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«Adieu Raymond, ton talent éclairait nos existences»

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La Castou et l'humoriste Yann Lambiel.
Enterrement du dessinateur de presse Raymond Burki à l'Abbaye de Montheron.
Enterrement du dessinateur de presse Raymond Burki à l'Abbaye de Montheron.

Raymond Burki voulait être couché dans son cercueil avec sa casquette: vœu exaucé. C'est ainsi que les Vaudois connaissaient et aimaient leur caricaturiste préféré. Ils étaient environ 500, hier, à être venus lui rendre un dernier hommage à Montheron. Parmi eux, des caricaturistes admiratifs, comme Chappatte et Barrigue, et des «caricaturés», comme les conseillers d'Etat Pierre-Yves Maillard ou Jacqueline de Quattro. Daniel Brélaz, ancien syndic de Lausanne, s'est exprimé au nom de tous les portraiturés de Burki, assurant qu'ils étaient «unanimes à s'en réjouir, c'était comme recevoir une sorte de Prix Nobel local, un gage de notoriété décerné par le meilleur dessinateur de presse qu'ils n'avaient jamais connu.»

Lettres de lecteurs fachés

Kyril Gossweiler, qui présidait la cérémonie, a indiqué que Raymond Burki voulait «que l'on fasse de cette journée quelque chose de plutôt joyeux». Il aurait pu faire siennes les dernières paroles de l'écrivain Scarron sur son lit de mort: «Mes enfants, vous ne pleurerez jamais autant que je vous ai fait rire.» Afin de respecter la volonté de Burki, des extraits de lettres de lecteurs fâchés ont été lus durant la cérémonie. Elles faisaient beaucoup marrer Burki, qui les collectionnait. Exemple: «Nous déplorons que trop souvent il dépasse les bornes du convenable.» Barrigue, ancien dessinateur du Matin et voisin de bureau de Burki pendant 29 ans, peinait à contenir ses larmes. «Raymond, je te qualifiais de Buster Keaton du dessin, de génie du muet. Muet car tes dessins se passaient de commentaires, ils étaient tellement parlants. Ton talent est immense.» Federico Camponovo, ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien vaudois, a rappelé que «Raymond parlait peu, mais son regard myosotis glissait sur nous comme une caresse fraternelle. Le journalisme, ce n'est pas dire qui sont les bons et qui sont les méchants, c'est raconter aux gens des histoires qu'ils ne connaissent pas. Raymond était le plus grand, le plus talentueux d'entre nous, un éditorialiste flamboyant qui savait le faire mieux que quiconque en éclairant nos existences.»

«Un véritable anar»

Philippe Dubath, journaliste et ami de longue date, a choisi de rendre hommage au pêcheur. Et d'imaginer une truite de la Menthue s'adressant au défunt: «Nos compagnes les plus âgées choisirent parfois de gober ton hameçon car finir leur vie entre les mains d'un artiste était pour elles un honneur.» Michel Bühler aurait voulu chanter sa chanson L'espoir, mais il ne pouvait retenir ses sanglots. C'est donc la version enregistrée qui a été diffusée.

L'archéologue et humoriste Laurent Flutsch a donné sa propre vision de Burki, «un véritable anar, avec de la révolte. Comme tous les révoltés, c'était un vrai généreux. En chanson, ce serait Léo Ferré, pas Gérard Lenorman.» Un dernier hommage a été rendu sur la place avant que le corbillard n'emporte la dépouille d'un artiste qui a fait tant rire et un peu pleurer les Vaudois.