"Les Soviétiques" ou quand la RTB filmait au-delà du rideau de fer

Les Soviétiques - Portrait d'un candidat officier

© Sonuma

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Par Isabelle Louette avec Marie Michiels

Durant la guerre froide, une série de portraits aux profils totalement différents, a été tournée par la RTB dans les années '60, notamment dans les grandes villes d’URSS. Étonnamment, ces documentaires ont été financés par les Américains curieux de voir ce qu’il se passait derrière le rideau de fer.

Le journaliste Phillipe Dasnoy et le réalisateur Jean Antoine aujourd’hui décédés, sont à l’origine de ces petits bijoux historiques. Treize documentaires de 26 minutes regroupés sous le nom "Les Soviétiques", ont été tournés non seulement en Russie, mais aussi en Ouzbékistan, en Arménie, en ou encore à Tbilissi en Géorgie.

Filmer dans ces régions à l’époque du rideau de fer durant de nombreux mois, (le réalisateur et le journaliste ont fait des aller et retour Belgique-Russie pendant deux ans), était tout à fait exceptionnel. Ces portraits de personnes comme un instituteur, une actrice, une gymnaste, un pilote ou encore un officier révèlent d’intéressantes tranches de vies. On voit dans quel univers ils évoluent, ce que l’on mangeait à l’époque, comment les rues vivaient, comment les magasins fonctionnaient.

Des tournages pas faciles mais étonnants

Le réalisateur et le journaliste ne pouvaient pas faire un pas sans qu’on leur mette des bâtons dans les roues, mais ils ont vite compris comment s’y prendre. Ils ont soulevé toute une série de sujets vers lesquels ils ne voulaient pas aller et c’est justement vers ceux-là que la télévision russe les a entourés et dirigés. L’un des documentaires parle d’un candidat officier militaire. On le voit se promener au bras de sa fiancée, se réveiller le matin en caleçon, mais on le voit également participer à une simulation de bataille. "On nous a permis de filmer une sorte de restitution de combats. On m’a demandé combien de soldats et de chars d’assaut je souhaitais et tout était aligné lorsque je suis arrivé. On m’a demandé de monter dans un char et de donner les ordres", se souvenait Jean Antoine avec humour.   

Qualité et financement

Les documentaires sont de qualité et ont été filmés en couleurs, ce qui est assez rare à l’époque. Mais l’histoire du financement du projet est lui aussi exceptionnel.  Eric Loze est le responsable éditorial de la SONUMA, la société qui numérise et valorise les archives audio-visuelles de la RTBF. Jean Antoine lui a raconté peu avant sa mort comment les Américains ont pris contact avec la RTB. "Nous étions en pleine guerre froide et les Américains voulaient des informations sur l’Union Soviétique car ils ne pouvaient pas le faire eux-mêmes vu leur accès limité en Russie. Ils ont donc cherché une télévision de référence en Europe qui pourrait plus facilement obtenir les autorisations. La RTB a accepté et les Américains ont financé le projet. Les infos seraient ensuite passées via la chaine de télévision ABC".

Pour la petite histoire, les Américains n’ont ensuite jamais demandé à obtenir l’entièreté de cette série. "Peut-être ont-ils vu le résultat via d’autres canaux", conclut Eric Loze.  

Projections

A presque 100 ans de la révolution russe, Flagey projettera, dans le cadre des Russian Days, deux de ces épisodes, le samedi 17 décembre au Studio 5, et toute la série de ces documentaires sera projetée en continu le dimanche 18 décembre après-midi au Studio 3.

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