Paul DELVAUX. Maître du rêve (extrait)

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DELVAUX

Paul Delvaux. Maître du rêve invite à une exploration unique dans l’univers artistique de l’un des plus importants peintres belges surréalistes du XXe siècle. Peuplé de squelettes, de temples antiques déserts et glacés, de femmes impassibles et silencieuses, de couples ambigus, de gares désertées, de trains ou de trams fantomatiques…, le monde singulier et envoûtant de Paul Delvaux se déploie tel un curieux petit théâtre des rêves les plus intimes sous le regard fasciné des spectateurs. Rassemblant une sélection d’œuvres majeures issues essentiellement d’une collection particulière belge et agrémentées de quelques pièces clefs issues de musées de Belgique, cet ouvrage met en lumière une production artistique aussi mystérieuse que prolifique révélant la force poétique, la richesse et la liberté créatrice d’un surréaliste atypique.

PAUL DELVAUX

Maître du rêve

Maître du rêve

En couverture Paul Delvaux La Terrasse 1979 Huile sur toile 150 × 150 cm Bruxelles collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

En 4e de couverture Paul Delvaux peignant le tableau L’Acropole 1966 Bruxelles Fondation Paul Delvaux

978-2-7572-1299-8 35€

PALAIS LUMIÈRE Ville d’Évian

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DELVAUX

Paul Delvaux. Maître du rêve invite à une exploration unique dans l’univers artistique de l’un des plus importants peintres belges surréalistes du XXe siècle. Peuplé de squelettes, de temples antiques déserts et glacés, de femmes impassibles et silencieuses, de couples ambigus, de gares désertées, de trains ou de trams fantomatiques…, le monde singulier et envoûtant de Paul Delvaux se déploie tel un curieux petit théâtre des rêves les plus intimes sous le regard fasciné des spectateurs. Rassemblant une sélection d’œuvres majeures issues essentiellement d’une collection particulière belge et agrémentées de quelques pièces clefs issues de musées de Belgique, cet ouvrage met en lumière une production artistique aussi mystérieuse que prolifique révélant la force poétique, la richesse et la liberté créatrice d’un surréaliste atypique.

PAUL DELVAUX

Maître du rêve

Maître du rêve

978-2-7572-1299-8 35€

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Palais Lumière Évian 1er juillet au 1er octobre 2017

© Somogy éditions d’art, Paris, 2017 © Palais Lumière, Évian, 2017 © Foundation Paul Delvaux Museum – St.-Idesbald – Belgium pour les œuvres de Paul Delvaux © ADAGP, Paris, 2017 pour les œuvres de Magritte, Dali et De Chirico Ouvrage réalisé sous la direction de Somogy éditions d’art Directeur éditorial : Nicolas Neumann Responsable éditoriale : Stéphanie Méséguer Suivi éditorial : Elsa Whyte Conception graphique : Élise Julienne Grosberg Contribution éditoriale : Nathalie Chevalier Fabrication : Béatrice Bourgerie et Mélanie Le Gros ISBN 978-2-7572-1299-8 Dépôt légal : juin 2017 Imprimé en Union européenne

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En couverture Paul Delvaux La Terrasse 1979 Huile sur toile 150 × 150 cm Bruxelles collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

En 4e de couverture Paul Delvaux peignant le tableau L’Acropole 1966 Bruxelles Fondation Paul Delvaux

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Sommaire

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Préface du maire d’Évian Préface des autorités communales d’Ixelles, Bruxelles

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Essais

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Paul Delvaux, passeur du temps, William Saadé Delvaux, poésie et mystère, Pierre Ghêne Peindre le rêve, Claire Leblanc L’avant-garde surréaliste en Belgique et Paul Delvaux, Denis Laoureux Paul Delvaux, vie et œuvre, Laura Neve

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Catalogue

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Féminité Poésie, mystère et fantastique Les squelettes Le rêve La théâtralité Le voyage, l’évasion Solitude et recueillement

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Annexes

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Biographie Bibliographie Liste des œuvres exposées Crédits photographiques

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Remerciements

Marc Francina, député-maire d’Évian Magali Modaffari, adjointe au maire chargée des grandes expositions

Le conseil municipal

Remercient : Mme Dominique Dufourny, bourgmestre de la commune d’Ixelles M. Yves de Jonghe d’Ardoye, échevin de la Culture à la commune d’Ixelles Et les membres du Collège des bourgmestres et échevins de la commune d’Ixelles Mme Claire Leblanc, directrice et conservatrice du musée d’Ixelles, commissaire scientifique de l’exposition M. William Saadé, conservateur émérite du patrimoine, conseiller scientifique et commissaire général de l’exposition

Adressent toute leur gratitude aux prêteurs, responsables de collections publiques ou privées, sans qui cette exposition n’aurait pu avoir lieu : Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, M. Michel Draguet, directeur général Mu.ZEE, collections de la province de Flandre occidentale et de la Ville d’Ostende, M. Philippe Van den Bossche, directeur et conservateur Musée des Beaux-Arts de Gand, Mme Catherine de Zegher, directrice et conservatrice Musée d’Ixelles, Bruxelles, Mme Claire Leblanc, directrice et conservatrice Musée d’Ixelles, Bruxelles, Mme Anne Carre, responsable des collections permanentes, ainsi que l’ensemble de l’équipe Mme et M. Nicole et Pierre Ghêne, collectionneurs

Ainsi que : Mme Martine Gautot, présidente de la Fondation Paul Delvaux Friends of the Paul Delvaux Museum

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Les commissaires d’exposition tiennent également à remercier les personnes pour l’aide qu’elles ont apportée à la préparation de l’exposition et de son catalogue : Auteurs des textes : M. Denis Laoureux, docteur en histoire de l’art et archéologie, professeur de l’Université libre de Bruxelles Mme Laura Neve, historienne de l’art M. Pierre Ghêne, collectionneur Mme Claire Leblanc, docteur en histoire de l’art et archéologie, directrice et conservatrice du musée d’Ixelles à Bruxelles M. William Saadé, conseiller scientifique et commissaire général de l’exposition

