabelle de Castille), Nicolás Dueñas (Ferdinand II d’Aragon), Antonio Medina (Enrique IV), Lola Cordón (Beatriz de Bobadilla), Ange Terrón (Juan II), Miguel Angel (l’archevêque Canillo), Francisco Matesanz (le légat de Paul II), Ricardo Merino (Mosén Pierres), Francisco Melgares (Don Juan), Carlos Ballesteros (Alfonso de Coca), Ramón Pons (Juan Pacheco, marquis de Villena), Estanis González (l’ambassadeur du Portugal), Pablo del Hoyo (un clerc), Enrique Cerro, Raúl Sender.
1969(tv) Tortura nadziei (La Torture par l'espérance) (PL) d’Ewa Petelska et Czeslaw Petelski
Iluzjon Film-Televizja Polska (TVP 18.12.69), 27 min. - av. Henryk Boukolowski (le rabbin Aser Abarbanel), Wladyslaw Hancza (le Grand Inquisiteur), Henryk Borowski (un moine), Janusz Klosinski (un inquisiteur), Joanna Kostusiewicz (Inès), Tadeusz Somogi, Janusz Ziejewski, Juliusz Lubicz-Lisowski. – Un rabbin juif de Saragosse tourmenté par l’Inquisition, d’après les Nouveaux Contes cruels d’Auguste de Villiers de l’Isle-Adam (1893), filmé au château de Ksiaz en Pologne (Basse-Silésie). Synopsis cf. film de 1929. – US: The Tortures of Hope.
1969/70El cronicón (ES) d’Antonio Giménez-Rico
Julio Parra/Mota Films S.A. (Madrid)-Procinsa-Nova Cinematográfica S.A., 94 min. – av. Cassen [=Casto Sendra] (le navigateur Blas Testa de Buey), Manolo Gómez Bur (le comte Sandro II el Bravo), Esperanza Roy (la comtesse Genoveva), Antonio Casal (A. Tomas, le Grand Juge), Rosanna Yanni (Dilaila), Venancio Muro (Alicán), Luis Sánchez Polack (Aladino), José Franco (le gros Atanasio), José Orjas (le commissaire).
Espagne vers 1480, dans l’enclave musulmane d’Alevín oú vivent aussi des chrétiens, le comte Sandro, autorité suprême des lieux, vit avec un grand souci : impuissant, il ne peut pas avoir de descendance et sa dynastie est en péril. Il charge le navigateur Blas Testa de Buey de se rendre aux Indes à Eldorado pour y dénicher une jeune fille avec trois grains de beauté sur son ventre. Selon ce que lui aurait prédit une fausse sorcière, avec cette fille, tous ses malheurs prendront fin. Testa de Buey, qui a une liaison avec la comtesse Genoveva, ramène de son périple Dilaila, une beauté sauvage qui va guérir le comte. – Ancien assistant de Vittorio Cottafavi sur Los cien caballeros, Antonio Giménez Rico cherche, dans cette joyeuse gaudriole médiévale, à se moquer des « Rois catholiques » et de la découverte des Amériques, mais, fort irritée, la censure madrilène exige que les souverains soient remplacés par un obscur comte et son épouse. Une farce filmée en Eastmancolor et Techniscope en Catalogne (Barcelone, Blanes) et dans la région de Madrid (Chinchón, Talamanca del Jarama, Villaviciosa de Odón).
1970(tv-th) Las flores de Aragón (ES) de Pedro Amalio López
Série “Estudio 1”, Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 11.12.70), 147 min. – av. Manuel Galiana (Ferdinand II d’Aragon), Amparo Pamplona (Isabelle de Castille), Carlos Lemos (Alonso Carrillo), José Manuel Martín, Félix Navarro, Pilar Muñoz, Alvaro de Luna, Félix Dafauce, José Luis Lespe, Valentín Tornos, Elena Arnao, Jaime Segura, Alicia Hermida. – La pièce d’Eduardo Marquina (1915) : comment Isabelle de Castille, que son demi-frère, le roi Enrique IV cherche à éloigner du trône et du royaume par tous les moyens, parvient à déjouer ses divers plans de mariage hors de l’Espagne en épousant secrètement son amour de jeunesse, Ferdinand II d’Aragon. Enregistré aux studios de la Sevilla Films à Madrid-Alcampo.
1970(tv-th) La Santa Hermandad (ES) de Gustavo Pérez Puig
Série « Estudio 1 », Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 16.7.70), 107 min. – av. Luis Prendes, Gema Cuervo, Fernando Guillén, Rafael Arcos, Pedo Mari Sànchez, Silvia Tortosa, Félix Navarro, Enrique Cerro, Roberto Llamas, Rogelio Madrid, Angel Terrón, Magda Rotger, Beatriz Savón, Maite Tojar, José Manuel Cervino, José Orjas (Don Tello).
En 1476, les Rois Catholiques créent à Madrigal l’organisation de la « Sainte Fraternité » et en font leur police armée chargée de combattre le banditisme et de tenir en échec la noblesse rebelle afin d’unifier tout le pays. La matière du film provient de la pièce d’Eduardo Marquina, écrivain barcelonais décédé à New York : Pour assouvir ses pulsions sexuelles, le seigneur de Foces fait enlever Catalina et emprisonner sa famille, mais la « Santa Hermandad » (milice de justice à privilège royal, ancêtre de la « Guardia civil ») intervient à temps. La parution de la pièce en 1939 coincide avec le triomphe militaire de Franco qui, à sa manière, « met de l’ordre dans le pays » ... Enregistré aux studios de la Sevilla Films à Madrid-Alcampo.
1971(vd) Flame in the Wind (US) de Katherine Stenholm
Unusual Films-Bob Jones University (BJU, Greenville, South Carolina), 120 min. – av. David Hewson (Don Carlos de Nuera), Beneth Jones (la comtesse de Nuera, sa mère), Bob Jones III (Fernando), Bob Jones Jr. (l’évêque Gaspar Munebraga, Inquisteur Général), Richard Rupp (l’inquisiteur Mendez), Edward Panosian (frère Cristobal, prieur du monastère de San Isidoro), Elizabeth Edwards (Dolores, servante de la comtesse), Emery Bopp (père Bernardo), Robert Pratt (le pénitent captif au château de Triana). - À Séville au début du XVIe siècle, Don Carlos, un jeune noble espagnol passé au protestantisme, est sommé par l’évêque Munebraga de choisir entre l’Église catholique et son Inquisition qui garantit sa sécurité, sa protection et sa respectabilité, et le message christique qui remet ces institutions en question, offre le salut à travers la torture et la mort sur le bûcher. Il choisit les flammes. – Une production de Heritage Studies fabriquée sur place en Espagne par la section cinéma de la Bob Jones University, centre de propagande religieuse américaine.
1971® (tv) Leonardo da Vinci (IT) de Renato Castellani. – av. Marta Fisher (Isabelle de Castille).
1970-1972** (tv+ciné) Fuenteovejuna (ES/IT) de Juan Guerrero Zamora
Radiotelevisión Española TVE (Madrid)-Radiotelevisione Italiana RAI (Roma)-Universal Films Española S.A. (RAI 16.11.73 / TVE 17.11.72 + 3.2.75), 142 min. (tv)/129 min. (tv)/74 min. (ciné). - av. Nuria Torray (Lorenza), Eusebio Ponsela (Frondoso), Manuel Dicenta (l’alcalde Estebán), Fernando Cebrián (Fernando Gómez de Guzmán, comendador de Calatrava), Eduardo Fajardo (Don Rodrigo Téllez Girón), Estanis González (Juan Rojo), Miguel Angel (Mengo), Esperanza Alonzo (Jacinta), Maria Rosa Salgado (Isabelle de Castille), Ricardo Tundidor (Fernando II d’Aragon), Teresa Gonzáles, María Pinar, Fernando Chinarro, Emilio Berrio, Manuela Dicenta.
Une adaptation libre du drame de Lope de Vega (1619), particulièrement saisissante, parfois violente et crue (3 viols), visuellement marquée par les cadrages inusités d’un Nicholas Ray ou d’un Elia Kazan. Une fresque aux clairs-obscurs contrastés, au montage nerveux, avec une attaque particulièrement dynamique et spectaculaire du château dont toute la garnison finit massacrée. Cette histoire d’un assassinat collectif dont un village entier se rend responsable a été traitée différemment, à l’écran comme sur scène : soit on idéalisait le peuple, soit on montrait le gouverneur comme représentant indigne de l’État (tout en omettant l’intervention finale et le pardon des Rois Catholiques). Cette remarquable version télévisée ne libère pas le peuple de sa responsabilité criminelle mais s’attaque en priorité à la personne du comendador. Non pas pour ses abus sexuels, mais pour avoir dégradé une communauté pacifique par ses constantes humiliations, au point d’en faire un peuple d’assassins. Ayant compris cela, les Rois Catholiques accordent non pas un pardon sentimental, mais un pardon politique, un pardon pour raison d’État, nécessaire à la fortification du sentiment d’unité de l’Espagne naissante. Le film, exploité d’abord en salle, est écrit et mis en scène par Juan Guerrero Zamora, poète, écrivain, auteur dramatique, directeur de théâtre et téléaste de grande renommée en Espagne, marié à l’actrice Nuria Torray (qui tient ici le rôle principal). Zamora tourne en Eastmancolor 70 mm de juillet à octobre 1970 à Santa María de Huerta, San Juan de Duero, Calatañazor, Valle de Ucero (Soria), au château de Belmonte (Cuenca) et à Casa de Campo (Madrid). Sept millions de téléspectateurs en Espagne. Synopsis cf. film de 1947.
1974(tv) Schapenborre (BE) de Antonín Moskalyk
Belgische Radio en Televisie (BRT 31.1.74). - av. Janine Bischops (Lorenza), Jo De Meyere (Frondoso), Robert Lussac (Alonso), Bert André (Fernando II d’Aragon), Alex Wilequet (Mengo), Rik Andries (Fernando Gómez de Guzmán, comendador de Calatrava). – La population d’un village andalou tue le seigneur local qui a abusé de son rang en exigeant un droit de cuissage et les Rois Catholiques absolvent la population. Adaptation flamande de Fuenteovejuna, le drame de Lope de Vega (1619), synopsis cf. film de 1947.
