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Animaux

Ce puceron est un manipulateur

Pour la première fois des chercheurs du CNRS et de l'Inra ont montré comment le puceron manipule les défenses de la plante pour mieux la parasiter.
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Puceron
Le puceron manipule la plante pour percer ses défenses naturelles.
Elodie NAESSENS-LECOCQ

TUEUR. Il est tout petit, végétarien - les scientifiques disent "phytophage" - et semble inoffensif. Pourtant, le puceron est un tueur, ou plutôt un ravageur, un parasite assoiffé de sève, qui pompe à peu près tout ce qui pousse dans un champ, un jardin, un potager ! Des chercheurs de l’institut Sophia Agrobiotech à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), révèlent maintenant que c’est aussi un redoutable manipulateur. Les équipes de Christine Coustau et Harald Keller viennent en effet de publier dans la revue Current Biology des travaux montrant comment cet insecte parvient à neutraliser les mécanismes de défense de la plante.

Dans l’article, les biologistes étudient deux espèces très répandues, le puceron du pêcher et celui du pois. Ils y découvrent la présence de protéines appelées MIF, impliquées dans leurs défenses immunitaires. Une surprise puisque l’on pensait jusque-là que ces molécules étaient surtout cantonnées au système immunitaire des vertébrés et notamment de l’homme. Toutefois d'autres travaux récents ont révélé que ces molécules étaient aussi utilisées par des vers parasites et des tiques pour manipuler le système immunitaire des mammifères.  

SALIVE. Autre surprise : les chercheurs remarquent en plus, que l’une de ces protéines, MIF1, est présente dans la salive des pucerons. De quoi suggérer un rôle, non pas dans l’immunité de l’animal, mais dans son alimentation. Et a priori, c’est bien le cas, puisque si l’on empêche la sécrétion de cette MIF1 en bloquant son gène, les pucerons ne peuvent plus se nourrir et meurent.

Mais la réalité est un peu plus compliquée : "Le rôle de MIF1 consiste à bloquer les nombreuses défenses immunitaires du végétal. Un exemple : quand pour accéder à la sève, le parasite “pique” la plante, celle-ci se défend en produisant un polymère très résistant qui vient renforcer la paroi végétale. MIF1 bloque cette réaction", explique Christine Coustau.  

DÉFENSES. D’où l’hypothèse inédite des biologistes pour expliquer que la molécule puisse agir aussi librement sans être neutralisée par la plante : les MIF seraient certes présentes chez les animaux… mais aussi chez les plantes ! Mieux, elles pourraient y tenir là-aussi un rôle important dans leur réponse immunitaire. Et c’est justement là qu’intervient la manipulation du puceron. L’animal mimerait ces molécules pour percer et neutraliser les défenses de la plante.

Ces travaux révèlent aussi pour la première fois que des parasites de plantes peuvent utiliser la même stratégie de manipulation que celle utilisée par les parasites d’animaux, comme les tiques et les vers.

Reste à élucider précisément l’action de ces MIF chez les plantes, comment elles agissent sur leurs défenses. Des investigations déjà entreprises par l’équipe de Sophia, qui ouvrent un nouveau champ de recherches sur la protection des plantes contre leurs parasites.

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