Joëlle Milquet est l'invitée de Matin Première

Joëlle MIlquet

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Par Gorian Delapture

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L'invitée du 7-9      -         Notre invitée aujourd'hui, c'est la Ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, avec pas mal de sujets d'actualité abordés ce matin, Bertrand Henne.

 

 

 

 

 

 

 

BH                  : - Oui, bonjour, Joëlle Milquet.

 

 

 

 

JM                 : - Bonjour.

 

 

 

 

BH                  : - Vous avez défendu votre plan national de sécurité au Parlement cette semaine. Vous présentez aussi au Gouvernement aujourd'hui votre plan pour la sécurité dans les transports en commun, qui devrait être approuvé et puis, il y a la crise dans les prisons à gérer, le contexte est lourd. Mais avant, ce fait assez rare, un Parlement qui se vide pour désapprouver la conduite d'un élu, c'est celle de Laurent Louis du MLD, qui a publié le rapport d'autopsie de Julie et Mélissa sur Internet et promet d'envoyer les photos des autopsies à ceux qui lui en feront la demande. On atteint là les sommets du sordide, Joëlle Milquet ?

 

 

 

 

JM                 : - Même pire puisqu'il n'a pas seulement promis, il a mis sur son site, les photos des autopsies, photos que même certains parents n'avaient jamais voulu voir. Donc on a atteint dans le monde démocratique et politique, les confins de l'abject, les confins de l'abject. Je suis, mais outrée, choquée, j'avais les larmes aux yeux quand j'ai eu Jean-Denis Lejeune hier, tellement, c'est une attitude de non-respect d'abord profond, humain par rapport aux parents, par rapport aux petites filles elles-mêmes, c'est, ça n'a pas de nom.

 

Et donc je pense que nous devons tous réagir ; c'était très bien que hier, les gens quittent l'hémicycle. Il faut voir maintenant comment est-ce que l'immunité parlementaire peut être enlevée, il y a là des faits qui sont répréhensibles pénalement sur différents chefs, violation du secret professionnel, il y a de la diffamation, on peut vraiment trouver différents chefs d'accusation et je pense que l'appareil judiciaire doit se mettre en route dans tout ce qu'il peut faire. Parce qu'on ne peut pas laisser passer quelque chose comme ça.

 

 

 

 

BH                  : - Oui, vous demandez au Parquet de lancer des actions contre Laurent Louis, d'enquêter ?

 

 

 

 

JM                 : - Je ne suis pas Ministre de la Justice et je crois que la Ministre de la Justice a été aussi active, le blog a été coupé, hélàs voilà, les dégâts sont là et je pense d'ailleurs qu'il ne faut même pas parler de cette personne parce que c'est tout juste ce qu'elle attend. Mais il faut en tout cas que tous les moyens judiciaires les plus pointus soient utilisés par l'ensemble des personnes blessées et il y en a beaucoup et d'abord par les parents.

 

 

 

 

BH                  : - En tout cas, il faut à terme que son immunité parlementaire soit levé, selon vous ?

 

 

 

 

JM                 : - Ah, pour moi, oui. Pour moi, ici, nous sommes dans des actes pénalement répréhensibles et c'est pas parce qu'on est Parlementaire, qu'on peut tout se permettre. Alors il faut évidemment voir ce que permet la loi, nous sommes dans un Etat de droit mais il faut voir là où on peut agir au nom de l'Etat de droit.

 

 

 

 

BH                  : - Alors vous allez présenter des mesures après la mort d'un agent de la STIB ; le Gouvernement doit les approuver aujourd'hui, Joëlle Milquet, au total, 400 policiers seront affectés à la sécurisation des transports en commun à Bruxelles ?

 

 

 

 

JM                 : - Oui, donc il y a vraiment beaucoup de choses dans ce plan, qui a été présenté aux syndicats et immédiatement, déposé sous forme de projet de loi et déjà d'arrêté, cette semaine, comme je m'y étais engagée. Et donc ça veut dire qu'on va lancer les formations concrètement déjà cette année pour 250 nouveaux policiers affectés aux zones qui vont eux, sécuriser tous les transports en commun en surface, c'est-à-dire, les bus, les trams, les arrêts, etc. J'engage déjà dès 2012, 100 policiers complémentaires alors au niveau fédéral, pour les gares, toutes les stations de métro, les 69, les rames, il y en a 30 qui sont déjà sur le terrain, en juin, définitivement, avec la police des Chemins de fer de Bruxelles et 70 en octobre et 50, dont aussi la formation est lancée pour renforcer la Réserve fédérale qui, la journée, s'occuperont des transports en commun. Donc ça fait 400 en tout. Et, en attendant, nous avons tous les jours depuis vendredi, 70 policiers complémentaires mais vraiment en addition, sans prendre quoi que ce soit aux zones, qui viennent renforcer la sécurisation des transports en commun.

 

 

 

 

BH                  : - Des policiers qui pourront plus facilement qu'avant, intervenir sur le réseau de la STIB, ils auront accès aux vidéos de surveillance, ils pourront plus facilement entrer dans les bus, dans les trams, dans les métros ?

