Geens, Maingain, Bouchez, Milquet, Reynders : comme Dupond-Moretti, ils sont avocats et politiques

Geens, Maingain, Bouchez, Milquet, Reynders : comme Dupond-Moretti, ils sont avocats et politiques

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Par K. F.

La nomination, en France, d’Eric Dupond-Moretti au poste de ministre de la Justice met en lumière l’importante représentation des avocats dans le monde politique. Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Mitterrand, pour ne citer que ces trois récents présidents de la République, ont porté la robe. Des candidat.e.s ont également été avocat.e comme Marine Le Pen. En Belgique également, les avocats aiment se mêler de politique au point d’occuper des postes importants. Petit tour non exhaustif.

  • Les présidents de parti

Georges-Louis Bouchez, président du MR, est avocat de formation. Il est inscrit au barreau de Mons. Son nom apparaît toujours dans la liste des avocats du bureau AVO4, qui a une antenne à Mons, une seconde à Mouscron et une troisième à Tournai.

Le député Egbert Lachaert, 43 ans, récemment élu président de l’Open Vld, est avocat en droit social, inscrit au barreau de Gand.

Conner Rousseau, le jeune président du sp.a originaire de Saint-Nicolas n’a pas été avocat mais est juriste de formation (Université de Gand).

Georges-Louis Bouchez.
Georges-Louis Bouchez. © ERIC LALMAND - BELGA
  • Les ministres

La Première ministre Sophie Wilmès n’est pas avocate mais a travaillé dans un cabinet d’avocats en tant que conseillère financière. Koen Geens, vice-Premier CD&V en charge de la Justice a été avocat au sein du cabinet Eubelius qu’il a lui-même fondé et qu'il a quitté au moment de sa nomination. Marie-Christine Marghem (MR), en charge de l’Environnement est licenciée en droit (Université de Liège) et avocate.

Au gouvernement wallon, Jean-Luc Crucke (MR), en charge des Finances a été avocat (au barreau de Tournai) tout comme son collègue socialiste Pierre-Yves Dermagne (Logement). Valérie De Bue (MR), ministre de la Fonction publique n’a pas été avocate mais écrit dans sa biographie officielle : "Enfant, je m’imaginais travailler dans le droit, peut-être comme avocate. Mais, grandissant, je me suis de plus en plus intéressée à la chose publique. En 1991, je suis donc entrée à l’Intercommunale du Brabant wallon pour ne la quitter que dix ans plus tard, afin de rejoindre le cabinet de Charles Michel, alors Ministre des Affaires Intérieures de la Région wallonne."

Au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir (PS – Education) a été avocate, spécialisée en droit du travail.

Au gouvernement bruxellois, Barbara Trachte a été inscrite au Barreau de Bruxelles. Elle est spécialiste en droit public.

Koen Geens ministre de la Justice.
Koen Geens ministre de la Justice. © POOL LAURIE DIEFFEMBACQ - BELGA
  • Les députés fédéraux et régionaux

Sur les 150 députés de la Chambre, un certain nombre a exercé ou exerce toujours la profession d’avocat. Citons le président de l’assemblée Patrick Dewael (Open Vld), Khalil Aouasti (PS), Mathieu Bihet (MR), Nathalie Gilson (MR), Sander Loones (N-VA), Philippe Pivin (MR), Vincent Van Quickenborne (Open Vld) au barreau de Courtrai…

Dans les régions, citons à Bruxelles Vincent De Wolf (MR), Alexia Bertrand (inscrite aux Barreaux de New-York et Bruxelles), Emmanuel De Bock (DéFI), Marc-Jean Ghyssels (PS), Julien Uyttendaele (PS)…

En Wallonie, pointons le président de l’assemblée Jean-Claude Marcourt (PS), Christophe Collignon (PS), Jean-Paul Wahl (MR) qui a fondé le cabinet Wahl&Associés, Rodrigue Demeuse (Ecolo)… André Antoine (cdH) a effectué des études de droit. Il explique dans une interview au site Internet de l’Université de Namur : "Je voulais devenir avocat, par goût de la justice et puis sans doute influencé par Frédéric Pottecher qui narrait les grands procès à la radio (NDLR : en France) !"