Scénographie de l’exposition : M. Sylvain Roca, scénographe, architecte d’intérieur, design Agences photographiques – Droits d’auteur : Fondation Paul Delvaux, ADAGP Agence de presse L’Observatoire : Mme Véronique Jeannot, gérante et créatrice de l’agence, et Mme Aurélie Cadot Avec la contribution du personnel de la ville d’Évian

Cette exposition est réalisée avec le soutien des Amis du Palais Lumière et plus particulièrement celui de son président, M. Olivier Collin

Membres de soutien :

Membres bienfaiteurs :

Mécènes :

Jacques Baud Jean-Alexis Bouvier Monique de Stoutz Noël Duvand Evian Resort Thierry Hominal Josette Senaux-Granjux Dr Françoise Tochon Christophe Vanlerberghe Marcel Heider Jérôme Pittet

Lunea groupe (Philippe Ducreux) Marie-Gabrielle Vanderlinden Nicole Jagstaidt

Dr Olivier Collin Bernard Fumex François Ducrot

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Préface

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e me réjouis que le Palais Lumière accueille une exposition consacrée à Paul Delvaux, artiste surréaliste du XXe siècle. Grâce à la création d’un parcours thématique, l’exposition met à l’honneur une figure de l’art belge trop rarement exposée en France malgré son extrême talent. Le corps féminin, le mystère, l’évasion sont autant d’indices qui nous font plonger dans le monde onirique représenté par Paul Delvaux et la force poétique de ses tableaux. Signe de la grande qualité tant de son œuvre que de sa personne elle-même, le poète Paul Éluard ou le cinéaste belge Henri Storck ont vu en Paul Delvaux une source d’inspiration et ont cherché à faire découvrir au public la richesse de son art. Je tiens à remercier chaleureusement monsieur Pierre Ghêne, qui a consacré comme collectionneur une partie de sa vie à l’œuvre de l’artiste, ainsi qu’à son épouse Nicole qui l’a suivi dans sa démarche passionnée. Je remercie également le musée d’Ixelles pour le partenariat autour de l’organisation de cette exposition, la Fondation Paul Delvaux, le musée des Beaux-Arts de Charleroi, le musée des Beaux-Arts de Gand, le mu.ZEE à Ostende et les musées royaux des Beaux-Arts à Bruxelles. Ces partenariats avec notre Palais Lumière témoignent de la reconnaissance dont bénéficie notre établissement dans le milieu culturel et je m’en félicite. J’adresse un remerciement particulier à madame Claire Leblanc, conservatrice du musée d’Ixelles, commissaire scientifique de l’exposition avec notre conseiller scientifique monsieur William Saadé. Ils ont réussi, avec l’aide d’une scénographie signée Sylvain Roca, à mettre en lumière très justement l’œuvre de Paul Delvaux. Enfin, j’ai une pensée particulière pour mon adjointe, madame Magali Modaffari que je remercie pour son implication et l’énergie qu’elle met avec ses équipes pour présenter des expositions d’aussi grande qualité. Je souhaite adresser mes remerciements à nos partenaires institutionnels que sont le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes et le conseil départemental de Haute-Savoie pour leur soutien constant au moment où la culture est trop souvent perçue comme secondaire alors même qu’elle participe à notre apprentissage. C’est avec un grand plaisir que je vous laisse entrer dans l’univers des rêves de Paul Delvaux ou de venir découvrir, à travers une scénographie spécialement adaptée tant aux œuvres qu’à la particularité du lieu d’exposition, la beauté de cette rêverie.

Marc Francina, maire d’Évian, député de la Haute-Savoie

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Préface

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epuis près de dix ans, la commune d’Ixelles et son merveilleux musée ont développé une collaboration aussi intense que fructueuse avec Nicole et Pierre Ghêne, couple de collectionneurs passionnés ayant subi les maux d’une « Delvauxpathie » (selon leur propre diagnostic) des plus incurables au cours des quatre dernières décennies. C’est grâce à leur confiance, et dans un climat d’échanges bienveillants permanents, que nous avons pu œuvrer à la reconnaissance de leur extraordinaire collection mais aussi à la valorisation de Paul Delvaux, grand maître de l’art belge du XXe siècle et du surréalisme spécifiquement. L’exposition « Paul Delvaux. Maître du rêve » organisée par la Ville d’Évian dans son somptueux Palais Lumière avec la collaboration du musée d’Ixelles ainsi que le présent catalogue s’inscrivent pleinement dans le cadre de cette relation exceptionnelle. Sans le soutien et la générosité de Nicole et Pierre Ghêne, ce projet n’aurait pu voir le jour. Nous tenons dès lors à les remercier très chaleureusement en premier lieu et à rendre hommage à leur œuvre nourrie d’ardeur, de patience et de clairvoyance. Nous sommes également particulièrement heureux d’avoir pu développer ce partenariat d’envergure avec la Ville d’Évian. Il a permis de croiser et de partager de hautes compétences professionnelles et des visions culturelles de même envergure. Nous tenons ainsi à remercier vivement monsieur Marc Francina, maire d’Évian et député de la Haute-Savoie, madame Magali Modaffari, son adjointe en charge de la Culture pour la Ville d’Évian, madame Jocelyne Charpentier, directrice du service culturel de la Ville d’Évian, monsieur William Saadé, conseiller scientifique pour la Ville d’Évian, ainsi que toutes les équipes de la Ville ayant permis de donner corps à ce projet et d’en avoir fait une belle aventure. Gageons qu’il s’agit d’une première étape et que nos municipalités auront de nombreuses autres occasions de collaborer et, par là même, de nous engager ensemble pour la promotion et la valorisation des arts et de la culture auprès de nos publics respectifs. Nous tenons, enfin, à saluer le soutien de la Fondation Paul Delvaux, nommément madame Martine Gautot, en faveur de nos projets. Par la synergie de nos volontés, de nos idées et de nos moyens en faveur de ce projet, c’est un voyage exceptionnel au cœur du surréel et une expérience poétique insolite qui sont offerts à tous.

