Un peu partout dans le département de l’Orne – et les départements alentour – des cas de chenilles processionnaires du pin ou du chêne ont déjà été signalés. Très urticantes, elles peuvent provoquer des irritations plus ou moins graves chez les humains (éternuements, maux de gorge, difficultés respiratoires, conjonctivites, œdèmes de Quincke, voire chocs anaphylactiques) ainsi que chez les animaux (bave, nécroses de la langue…).
Problèmes respiratoires
En mai 2017, Françoise Girault, une habitante de Sainte-Gauburge expliquait dans les colonnes du Réveil normand, qu’elle avait découvert récemment des nids de chenilles processionnaires dans le pin de son jardin et les méthodes utilisées pour s’en débarrasser (destruction des nids accessibles par le feu, éco-pièges pour les autres et pièges à phéromones pour les chenilles qui auraient eu le temps de se transformer en papillons). En novembre 2017, c’était cette fois un habitant de La Ventrouze qui signalait également de nombreux nids de chenilles processionnaires dans les pins de sa propriété.
Françoise Girault pensait que la combinaison de ces différents moyens allait débarrasser son pin de ses envahissantes locataires, mais elle s’est aperçue récemment qu’elles étaient toujours présentes et toujours aussi urticantes. « J’avais à nouveau des problèmes de respiration et d’allergies. Mon petit-fils ne pouvait plus aller dans la cour. ». Elle a choisi d’abattre l’arbre. « La seule solution » selon elle. « Le problème, c’est qu’il y en a de plus en plus, comme à Echauffour sur le terrain de foot et que rien n’est fait ».
Depuis 2008
Ces deux Ornais ont eu le bon réflexe de prévenir la Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) qui leur a donné des conseils pour tenter de s’en débarrasser mais qui manque cruellement de moyens pour agir. « Comme toujours, le nerf de la guerre, ce sont les finances », pointe David Philippart, directeur de la Fredon ex-Basse-Normandie qui précise que l’arrivée des chenilles processionnaires dans l’Orne avait été signalée dès 2008 à la DDAF (Direction départementale de l’agriculture et de la forêt devenue depuis DDT – direction départementale des territoires), signalement resté sans suite jusqu’à ce jour. « On savait qu’on allait avoir un problème sanitaire », souligne-t-il.
Dix années auront donc été nécessaires pour que l’administration ornaise se décide enfin à agir et pourtant, « l’Orne est le département le plus touché de Normandie. C’est dommage qu’il faille être au pied du mur pour bouger ».
Eradication impossible
En 2018, une campagne de communication est prévue afin d’informer la population sur certains nuisibles qui prolifèrent dont la chenille processionnaire du pin et du chêne, le frelon asiatique ou encore le bombyx cul brun (chenilles). « On va se servir de l’expérience de la Manche et du Calvados », ces deux départements s’étant préoccupés du problème depuis quelques années déjà.
Cette campagne de communication sera une première étape. On devrait y trouver des conseils pour lutter individuellement contre les chenilles processionnaires et les autres nuisibles. « Il y a des choses à faire qui donnent de bons résultats, assure David Philippart, mais pour autant « aucune solution ne permet de les éradiquer complètement ». La méthode la plus efficace – mais que les hommes ne maîtrisent pas – reste les gelées précoces, à moins 7-8 ° pendant plusieurs jours, et/ou des hivers très rigoureux, ce que nous n’avons pas eu depuis une dizaine d’années. A défaut, les éco-pièges fonctionnent très bien. « En ce moment, c’est l’idéal. Les chenilles sont dans les nids la nuit et elles sortent la journée mais attention, il faut mettre des pièges dans chaque pin infesté ». De son côté, l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) travaille sur une méthode originale basée sur la confusion sexuelle.
Faire remonter l’information
Bien que tous les signaux soient désormais au rouge, il n’est pas prévu, semble-t-il, un plan de lutte au niveau départemental, comme cela se fait régulièrement pour les ragondins, par exemple. La meilleure solution reste donc que chacun prenne en charge « ses » chenilles processionnaires et surtout, fasse remonter l’information auprès de sa mairie, de la Fredon et de la DDT.
Plus il y aura de cas signalés et plus les chances qu’une lutte collective se mette en place augmenteront.
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