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Archéo & paléo

Castillon, 17 juillet 1453 : le canon, arme fatale de la guerre de Cent Ans

Une innovation déterminante, l’artillerie mobile, a permis aux Français de l’emporter sur les Anglais qui leur disputaient depuis 1337 la Normandie, l’Anjou et l’Aquitaine. C'est la rubrique "Batailles", publiée dans #Sciences 1, par Jean-François Poulain.

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L'illustration de Loïc Derrien pour #Sciences 1 et sa rubrique Batailles.

L'illustration de Loïc Derrien pour #Sciences 1 et sa rubrique "Batailles".

© Loïc Derrien

Chaque mois, dans #Sciences (prononcez Hashtag Sciences), le magazine pour les jeunes conçu par Sciences et Avenir, notre journaliste Jean-François Poulain raconte comment une grande bataille de l'histoire a été bouleversé par une innovation technique. La rubrique du numéro 1, daté juillet-août 2019, est consacrée aux premiers usages des canons.

Nous sommes à une journée de cheval de Bordeaux. Ce 17 juillet 1453, près de 9.000 Anglais avancent au milieu des bois, bien décidés à surprendre le Français André de Lohéac et ses 8.000 soldats. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que ces mêmes Français ont construit un camp retranché hérissé de canons. Et que cette journée va sceller la fin de la présence anglaise en France en même temps que l’issue d’un conflit qu’on appellera bientôt la « guerre de Cent Ans » ! Cette victoire, elle doit être attribuée à un homme : Jean Bureau, créateur de la première artillerie de campagne, des canons mobiles, montés sur roues…

Tout commence en 1337, quand les rois d’Angleterre revendiquent, par héritage, le royaume de France. Originaires d’Anjou (l’actuel Maine-et-Loire), ils possèdent déjà cette région, l’Aquitaine et la Normandie. Leur territoire « français » est presque trois fois plus grand que celui de la couronne de France, et la guerre qu’ils mèneront augmentera encore leurs possessions. Mais le roi de France Charles VII (1403-1461), après avoir réorganisé son armée, parviendra à annexer l’ensemble du domaine anglais. Après la bataille de Formigny (près de Caen), en 1450, il s’empare de la Normandie. Avec celle de Castillon, en 1453, il met la main sur l’Aquitaine. C’est aussi la bataille qui voit l’artillerie, pour la première fois, jouer le rôle principal. Ce ne sera pas la dernière…

Chronologie d’un combat décisif

1. ÉDIFICATION DU CAMP

L’armée française, forte de 8 000 hommes, construit un camp fortifié dans une plaine proche du château de Castillon. Jean Bureau, maître artilleur, y installe 300 « bouches à feu » (canons et armes portatives).

2. ATTAQUE DES ANGLAIS

Les 9 000 soldats de l’armée anglaise, Anglais et surtout Gascons (originaires d’Aquitaine), sortent de la forêt qui cachait leur progression et bousculent l’avant-garde française, qui se replie.

3. TIR DES CANONS

Les Anglais, commandés par John Talbot, multiplient les assauts contre les soldats français. D’abord repoussés, ceux-ci retournent la situation grâce aux 300 canons de Jean Bureau qui déciment les assaillants.

4. ARRIVÉE DES RENFORTS

Les 1 000 Bretons, envoyés garder les hauteurs du camp, sont enfin appelés en renfort. Ils attaquent de flanc l’infanterie anglaise, déjà affaiblie. John Talbot, atteint par une balle, tombe. C’est la panique.

5. FUITE DES ANGLAIS

Les Anglais et les Gascons fuient vers le château de Castillon, qui tombe trois jours plus tard, ou vers Bordeaux. Nombre d’entre eux, alourdis par leurs tenues, se noient en tentant de traverser la Dordogne à la nage.

Un artilleur précurseur Jean Bureau (1390-1463) est le premier, en Occident, à avoir utilisé massivement l’artillerie sur un champ de bataille. Les Chinois inventent les armes à feu vers 900, transmettent leur utilisation aux Mongols, puis aux Arabes avant qu’elles ne soient employées vers 1325 en Europe. Jean Bureau, assisté de son frère Gaspard, va révolutionner l’artillerie et transformer la bombarde (immobile) en canon, en développant l’affût (le support du canon) à roues et les tourillons, deux axes sur les côtés du tube qui permettent de régler la portée. Il sera fait Grand Maître de l’artillerie du roy et seigneur de Noisy-le-Sec (en Seine-Saint-Denis).

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