Jean-Claude Marcourt, président du Parlement de Wallonie.
Jean-Claude Marcourt, président du Parlement de Wallonie. © CHRISTOPHE KETELS - BELGAIMAGE
  • Les anciens

D’anciens acteurs de la vie politique belge, pas tous retraités, ont exercé dans un cabinet : Joëlle Milquet (cdH) réinscrite récemment au Barreau de Bruxelles, Olivier Maingain (DéFI), Didier Reynders (MR), Johan Vande Lanotte (sp.a) en tant que conseiller dans un cabinet, Laurette Onkelinx (PS), Benoît Cerexhe (cdH)…

Melchior Wathelet (cdH) a été avocat général et son fils, inscrit au Barreau de Liège, a plaidé.

Citons encore les anciens ministres Jean-Pierre Grafé, Roger Lallemand, Armand De Decker, Antoine Duquesne... 

Joëlle Milquet, ancienne présidente du cdH.
Joëlle Milquet, ancienne présidente du cdH. © THIERRY ROGE - BELGAIMAGE
  • L’analyse

Coluche disait : "C’est pas dur la politique : c’est cinq ans de droit, tout le reste de travers." L’affirmation est excessive, caricaturale mais propre à l’humoriste qui analysait à sa manière dans les années 70 le pedigree du personnel politique français.

Plus sérieusement, la surreprésentation des avocats dans le monde politique n’étonne pas Jean Faniel, directeur général du CRISP, le Centre de recherche et d’information socio-politiques. "Il y a clairement un lien su, connu, avéré. Il y a une surreprésentation des métiers du droit dans les fonctions politiques, notamment au niveau parlementaire", rappelle Jean Faniel.

En 2015, le CRISP avait réalisé une analyse du profil des parlementaires francophones. Que dit celle-ci ? "Les autres statuts socio-professionnels assez bien représentés sont, dans l’ordre décroissant, les cadres et les titulaires d’une fonction dirigeante dans le secteur privé (19,0%), les enseignants/chercheurs (12,7%), les fonctionnaires (11,1%) et les professions libérales (11,1%), surtout les avocats."

En 2019, après les élections, la RTBF avait brossé le portrait des parlements wallons et bruxellois. Conclusion : "Plus de 13,5% exerçaient une profession libérale comme avocat ou encore kinésithérapeute ou architecte."

Les avocats ont l’habitude de fréquenter les textes légaux

Jean Faniel soumet son explication quant à la présence importante d’avocats au sein des assemblées. "De par la nature de la profession, les avocats ont l’habitude de fréquenter les textes légaux. D’où une certaine expérience de terrain, qui leur permet de voir ce qu’il faut modifier ou pas au niveau législatif et réglementaire pour que la société aille mieux. Cela vaut quel que soit le bord politique. Ils s’intéressent au débat public de ce fait-là."

Etre avocat, plaider, affronter un juge, parfois un jury d’assises : c’est embrasser une cause. "C’est embrasser une cause souvent individuelle pour en faire une cause plus générale. A côté, il y a celles et ceux qui s’engagent dans les métiers du droit par idéal politique sans nécessairement faire de la politique." Exemple avec le cabinet Progress Lawyers Network, proche du PTB. Certains de ses avocats ont tout de même fait de la politique : Axel Bernard à Schaerbeek, la députée régionale Leila Lahssaini

Le CRISP n’oublie pas non plus les avocats actifs en tant que lobbyistes, dans l’ombre : les lobbyistes fiscalistes par exemple. "Le meilleur lobbyiste, c’est celui qui tient le crayon, qui rédige le texte de loi."

Des professionnels occupent des postes ministériels en lien avec leur formation : Maggie De Block (Open Vld), médecin, à la Santé, Laurette Onkelinx, avocate, jadis à la Justice tout comme Marc Verwilghen (Open Vld)… "Est-ce que les techniciens sont les mieux placés ? Ce n’est pas rare mais le succès est relativement variable. A la Justice, c’est fréquent. Un médecin à la santé, ça l’est moins. Rappelons qu’avant la Deuxième guerre mondiale, le ministre de la Guerre était un colonel ou un général."

Dupond-Moretti / De maître du barreau à garde des sceaux

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