Nous y voici. La petite amie de Clyde tarde à se montrer. Si la salle n'atteint pas ses limites de capacité, le public présent semble attendre fébrilement celle qui enflamma leur cœur d'adolescent. Ok, sans doute pas mal d'aficionados heureux de retrouver sur scène, celle qui en disparu il y a 5 ans. Sont-ce uniquement des nostalgiques ? Pour avoir écouté Borderlove, ils risquent d'être déçus.
Arrivent donc Denis Clavaizolles aux claviers, Alice Botté à la guitare, ascétique et dégingandé, Nicolas Tanda à la batterie, Brad Scott à la basse et finalement, Buzy en dandy distante, voire timide (intimidée ?).
"Ca ressemble à des retrouvailles."
"J'adore" démarre aussi sec. En voiture pour l'inventaire. Si on l'attendait côté variétés, elle va surprendre par de bons vieux riffs bien rock.
Sa voix cassée résonne caverneuse et envoûtante. A peine le temps d'applaudir et on repart pour "Borderlove" où le bassiste qui fut de ses tournées au Japon assène un gros son à la Joy Division. Réjouissant. Ca se trémousse dans les rangs.
Les musiciens prennent leurs marques et Buzy semble un peu se détendre, même si, entre chaque morceau, elle semble s'excuser d'être là. Faut dire que son oreillette semble lui chatouiller désagréablement les tympans.
Les morceaux s'enchaînent jusqu'à "La stratégie de la Solitude", première apogée du concert, où la voix de Buzy prend une ampleur exorciste.
Sur "Les Papillons", qu'elle chante en duo avec Daniel Darc sur l'album, débarque Bernard Lavilliers.
Et là où la voix fragile et incertaine de Daniel Darc apportait de la profondeur à l'espoir du titre, c'est le poing vengeur (de quoi, ça j'ai pas bien compris) de Lavilliers qui en fait une lecture de chanson engagée.
Erreur de casting. Buzy explique à l'issue du morceau que vient de se réaliser un de ses rêves de jeune fille… Bon. On a tous des rêves. Faut-il pour autant les réaliser ?
S'ensuit "Lequel des deux" qui ouvre la voix à 5 titres sortis entre 83 et 89 : "Keep Cool" (88), "Shepard" (89), "Body Physical" (86) , "Adrian" (83) et "Baby Boom" (87).
Même orchestration qu'à l'époque, nappes et cuivres de synthé. Incontestablement une partie du public exulte. Faut dire que "Body physical" et son ambiance "Cargo de nuit" c'est vraiment bien…
Mais la vraie bonne nouvelle c'est que ces titres passent moins bien que tous ceux de Borderlove.
Ah si, si, c'est une vraie bonne nouvelle : Borderlove impose un univers nouveau et cohérent dans le paysage Buzy ; ce n'est pas une excuse pour nostalgiques !
Du coup quand Alice Botté entame la ligne de "Décadents", on a l'impression que tous les comptes sont soldés, qu'elle est quitte et peut être Buzy, et chanter en 2005.
Seul regret ? Point d'Eudeline sur "Décadents", comme Buzy nous en avait évoqué la possibilité lors de l'interview. Toutefois, des coulisses, on pouvait voir émerger les bras d'un admirateur exalté qui secouaient en cadence une flasque Négrita (à moins que ce ne fut Courvoisier) avec enthousiasme…
La belle tenta de partir mais n'en fut réellement quitte avec son public qu'après un "Extraterrestre" touchant, sur lequel le guitariste Yann Péchin vint slider avec insipration.
Note pour ceux qui ont lu l'interview : J'ai vérifié à l'issue du concert : elle riait à belles dents !
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