Dominique Dufourny, bourgmestre de la commune d’Ixelles, Bruxelles Yves de Jonghe d’Ardoye, échevin de la Culture de la commune d’Ixelles, Bruxelles Claire Leblanc, conservatrice du musée d’Ixelles, Bruxelles

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essais

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Paul Delvaux, passeur du temps WILLIAM SAADÉ

L Paul Delvaux Les Belles de nuit 1936 Encre de Chine et lavis sur papier Bruxelles Collection privée en dépôt au musée d’Ixelles (Détail)

e Palais Lumière a contribué depuis plus d’une dizaine d’années à la redécouverte d’artistes oubliés ou d’artistes se situant en dehors des courants artistiques dominants hors du consensus des nouvelles tendances académiques. Tel fut le cas pour Jules Chéret, dont le public a pu apprécier les remarquables talents de peintre, et plus récemment pour Albert Besnard qui, au-delà des grands décors parisiens, s’est révélé non seulement un très grand portraitiste mais aussi un graveur remarquable. L’exposition «²Paul Delvaux. Maître du rêve²» s’inscrit dans cette mouvance et dans cette volonté de reconnaissance et d’émergence de mouvements artistiques trop souvent occultés. Loin d’être méconnue, l’œuvre de Paul Delvaux reste confinée, dans l’imaginaire collectif, à quelques poncifs réunissant chemins de fer, femmes dénudées et colonnes antiques. C’est grâce à la générosité et à l’enthousiasme d’un couple de collectionneurs belges, Nicole et Pierre Ghêne, que de nouvelles facettes de l’œuvre du peintre sont révélées au public dans l’exposition d’Évian. La peinture de Delvaux qui est donnée à voir au

Palais Lumière s’inscrit dans une grande porosité qui associe l’enfance de l’artiste, son éducation et son expérience de la vie. Son enfance et la relation qu’il a entretenue avec sa mère cristallisent l’essentiel de ses fantasmes et de son univers onirique. La conjonction de ces données a nourri sa vie intérieure qui s’est révélée d’une extraordinaire richesse. Elle a peuplé son imaginaire d’un monde théâtralisé rempli de femmes fantasmées, de ruines gréco-romaines, de voyages lointains accompagnant les héros de Jules Verne, de tramways venant et partant de nulle part et de joyeux squelettes sortant d’improbables armoires de son professeur de musique. Outre la vie intérieure de Paul Delvaux forgée dès son enfance, son œuvre ne peut se comprendre sans son profond attachement à sa terre des Flandres, à ces paysages plats et à l’extraordinaire variation des valeurs de gris que l’on retrouve dans l’ensemble de ses toiles même s’il lui arrive quelquefois de choisir le bleu comme couleur dominante. Lui-même l’évoquait dans un entretien : «²J’aimais les gris comme les hommes du Nord.²» Cette lumière n’est pas sans rappeler

²Je voudrais peindre un tableau dans lequel je pourrais vivre.

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Delvaux, mystère et poésie PIERRE GHÊNE

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Paul Delvaux L’Abandon s. d. Encre de Chine Bruxelles Collection privée en dépôt au musée d’Ixelles (Détail)

oésie : caractère de ce qui touche, élève, charme…²» Comment Paul Delvaux a-til procédé pour cultiver dans son œuvre cette définition du Larousse et mériter l’intérêt puis une reconnaissance mondiale de son travail ? Dès sa jeunesse, le futur peintre a déjà en lui, dans son vécu intime, tous les éléments qui modèleront la structure de son futur univers : le monde de Paul Delvaux. Résumons-les : – une mère aimante mais dominante et castratrice qui lui présenta la femme comme source de toutes les déviances. Mais bien sûr, rien n’attire plus que les interdits et la femme deviendra le centre absolu de toute l’œuvre delvalienne. «²Ma mère nous éduquait d’une manière qui ne souffrait pas de discussion. Mon père était un homme plus calme et certainement pas autoritaire²», dira-t-il. – la fascination pour le monde ferroviaire, la puissance des locomotives, l’ambiance des départs… lui valurent l’appellation de «²peintre des gares²». – une passion pour l’œuvre de Jules Verne dont il devint un lecteur fidèle et passionné à l’aube de son adolescence. Les savants ubuesques incar-

neront un certain ridicule opposé à la beauté et à l’aura de la femme. – son professeur d’histoire qui lui communiqua tout son enthousiasme pour l’Antiquité gréco-romaine. – deux squelettes qui trônaient dans la salle de musique et terrorisèrent l’adolescent. Adulte, il fut conquis par la valeur plastique et esthétique de la charpente humaine. Elle exprime la vie et deviendra le seul élément non figé du théâtre delvalien. – les nombreux objets familiers qui peuplèrent son environnement quotidien : lampes à pétrole, meubles, pavements, vêtements (robes 1900, chapeaux à plumes ou à fleurs, etc.) et même différents sites (gares, grottes de Spy, rues de Boisfort, etc.) qui trouvèrent leur place dans des situations totalement anachroniques mais dont la juste association crée le climat poétique tant recherché par le peintre. – une virée d’étudiants dans une maison close, proposée par son cousin Walter vers 1927. Cette découverte, contre toute mise en garde et audelà de l’interdit maternel, provoquera un choc et une véritable fascination pour l’artiste.