1975(tv) Fuenteovejuna (PT) de Victor Manuel
Radiotelevisão Portuguesa (RTP 26.2.75), 110 min. – av. Zita Duarte (Lorenza), Vladimiro Franklin (Frondoso), João Vasco (Fernando Gómez de Guzmán, comendador de Calatrava), António Marques (Flores), Maria Albergaria (Isabelle de Castille), Fernando Gomes (Fernando II d’Aragon), Abilio Luís (Alonso), António Feio (Calatrava), Octávio Borges (Ortuno). - La population d’un village andalou tue le seigneur local qui a abusé de son rang en exigeant un droit de cuissage et les Rois Catholiques absolvent la population. Le drame de Lope de Vega (1619) tourné à Lisbonne par le troupe du Teatro Experimental de Cascais, cf. film de 1947.
1975® (tv) Christophe Colomb (FR) de Pierre Cavassilas. - av. Brigitte Fossey (Isabelle de Castille).
1976® (tv) Christophe Colomb (FR) de Jean-Louis Barrault et Jean-Paul Carrère. - av. Madeleine Renaud (Isabelle de Castille), Pierre Boutron (Fernando II d’Aragon).
1976(tv-df) El Doncel de Sigüenza (ES) de Mario Camus
Série « Paisaje con figuras », Radio-Televisión Española (TVE 1.11.76), 30 min. – av. Gonzalo Cañas (Don Martín Vázquez de Arce), Antonio Gala (présentation). - Docu-fiction sur le chevalier castillan Martín Vázquez de Arce dit le Doncel de Sigüenza (1461-1486), tombé dans une embuscade maure pendant la guerre de Grenade en 1486.
1976La espada negra (ES) de Francisco Rovira Beleta
José Antonio Junceda, Carlos Blanco/Impala-Oscar Producciones Cinematográficas S.A., 105 min. - av. Maribel Martín (Isabelle de Castille), Juan Ribó (Fernando, infant d'Aragon), José Maria Rodero (Enrique IV de Castille), Carlos Ballesteros (le marquis de Villena), Miguel Narros (Juan II de Castille, père d’Isabelle), José Bódalo (Alfonso Carrillo de Acuña, archevèque de Tolède), Ana Maria Ventura (la reine Juana), José Lara (Beltrán de la Cueva), Terele Páves (la reine-mère), José Calvo (Simón), Fernando Romero (Alfonso, frère d’Isabelle).
La jeunesse des futurs « Rois très Catholiques » qui vont fonder le royaume d’Espagne, chasser les « infâmes infidèles » et imposer la Sainte Inquisition. En 1468, l’infante Isabelle de Castille enterre son frèrot Alfonso, 12 ans, qui a été empoisonné. Elle se souvient de la vie pauvre qu’elle menait dans un castel en ruines avec Alfonso enfant et leur mère démente, Isabelle de Portugal, loin de la cour royale de son demi-frère Enrique IV, jusqu’au jour fatidique où l’Église et la noblesse, représentés par l'intriguant archevêque de Tolède et le despotique marquis de Villena, leur rendent visite. Cherchant à se débarrasser d’Enrique, surnommé « el Impotente » en raison de son homosexualité, ils proposent le trône de Castille au petit Alfonso, qui va payer cette démarche de sa vie. Isabelle devient alors l’héritière présomptive du royaume. En 1469, après maintes manœuvres et rendez-vous secrets, elle épouse son petit-cousin Ferdinand d’Aragon, avec lequel elle avait été fiancée à sa naissance. Surmontant les intrigues de cour, Isabelle peut enfin imposer ses ambitions tandis que Ferdinand, aidé par son « épée noire » aux pouvoirs magiques (ben voyons) terrassent les derniers ennemis en réduisant l’influence des grands féodaux. Et, miracle, l’épée noire devient blanche. - Hagiographie nationale-catholique sous forme de romance sentimentale, tournée au lendemain du décès de Franco – le sauveur de « l’Espagne éternelle » - en extérieurs dans les provinces d’Avila (Avila, Barco de Avila, Madrigal de las Altas Torres, Toros de Guisanto), de Madrid (Madrid, Talamanca del Jarama), de Guadalajara (Uceda, Valdenuño) et de Tolède (Escalona, la Iglesuela, cathédrale de Tolède). Sans surprises, mais aussi sans spectateurs en salle.
Jean Martin, l’Inquisiteur satanique de « Torquemada » (1976) d’après Victor Hugo.
1976* (tv) Torquemada (FR) de Jean Kerchbron
Antenne 2 (A2 2.9.76), 110 min. - av. Jean Martin (Thomas de Torquemada), François Chaumette (Fernando II d’Aragon), Claude Genia (Isabelle de Castille), Sacha Pitoëff (saint François de Paule), Michel Vitold (Gil, marquis de Fuentes et conseiller du roi), François Maistre (le pape Alexandre IV Borgia), Yves-Marie Maurin (l’infant Don Sanche de Salinas), Nathalie Juvet (l’infante Doña Rosa d’Ortez), Pieral (le bouffon Gucho), Georges Adet (le chapelain), Olivier Sydney (le duc d’Alava), Clément Bairam (le prieur), Raoul Guillet (l’évêque d’Urgell), René Arrieu (le grand rabbin Moïse Ben-Habib).
Un roi soucieux d’étendre sa souveraineté, un ministre arriviste et un moine d’une folle intolérance sont les trois personnages marquants de cette tragédie doublée d’une histoire d’amour qui finit sur le bûcher. Qu’on en juge : Accompagné du marquis de Fuentes, son conseiller, le roi Fernando II d’Aragon fait une visite incognito dans le monastère d’Urgel. Intrigué par les allées et venues d’un moine dominicain à la figure blême et fléchissant le genou devant chaque croix, le roi se fait expliquer qu’il s’agit d’un fou, Tomás de Torquemada, qui pratique le jeûne avec excès et annonce son intention d’aller rappeler le pape à ses devoirs. L’évêque le fait enterrer vivant. Deux jeunes tourtereaux fiancés qui ont trouvé refuge dès leur enfance dans le cloître, Doña Rosa d’Ortez et l’infant Don Sanche de Salinas, héritier menacé de la couronne de Burgos, entendent les appels au secours de Torquemada et le délivrent. Mais les deux jeunes gens utilisent, ô sacrilège, une vieille croix en fer comme levier pour soulever la dalle qui emprisonne le malheureux. « Vous me sauvez ! Je jure, mes enfants, de vous le rendre... » dit le fanatique qui devient ensuite par la volonté du pape Alexandre VI Borgia l’autorité suprême de l’Inquisition en Espagne. Àmoureux de Rosa, le monarque volage ordonne de séparer les fiancés. À Séville, le marquis de Fuentes s’efforce de sauver les juifs promis aux flammes de l’Inquisition, de monter le roi contre Torquemada et de délivrer les amoureux enfermés dans leurs couvents respectifs. Le roi lui ordonne de faire sortir Rosa et de la lui amener secrètement. Devant la supplication de la collectivité juive, Fernando et Isabelle s’apprêtent à mettre fin à leurs persécutions, persuadés que l’argent présent et futur des juifs permettra de mieux combattre les Maures, mais le diabolique Torquemada rétablit la supériorité de l’Église sur la politique. Enfin, apprenant que ses deux sauveurs d’antan ont ouvert sa prison au prix d’un sacrilège majeur, Torquemada livre les amoureux, sur le point de fuir l’Espagne, au bûcher : ainsi, leurs corps seront brûlés, mais leurs âmes sauvées... – Le drame en 5 actes en alexandrins de Victor Hugo, écrit en 1869 mais publié en 1882, est une pièce délirante, jamais jouée du vivant de l’auteur et peu mise en scène depuis. Et pour cause : Hugo y donne libre cours à son anticléricalisme viscéral en présentant un « meurtrier de masse par bienveillance et compassion », proie d’une dérive aussi absurde que destructrice (il voit en fait l’Inquisition par le prisme du traumatisme de la Terreur républicaine de 1793). Dans une scène épisodique, Hugo oppose l’inquisiteur fanatique à saint François de Paule, apôtre d’une religion d’amour, et au pape Borgia, un hédoniste hypocrite, indifférent aux autres. Quant au roi, il déplore d’être soumis à une reine si pieuse. La première mise en scène théâtrale date du 7.5.1936 (Henri Lesieur à la Nouvelle-Comédie de Paris), suivie en 1971 par celle de Denis Lorca à Carcassonne (Théâtre du Midi). Pionnier en la matière à l’ORTF, Jean Kerchbron a déjà réalisé plusieurs téléfilms très originaux inspirés par Hugo, Hernani (1961), Marion Delorme (1967) et L’Homme qui rit (1971). Il propose ici une libre adaptation de la pièce (fort élaguée), portée par Jean Martin en fanatique halluciné et filmée presque entièrement en extérieurs (en couleurs) aux Baux-de-Provence, au prieuré de Serrabonne dans le Roussillon et au château de Pierrefonds. Kerchbron voit en Torquemada un précurseur d’Hitler. Une véritable curiosité.
1976/77(tv-df) El gran capitán (ES) d’Antonio José Betancor
Série « Paisaje con figuras », Radio-Televisión Española (TVE 10.1.77), 31 min. – av. Alejandro de Enciso (Gonzalo Fernandez de Cordoba), Antonio Gala (présentation), Juan Miguel Cuesta (voix de Ferdinand le Catholique), Dolores Cervantes (voix d’Isabelle la Catholique), Rafael de Penagos (voix de Frédéric de Naples), Claudio Rodríguez (voix du pape Alexandre VI). - Docu-fiction sur Gonzalo Fernandez de Cordoba y Aguilar / Gonzal de Cordoue (1453-1515), le chef militaire des Rois Catholiques qui combattit à Grenade et en Italie. C’est lui qui négocia avec l’émir Boabdil la reddition humiliante de Grenade.
