Charlie Hebdo : après Mahomet caricaturé, les excuses (ou pas)

Charlie Hebdo : après Mahomet caricaturé, les excuses (ou pas) Après les caricatures de Mahomet publiées dans un climat de tension dans le monde islamique, Charlie Hebdo fait cette semaine ses excuses. Mais la rédaction a aussi prévu une autre version de l'hebdomadaire...

Charlie Hebdo rebondit sur la polémique créée la semaine dernière par la publication des caricatures de Mahomet. Dans son édition du mercredi 26 septembre, l'hebdomadaire joue de nouveau la provocation en faisant profil bas et en s'excusant auprès de tous ceux qui accusaient le journal de se comporter de manière irresponsable, durant cette période de tension dans une partie du monde islamique. Le journal titre : "Fini de rire !"  sur une Une sans images et barrée d'une barre rouge indiquant "Journal responsable". L'éditorial explique la démarche : "Afin de satisfaire Laurent Fabius, Brice Hortefeux et Tarik Ramadan, Charlie Hebdo ne mettra plus d'huile sur le feu et ne sera plus jamais irresponsable".

Sauf que dans le même temps, Charlie Hebdo publie une autre version du journal, qui prend le contre-pied de cette posture ironique. Ainsi, les kiosques proposent aussi un Charlie Hebdo aussi gras et impertinent que d'habitude, titré "Journal irresponsable", présentant un homme préhistorique découvrant l'huile et le feu (voir ci-dessous). Le journal satirique offre donc le choix cette semaine, pour satisfaire les soutiens comme les opposants à la publication des caricatures. Pour présenter son action et affirmer son droit d'expression, Charlie publie sur son site Internet : "La liberté de nous marrer sans aucune retenue, la loi nous la donnait déjà, la violence systématique des extrémistes nous la donne aussi. Merci, bande de cons".  

Avec ce coup marketing, l'hebdomadaire réagit aux critiques qui se manifestent très largement dans l'ensemble des médias : en substance, oui à la liberté d'expression, mais en considérant que celle-ci doit s'allier à un souci de responsabilité. Si aucun article de presse ne remet en cause le droit de Charlie Hebdo de caricaturer le prophète Mahomet, les critiques fusent en revanche sur le manque de recul du journal sur le climat tendu dans le monde musulman depuis la diffusion d'un film anti-islamique et les graves violences qui en ont suivi. 

Traité d'irresponsable, de naïf, de prétentieux, de profiteur ou encore de jouer le jeu des extrémistes, Charlie Hebdo revendique désormais son droit à mettre de l'huile sur le feu. Pour le journal satirique, le droit d'expression et le droit de rire ne doivent pas être conditionnés ni aux circonstances, aussi dramatiques soient-elles, ni aux susceptibilités des uns et des autres. 
 
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Les deux versions de Charlie Hebdo © Charlie Hebdo

EN VIDEO : La publication des caricatures de Charlie Hebdo ont suscité diverses réactions parmi les Français : 

"Caricatures : Charlie Hebdo s'arrache dans les kioskes"