²J’aime la poésie du silence…

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Peindre le rêve Pour Pierre et Nicole Ghêne, en signe de profonde reconnaissance pour leur amitié et leur confiance

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Paul Delvaux La Table 1946 Huile sur toile Bruxelles Collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

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’ai essayé toute ma vie de transcrire la réalité pour en faire des espèces de rêves où les objets, tout en gardant l’apparence du réel, prennent une signification poétique. Le tableau devient ainsi une fiction où chaque objet a sa place logique1.²» Yeux clos, regards hypnotiques, figures somnolentes, poses alanguies, processions fantomatiques, scènes irréelles, cadres nocturnes, atmosphères silencieuses et muettes… La rencontre avec l’univers artistique de Paul Delvaux invite sans détour à pénétrer dans un monde nettement teinté d’onirisme. Un monde tout aussi fascinant qu’opaque, aussi merveilleux que mystérieux, aussi intime qu’universel. Incontestablement, l’une des clefs de lecture pertinente de l’œuvre de Delvaux peut être celle du rêve2. Évocation explicite ou allusion indirecte, l’art de Paul Delvaux arpente les espaces labyrinthiques du rêve : s’y révèlent des situations et des figures trouvant place sans logique dans des cadres hermétiques, défiant toute possibilité d’explication rationnelle ou toute tentative de récit linéaire s’inscrivant dans une temporalité maîtrisée. C’est notamment par ces principales caractéristiques que la notion de rêve peut être définie. Elle peut encore être précisée par ces

CLAIRE LEBLANC

éléments extraits du magistral recueil Vocabulaire d’esthétique d’Étienne Souriau. En effet, au sens propre : « Le rêve est une période de sommeil où le sujet assiste en spectateur ou en acteur, et sans la diriger, à une suite de phénomènes psychiques, notamment d’images, qui généralement constituent une histoire que le dormeur croit réelle. C’est au réveil que cette allusion se dissipe. Souvent les êtres, choses et événements n’y obéissent pas aux règles de la logique ni aux lois de la nature3. » Le rêve est ainsi un phénomène universel, reposant de manière inextricable sur une contradiction insoluble : il est à la fois un espace de liberté infini, où tout est possible, tout en s’imposant cependant comme une activité automatique, non contrôlée, excluant la volonté du sujet. Au cœur du phénomène, émergent l’image et des représentations visuelles plus ou moins reconnaissables et interprétables. En cela, le rêve et l’art se rejoignent : ils traduisent la capacité de l’homme à créer des images, abstraites ou réalistes. Involontairement pour ce qui concerne le rêve, intentionnellement pour l’art. En outre, ils partagent encore le fait qu’ils ne sont, ni l’un ni l’autre, mus par une quelconque finalité utilitaire. Aussi ont-ils en commun des particularités ayant permis de les associer inévitablement depuis des temps reculés.

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L’avant-garde surréaliste en Belgique et Paul Delvaux

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e surréalisme apparaît simultanément en France et en Belgique au milieu des années 1920. Il se développe rapidement dans la plupart des pays occidentaux pour devenir un courant majeur dans l’histoire des avant-gardes littéraires et artistiques. Le mouvement est loin d’être homogène. Son histoire n’est pas un long fleuve tranquille, notamment après 1945 lorsque les acteurs historiques voient arriver une nouvelle génération qui entend redéfinir le surréalisme au point de se distinguer de ceux qui l’avaient fait émerger. Dans l’histoire du surréalisme en Belgique, Paul Delvaux (1897-1994) occupe une place singulière à laquelle nous voudrions nous intéresser dans les pages qui suivent.

La dynamique des générations

Paul Delvaux Coiffeur pour dames 1933 Huile sur toile Bruxelles Collection privée en dépôt au musée d’Ixelles (Détail)

Chronologiquement, Delvaux est de la même génération que René Magritte. Les deux hommes se rencontrent d’ailleurs à l’Académie des beauxarts de Bruxelles. Marqué d’abord par la tradition de la peinture de paysage et par l’expressionnisme, Delvaux donne une orientation surréaliste à sa peinture à partir de 1935, c’est-à-dire une dizaine d’années après qu’un groupe surréaliste s’est formé à Bruxelles. On sait que la redécouverte de l’œuvre de Giorgio De Chirico en 1934 dans le contexte de l’exposition «²Minotaure²» du Palais des beaux-arts de Bruxelles a conduit Delvaux vers une peinture ouverte sur le rêve. On peut dire en cela que Delvaux adopte un positionnement esthétique à l’intérieur du surréa-

DENIS LAOUREUX

lisme qui est bien celui de la première génération, et que cela se fait avec un décalage de dix ans par rapport aux fondateurs du mouvement. Sa participation aux expositions surréalistes internationales conçues par André Breton en 1938 à Paris et 1940 à Mexico, de même que le fait qu’un de ses tableaux soit reproduit dans la revue Minotaure en 1937, sont des faits qui témoignent de l’entrée de Delvaux dans le monde du surréalisme. Notre artiste rejoint à ce moment le musée imaginaire de Paul Éluard qui lui consacre deux poèmes et le cite en 1938 dans son Dictionnaire abrégé du surréalisme. Breton lui-même intègre Delvaux en 1941 dans Genèse et perspective artistiques du surréalisme. Avec l’exposition personnelle que le Palais des beauxarts de Bruxelles lui consacre en février 1940, puis en 1945, Delvaux connaît une visibilité publique et une reconnaissance officielle. En 1940, deux de ses tableaux, Pygmalion (1939) (repr. p. 45) et Le Chemin de la vie sont reproduits dans les deux numéros de la revue bruxelloise L’Invention collective conçus par Magritte. Ces éléments expliquent pourquoi Delvaux est intégré par les spécialistes dans l’histoire du surréalisme1. Ce maître du rêve intéresse Breton et Éluard, et contribue à l’essor du mouvement en Belgique, mais sans participer aux activités du collectif bruxellois mené par Paul Nougé et Magritte. Après 1940, le rideau tombe sur les relations entre les surréalistes et Delvaux. Ceci ne signifie pas que ce dernier remise ses pinceaux pendant les années d’Occupation. Un tableau

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Paul Delvaux, vie et œuvre

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’œuvre d’un artiste est-elle toujours le reflet de sa personnalité et de son vécu ? Pas nécessairement, bien qu’elle renvoie inévitablement à certains traits de caractère. Dans le cas de Paul Delvaux cependant, l’histoire de sa vie et celle de son œuvre sont indéfectibles. Les thématiques qui composent son travail, ses sujets de prédilection, sont intimement liés à son vécu. Après des incursions dans les domaines du réalisme, du fauvisme et de l’expressionnisme1, Delvaux met sur pied, dès le milieu des années 1930, un univers original qui prend des libertés vis-à-vis du réel. Celui-ci est articulé autour de quelques thèmes iconographiques forts qui, ensemble, construisent l’identité du peintre. Les femmes, les trains, les squelettes, l’Antiquité gréco-romaine… sont autant de thèmes qui lui sont associés et qui, chacun, rappellent un pan de son histoire personnelle.