1978(tv) Tallado en humo (ES) de Roberto Fandiño
Série « El juglar y la reina » (épis. 2), Ramon Plana/Pax Films-Radiotelevisión Española (TVE 27.10.78), 29 min. – av. Eusebio Poncela (Enrique IV), Maribel Martín (Isabelle de Castille), Osvaldo Casado (Fernando), Luis Navarro, Juan Pedro Ariza (le garçon), Antonio Orengo. - Le 18 septembre 1468, Enrique IV de Castille (1454/1574) et sa demi-sœur Isabelle la Catholique signent le traité des Taureaux de Guisando à El Tiemblo par lequel Isabelle est proclamée princesse des Asturies, donc reconnue comme héritière de la Couronne de Castille.
1978(tv) La hechizada (ES) de Jaime Chávarri
Série « El juglar y la reina » (épis. 7), Ramon Plana/Pax Films-Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 28.11.78), 31 min. – av. Maribel Martin (sœur Clara), Luis Suarez (le Frère Iñigo de Mendoza), Margarita Mas, Joaquin Hinojosa, Flora Maria Alvaro, Mercedes Juste. – Une romance du XVe s. : sœur Clara, une nonne, a des visions érotiques dont le Frère et ancien comte Iñigo de Mendoza (1424-1507) est le sujet, ce qui inquiète l’Inquisition.
1978(tv) Boabdil el Grande (ES) d’Antonio José Betancor
Série « El juglar y la reina » (épis. 10), Ramon Plana/Pax-Films-Radiotelevisión Española (TVE 26.12.78), 25 min. – av. Fernando Mateos (le sultan Mohammed XII/Abû Abd-Allâh, dit Boabdil), Maribel Martín (Isabelle la Catholique), Francisco Catalá, Emilio Linder, Ana Lázaro, Julián Mateos. – La destinée du dernier sultan de Grenade et dernier roi musulman d’Espagne, surnommé « El Chico » par les Castillans et vaincu par les Rois Catholiques.
1981[épisode :] History of the World, Part 1 (La Folle Histoire du monde) – 4. The Spanish Inquisition (US) de Mel Brooks
Mel Brooks/Brooksfilms Ltd. (Encino, Calif.), 92 min. - av. Mel Brooks (Thomas de Torquemada), Jackie Mason et Ronny Graham (les juifs), Phil Leeds (le Père abbé), Eddie Heim, David Chavez, John Frayer, Dennon Rawles, Rick Mason, Stan Mazin, Dom Salinaro, Jimm Roddy, Ted Sprague, Spencer Henderson, Bill Armstrong et John King (les moines tortionnaires). - Le segment médiéval de l’Histoire du monde revue par l’esprit sarcastique et la dérision d’un juif new-yorkais d’aujourd’hui, le comique Mel Brooks. Grimé en impitoyable Torquemada, Brooks transforme l’Inquisition espagnole sous les « Rois Catholiques » en numéro musical délirant à la Busby Berkeley, avec des musulmans et juifs à convertir par la torture, des moines sinistres, des nonnes chantantes et dansantes dans un grand ballet aquatique, etc. Bref, on torture joyeusement en musique. Pas toujours très fin, mais amusant. Cette même année, la Brooksfilms produit Elephant Man de David Lynch.
1982® Cristobál Colón, de officio... descubridor (ES) de Mariano Ozores. - av. Fiorella Faltoyano (Isabelle de Castille), Luis Varela (Fernando II d’Aragon).
1983® Juana la loca ... de vez en cuando (ES) de José Ramon Larraz. - av. Lola Flores (Isabelle de Castille), José Luis López Vázquez (Fernando II d’Aragon), Quique Camoiras (Thomas de Torquemada).
1984(tv-df) Jorge Manrique (ES) d’Antonio José Betancor
Série « Paisaje con figuras », Radio-Televisión Española (TVE 15.11.84), 34 min. – av. Eduardo Bea (le poète Jorge Manrique), Antonio Gala (présentation). – Docu-ficton : la vie du poète de Cuenca (v. 1440-1479).
1985(tv-df) Cisneros (ES) d’Antonio José Betancor
Série « Paisaje con figuras », Radio-Televisión Española (TVE 7.3.85), 44 min. – av. Antonio Gala (présentation). - Docu-fiction sur Francisco Jiménez de Cisneros (1436-1517), confesseur d’Isabelle la Catholique, cardinal et Grand Inquisiteur de Castille.
1985® (tv) Cristoforo Colombo (IT/FR/US) d’Alberto Lattuada. - av. Faye Dunaway (Isabelle de Castille), Nicol Williamson (Fernando II d'Aragon).
1986® (tv) Le Printemps (FR) de Pierre Cavassilas. – av. Josiane Carle (Isabelle de Castille).
1987/88** (tv) Torquemada / Finsternis bedeckt die Erde / Darkness Covers the Earth (GB/DE/FR/ES/PT) de Stanislav Barabas
W. P. Hassenstein, Kirsty Malcolm/Cine International-Georgian Film Productions (London)-IVE International Films-Séptimo Arte Exhibición-ARD-Norddeutscher Rundfunk (NDR Hamburg)-Antenne 2 (Paris)-Radiotelevisão Portuguesa (RTP) (ARD 16.11.88 / TVE 15.2.89), 180 min./155 min./118 min./126 min. - av. Francisco Rabal (Thomas de Torquemada, le Grand Inquisiteur), Dietmar Schönherr (Carlos de Sigura), Constanze Engelbrecht (Isabelle de Castille), Rainer Hunold (Fernando II d’Aragon), Jacques Breuer (Diego, un moine), Georges Claisse (Rodrigo de Castro), Rogério Vieira (Lorenzo de Montesa), Antonino Solmer (Vidal D’Uranzo), Henri Marteau (le cardinal Legate), Michel Auclair (l’inconnu), Constanze Engelbrecht (Isabelle de Castille), André Julien (Augustin), François Dyrek (Lorenzo Perez), Gérard Ismael (De Lara), Peter von Wiese (l’archevêque), Sinde Filipe, Vitorino Salomé, João Perry, Paula Guedes, Luís Lucas, José Mora Ramos, Rogério Samora.
Le Grand Inquisiteur Torquemada découvre un adversaire virulent en la personne de Diego, un moine dominicain humaniste horrifié par ce que l’Église espagnole commet au nom de Dieu, et contestant son programme comme ses méthodes. Torquemada décide de ne pas le mettre aux arrêts, puis, au fil des conversations idéologiques, l’inquisiteur parvient à lui faire changer d’avis et à le prendre à son service comme secrétaire. Ainsi, peu à peu séduit par le pouvoir, l’idéaliste devient un fanatique religieux tandis que Torquemada, sur son lit de mort en 1498, rejette son passé et sa théologie de la terreur. Il dicte à Diego sa décision d’abolir l’Inquisition, mais son secrétaire refuse d’en prendre note et gifle le cadavre de son supérieur. – Adaptation marquante du roman Ciemnosci kryja ziemie (Les Ténèbres couvrent la terre, 1957) de l’écrivain polonais Jerzy Andrzejewski (auteur de Cendres et Diamants porté à l’écran par Andrzej Wajda). Le roman se veut en fait une parabole sur le stalinisme ; l’auteur a quitté le parti communiste l’année précédente et est devenu un des principaux critiques du socialisme polonais. Quoique coproduit par Antenne 2, le film est inédit à la télévision française et le roman a été traduit à Paris en 1998 seulement.
1989® (vd) Cristóbal Colón (ES) de Theo Alcántara. – av. Montserrat Caballé (Isabelle de Castille), Stefano Palatchi (Fernando II d’Aragon).
1989(tv) La leyenda del cura de Bargota / La sombra di Lucifer / La Légende du curé de Bargota (La Malédiction de Marialva) (ES/IT/FR/PT) de Pedro Olea
Série « Sabbath », Antono Cardenal/Radiotelevisión Española, Madrid-RTP (TVE1 23.7.92), 90 min. - av. Fernando Guillén Cuervo (le Père Juan), Lola Forner (Doña Beatriz), Jaume Valls (Sinógenes), Carlos Luzena (le comte d'Aguilar), Raf Vallone (le pape Alexandre VI Borgia), Encarna Paso (la mère), Juana Ginzo (Anciana), Alfred Luchetti (le baron), Fernando Prados (le gardien de l’Inquisition), Mabel Ordóñez, Carlos Lucena, Albert Vidal.
Une secte de sorcières sévit dans la Navarre profonde (Rioja, Tierra Estella) à la fin du XVe siècle. L’une d’elle met au monde Juan, un fils de Satan qui, après ses études à Salamanque, revient au pays sous les traits du curé de Bargota ... jusqu’à ce que l’Inquisition s’occupe de son cas ! Ambiance sulfureuse garantie cent pour cent sabbatique. Tournage à Burgos (Palacio de Avellaneda), Cartuja de Talamanca, Cáceres et Salamanque. Sortie au festival de San Sebastian en septembre 1989.
1989(tv) Granada (US/GB/ES/TR) de Leo Eaton et Richard Kooris
Série « Timeline », épis. 6, Diane Holmes, Fernando de Castro Lopez/Maedows Foundation (Austin, Texas)-PBS-Corporation for Public Broadcasting-Maryland Public Television-Holmes Associates (London)-Televisión Española-Türkiye Radyo ve Televizyon Kurumu (Istanbul) (PBS 1.2.89), 30 min. – av. Carmen Platero (Isabelle de Castille), Jorge Bosso (Ferdinand d’Aragon), Robert Bathurst (Owen of Canarfon), Fran Dom (Siboletto de Zimbabwe), Inaqui Aierra (Louis de Jaen), Engin Cessar (Selim Karasi), Steve Bell (l’historien).
L’épisode final d’une série à but didactique qui reconstitue six moments décisifs de l’Histoire commentés par des journalistes-chroniqueurs imaginaires de l’époque concernée. Ici, la prise de Grenade en janvier 1492 par les « Rois Catholiques », la reddition de Boabdil et l’instauration de l’Inquisition espagnole à la grande inquiétude des juifs et des musulmans restés sur place (tournage en Espagne).
