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Décryptage

Les petits pas de côté d'Edouard Philippe en vue de la présidentielle

L'ancien Premier ministre a publié ce mercredi « Des lieux qui disent » (JCLattès), sorte de géographie intime, prétexte à des pérégrinations sur les thèmes de l'école, la santé, la laïcité… Une manière, aussi, pour celui qui dit vouloir « rassembler », de construire son propre « en même temps » politique en vue de la présidentielle de 2027.

L'ancien Premier ministre Edouard Philippe fait un pas de plus vers la présidentielle de 2027 en publiant un nouvel ouvrage ce mercredi.
L'ancien Premier ministre Edouard Philippe fait un pas de plus vers la présidentielle de 2027 en publiant un nouvel ouvrage ce mercredi. (Syspeo/SIPA)

Par Isabelle Ficek

Publié le 13 sept. 2023 à 18:30Mis à jour le 13 sept. 2023 à 18:56

Edouard Philippe fait un nouveau pas vers la présidentielle de 2027. L'ancien Premier ministre a publié ce mercredi un nouveau livre, « Des lieux qui disent » (JCLattès), sorte de géographie intime qui lui permet, au travers de lieux qui ont marqué son histoire personnelle, de montrer l'état de sa réflexion sur l'école, la santé, la laïcité, la justice, la possibilité des réformes…

« Rien d'un programme », prévient-il, mais des directions, des pistes, des interrogations, aussi, encore loin d'être tranchées. Mais c'est l'occasion pour le président fondateur du parti Horizons - dont les journées parlementaires se tiennent en fin de semaine à Angers -, de se lancer dans une série de dédicaces en France et de reprendre la parole (« Paris Match », TF1, France Inter, « Le Monde »…). Il répond aussi, avec un peu moins de circonvolutions que jadis sur ses ambitions présidentielles pour 2027. « Je ne sais pas ce que sera la présidentielle de 2027 […] mais j'ai une idée assez claire, oui, sur la façon, dont, s'agissant de moi, les choses pourraient se passer », a-t-il affirmé ce mercredi sur France Inter.

Barrès et Blum

Edouard Philippe mise sur la vision et la stratégie dont ce nouveau livre est l'une des briques. Avec des pas de côté par rapport à Emmanuel Macron, mais aussi des réflexions similaires sur le fond. « J'ai des proximités avec le président de la République […], je ne vais pas m'en excuser […] mais je ne suis pas totalement identique à lui ni en termes de style ni même sur toutes les convictions », a-t-il souligné sur France Inter.

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Celui qui était entré à Matignon en clamant être un « homme de droite » et demeure le favori de la droite et du centre dans les sondages, sans être repoussoir pour la gauche , fait aussi quelques pas de côté sur ce terrain-là. Certes, il cite Maurice Barrès, mais ne cache pas son immense admiration pour Léon Blum.

L'école ? « Aucun sujet n'est plus important », écrit celui qui fait référence à Charles Péguy pour son diagnostic. « Les crises de l'enseignement ne sont pas des crises de l'enseignement, elles sont des crises de vie […] les crises de vie sociales s'aggravent, se ramassent, culminent en crises de l'enseignement », cite Edouard Philippe qui prône une « politique de refondation complète, adossée à des moyens importants et portée par une équipe politique forte »…

Il suggère « quatre directions » : la « priorité aux petites classes », une plus grande autonomie des établissements, une réflexion à avoir sur les rythmes scolaires mais aussi les parcours d'excellence et une priorité mise sur la formation, le recrutement et la rémunération des enseignants. Sur ce dernier point, il n'en fait pas une « contrepartie » contrairement au pacte d'Emmanuel Macron . « Il faut augmenter les professeurs et l'école doit fonctionner autrement. […] ce n'est pas en contrepartie mais parce qu'ils sont tous les deux indispensables. »

« Lectures obscurantistes » et « délires zemmouristes »

Sur la santé, il loue les solutions qui viennent du terrain. Comme en écho à la méthode des CNR (Conseil national de la refondation) locaux. Sur l'islam, il s'interroge sans fard, face aux « lectures obscurantistes » qu'en font certains, sur la question « d'un droit et d'une organisation spécifiques […] si notre pays entend poursuivre son aventure nationale en conservant la laïcité ». Mais il n'en dénonce pas moins « les délires zemmouristes sur la pureté de la nation et les injonctions adressées aux musulmans de choisir entre l'islam et la France ».

Enfin, et c'est plus qu'un pas de côté par rapport à Emmanuel Macron, Edouard Philippe insiste sur la « distinction des fonctions présidentielle et gouvernementale. […]. Il convient que le président préside et que le Premier ministre gouverne ». Il souligne aussi à quel point une majorité parlementaire est « une condition indispensable de l'action ».

Coalitions

Lui qui avait plaidé l'an dernier pour une coalition et n'a jamais montré beaucoup d'enthousiasme sur la théorie du « dépassement » des clivages défendue en 2017 par Emmanuel Macron, partage toutefois l'idée que « la ligne de fracture entre la gauche et la droite n'est pas la plus pertinente pour expliquer les grandes divisions sur les sujets d'importance ».

Mais il ne croit pas en leur dissolution en un grand bloc central et préfère à nouveau mettre en avant les coalitions. Conscient, sans doute, face à la force des extrêmes, que se définir en homme de droite, risque de ne pas être suffisant pour « rassembler ».

Isabelle Ficek

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