Rémouleur, définition du dictionnaire Larousse : « Personne dont l’activité, souvent ambulante, consiste à aiguiser les lames d’instruments tranchants. » Avec en sus cette image d’Épinal et un brin surannée du vieux bonhomme flanqué de sa meule qui passait autrefois sur les places des villages en agitant une cloche pour attirer l’attention des chalands.
C’est pourtant un jeune homme de 32 ans et bien dans son siècle qui vient de se lancer dans ce métier.
« Si vous réfléchissez bien, on a encore besoin d'avoir des outils coupants et tranchants. C'est le cas des cuisiniers, mais aussi des bouchers, des coiffeurs, des podologues... Beaucoup n'ont pas le temps d'affûter leurs ustensiles eux-mêmes et font appel à des entreprises qui se situent hors du département, je trouvais ça dommage. »
Il a donc créé sa petite entreprise appelée Le Rémouleur-Affûtage itinérant en Cotentin. Et les débuts sont prometteurs. « J’ai été invité à la fête de Saint-Martin-le-Hébert pour une première approche avec la clientèle et ça a super bien marché. J’ai poursuivi avec la foire de Brix et à Isigny-sur-Mer, je ferai les Puces des couturières le 14 novembre à la Cité de La Mer. La boucherie Jehan Leconte, à Bricquebec, où je réside, ainsi que des coiffeurs, charcutiers, couturières me font déjà confiance. »
Virage à 180 degrés
C’est un virage à 180 degrés qu’a pris ce trentenaire touche-à-tout originaire de Seine-Maritime. Après le bac, il s’inscrit à un DUT mesures physiques option matériaux, abandonné en cours de route pour aller travailler dans une petite société de recyclage de coproduits, près d’Evreux. Puis il reprend des études jusqu’à obtenir un master II de responsable qualité, sécurité, environnement (QSE) et administration des entreprises qui lui permet d’occuper des postes assez élevés.
Au gré des opportunités d’emploi pour son épouse, ingénieure, et lui-même, Julien Colé a déjà pas mal bourlingué, jusqu’à ce que le couple s’installe dans le Cotentin il y a quelques années. « Mon dernier poste, auprès d’une entreprise de travaux publics, était super enrichissant, mais j’avais une certaine lassitude. Nous sommes une famille de bricoleurs avertis, je travaille beaucoup le bois à mes heures perdues, une activité qui nécessite d’avoir de bons outils coupants. Je consulte alors des forums, tout cela chemine dans ma tête. En mai 2020, en plein confinement, j’avais déjà une vision du métier de rémouleur tel que je voulais le pratiquer », raconte-t-il.
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Les mois qui suivent lui permettent de se faire les dents et d’aiguiser ses recherches. Il part à Strasbourg auprès d’un professionnel, Nicolas Risser.
Un camion-atelier
Dans quelques jours, ce sera Noël avant l’heure pour Julien Colé. A la place de la charrette du rémouleur d’antan, il aura bientôt son camion-atelier. Le but est d’aller vers la clientèle.
« J'irai sur des manifestations, les petits marchés locaux, mais j'irai aussi apporter les prestations à domicile et même en entreprise. »
Il songe également à démarcher les collectivités pour leurs services espaces verts. Il s’est par ailleurs rapproché d’un coutelier de Tourlaville, Adrien Depirou, pour proposer à la vente une gamme de couteaux « accessibles mais de bonne qualité ». Mais le jeune artisan cible encore autre chose à terme : avoir un atelier fixe d’affûtage industriel.
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