 

 

 

 

JM                 : - Alors bon, d'abord, libre accès pour les policiers aux réseaux de la STIB, ce qui était demandé depuis longtemps. Deux, libre accès aux caméras, ce qui était demandé depuis longtemps mais souvent refusé par certaines sociétés de transport. Et alors il y

 

a deux projets de loi, donc, un qui augmente l'accès aux caméras et alors, un autre qui étend les compétences des gardiens de sécurité, alors privés, entre guillemets, qui sont ceux de la STIB et qui sont dans les transports en commun et qui pourront dès lors intervenir en demandant des contrôles d'identité et intervenir aussi sur des surfaces plus grandes dans les lieux d'exploitation de la STIB, c'est-à-dire en surface, etc. Donc ça, c'était aussi une demande légitime que nous avons rencontrée en faisant ce projet de loi.

 

 

 

 

BH                  : - Alors la famille du superviseur a décidé de se constituer partie civile pour homicide volontaire dans ce dossier ; c'est un fait neuf. Pour la famille, il y a des éléments prouvant qu'il y a eu plus qu'un seul coup porté au superviseur de la STIB. Est-ce que vous avez des informations là-dessus ?

 

 

 

 

JM                 : - J'ai des informations sur le déroulé des événements. Maintenant, il s'agit d'une enquête judiciaire qui est dans les mains de la Justice et c'est à la Justice de faire son travail, donc je ne vais pas commencer à qualifier moi-même les faits, mais il y a eu mort d'homme. Il y a eu la mort d'un homme qui faisait correctement son travail et qui, en quelque secondes, s'est trouvé par terre, avec une hémorragie cérébrale et qui en est mort. Donc voilà les faits.

 

 

 

 

BH                  : - Est-ce que vous avez d'autres éléments qui sont à votre disposition, qui vous prouveraient qu'il y aurait eu d'autres coups puisque c'est ce que soupçonne la famille ?

 

 

 

 

JM                 : - Ecoutez, moi, je ne vais pas rentrer dans une question qui relève de l'appréciation du Juge d'instruction. Moi, je me suis occupé dans ma matière à la fois, c'est vrai, de rencontrer la famille et d'exprimer toute notre émotion à l'égard de la famille des collègues et surtout, moi, mon rôle, c'était alors au-delà de ça, de prendre rapidement, fermement des mesures fortes, tant en effectifs qu'en moyens légaux, c'est ce que j'ai fait.

 

 

 

 

BH                  : - Alors vous venez d'expliquer une partie de ces mesures, on a vu qu'après quelques jours de grève, le réseau STIB maintenant est complètement revenu à la normale, ce qui tranche avec la situation dans les prisons où on voit que la situation ne s'arrange pas, il y a un préavis qui coure toujours. Est-ce que Annemie Turtelboom, dans sa gestion du dossier-prisons, a été trop lente ?

 

 

 

 

JM                 : - Ecoutez, vous ne m'aurez jamais ici à venir commencer à critiquer une collègue, on est dans un Gouvernement et on doit tous être solidaires, c'est une problématique qui est ancestrale, hélàs, la surpopulation des prisons et nous devons tous trouver des solutions. Alors il faut rencontrer à la fois la crainte légitime des gardiens de prison, qui ne peuvent pas se permettre de se retrouver pris en otages, qui ne peuvent pas avoir peur. C'est comme les gardiens de la STIB, c'est comme toutes les missions d'autorité dans notre pays, qui doivent être protégées, qui doivent être aussi, avec un plan, donc on travaille et pour lequel, nous devons être garants quand même de la sécurité au maximum. Donc, je crois qu'il y a là, des demandes légitimes qu'il faut rencontrer.

 

 

 

 

BH                  : - Et des moyens nouveaux ?

 

 

 

 

JM                 : - Alors, il y a les moyens nouveaux que Annemie, dans ses budgets, peut avoir, donc elle a déjà proposé un screening au niveau de la détection des métaux. Elle vient, elle viendra très prochainement, elle l'a annoncé au niveau du Parlement, avec des propositions pour des places complémentaires parce qu'un des gros problèmes, c'est de diminuer la pression dans les prisons.

 

 

 

 

BH                  : - Mais il n'y aura pas de moyens nouveaux pour,

 

 

 

 

JM                 : - Alors, il faut,

 

 

 

 

BH                  : - Pour la Justice en général, Joëlle Milquet, à trouver en interne ?

 

 

 

 

JM                 : - Il faut des moyens nouveaux, non, non, dans l'urgence, oui, elle doit faire le maximum avec les moyens et nous nous sommes battus au niveau du conclave pour obtenir des moyens, tant pour la Police que pour la Justice, mais qu'on ne se leurre pas,

 

il y aura un moment, que ce soit pour la Police, que ce soit pour la Justice, que ce soit pour l'émission régalienne de sécurité où nous devrons renforcer les moyens de manière structurelle. Et c'est possible avec des mesures, soit de recettes, soit de,

 

 

 

 

BH                  : - Mais pas dès 2012 ?