« Requiem por Granada » (1991) : Ferdinando d’Aragon et l’émir Boabdil (Manuel Bandera).
19911991 - ** (tv) Réquiem por Granada / Granata, addio / Die Löwen der Alhambra (ES/IT/DE/AT) télésérie de Vicente Escrivá
Julio Sempere, Alberto Espada, Daniel Vega/Aspa Producciones Cinematográficas-Midega Films S.A.-Televisión Española (TVE)-RAI Uno (Roma)-Taurus Film GmbH (Ismaning) (TVE 9.10.-27.11.91 / ZDF 1.-6.1.92), 8 x 52 min./285 min. - av. Horst Buchholz (l’émir Mulay Abul Hassan ‘Ali [Mulhacen], 1466/1485), Manuel Bandera (l’émir Muhammad XII az-Zughbi, Abu Abdallah dit Boabdil, son fils, 1486/1491), Lucas Martín (Boabdil enfant), Delia Boccardo (Aïcha Fatima al-Horra, mère de Boabdil), Gioia Maria Scola (Isabelle de Solis, devenue Zoraya), Olegar Fedoro/Oleg Fedorov (l’émir Mohammed XIII az-Zaghall), Pedro Diez del Corral (Fernando II d’Aragon), Marita Marschall (Isabelle de Castille), Juan Jesus Perez Sanchez (Juan Ponce de León), Juanjo Puigcorbe (Christophe Colomb), Javier Escriva (l’émir Isma'il, calife de Grenade), Luis Barbero (Fray Hernando de Talavera, confesseur de la reine Isabelle), Esperanza Campuzano (Morayma/Morena, épouse de Boabdil), Javier Loyola (le marchand de soie Ali Athar, son père), Julio Gavilanes (le vizir Yusuf Aben Comixa), Germán Cobos (Abul Kazim), Jesú Garrido (Sidi Alaya), Francisco Algora (Trujiman), Daniel Martín (Fernandarias, gouverneur de Huelva), Alito Rodgers (l’esclave noir Ali), Iñaki Aierra, García, Francisco Casares Gonzales, Luis Barbero.
La série retrace les événements menant à la reddition de la Grenade musulmane aux chrétiens, le 2 janvier 1492, après un siège de 8 mois. - Boabdil, vingt-deuxième et dernier roi (émir) de Grenade, a fui en exil en Afrique du Nord. Dans la tente d’un campement bédouin, il se souvient de la fin de son royaume... L’émirat nasride de Grenade se maintient depuis deux siècles et ne survit qu’en raison de l’hostilité entre les royaumes catholiques d’Espagne. Alors que son grand-père, l’émir Isma’il, voulait encore faire la paix avec l’ennemi chrétien aux portes du royaume, ses deux fils Mulay Hassan et Az-Zaghall ne se font aucune illusion sur la magnanimité feinte des Espagnols, sont hostiles à tout compromis humiliant et refusent de continuer à payer un tribut « qui alimente la bête qui nous dévorera » et qui saigne les Grenadins. Les Rois Catholiques, paralysés par des conflits internes, ne réagissent pas. Après la mort du vieil Isma’il, Mulay Hassan hérite du trône et sabote l’amour interdit de son jeune fils Boabdil, 21 ans, avec sa maîtresse, l’aristocrate catholique Isabel de Solis que son géniteur, Don Juan de Solis, a fait enfermer à vie au couvent. Lorsque Isabel est capturée par les soldats de Zaghall, Mulay Hassan la rachète à son frère, en fait une esclave dans son harem et s’en éprend éperdument ; convertie à l’islam sous le nom de Zoraya, la nouvelle favorite lui donne deux fils. Mais la première épouse du sultan, Aïcha Fatima, une descendante du Prophète qui a les imams et le peuple de Grenade derrière elle, supporte mal sa répudiation. Elle s’enfuit avec son fils aîné Boabdil, rival en amour que le père a condamné à mort pour trahison puis, suscitant une insurrection en payant des agitateurs en 1482, elle fait détrôner son ex-mari au profit de son rejeton, surnommé le « Petit Roi » ou Az-Zughbî, « l’infortuné ». Celui-ci se marie avec Morayma, la fille d’un riche marchand de soie qui l’a caché. Mulay Hassan et Zoraya s’exilent à leur tour. Deux ans plus tard, acculé à la guerre contre la Castille et écrasé par les catholiques à la bataille de Lucena en 1483, Boabdil est capturé et gardé prisonnier en Castille pendant trois ans. Mulay Hassan profite de son absence pour reprendre le pouvoir avec sa « renégate » Zoraya, puis, bientôt terrassé par la maladie, il laisse le trône à son frère belliqueux, Zaghall. Ce dernier est écrasé par les armées de Ferdinand d’Aragon et se réfugie au Maroc. Boabdil, captif et impuissant, accepte de redevenir le vassal des rois espagnols sur le trône factice de Grenade, tout en laissant son propre fils comme otage, tandis que les catholiques s’emparent de Malaga, la deuxième ville du royaume nasride, puis de Baza. Mais une fois libéré, fort du soutien de son conseil et de la population, Boabdil rompt la trève, refusant de soumettre la dernière ville musulmane aux Aragono-Castillans. Ceux-ci mettent le siège devant Grenade avec dix mille cavaliers, quarante mille fantassins et une puissante artillerie qui anéantit les murailles de la cité affamée et écrase les armées nasrides lors d’une ultime contre-attaque. Trahi par son vizir à la solde des catholiques et qui a empêché l’envoi de renforts marocains, puis fait assassiner Zaghall, Boabdil cède sa ville et ses palais intacts aux mains de ses adversaires, moyennant un traité de capitulation qui garantit les droits des habitants : ceux-ci peuvent rester en conservant leur religion, leurs autorités juridico-religieuses, leurs biens et même leurs armes. Boabdil et sa cour quittent la ville (son épouse malade a rendu l’âme) tandis que résonnent au lointain les cloches de toutes les églises chrétiennes... On connaît la suite (passée sous silence à l’écran) : une fois sur place, Ferdinand et Isabelle romperont tous leurs pactes avec les musulmans hispaniques et feront intervenir la Sainte Inquisition (1502). La date du décès de Boabdil en Afrique du Nord (à Fez en 1533 ?) est inconnue sinon controversée, et le dernier chapitre de la télésérie ne revient pas sur le début du récit dans le Sahara.
 Requiem por Granada est la toute première tentative de l’audiovisuel espagnol d’aborder sérieusement l’univers d’Al-Andalûs. Autre nouveauté : on y adopte le point de vue du perdant. Malgré moult simplifications et d’enjolivements, la série, filmée en décors naturels, fait sentir la fascinante beauté et l’intelligence d’un monde andalou sur le point de disparaître, la perte d’apports civilisationnels uniques, bientôt ensevelis sous la chape de plomb du fanatisme hispano-catholique, l’art des jardins, les avancées scientifiques et médicales des Arabes (l’émir Isma’il se fait opérer les yeux, l’astrolabe), la fabrication de la soie revendue à Gênes, les contacts commerciaux avec Mayence, Cologne ou le Portugal. Christophe Colomb fait un bref séjour dans la bibliothèque de l’émir où on lui aurait révélé que les calculs de l’astronome florentin Paolo Toscanelli sur le périmètre de la Terre étaient faux ; il y reçoit des cartes et des conseils pour la navigation et la forme des caravelles qui lui permettront d’amener les Rois Catholiques à financer sa traversée de l’Atlantique (ceci grâce à l’argent des juifs dépossédés). Escrivá (aussi scénariste avec Manolo Mitji) joue sur les contrastes entre la propreté et l’hygiène à Grenade et la puanteur et les ordures de la cour castillane (« les chrétiens ne se lavent pas »), entre la majesté et la paix des lieux de prière chez les uns et les sinistres processions cagoulées avec flagellations chez les autres, le souci du bien-être de la communauté islamique et la maltraitance des paysans miséreux chez les féodaux espagnols. La condition de la femme n’est pas oubliée : son enfermement – mariage forcé voire couvent chez les uns ou harem chez les autres, avec le choix entre l’effacement et l’abstinence dans une cage de pierre (le cloître) ou la sensualité imposée dans une cage dorée, ouverte sur le luxe et, parfois, le pouvoir. La passion amoureuse de Mulay Hassan pour sa belle captive (une passion finalement partagée mais qui le détruit) contraste avec la misogynie méprisante et violente de son frère Zaghall, tandis que Boabdil, trop intègre pour régner, cherche d’abord à noyer sa déception sentimentale dans la mort ; déchiré entre ses convictions pacifiques héritées de son grand-père Isma’il et l’humiliation permanente des siens sous le joug chrétien, il n’a ni l’énergie ni l’intelligence tactique pour s’imposer. Le film ne tait pas pour autant le fanatisme et la barbarie occasionnelle dans les deux camps. Les Rois Catholiques sont tout sauf flattés : Fernando couche avec les dames de compagnie de son épouse tandis qu’Isabelle, froide, calculatrice et manipulatrice, fréquente curés et évêques tout en s’acharnant contre les communautés hébraïques de son royaume qu’elle livre aux flammes si elles ne se convertissent pas ou feignent la conversion (« je fais tout cela pour Toi ! » hurle-t-elle en direction du ciel). Alors que Boabdil est montré plusieurs fois en train de prier, les deux monarques hispaniques forment un couple roué qui, ayant étudié Machiavel, sait flatter et escroquer son entourage. Les téléspectateurs espagnols n’avaient jamais vu ça.