Sur les pas du réalisme Fig. 1 Paul Delvaux Couple avec enfant dans la forêt 1928-1929 Huile sur toile Bruxelles, musées royaux des BeauxArts de Belgique (Détail)

Le récit de sa vie démarre le 23 septembre 1897 à Antheit, le village natal de Laure Jamotte, la mère de l’artiste. Si Paul Delvaux naît dans la province de Liège, il passe néanmoins son enfance à Bruxelles, dans la commune de Saint-Gilles, où son père est avocat. Enfant, c’est un garçon timide qui subit l’autorité sévère de ses parents : «²J’étais si timide que j’allais me mettre à un bout de la table lorsqu’ils avaient du monde à dîner et je n’osais pas lever le nez de mon assiette ni dire un mot. On me répétait que je ne disais que des

LAURA NEVE

bêtises. […] On admirait mon frère, mon cadet de sept ans car il avait décidé de devenir avocat ; moi, je voulais devenir chef de gare à Ottignies ; je pensais à cette gare car le train passait par là pour aller à Antheit2.²» Adolescent, il se réfugie dans les histoires de batailles et aventures mythologiques que lui raconte son professeur d’école secondaire et qu’il dessine à longueur de journées. Il conservera à jamais cette passion pour l’Antiquité, l’Illiade et l’Odyssée l’accompagnant comme livres de chevet3. À l’Académie, Constant Montald, fidèle à la tradition symboliste dans laquelle il s’inscrit, lui communique lui aussi son intérêt pour les sujets mythologiques. Après un bref passage en section architecture, en 1919, Delvaux avait obtenu de ses parents l’autorisation durement négociée de pouvoir s’inscrire à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles au cours de peinture monumentale donné par Constant Montald. C’est à Franz Courtens, paysagiste de renom rencontré lors de vacances familiales sur la côte belge et qui perçut d’emblée la nature de son talent, qu’il doit d’avoir convaincu ses parents de lui laisser suivre cette voie périlleuse. La formation qu’il suit avec Montald n’est pas longue, interrompue après un an seulement par l’appel du service militaire, mais celle-ci pose les assises de son travail d’artiste. Il y apprend les bases techniques du métier de peintre, illustrant des épisodes de la mythologie et des temples antiques quand les séances de modèle vivant ne l’occupent pas.

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Féminité

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La femme ainsi que les jeux de séduction qui déterminent les relations amoureuses sont au cœur du travail de Delvaux. L’attrait qu’il développe pour ces thématiques renvoie à son incapacité à communiquer avec l’autre genre, ce qu’il doit à son éducation puritaine. L’histoire personnelle de Delvaux rend sa relation aux femmes complexe. Une mère autoritaire, un amour perdu, un mariage platonique sont autant d’éléments qui favorisent son obsession à l’égard de la gente féminine. L’image qu’il livre de la femme est ainsi celle d’un être tant mystérieux qu’inaccessible. Les relations homosexuelles, qu’il peint dès sa visite d’une maison close aux alentours de 1930, apparaissent bien plus intimes et spontanées que celles entretenues par les sexes opposés. Le recours au thème lesbien s’inscrit comme le témoin d’une vision désillusionnée à l’égard des relations hétérosexuelles, celui-ci incarnant l’inaccessibilité ultime de la femme. Femme fatale, prostituée ou créature mythologique, ses muses héritent toujours des mêmes traits, qui correspondent à l’idéal féminin du peintre. C’est dès la fin des années 1920 que la femme et le nu féminin deviennent les sujets de prédilection de Delvaux par excellence. Dans le style expressionniste qui caractérise les œuvres de la première moitié des années 1930, La Vénus endormie I (repr. p. 105) compte parmi les premiers chefs-d’œuvre de l’artiste. Inspiré d’un mannequin en cire rencontré au musée Spitzner à la Foire du Midi à Bruxelles, le thème sera cher à l’artiste.

Les Amies 1930 Crayon et fusain sur papier 30 × 22,5 cm Bruxelles, collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

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Poésie, mystère et fantastique

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Lorsque Delvaux découvre l’œuvre de Giorgio De Chirico à l’exposition surréaliste «²Minotaure²», en 1934 au Palais des beaux-arts de Bruxelles, il prend conscience du potentiel poétique de la création picturale. Le mystère et la poésie des toiles de l’artiste italien l’inspirent infiniment, à tel point qu’à l’issue de cette expérience, il attribue un nouveau sens à son œuvre. Delvaux fera incessamment sienne cette atmosphère poétique et mystérieuse, qui régit désormais la relation des personnages entre eux ainsi que le rapport qu’ils entretiennent avec l’environnement qui les entoure. Sous l’impulsion de James Ensor, l’insolite s’était déjà immiscé dans son œuvre quelques années plus tôt, mais ce n’est qu’à partir de 1934 qu’elle s’inscrit dans le domaine du surréalisme. L’étrange et le fantastique envahissent également l’univers de Delvaux, à l’instar de celui de Jules Verne, son auteur de prédilection.

