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Goldorak, héros écolo et pacifiste des temps modernes

Josselin Mahot et Victor Chevet ont réalisé un joli documentaire sur le dessin animé phare des années 1980. Ils décryptent, quarante-cinq ans après ses débuts à la télévision française, l’engouement suscité par le robot géant.

Goldorak, go. Paramount+

En 1978, il n’existe que trois chaînes de télévision, et peu d’émissions pour les enfants, qui visent en premier les tout-petits. Le 3 juillet 1978, une petite révolution débarque sur Antenne 2, dans l’émission de Dorothée, Récré A2 : Goldorak. Un immense robot, aux cornes dorées, combat les méchants de Véga qui veulent attaquer la planète Terre.

À son bord, Actarus, prince d’Euphor, sa planète dévastée par Véga, qui va défendre la « planète bleue », bec et ongles. Et avec Actarus, c’est tout un univers qui touche, directement, une génération d’enfants au cœur. Les cours de récréation bruissent de « fulguropoing », de « cornofulgure » et d’« astérohache », et les parents sont désorientés devant ces animations japonaises, et cette « violence » du programme : il est sûr que Goldorak se situe à des années-lumière de l’Île aux enfants ou de Nicolas et Pimprenelle. Quoique…

Un dessin animé aux valeurs humanistes

Josselin Mahot et Victor Chevet se penchent sur le dessin animé, le décortiquent, et surtout analysent son écho sur la vie des enfants d’hier, devenus quinquagénaires. Truffé d’anecdotes savoureuses, le film donne la part belle aux témoignages, avec en point d’orgue la participation exceptionnelle du créateur de l’anime, Go Nagai.

Et ce que raconte le documentaire bat en brèche les craintes des adultes des années 1980 : Goldorak, raconte l’universitaire Sarah Hatchuel, prend « les enfants au sérieux », « avec des enjeux de vie et de mort ». Les créateurs du programme ont d’ailleurs puisé leur inspiration dans plusieurs cultures, de la mythologie (les noms des méchants) à Shakespeare, en passant par le western ou King Kong.

Son adaptation française, signée Michel Gatineau, est d’ailleurs une totale réinvention du dessin animé, et a largement participé à son succès, raconte le film, entre autres anecdotes savoureuses.

Surtout, il est question, dans Goldorak, de valeurs très humanistes, à commencer par un pacifisme assumé : le professeur Procyon et Actarus détestent l’idée de la guerre, ils s’y résolvent pour ne pas voir les Terriens asservis.

Actarus est aussi une sorte de migrant, d’exilé de l’espace, qui souffre de son déracinement. L’identification des enfants à ce héros, à la fois grave, solitaire et doux, est totale. Y compris chez les filles, d’ailleurs, souligne Sarah Hatchuel.

« Comme toute une génération, j’ai été construit par Goldorak  », raconte le journaliste Harry Roselmack, pour qui la prétendue violence du programme est un non-sujet : « Ce sont des robots qui se battent, donc c’est désincarné et adapté à un public de gamins, qui connaissent eux-mêmes des accès de violence ou y sont confrontés à l’école. »

Le documentaire hésite entre histoire et analyse. Sa forme, qui oscille entre des témoignages face caméra, des archives et des interludes sous forme d’anime, est plutôt réussie. Le film ne convaincra sans doute pas les réfractaires, mais ravira à coup sûr les amoureux du programme.

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