Souhaitant exalter sur un mode populaire un passé trop longtemps occulté de l’historiographie officielle, Vicente Escrivá, cinéaste qui se fit remarquer avec Dulcinea (1962) d’après Cervantès et La Lozana andaluza (1976) d’après un roman anonyme du XVIe siècle, s’associe les télévisions italiennes et allemandes. Son projet bénéficie d’un budget de 1,3 millions de pesetas (du jamais vu pour la télévision publique espagnole). La facture de l’ensemble est sans génie, mais extrêmement soignée et informative, ayant nécessité trois ans de préparatifs (dont un de recherche et d’écriture). On note une profusion inhabituelle pour l’époque de costumes, de tentures et soieries précieuses (armures et boucliers proviennent du fonds d’El Cid d’Anthony Mann). La série est tournée de février à août 1980 à l’Alcazar de Ségovie, à l’Alhambra de Grenade, à la Mezquita de Cordoue, aux Reales Alcázares de Séville, au monastère de Veruela, à Saragosse, au Parador de Sigüenza, dans la Sierra Nevada, au Maroc (Fez, Sahara) et aux studios madrilènes de la RTVE au Prado del Rey. Le casting réunit la vedette allemande Horst Buchholz (qui a percé à Hollywood grâce à The Magnificent Seven), le Russe Olegar Fedoro (Stalker de Tarkovski), l’Italienne Delia Boccardo (Nostalghia de Tarkovski ou la série Strogoff d’Eriprando Visconti). Manuel Bandera, révélé dans Ata-mi ! d’Almodóvar) hérite du rôle de Boabdil. Pour l’action et les batailles – la presse parle de 5500 figurants et 1000 chevaux – Escriva se fait seconder par Carlos Gil, qui fut l’assistant de Steven Spielberg sur les premiers deux Indiana Jones, de Mustapha Akkad sur The Message et Lion of the Desert, enfin d’Irving Kershner sur son James Bond (Never Say Never Again). Un grand succès à l’audimat, curieusement inédit en France, où certains milieux n’ont pas digéré la perte de l’Algérie.
1991The Pit and the Pendulum / The Inquisitor / Il pozzo e il pendolo (Le Puits et le Pendule) (US/IT) de Stuart Gordon
Albert Band, Charles Band, Michael Catalano/Full Moon Entertainment-Empire Pictures-Paramount, 96 min. - av. Lance Henriksen (Thomas de Torquemada), Rona De Ricci (Maria), Jonathan Fuller (Antonio, son mari), Stephen Lee (Gomez), William Norris (Dr. Huesos), Mark Margolis (Mendoza), Carolyn Purdy-Gordon (la comtesse d’Alba Molina), Benito Stefanelli (le bourreau), Jeffrey Combs (Francisco), Tom Towles (Don Carlos), Frances Bay (Esmeralda), Oliver Reed (le cardinal Francisco Jiménez Cisneros), Fabrizio Fontana (un juif). – Inspiré par deux nouvelles d’Edgar Allan Poe, The Pit and the Pendulum (1842) et The Cask of Amontillado (1846), Stuart Gordon, spécialisé dans le cinéma-bis d’horreur, situe son récit à Tolède en 1492 sous Isabelle la Catholique et son bourreau en chef, le Grand Inquisiteur Torquemada. Ce dernier s’en prend à Maria qui a dénoncé publiquement sa cruauté et qu’il convoite sexuellement. La malheureuse est accusée de sorcellerie et finit dans le sang, comme son époux qui a vainement tenté de la sauver. Pour amateurs peu difficiles. Les rares extérieurs de cette bande surtout exploitée en vidéo sont filmés en automne 1990 au château de Giove en Ombrie. - DE : Meister des Grauens, ES : El péndulo de la muerte.
1991® Christopher Columbus - The Discovery (Christophe Colomb : La Découverte) (PA) de John Glen. - av. Rachel Ward (Isabelle de Castille), Tom Selleck (Fernando II de Navarre), Marlon Brando (Thomas de Torquemada).
1991® Surmatants [Danse macabre] (EE/RU) de Tönu Virve. - av. Kai Mihkelson (Isabelle de Castille).
1992® 1492 - Christophe Colomb / 1492: The Conquest of Paradise (FR/GB/ES) de Ridley Scott. - av. Sigourney Weaver (Isabelle de Castille), Fernando García Rimada (Fernando II d’Aragon).
1992® Carry On Columbus (GB) de Gerald Thomas. – av. James Faulkner (Thomas de Torquemada).
1992® (tv) Bye Bye Columbus (GB) de Peter Barnes. – av. Harriet Walter (Isabelle de Castille), Alex Jennings (Fernando II d’Aragon).
1992® (tv) The True Adventures of Christopher Columbus (GB) de Patrick Barlow et Philip Bonham-Carter. – av. Tim Bigott-Smith (Fernando II d’Aragon), Miranda Richardson (Isabelle de Castille).
1992® (tv) Bye Bye Columbus (GB) de Peter Barnes. – av. Harriet Walter (Isabelle de Castille), Alex Jannings (Fernando II d’Aragon).
1992® Carry On… Columbus (GB) de Gerald Thomas. – av. Leslie Phillips (Fernando II d’Aragon), June Whitfield (Isabelle de Castille), Rik Mayall (le sultan Boabdil).
1993Ha-Yerusha / The Heritage. An Eternity of Love (IL) d’Amnon Rubinstein
Marek Rozenbaum, Avi Toledano, Dina Lilof/Herzliya Studios-Transfax Film Productions, 89 min. – av. Yaël Abaxis/Abecassis (Rachel/Anna), Alon Aboutboul (Regallo alias Miguel), Yehuda Fox (Regallo vieux), Yehuda Elias (son fils Yehuda), Koby Azarly (le rabbin Moshe Abarbanel), Avi Toledano (Regalu/Yoav), Dina Doron (Sarah), Joseph Carmon (le forgeron Ramirez), Razia Yisraeli (sa femme), Solomon Raz (l’inquisiteur Mendoza), Shlomo Bar-Shavitt (Juan), Roberto Polk, Levana Finklestein, Asher Zarfati, Joseph Korman.
Deux histoires d’amour séparées par un demi-millénaire : En 1463, sous les Rois Catholiques, les bourreaux de l’Inquisition interrompent la circoncision d’un enfant juif sépharade dans la maison du rabbin Moshe Abarbanel à Tolède ; le père de l’enfant et d’autres invités sont tués. Pour sauver le bébé, la mère, Sarah, l’abandonne sur le pas de porte du forgeron Ramirez et de sa femmme Razia qui appellent l’enfant trouvé Regallo et l’élèvent avec leur fils Miguel. Vingt-neuf ans plus tard, en 1492, les deux garçons sont devenus de redoutables escrimeurs, des soldats du Christ au service de l’abbé Gomez et de son bras droit, l’inquisiteur Mendoza. Ce dernier soupçonne des juifs convertis de continuer à pratiquer secrètement les rites du judaïsme, ce qu’ils refusent d’admettre, même sous la torture. Chargé de les espionner, Regallo s’introduit dans la famille juive, y découvre sa vieille mère et s’éprend de Rachel, qu’il épouse secrètement au péril de sa vie avec l’aide de Miguel. La cérémonie de mariage est interrompue par l’annonce de l’expulsion générale des juifs de l’Espagne. Rachel est tuée pendant la fuite, tandis que Regallo et ses proches parviennent à s’échapper à Livourne, en Italie. En 1530, sur son lit de mort, le vieux Regallo remet à son fils les documents de propriété en Espagne. Enfin, en 1992 de passage à Tolède, un informaticien israélien, accompagné d’une hôtesse de l’air, découvre la maison de ses lointains ancêtres. - Film trois fois primé en Israël.
1994(vd-df) Recordando Sefarad / Crónica de un éxodo (ES) mini-série de Joaquín Gómez Sainz
Carlos Conde/Panther Producción (Madrid) (6.7.94), 3 x 50 min. - av. Manuel Pereiro, Oscar David López, Manuel de Blas, Paula Farrell, Gene Collins, César Varona, Remedios Hernandez, Pedro Luis Lavilla, Eduardo MacGregor, Fabián Conde. - Docu-fiction en trois parties sur l’expulsion massive des juifs sépharades en 1492, filmé en Cantabrie.
1998-2000La reina Isabel en persona (ES) de Rafael Gordon
Rafael Gordon, Pedro Sastre/R. Gordon P.C. (Madrid)-Hardy Films, 91 min. – av. Isabel Ordaz (Isabelle de Castille).
Docu-fiction sous forme d’un monologue historique : avec le recul de cinq siècles, Isabelle de Castille examine, juge ou défend son règne à la première personne. Elle revendique avec force une vision de la transition du féodalisme médiéval à l’État moderne, aborde sa décision qui fait polémique d’expulser tous les juifs, la loi actuelle sur les étrangers, ses tragédies intimes comme femme, épouse, fille, mère, chrétienne et reine.
2000(tv) Isabel – Jewel of Castilla (US/CA) de William Fruet
Série « The Royal Diaries », Deborah Forte, Bill Siegler, Martha Atwater/Scolastic Entertainment-PBS Television (HBO 2.12.00), 26 min. – av. Lisa Jakub (Isabelle de Castille), Christopher Ralph (Fernando II de Aragon), Emmanuel Mark (le roi Enrique IV de Castille), Barna Moncz (Alfonso, frère d’Isabelle), Arturo Fresolone (l’archevêque Carrillo), Ken Staines (Juan Pacheco, marquis de Villena), Joey Pomanti (Pierres de Peralta), Cara Pifko (Catalina Valera). – Film pour enfants : la jeunesse d’Isabelle de Castille, la mort de son frère Alfonso, les intrigues du roi Enrique IV pour la tenir écartée du trône, sa fugue avec son cousin Fernando II et son mariage secret à Valladolid en 1469.
2001® Juana la Loca / Giovanna la Pazza / Joana a Louca (Jeanne la Folle) (ES/IT/PT) de Vicente Aranda. – av. Suzy Sánchez (Isabelle de Castille), Héctor Colomé (Fernando II d’Aragon).