La Vénus endormie I 1932 Huile sur toile 100 × 100 cm Bruxelles, collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

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Les squelettes

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L’attirance de Delvaux pour le squelette remonte à l’enfance, lorsque l’un d’entre eux occupe la classe de musique de son école. Un squelette habite également l’attraction foraine de la Foire du Midi à Bruxelles intitulée le musée Spitzner, dont l’artiste contemple les curiosités en 1932. Le squelette a inspiré de nombreux artistes parmi lesquels James Ensor, que Delvaux admire dans les années 1930. Delvaux s’approprie ainsi le thème au terme de sa période expressionniste, vers 1934, et le conserve parmi ses sujets privilégiés jusqu’à la fin des années 1950. La particularité de ces squelettes est d’être représentés à l’image d’êtres vivants se livrant à des activités quotidiennes variées. Dans Les Squelettes, Delvaux leur attribue un visage foncièrement amical. À l’inverse de ses confrères, aux yeux du peintre, le squelette ne symbolise pas la mort mais au contraire la vie et l’être humain. Ultérieurement, Delvaux traitera le thème avec plus d’audace encore, réalisant un certain nombre de scènes religieuses – Crucifixion, Mise au tombeau, etc. – revisitées avec beaucoup d’originalité puisque les squelettes en sont ici les principaux protagonistes.

Squelettes à l’escalier 1934 Encre et aquarelle sur papier 58 × 80 cm Bruxelles, collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

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Le rêve

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Dès le milieu des années 1930, Delvaux accorde une place essentielle au rêve, qui permet de libérer les mécanismes de l’inconscient. Le surréalisme, auquel l’artiste se rattache partiellement, en fait l’un de ses moyens d’expression majeur. L’intérêt de Delvaux pour le rêve va de pair avec son attirance pour le surnaturel et l’absurde, qui caractérisent quasiment son œuvre entier. L’artiste privilégie un monde parallèle au détriment de la réalité quotidienne, à ses yeux plus banale. Il se plaît également à révéler les visions oniriques de ses modèles féminins, ce qui témoigne en outre de leur nature énigmatique. Delvaux transgresse ainsi le domaine de la logique rationaliste, composant sous ses pinceaux un monde atemporel et indéniablement fictionnel.

Le Rêve 1935 Huile sur toile 151 × 176 cm Bruxelles, collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

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La théâtralité

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Au contact de l’œuvre de Giorgio De Chirico, le travail de Delvaux acquiert un caractère théâtral. Les figurent tendent au hiératisme, les poses perdent en naturel, se figent. Les femmes sont apprêtées, drapées, précieuses. La mise en scène et le décor, réalisés avec un grand sens du détail, deviennent des éléments fondamentaux de l’univers pictural de l’artiste. Les compositions évoquent par ailleurs la structure d’une scène théâtrale : des personnages majestueux devancent un décor architectural minutieux, composé à l’arrièreplan. Malgré la précision du trait et la fidélité mimétique incontestable, l’artiste y mélange les styles architecturaux et les époques, sans se soucier de leur raison d’être. La toile prend dès lors l’aspect d’un théâtre onirique, mental, immuable…

Les Courtisanes 1944 Huile sur panneau 89,5 × 130 cm Bruxelles, collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

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Le voyage, l’évasion

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Dès son plus jeune âge, Delvaux manifeste un vif intérêt pour le domaine ferroviaire. Au début des années 1920, les trains et tramways constituent déjà les sujets de ses toiles, en particulier la gare du Luxembourg à Bruxelles. Il s’applique à représenter l’activité de la gare et son ambiance hivernale avec un réalisme assidu. L’artiste y voit l’avènement de la modernité, un phénomène qui le fascine. Après un temps d’arrêt, le thème gagnera en importance à partir des années 1950. Loin du réalisme de ses débuts, Delvaux l’inscrit alors dans des scènes où l’étrange prédomine. Le train symbolise dès lors l’accès aux contrées lointaines de l’imaginaire. En effet, au fil du temps, Delvaux utilise avec de plus en plus d’aisance la peinture comme le lieu d’une évasion du quotidien. La religion et la mythologie sont ainsi d’autres moyens de stimuler son imagination débordante et d’accéder à des réalités alternatives.

Étude pour « La Fin du voyage » de 1968 1968 Encre de Chine et aquarelle sur papier 55 × 49 cm Bruxelles, collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

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Solitude et recueillement

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Au milieu des années 1930, le silence devient l’une des composantes substantielles de l’œuvre de Delvaux. Celui-ci envahit l’atmosphère de ses toiles, jusqu’aux personnages qui les occupent. Pensives, méditatives, les femmes imaginées par l’artiste dégagent un sentiment de solitude, voire de mélancolie. Elles refusent le dialogue, repliées sur elles-mêmes. Muettes, elles errent telles des somnambules dans un monde éteint, où les traces de vie sont rares. L’angoisse de l’inconnu sous-tend ces décors inertes. Dans un tout autre registre, dénués de présence humaine, les paysages post-impressionnistes signés par Delvaux, aux couleurs sourdes, invitent eux aussi au recueillement. Face à la mer du Nord, dans la forêt de Soigne ou dans sa région natale, l’artiste révèle sa sensibilité par l’intermédiaire de la toile qui, silencieuse, témoigne de son état d’esprit solitaire.

La Fenêtre 1936 Huile sur toile 110 × 100 cm Bruxelles, collection musée d’Ixelles

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annexes

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Biographie 1897

1916-1919

1929-1933

Paul Delvaux naît le 23 septembre à Antheit, dans la province de Liège. Son père est avocat à la cour d’appel de Bruxelles.

Élève à l’école primaire de Saint-Gilles à Bruxelles, où sa famille réside désormais.

Après un bref passage au cours d’architecture de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, il s’oriente vers la section peinture monumentale dirigée par le peintre symboliste Constant Montald. Cette formation sera interrompue au bout d’un an par son service militaire ; il poursuit donc en autodidacte.

Subit l’influence des expressionnistes James Ensor, Gustave De Smet et Constant Permeke. En 1930 se déroule sa première exposition individuelle au Palais des beaux-arts de Bruxelles. En 1932, il découvre le musée Spitzner une attraction morbide de la Foire du Midi qui lui inspire ses multiples Vénus endormies.

1910-1916

1920-1924

1934

Suit ses humanités à l’Athénée de Saint-Gilles à Bruxelles, inscrit en section gréco-latine. De cette époque date son attrait particulier pour l’Antiquité.

Peint quotidiennement d’après nature en forêt de Soignes et expose, en 1924, avec le groupe post-impressionniste Le Sillon. À cette époque, il réalise ses premières gares, thème récurrent dans son travail.