 

 

 

 

JM                 : - En tout cas, les budgets 2012, ils ont été augmentés ; il y a 7 et demi pour la Justice et 7,5 millions également pour la Police. C'est dans ce cadre-là que nous avions anticipé, qu'on a pu dégager les moyens pour les effectifs policiers et c'est dans ce cadre-là qu'Annemie peut déjà venir avec certaines réponses. Mais nous devons avoir des réponses structurelles sur la surpopulation dans les prisons, sur la protection des gardiens. Et de manière globale, et ça, j'y travaille et je viendrai dans les quelques semaines, avec un projet sur la sécurisation des lieux stratégiques en Belgique dont les prisons mais donc aussi les ambassades et d'autres lieux. Mais là, on peut innover pour trouver une solution pour ne pas que ce soit les policiers qui s'en occupent et pour que l'on puisse avoir un soutien pour les gardiens de prison.

 

 

 

 

BH                  : - Alors, il y a beaucoup d'autres sujets, on va aller vite, "De Morgen" a révélé que la Justice avait ouvert une vaste enquête sur une possible corruption lors d'achat de plusieurs milliers de pistolets par la Police fédérale. Est-ce que le policier suspecté doit être écarté préventivement ?

 

 

 

 

JM                 : - Ah, alors de un, j'attends, moi, que la Justice très rapidement, si elle pense qu'il y a un vrai problème, fasse des inculpations, comme ça, dès qu'il y a inculpation, on peut faire une suspension, je l'ai dit, immédiate. Moi, j'aurai vraiment une politique très ferme par rapport à tout ce qui relève de l'intégrité, de la corruption, si elle est avérée évidemment, à ce stade, ce n'est pas le cas,

 

 

 

 

BH                  : - Mais pour l'instant, c'est trop tôt que pour parler d'écartement ?

 

 

 

 

JM                 : - Mais des mesures sont prises évidemment à l'interne, en attendant la décision de la Justice. Et par ailleurs, nous avons organisé, j'ai encore vu la Commissaire générale hier soir pour mettre cela en place, nous allons demander au Comité P de faire toute une analyse et un screening des marchés publics, par mesure préventive et par précaution puisque nous n'avons toujours pas de décision judiciaire en la matière, nous renforçons tout ce qui relève de l'audit interne et les procédures proactives de contrôle sur,

 

au fond, d'abord, les choix budgétaires mais aussi sur l'utilisation tant en terme de comptabilité qu'en terme de marché public. Ca me semble indispensable de mettre toutes les garanties dans les Services publics et dans la Police en particulier, en terme d'exemple.

 

 

 

 

BH                  : - Alors nous sommes à la veille du week-end du premier tour en France, Joëlle Milquet, élections présidentielles bien sûr. Est-ce que vous soutenez toujours François Bayrou ?

 

 

 

 

JM                 : - Mais écoutez, moi, j'essaie d'être cohérente, moi, je trouve qu'en tout cas, je ne sais pas s'il passera au premier tour ou pas, ce n'est pas,

 

 

 

 

BH                  : - Manifestement selon les sondages, non ?

 

 

 

 

JM                 : - Oui, d'accord, ce n'est jamais les sondages qui donnent la qualité d'un être humain. Je trouve que voilà un homme qui est équilibré, qui est profond, qui a des valeurs, qui est honnête et qui a énormément d'intelligence et qui donne un discours équilibré et qui essaie d'éviter cet espèce de combat idéologique droite-gauche et il vient avec une vision humaniste, centriste, mais très ferme et très radicale sur les grands projets et c'est un Européen convaincu.

 

 

 

 

BH                  : - Au deuxième tour, entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, si les sondages tablent dans le juste, ce sera donc eux qui seront au deuxième tour. Est-ce que vous préférez la victoire de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande ?

 

 

 

 

JM                 : - Ah, c'est toujours, d'abord, j'attendrai de voir qui est au second tour.

 

 

 

 

BH                  : - Il n'y aura sans doute pas de surprise quand même ?

 

 

 

 

JM                 : - Avant de m'exprimer. Si vous dites un, on va dire que vous êtes de droite ; si vous dites l'autre, on va dire que vous êtes de gauche, quoi que maintenant qu'on voit que les chiraquiens votent pour Hollande, je suppose que,

 

 

 

 

BH                  : - Vous êtes aussi pour Hollande ?

 

 

 

 

JM                 : - On veut avoir,

 

 

 

 

BH                  : - On vous voit plus mal voter Sarkozy que Hollande, quand même ?

 

 

 

 

JM                 : - Je trouve qu'il y a des choses intéressantes dans ce que dit François Hollande et dans sa personnalité et je vous dirais aussi que, n'étant pas une grand fan à priori, du tout de Nicolas Sarkozy, je trouve qu'il y a eu un déchaînement excessif aussi contre son action qui en tous points, n'a pas toujours été si mauvaise. Donc moi, j'aime toujours garder un peu de distance et un peu d'équilibre dans ces analyses.

 

 

 

 

BH                  : - Et centriste jusqu'au bout, Joëlle Milquet. On se retrouve à 8:35 heures pour Questions Publiques.

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