2001-2002 [sortie: 2004]® Le Passage secret / Secret Passage / The Lion’s Mouth / Passagem Secreta (LX/GB/IT/PT) d’Ademir Kenovic
Bob Bellion, Jimmy de Brabant, Chris Curling, Rosanna Roditi/C.R.G. International-Zephyr Films (London)-Delux Productions (Luxembourg)-TRL Group-CLT-UFA, 120 min./102 min./90 min. – av. Katherine Borowitz (Doña Isabel alias Judith), Tara FitzGerald (Clara alias Sarah Salvador, sa sœur), Hannah Taylor-Gordon (Victoria Salvador, fille de Clara), John Turturro (Paolo Zane), Marc Pickering (Andrea Zane, son fils), Alessandro Dieli (le Nonce papal), Adam Kotz (l’Inquisiteur), Peter Guinness (Alfonso Salvador, époux de Clara). - Isabel et Clara, deux sœurs issues d'une famille de riches juifs portugais, ainsi que la fille adolescente de Clara, Victoria, grandissent en Espagne au moment où, en 1492, les Rois Catholiques décrètent que les juifs du pays doivent soit se convertir au catholicisme, soit s'exiler en perdant tous leurs biens, soit être jugés et exécutés. Leurs parents meurent en tentant d'échapper au tribunal ecclésiastique. Isabel s'impose chef de famille, responsable de sa cadette Clara comme de sa nièce Victoria. Bien que baptisées de force, les sœurs sont aussi persécutées aux Pays-Bas où l’Inquisition les rattrape, mais parviennent à atteindre Venise en 1507, puis Istanbul. – Pour plus de détails, cf. Italie : Venise (chap. 3.1).
2004(tv-df) Los Reyes Católicos (ES) de José Simo et Juan Carlos Gonzalez
Série « Memoria de España », Jesús González, José Ongay/Radiotelevisión Española (TVE 13.4.04), 50 min. – av. Julián Teurlais (un paysan), Marta Barriuso (narration). – Docu-fiction d’une vaste série patrimoniale de 27 épisodes, avec des comédiens anonymes, des reconstitutions historiques ainsi que des extraits de Requiem por Granada (1991) de Vicente Escriva et de La Celestina de Gerardo Vera (1996).
2005® La passione di Giosué l’Ebreo / The Passion of Joshua the Jew (IT/ES) de Pasquale Scimeca
Arbash Film-ICC, 110 min. – av. Anna Bonaiuto, Leonardo Cesare Abude (Josué), Marcello Mazzarella, Giordana Moscati, Franco Scaldati, Vincenzo Albanese, Toni Bertorelli (Don Isaac). – Le 31 juillet 1492, par le décret d’Alhambra, Isabelle la Catholique chasse les juifs et les musulmans d’Espagne. Josué, un jeune juif sépharade, suit les conseils de Don Isaac Avravanel/Abarbanel, homme d’État, philosophe et financier, considéré comme le juif le plus célèbre d’Espagne, gagne avec sa famille le Royaume de Naples, pour s’installer en Sicile, seule terre d’exil à accepter leurs corréligionnaires. – Cf. Italie : Sicile (chap. 7.1).
2006(tv) Secret Files of the Inquisition (Les Dossiers secrets de l’Inquisition) – 2. The Tears of Spain (Les Larmes de l’Espagne) (CA) de David Rabinovitch et Colin King
David Rabinovitch, Kirk Shaw, James Shavick, Mercedes Yaeger/Inquisition Productions, Inc.-Insight Film Studios-New Atlantis-France 5-Vision TV-Beyond International-European Union of Living History Society (PBS 1.2.06 / 9.5.07), 45 min. – av. Raoul Bhaneja (Garcia de Jalez), Nicola Carpi-Neli (Fernando II d’Aragon), Amanda Martínez (Isabelle de Castille), Monica Rubio (Cinfa Cacavi), Carlos Gonzales (Jacob Cacavi), Alfonso Dominguez (Jaime de Montessa), David Elzami (un rabbin), Florentino (Pedro de Almazan), Eric Foinquinos (Jacob Avencuca), Patrick Garrow (le notaire), Carlos Gonzalves (Jacob Cacavi), Lorna Isenberg (Catalina de Epila), Natacha La Ferriere (Violant Ferrer), Ron Leo (Pedro de Arbues), Elena Mera (Constanza de Perpignan), Nicholas Rice (Donzelino), Colm Feore (narrateur).
En 1492, le roi Ferdinand et la reine Isabelle d'Espagne s'inspirent de la répression menée contre les Cathares afin de chasser de la péninsule ibérique les « incroyants, musulmans et juifs ». Une opération de grande envergure débute. L'Inquisition espagnole, menée par Tomas de Torquemada, accompagne les souverains dans leurs conquêtes de nouvelles terres. Même la conversion à la religion catholique ne sauve pas : les « conversos » n'échappent pas aux procès. Les aveux sont extorqués sous la torture. Ce document retrace le procès injuste de Cinca Cacavi et de son mari Jacob. Ce couple de juifs convertis au christianisme paie le prix fort de n'être pas nés catholiques. - Une série docu-fictionnelle établie à partir des archives de l’Inquisition accessibles au Vatican depuis 1998, et tournée à Maderuelo (Espagne) et en Colombie Britannique (Canada). Leur auteur, David Rabinovitch, livre de jolis tableautins (l’interprétation est muette, couverte par un commentaire) destinés à attaquer l’Église catholique sans nuances ni explications, dans une perspective purement laïque et moderne. D’où une démonstration superficielle, sinon gratuite. Gemini Award 2006 pour Rabinovitch (meilleure réalisation), Leo Award pour la photo de Pieter Stathis (Canada).
2009(tv) Folter durch Hoffnung [La Torture par l’espérance] (DE) de Martin Huber
Programme « HörenSehen », Konzertreihe Visuelle Musik-Tritonus Verein (Bremen), 22 min. – av. Martin Huber (le rabbin Aser Abarbanel). - Un rabbin juif de Saragosse tourmenté par l’Inquisition, d’après les Nouveaux Contes cruels d’Auguste de Villiers de l’Isle-Adam (1893), joué sur une musique de Klaus Huber. Synopsis cf. film de 1929.
2010/11 [sortie: 2014]Al-Andaloussi / L’Andalou (DZ/TN/ES) de Mohamed Chouikh
Yamina Bachir Chouikh/Acima Film Prod. (Alger)-Agence algérienne pour le rayonnement culturel (A.A.R.C., Tlemcen)-F.D.A.T.I.C. (Ministère de la Culture, Alger), 135 min. – av. Mohamed Benbakriti (Salim Ibn Abou Hamza), Tarek Hadj Abdellatif (Boabdil, émir de Grenade), Bahia Rachedi (la reine Aïcha, sa mère), Hassan Kechach (Hamid al-Abd, émir d’Oran), Malika Belbey (la princesse Mansourah), Reda Laghouati, Nabil Asli, Jean Louis Andugar.
Salim, fils d’Abou Hamza, cadi de Grenade, et de María Rodriguez, une catholique, quitte Malaga pour Grenade où il achève ses études. Il devient le plus jeune secrétaire de la reine Aïcha, mère de l’émir Boabdil, le dernier toi de Grenade et dernier souverain musulman de la péninsule ibérique. Après la chute de Grenade en 1492, Salim s’exile avec sa famille et celle de son ami Isaac, tailleur juif, près de Malaga, mais refuse de suivre Boabdil dans son exil marocain. Avec Isaac et d’autres moriscos andalous, il rejoint les côtes algériennes sur une barque de fortune. À son arrivée, il est recueilli et engagé à Mostaganem par l’émir Hamid al-Abd comme secrétaire de ses trois filles. Il devient le Grand Intendant de l’émir et épouse la princesse Mansourah, dont il est amoureux. L’impérialisme agressif des Espagnols le rattrape en 1509 à Oran et bouleverse le fragile émirat qui devient le vassal de la couronne d’Espagne. Maîtrisant l’espagnol, Salim devient alors l’interprète du gouverneur d’Oran, Don Martin de Argote, et se trouve au cœur des conflits qui opposent les princes locaux, les Espagnols et, dès 1516, les Ottomans avec le fameux corsaire Aroudj.
Réalisateur de cette onéreuse coproduction algéro-tuniso-espagnole parlée en arabe classique, Chouikh est également un acteur et a tenu e.a. le rôle principal dans Le Vent des Aurès de Mohammed Lakhdar Hamina (primé à Cannes, 1967) et dans Élise ou la vraie vie de Michel Drach (1970). Il tourne son film de février à mai 2010 en Algérie (Alger, Oran, Tlemcen, Ténès, Mostaganem, Dahra) et en Tunisie (scènes de galions) avec des acteurs algériens et espagnols. Sorti trois ans plus tard à Alger, il est très mal reçu par la presse locale qui lui reproche diverses incohérences scénaristiques et une interprétation inégale.
2012(tv-df) Isabelle la Catholique (FR) de Francis Coté (fict.), Laure Delalex, Sandra Formatger
Série "Secrets d'Histoire" présentée par Stéphane Bern (saison 5, épis. 4), Jean-Louis Remilleux/France Télévisions-Société Européenne de Production (SEP) (FR2 17.7.12), 97 min. - av. Faustine Kooijmann (Isabelle de Castille), Clara Le Corre (Isabelle jeune), Norbert Ferrer (Ferdinand II d’Aragon), Mathieu Lagarrigue.
Docu-fiction sur une reine « castratrice et implacable » présenté et commenté par Stéphane Bern, avec reconstitutions et extraits de films. Modèle d’ambition intransigeante, montée sur le trône de Castille à 23 ans par autoproclamation en usurpant la place de sa nièce, Isabelle Ière parvient avec son époux et cousin, Ferdinand d’Aragon, à hisser la péninsule ibérique au premier rang mondial, l’unification du pays s’appuyant sur une autocratie sans faille. De la prise de Grenade à la terrifiante machine de l’Inquisition : la traque des hérétiques sert de gage de souveraineté face aux remuants princes hispaniques. Une forte tête éprise autant de religiosité que de vues bellicistes – et que certains milieux cléricaux espagnols voudraient voir béatifiée. Pas un mot en revanche sur la passion du général Franco pour la souveraine.