Visite l’exposition surréaliste «²Minotaure²» au Palais des beaux-arts de Bruxelles où il tombe en admiration devant le travail poétique et mystérieux de Giorgio De Chirico. Cette découverte sera à la base d’une évolution radicale vers le surréalisme, auquel il donnera une interprétation singulière.

1904

1937-1940 En 1937, il épouse Suzanne Purnal. Un premier voyage en Italie confirme sa passion pour la culture classique. Participe à l’Exposition internationale du surréalisme organisée par André Breton et Paul Éluard à la galerie des Beaux-Arts de Paris en 1938 et par Breton et Wolfgang Paalen en 1940 à Mexico.

1940-1945 Se rend régulièrement au Muséum d’histoire naturelle à Bruxelles où il dessine des squelettes, un thème qui lui est cher jusque dans les années 1960. En 1944-1945, il bénéficie d’une rétrospective au Palais des beaux-arts de Bruxelles.

1950 Est nommé professeur de peinture à La Cambre à Bruxelles, où il enseigne jusqu’en 1962.

1952 Épouse Anne-Marie de Martelaere, son amour de jeunesse auquel il dut renoncer sous la pression familiale en 1930. Paul Delvaux assis dans son atelier de Furnes, vers 1975, Bruxelles, Fondation Paul Delvaux.

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Bibliographie

MONOGRAPHIES

CATALOGUES D’EXPOSITION

Butor et al., 1975 Michel Butor et al., Delvaux : catalogue de l’œuvre peint, Bruxelles, Cosmos, 1975.

Emerson, 1985 Barbara Emerson, Delvaux, Paris, Albin Michel, 1985.

Barthelman et Van Deun, 2007 Zachary Barthelman et Julie Van Deun, Paul Delvaux : odyssée d’un rêve, Saint-Idesbald, Fondation Paul Delvaux, 2007.

Gaffé, 1945 René Gaffé, Paul Delvaux ou les rêves éveillés, Bruxelles, 1945.

Carels et Van Deun, 2004 Guy Carels et Charles Van Deun, Paul Delvaux : sa vie, Saint-Idesbald, Fondation Paul Delvaux, 2004. De Bock, 1967 Paul-Aloïse De Bock, Paul Delvaux : l’homme, le peintre, psychologie d’un art, Bruxelles, Laconti, 1967. Debra, 1991 Maurice Debra, Promenades et entretiens avec Delvaux, Paris/Cercle d’art, 1991.

Ghêne et Anrieu, 2004 Pierre Ghêne et Paul Anrieu, Paul Delvaux raconte…, Nivelles, 2004. Rémon, 2009 Régine Rémon, Paul Delvaux : peintre des gares, Bruxelles, Luc Pine 2009. Sojcher, 1991 Jacques Sojcher, Paul Delvaux ou la passion puérile, Paris, Cercle d’art, 1991.

Andros et Bruxelles, 2009-2010 Delvaux et le monde antique (Andros, musée d’Art contemporain de la Fondation Basil et Elise Goulandris, 2009 ; Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 2009-2010) BAI, 2009. Cat. sous la dir. de Michel Draguet. Bruxelles, 1997 Paul Delvaux : 1897-1994 (Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1997) Wommelgem, Blondé, 1997. Cat. sous la dir. de Eliane de Wilde. Bruxelles, 2010-2011 Paul Delvaux : aux sources de l’œuvre (Bruxelles, musée d’Ixelles, 2010-2011) Bruxelles, Racine, 2010. Cat. sous la dir. de Laura Neve. Bruxelles, 2014-2015 Paul Delvaux dévoilé (Bruxelles, musée d’Ixelles, 2015) Gand, Snoeck, 2014. Cat. sous la dir. de Claire Leblanc et Laura Neve. Huy, 1997 Le Pays mosan de Paul Delvaux (Huy, Wanze et Liège, 1997) Gand, Snoeck, 1997. Cat. sous la dir. de Luc Engen et Charles Van Deun.

Madrid, 2015 Paul Delvaux : paseo por el amor y la muerte (Madrid, Museo ThyssenBornemisza, 2015) Madrid, Fondation Thyssen, 2015. Cat. sous la dir. de Jose Jimenez et Laura Neve. Marseille, 2014 Paul Delvaux : le rêveur éveillé (Marseille, musée Cantini, 2014) Gand, Snoeck, 2014. Cat. sous la dir. d’Olivier Cousinou et de Laura Neve. Paris, 1969 Paul Delvaux : rétrospective (Paris, musée des Arts décoratifs, 22 mai-28 juillet 1969) Paris, musée des Arts décoratifs,1969. Cat. sous la dir. d'Émile Langui. Parme, 2013 Delvaux et il Surrealismo : un enigma tra De Chirico, Magritte, Ernst, Man Ray (Parme, Fondazione Magnani Rocca, 2013) Milan, Silvana, 2013. Cat. sous la dir. de Stefano Roffi. Rotterdam, 1973 Paul Delvaux (Rotterdam, Museum Boymans-Van Beuningen, 1973) Rotterdam, Museum Boymans-Van Beuningen, 1973. Cat. sous la dir. de Reinhilde Hammacher et Liesbeth Brandt Corstius.