La « reine très catholique » couronnée (Michelle Janner) dans la télésérie « Isabel » (2012-2014).
2012-2014* (tv) Isabel (ES) télésérie de Jordi Frades, Oriol Ferrer, Salvador García Ruíz, José María Caro, Joan Noguera, Max Lemcke
Jaume Banacolocha, Joan Bas, Montse García, Nicolás Romero Lara/Diagonal TV-Telefonia Studios-Radiotelevisión Española (RTVE)-Telefonia Studios-World Wonder Ring Stardom (TVE1 10.9.-3.12.12 / 9.9.-2.12.13 / 25.8.-17.11.14), 39 x 73 min. (3 saisons). - av. Michelle Jenner (Isabelle/Isabel de Castille), Rodolfo Sancho (Ferdinand/Fernando II d’Aragon), Ramon Madaula (Gonzalo Chacón), Jordi Díaz (Andrés de Cabrera), Ainhoa Santamaría (Beatriz de Bobadilla), Sergio Peris-Mencheta (Gonzalo Fernández de Córdoba), Lluís Soler (Hernando de Talavera), Elisabet Gelabert (Catalina), Andrés Herrera (Pedro de Mendoza), Pedro Casablanc (Alfonso Carillo de Aruña), Ernest Arias (Pedro de Peralta), Pablo Derqui (Enrico IV de Castille), Barbara Lennie (Juana de Portugal), Alvaro Monje (Juan/João II de Portugal), Irene Escolar (Jeanne la Folle), Ginés García Milián (Juan Pacheco, marquis de Villena), Pedro Casablanc (Alfonso de Castille, frère d’Isabelle), William Miller (Beltrán de la Cueva), Juan Meseguer (Diego Hurtado de Mendoza), Jordi Banacolocha (Juan II d’Aragon), Daniel Albaladejo (Alonso V de Portugal), César Vea (Pedro Girón), Mónica Vic (Clara Chacón), Estrella Zapatero (Maria de Portocarrero), Mar del Hoyo (Mencia de Mendoza), Arturo Querejeta (Alfonso de Fonseca), Ernesto Arias (Pedro de Peralta y Ezpeleta), Fernando Sansegundo (Giacopo Antonio Venier), Jorge Bosch (le pape Alexandre VI), Camilo García (le pape Sixte IV), Alex Martínez (Muhammad XII dit Boabdil, émir de Grenade), Manel Duesco (Tomás de Torquemada), Manel Sans (Moisés Seneor), Chema de Miguel (Abraham Seneor), Julio Manrique (Christophe Colomb), Alba García (Morayma), Roberto Enríquez (l’émir Mulay Hassan). Alicia Borrachero (Aïcha, son épouse et mère de Boabdil).
Une méga-série (quoiqu’au budget modéré) restituant en détails tous les épisodes de la vie d’Isabelle de Castille, en tenant compte des personnages tels que le cardinal Cisneros, l’inquisiteur en chef Torquemada ou son ennemi, l’archevêque de Grenade Hernando de Talavera. Selon la publicité de la TVE, la série illustre « la lutte passionnée d’une femme pour devenir reine. Au-delà des faits historiques, on y narre les passions, les émotions et les renoncements d’une femme en avance sur son temps, qui refusa d’être une pièce décorative et une monnaie d’échange. Une femme, avec ses défauts et ses vertus, qui allait affronter des défis inimaginables... » La première saison relate l’enfance et l’adolescence turbulentes de la souveraine. En 1454, lorsque son père, Juan II de Castille, meurt, le demi-frère d’Isabelle monte sur le trône sous le nom de Enrique IV de Castille. Or en 1462, quand la femme de ce dernier, Juana de Portugal, donne naissance à une princesse, Joanna « La Beltraneja », Isabelle et son frère cadet Alfonso qui vivaient chichement dans le château délabré d’Arévalo sont convoqués à la cour de Ségovie pour être placés sous la surveillance directe du roi, car une faction importante de nobles, dont les archevêques de Tolède et de Séville, exigent qu’Enrique IV nomme son demi-frère Alfonso comme successeur en Castille, et non sa propre fille Joanna. Après une vaine bataille à Olmedo en 1467, Enrique accepte de désigner l’infant Alfonso, désormais prince des Asturies, comme son héritier à condition qu’il épouse Joanna. Mais Alfonso meurt et Isabelle prend sa place dans l’ordre de la succession. Elle préfère un règlement négocié à la poursuite du conflit armé et sa rencontre avec Enrique à Toros de Guisando aboutit à une fragile alliance : Isabelle s’engage à ne pas se marier sans le consentement d’Enrique qui, lui, ne peut la forcer à se marier contre son gré (bien qu’il rêve de l’éloigner de Castille). En 1469, elle épouse son cousin et premier fiancé, Ferdinand II d’Aragon, roi d’Aragon, de Sardeigne et de Sicile, après des tractations gardées secrètes et une autorisation papale en raison d’un troisième degré de consanguinité suivi d’une fugue incognito – mais fort romantique - à Valladolid. Leurs royaumes réunis par une co-régence marquent le point de départ des guerres de Grenade qui signeront la fin de la coexistence religieuse dans la Péninsule ibérique. En 1474, Enrico IV de Castille décède ; Isabelle, 23 ans, hérite de la couronne. Mais son trône est menacé, car entretemps, Joanna « La Beltraneja » est devenue reine-consort du Portugal par ses épousailles avec son oncle Afonso V dit « l’Africain » à Lisbonne (jadis un prétendant d’Isabelle) et Diego Pacheco, marquis de Villena ainsi que ses nombreux partisans à Tolède désignent Joanna comme seule héritière légitime. L’année suivante, Afonso V envahit la Castille pour réclamer le trône auquel il estime avoir droit par son mariage, déclenchant une nouvelle guerre qui aboutit à la bataille de Toro, victoire castillane sur terre, et à la bataille navale de Guinée, victoire portugaise sur mer. Par le traité de paix d’Alcáçovas en 1479, le Portugal renonce finalement à la Castille, et Isabelle aux territoires africains convoités par son camp.
La saison 2 montre comment Isabelle, soutenue par l’Église d’Espagne et l’Inquisition institutionalisée, s’assure la loyauté de Ferdinand ainsi que l’appui de la noblesse pour consolider son règne. On y découvre aussi la femme blessée qui doit affronter les nombreuses infidélités de son mari et ses difficultés pour engendrer un héritier suite à la perte prématurée d’un de ses enfants. La prise de Grenade et les découvertes de Christophe Colomb en 1492 marquent l’apogée de son règne. Par la suite, les Rois Catholiques réalisent la fragilité de leurs alliances. Leurs enfants ont grandi et vont être mariés à des monarques étrangers. Juana dite « la Folle » (1479-1555) marque la troisième saison de la série : héritière des Rois Catholiques après la mort en 1497 de son frère Juan (prince des Asturies marié à Marguerite d’Autriche, décédé à 19 ans) puis le décès de sa sœur Isabelle en 1498 (mariée dans la famille royale du Portugal), et mariée elle-même à l’inconstant Felipe « le Bel » de Flandres, Juana sombre peu à peu dans la folie. Quant à Catherine d’Aragon, la troisème fille, elle s’exile en Angleterre pour épouser Henry VIII en 1509, le tyran tudorien qui finira par la répudier. Marquée par ces diverses pertes, Isabelle s’éteint dans la souffrance en 1504.
Les victimes d’Isabel à la chute de Grenade : Aïcha et son fils, l’émir Boabdil (« Isabel »).
 La série, historiquement assez rigoureuse, ne cache pas le côté impitoyable et intransigeant des « Rois catholiques », leur manque de compassion chrétienne, mais on passe comme chat sur braise sur la violence exercée envers juifs et musulmans et le fanatisme fondamentaliste qu’ils instaurent, voire consolident. L’ensemble se dilue dans une soupe gentiment consensuelle, quoique fort bien documentée (ce qui ne va pas de soi). Le profil d’Isabelle s’humanise à la lumière d’un éclairage féministe. On aurait souhaité un point de vue parfois plus critique, quoique l’agonie, les doutes d’ordre spirituel, les échecs personnels et les naufrages politiques des souverains dans la dernière saison permettent de remettre leur règne en perspective. Nombre de détails biographiques n’auraient jamais passé la censure franquiste, de sorte que l’ensemble est, pour l’Espagnol lambda, une sorte de révélation. La série a été filmée à partir de l’été 2011 à Cáceres, Madrid et Ségovie, et à l’Alhambra (avril 2013) pour la seconde saison. Après trois saisons en prime-time, Isabel peut se vanter d’être l’une des séries les plus suivies en Espagne (une moyenne de 4,6 millions de téléspectateurs). Elle fait le tour du monde, dans toute l’Amérique latine, au Canada, au Mexique, au Chili, au Brésil, en Israël, en Bulgarie, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, à Abu Dhabi, en Inde, en Europe de l’Est et en Serbie, mais elle reste inédite en France. La récolte des prix est longue : Premio Nacionál de Television 2014, l’Antenne d’Or 2013, Prix de la meilleure série au Festival de Hambourg, primé quatre fois à New York par l’Asociación de Cronistas del Espectáculo (ACE), notamment pour le meilleur programme culturel de l’année et l’interprétation de Michelle Jenner et d’Irene Escolar (Jeanne la Folle), 10 nominations aux Prix Isis, etc.
Épisodes – Première saison : 1. « Isabel, la reina » - 2. « Campanas de boda » - 3. « La negociación » - 4. « Tragedia en la corte » - 5. « El Pacto de Guisando » - 6. « La figura del rey » - 7. « La reina muerta » - 8. « ¿ Nueva guerra ? » - 9. « Boda real » - 10. « Nacimiento » - 11. « El principio del fin » - 12. « Elecciones » - 13. « La nueva reina » - Deuxième saison : 1. « Desencuentros » - 2. « Lazos » - 3. « La paz para Castilla » - 4. « Lealtad y deber » - 5. « El poder de la reina » - 6. « Sultán » - 7. « Tiempos de Inquisición » - 8. « Herederos de sangre » - 9. « Lo más liviano » - 10. « Pacta con el diablo » - 11. « Abolengo » - 12. « El último reino en Granada » - 13. « Lo que no supiste defender como hombre » - Troisième saison : 1. « La fragilidad del reino » - 2. « Gobernar con mano dura » - 3. « Nacidos para gobernar » - 4. « Atracción fatal » - 5. « El drama llega a la corte » - 6. « Reina de toda la península » - 7. « Muere la Princesa de Asturias » - 8. « A Isabel le supera la tragedia » - 9. « Felipe y Juana llegan a sus reinos » - 10. « Isabel y Fernando o Juana y Felipeos » - 11. « Le llamaban Juana la Loca » - 12. « ¿ Conservarán el legado de Isabel ? » - 13. « La muerte de Isabel ».
2015(tv) Una negociación a tiempo (ES) de Jorge Dorado
Série « El ministerio del tiempo » (épis. 4), Radiotelevisión Española, Madrid (TVE 16.3.15), 70 min. – av. Michelle Jeanner (Isabelle de Castille), Eusebio Poncela (le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros), Juan Gea (Tomás de Torquemada), Paco Obregón (le rabbin Abraham Levi), Carlos Alvarez-Nóvoa (Don Manuel López Castillejo). - Épisode d’une série de science-fiction illustrant des tentatives de modifier l’Histoire de l’Espagne en voyageant dans le temps. En 1491, Isabelle la Catholique a promis de protéger le rabbin Abraham Levi et sa famille des griffes de Torquemada et de sa Sainte-Inquisition mais ce dernier a passé outre et les a condamnés au bûcher. La reine n’ayant rien fait pour les protéger, la famille survivante demande des comptes… Deux acteurs de la série à succès Isabel (cf. supra) reprennent leurs rôles d’Isabelle de Castille et du cardinal Cisneros.
2016Assassin’s Creed (US/FR/GB/HK/TW/MT) de Justin Kurzel
Jean-Julien Baronnet, Michael Fassbender, Patrick Crowley, Gérard Guillemot, Frank Marshall, Conor McCaughan, Arnon Milchan/Regency Enterprises-Ubisoft Entertainment-New Regency Pictures-DMC Film-The Kennedy/Marshall Company-Monarchy Enterprises S.a.r.l.-Latina Pictures, 116 min. – av. Michael Fassbender (Callum Lynch/son ancêtre Aguilar de Nerha), Javier Gutiérrez (Thomas de Torquemada), Thomas Camilleri (Fernando II d’Aragon), Marysa S. Peres (Isabelle de Castille),Marion Cotillard (Dr. Sophia Rikkin), Jeremy Irons (Alan Rikkin, son père), Brenand Gleeson (Joseph Lynch), Charlotte Rampling (Ellen Kaye), Khalid Abdallah (le sultan Muhammad XII), Marias Varela (l’émir), Gabriel Andreu (Christophe Colomb), Ariane Labed (Maria), Michael Kenneth Williams (Moussa), Denis Ménochet (McGowan), Callum Turner (Nathan), Carlos Bardem (Benedicto, mentor de la Confrérie des Assassins d’Espagne).
Cobaye d’une expérience scientifique, um homme est propulsé en Andalousie en 1492, soumise aux horreurs de l’Inquisition. Torquemada déclare une chasse aux hérétiques et des milliers de musulmans et de juifs sont forcés de se convertir au catholicisme... Transposition cinématographique d’un jeu vidéo de science-fiction mêlant la pomme d’Adam et Eve, les Templiers, la secte des Assassins, le Saint Graal, les franc-maçons, Torquemada, le siège de Grenade par Isabelle et Ferdinand et la fin du libre arbitre : bref, des corbeilles de couleuvres à avaler ! Tournage à Malte, Séville, Almeria, Madrid, Londres.
2019/20(tv) The Spanish Princess [La Princesse espagnole] (US) télésérie de Lisa Clarke (5,6,12-14), Daina Reid (3,4), Birgitte Staermose (1,2), Stephen Woolfenden (7,8), Chanya Button (9-11), Rebecca Gatward (15,16)
Andrea Dewsbery, Elyse Dolbec, Danielle Lyons/All3 Media’s New Pictures-Playground Entertainment-Giddy Ink-Jumping Joseph (Starz 5.5.-23.6.19 / 11.10.-29.11.20), 16 x 55 min. (2 saisons). – av. Charlotte Hope (Catherine d’Aragon), Ruairi O’Connor (Harry duc d’York, futur Henry VIII), Elliot Cowan (Henry VII), Alexandra Moen (la reine Elizabeth d’York, son épouse), Angus Imrie (Arthur Tudor, prince de Galles, leur fils), Harriet Walter (Lady Margaret Beaufort), Richard Pepper (Thomas Boleyn, comte de Wiltshire), Olly Rix (Edward Stafford, duc de Buckingham), Laura Carmichael (Margaret « Maggie » Pole, comtesse de Salisbury), Aaron Cobham (Oviedo), Stephanie Levi-John (Lina de Cardonnes [=Doña Elvira Manuel]), Philip Cumbus (l’archevêque Thomas Wolsey), Jordan Renzo (Charles Brandon, duc de Suffolk), Nadia Parkes (Rosa de Vargas), Isla Merrick-Lawless (Mary Tudor, reine consort de France), Amelia Gething (Ursula Pole), Moe Idris (Tau), Stuart McNeil (garde personnel d’Henry VIII), Alicia Borrachero (la reine Isabelle de Castille), Daniel Ceerqueira (Gutierre Gómez de Fuensalida, ambassadeur d’Espagne), Alba Galocha (la reine Juana de Castille, dite « Juana la Loca »), Philip Andrew (le roi Felipe de Castille), Georgie Henley (Margaret Tudor, reine d’Écosse), Chloe Harris (Bessie Blount), Alan McKenna (Sir Richard Pole), Mamadou Doumbia (John Blanke), Morgan Jones (Sir Edmund Dudley), Matt Carr (Henry Pole, baron Montagu), Mimi De Winton (Ursula Pole, baronnesse Stafford), Arthur Bateman (le cardinal Reginald Pole), Nick Barber (Edmund de la Pole, comte de Suffolk), Philip McGinley (George Nevill), Patrick Gibson (Richard d’York), Ian Pirie (cpt. George Donald), Kenneth Cranham (l’archevêque John Morton), Norman Bowman (le poète William Dunbar), Luka Perros (Christophe Colomb), Andrew Buchan (Thomas More), Milo Callaghan (Henry Stafford), Russell Hancock (Lord Hastings), Tessa Bonham Jones (Anne Hastings), Luke Mullins (Sir William Compton), Andrew Rothney (Angus Douglas), Mark Rowley (Alexander Stewart), Ray Stevenson (le roi James), Jimmy Walker (John Lincoln), George Stocks (le baron Willoughby de Eresby).
Une troisième télésérie inspirée des best-sellers de Philippa Gregory, après The White Queen (2013) et The White Princess (2017, cf. Angleterre chap. 12 : Tudors), cette fois à partir des romans The Constant Princess (2005) et The King’s Curse (2014). La « Princesse d’Espagne » en titre est Catherine d’Aragon (1485-1536), fille d’Isabelle Ière de Castille et de Ferdinand II d’Aragon, future première épouse de Henry VIII. - Synopsis : En octobre 1501, Catherine d’Aragon, une adolescente de seize ans, débarque en Angleterre où elle est déçue de rencontrer son futur époux, Arthur Tudor, quinze ans, fils de Henry VII et prince de Galles, et découvre de surcroît que les lettres d’amour de ce dernier ont été rédigées par son arrogant frère cadet Harry (futur Henry VIII). Elle est fiancée depuis l’âge de trois ans. Après les noces, Arthur et Harry apprennent que leur soeur Margaret est promise au roi James IV d’Écosse. Catherine et Arthur s’installent au château de Ludlow, mais leur union n’est jamais consommée car Arthur décède de maladie en avril 1502, cinq mois après son mariage. Pour gagner du temps, Catherine, à présent princesse de Galles et ambassadrice de la cour de Castille en Angleterre, cache le fait que leur union n’a jamais été consommée. Lorsque la reine-mère Elizabeth d’York décède à son tour, son royal époux envisage de se remarier avec Catherine, mais celle-ci lui préfère Harry. Conscient qu’une telle alliance renforcerait les liens dynastiques avec l’Espagne, Henry VII accepte ce choix à condition que le pape donne son aval. En 1506, la soeur de Catherine, Juana, à présent reine de Castille, est bloquée avec son époux, le « beau Felipe » à la cour d’Angleterre. Le prince Harry doit épouser la princesse Eleanora à Madrid alors qu’il rêve de s’unir à Catherine, ce qui devient une réalité à la mort de Henry VII, en juin 1509.
Jolis décors, jolis costumes et contenus – en grande partie inventés - pour magazines de luxe (public cible surtout féminin) dans lequel Henry VII est, tiens tiens, barbu ; les scénaristes ont dû le confondre avec son pantagruélique successeur. Un enchaînement sans intérêt d’intrigues et contre-intrigues et de couples qui se font et se défont au gré de la politique européenne (et des intrigues parfaitement imaginaires de Margaret Beaufort), tourné à partir de mai 2018, notamment dans la cathédrale de Wells (Somerset). Les huit épisodes de la deuxième saison sont filmés de septembre 2019 à mars 2020 par Chanya Button, Lisa Clarke et Rebecca Gatward, mais la postproduction en est bloquée par la pandémie du Covid-19 (diffusion initialement prévue pour l’automne 2020). – Signalons que la vie de la première épouse d’Henry VIII a déjà été portée à l’écran par le cinéma hispano-franquiste en 1950-1952 sous le titre de Catalina de Inglaterra, la verdadera esposa de Enrique VIII d’Arturo Ruíz-Castillo, avec Maruchi Fresno ; le film débute par l’arrivée de la princesse espagnole en Angleterre en 1509 et condamne bien sûr le divorce d’un monarque qui a renié Rome (cf. Angleterre, chap. 13).