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Liste des œuvres exposées

Sauf mention contraire, toutes les œuvres présentées dans l’exposition sont issues d’une collection privée en dépôt au musée d’Ixelles, Bruxelles. Les Amies, 1930, crayon et fusain sur papier Les Deux Amies, vers 1930-1931, crayon et fusain sur papier Sans titre, vers 1930, crayon sur papier Deux Amies faisant l’amour, vers 1930, crayon et mine de plomb sur papier Nus enlacés, vers 1930, crayon et mine de plomb sur papier

Les Deux Amies, 1962, encre de Chine sur papier Les Amies, 1930, huile sur toile Maternité, 1964, encre de Chine et aquarelle sur papier, collection privée L’Amoureux, 1971, lithographie Études de personnages, s. d., mine de plomb et fusain sur papier Visage de femme, 1973, encre de Chine sur papier Le Modèle, vers 1920-1921, huile sur toile Couple avec enfant dans la forêt, vers 1928-1929, huile sur toile, Bruxelles, musées royaux des BeauxArts de Belgique

Les Amies, vers 1930, crayon et fusain sur papier

Composition avec soldats et personnages, 1920-1927, huile sur toile

Les Amies, 1940, encre de Chine et lavis sur papier

Femme de profil et nu, vers 1927-1928, huile sur toile

Le Divan, 1934, encre et aquarelle sur papier

La Vénus endormie I, 1932, huile sur toile

Étude pour « La Visite » de 1939, 1939, encre de Chine et aquarelle sur papier

Le Grand Musée Spitzner, vers 1932, mine de plomb et fusain sur papier

Le Réverbère, 1933, encre de Chine et aquarelle sur papier

Les Noces à Antheit, 1932, huile sur toile

Galatée et Acis, 1934, encre de Chine et aquarelle sur papier, collection privée

Coiffeur pour dames, 1933, huile sur toile Palais en ruines, 1935, huile sur toile

Les Deux Amies, 1941, encre de Chine et aquarelle sur papier, collection privée

Trois Femmes dans un décor surréaliste, 1935, encre de Chine et aquarelle sur papier

La Toilette, 1948, encre de Chine et lavis sur papier, collection privée

L’Éloge de l’astrologie, 1941, encre de Chine et lavis sur papier

La Tentation de saint Antoine, 1933, encre de Chine et aquarelle sur papier

Étude pour « Les Astronomes » de 1961, 1961, encre de Chine sur papier, collection privée

La Tentation, 1934, encre de Chine sur papier La Rencontre, 1934, encre de Chine et lavis sur papier Le Couple, 1931, huile sur toile Trois Jeunes Filles, s. d., encre et aquarelle sur papier

Squelettes à l’escalier, 1934, encre et aquarelle sur papier Les Squelettes, 1944, huile et encre de Chine sur panneau Crucifixion, 1954, huile sur panneau Le Rêve, 1935, huile sur toile

Le Chagrin d’Arlequin, 1934, encre de Chine et aquarelle sur papier Sans titre (L’Incendie), 1935, huile sur toile, Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, don du docteur Pierre Ghêne et de son épouse Nicole Rahm, 2014, inv. 12517 L’Incendie, 1935, huile sur toile, Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 11541 Le Rêve, 1944, huile et encre de Chine sur unalit La Femme au miroir, 1948, encre de Chine et aquarelle sur papier La Rue, vers 1943-1947, encre de Chine sur papier L’Abandon, s. d., encre de Chine L’Annonciation, s. d., eau-forte Les Courtisanes, 1944, huile sur panneau Les Belles de nuit, 1936, encre de Chine et lavis sur papier Dames en dentelle, 1935, crayon sur papier Étude pour « Le Salut » de 1938, 1938, encre de Chine sur papier Le Viol, 1934, encre de Chine, lavis et aquarelle sur papier La Danse, 1934, encre de Chine et aquarelle sur papier, collection privée La Robe de mariée, vers 1934-1935, encre de Chine sur papier La Robe de mariée, 1967, lithographie Les Rivales, 1966, lithographie La Robe mauve, 1946, encre de Chine et aquarelle sur papier, collection privée Étude pour « Le Mythe d’Œdipe », vers 1978-1979, encre de Chine et aquarelle sur papier, collection privée

La Terrasse, 1979, huile sur toile, collection privée Étude pour « La Fin du voyage » de 1968, 1968, encre de Chine et aquarelle sur papier Les Cheminots, 1922, huile sur toile La Gare, vers 1922, huile sur toile Le Port de Bruxelles, 1922, huile sur toile Le Bout du monde, 1968, lithographie L’Âge de fer, 1951, huile sur bois, Ostende, Mu.ZEE La Bataille d’Alésia, 1934, encre de Chine et aquarelle sur papier Étude pour « Les Trams bleus » de 1946, Paix sur la ville, vers 1946, encre de Chine sur papier Tram Bourse-Bois, s. d., lithographie Le Tram, s. d., lithographie La Locomobile, 1970, lithographie La Gare, 1971, lithographie La Fenêtre, 1936, huile sur toile Tam, 1930, huile sur toile Tam, vers 1930, crayon et fusain sur papier Étude pour « Femmes au salon » de 1943, 1943, encre de Chine et aquarelle sur papier Les Belles Errantes à Éphèse, 1946, encre de Chine sur papier gris À Vanadé, 1969, lithographie Le Silence, 1972, lithographie Paysage antique, 1944, huile, aquarelle et encre de Chine sur unalit, Bruxelles, collection musée d’Ixelles La Table, 1946, huile sur toile L’Escalier, 1946, huile sur bois, Gand, Museum voor Schone Kunsten Le Dialogue, 1974, huile sur toile, Bruxelles, collection musée d’Ixelles

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DELVAUX

Paul Delvaux. Maître du rêve invite à une exploration unique dans l’univers artistique de l’un des plus importants peintres belges surréalistes du XXe siècle. Peuplé de squelettes, de temples antiques déserts et glacés, de femmes impassibles et silencieuses, de couples ambigus, de gares désertées, de trains ou de trams fantomatiques…, le monde singulier et envoûtant de Paul Delvaux se déploie tel un curieux petit théâtre des rêves les plus intimes sous le regard fasciné des spectateurs. Rassemblant une sélection d’œuvres majeures issues essentiellement d’une collection particulière belge et agrémentées de quelques pièces clefs issues de musées de Belgique, cet ouvrage met en lumière une production artistique aussi mystérieuse que prolifique révélant la force poétique, la richesse et la liberté créatrice d’un surréaliste atypique.

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En couverture Paul Delvaux La Terrasse 1979 Huile sur toile 150 × 150 cm Bruxelles collection privée en dépôt au musée d’Ixelles

En 4e de couverture Paul Delvaux peignant le tableau L’Acropole 1966 Bruxelles Fondation Paul Delvaux

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