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PortraitCharlie Hebdo, cible désignée depuis ses caricatures de Mahomet

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Une du 10 avril 1972
Charlie Hebdo persiste et signe en Une de son prochain numéro de mercredi 14 janvier 2015 en faisant proclamer à Mahomet: «Je suis Charlie».
Le jour même du massacre à Charlie Hebdo, Michel Houellebecq était caricaturé en Une (7 janvier 2015)

Symbole d'une presse libre et frondeuse, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, victime mercredi 7 janvier d'un attentat meurtrier, avait déjà été la cible ces dernières années de menaces et d'un incendie criminel après la publication de caricatures de Mahomet.

Retrouvez ici notre couverture en direct de l'attaque contre Charlie Hebdo

En février 2006, l'hebdomadaire, comme plusieurs journaux européens, reprend 12 caricatures de Mahomet publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten, au nom de la liberté de la presse. Ces dessins ont suscité des manifestations violentes dans le monde musulman et Charlie Hebdo a été depuis l'objet de menaces récurrentes de groupes islamistes.

Huit ans sous la menace

«Il y a des menaces constantes depuis la publication des caricatures de Mahomet», a expliqué l'avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka, mercredi sur RTL .«Ca fait huit ans qu'on vit sous la menace, qu'il y a des protections mais il n'y a rien à faire contre des barbares qui viennent avec des kalachnikov.»

«C'est un journal qui ne fait que défendre la liberté d'expression, la liberté tout court, notre liberté à tous et aujourd'hui, des journalistes, des dessinateurs, de simples dessinateurs ont payé le prix fort pour ça», a-t-il souligné.

La justice française avait donné raison, en 2008, au journal, poursuivi pour «injure aux musulmans», estimant que les dessins visaient «clairement une fraction», à savoir les terroristes, «et non l'ensemble de la communauté musulmane».

En novembre 2011, malgré les menaces, Charlie Hebdo persiste et signe en publiant un numéro spécial rebaptisé «Charia hebdo» avec, en Une, la caricature d'un prophète Mahomet hilare. Il se vend à 400.000 exemplaires. Le jour de la publication, les locaux de Charlie Hebdo sont détruits par un incendie criminel. Le gouvernement parle alors d'«attentat» et pointe du doigt des «musulmans intégristes».

Victime de plusieurs piratages

Le directeur de l'hebdomadaire, Charb, menacé de mort, est alors mis sous protection policière. Celle-ci s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui.

Le site internet du journal a aussi été victime de plusieurs piratages. En 2011, sa page d'accueil avait été remplacée pendant plusieurs heures par une photo de la mosquée de La Mecque avec ce slogan: «No God but Allah» («Pas d'autre Dieu qu'Allah»). Un autre piratage massif a eu lieu en 2012.

En 2012, de nouvelles caricatures publiées par le journal avaient suscité des critiques virulentes dans de très nombreux pays musulmans, au point de faire réagir le gouvernement français.

Mais «Charlie» reste fidèle à sa ligne de conduite: «Il y a de la provocation comme toutes les semaines, pas plus avec l'islam qu'avec d'autres sujets», avait alors fait valoir Charb.

Hara Kiri et la mort du général de Gaulle

Son ancêtre Hara Kiri, fondé par Cavanna et le Professeur Choron, avait choqué la France de 1970 avec une Une ironique sur la mort du général de Gaulle, qui avait abouti à son interdiction. L'équipe décide de faire reparaître le journal avec des bandes dessinées et sous un nouveau titre: Charlie Hebdo, référence à Charlie Brown, le célèbre «comics» américain de Schultz. «Charlie» accueille dans ses colonnes une multitude de dessinateurs irrévérencieux, de Cabu à Wolinski en passant par Reiser.

En images - Les meilleures Une de «Charlie Hebdo» et «Hara-Kiri»

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Voici quelques-unes des Une de «Hara-Kiri», «le journal qui ne respectait rien» selon les propres termes de François Cavanna. Créé en 1960 par François Cavanna et le professeur Choron, ce journal satirique est cynique et parfois grivois. Le journal a fermé ses portes 25 ans plus tard, en 1985.
«Hara-Kiri» était devenu célèbre en titrant en couverture, après le décès du général Charles De Gaulle (1890-1970): «Bal tragique à Colombey: 1 mort». Le journal, dont le titre ironique faisait référence à un fait divers qui venait de défrayer la chronique (un tragique incendie dans un dancing), avait été interdit le lendemain.
Voici quelques-unes des Une de «Hara-Kiri», «le journal qui ne respectait rien» selon les propres termes de François Cavanna. Créé en 1960 par François Cavanna et le professeur Choron, ce journal satirique est cynique et parfois grivois. Le journal a fermé ses portes 25 ans plus tard, en 1985.

Habitué des procès, le journal, qui croule sous les procédures, doit s'arrêter de 1981 à 1992.

Aujourd'hui, l'hebdomadaire est menacé de faillite: déficitaire, il vend en moyenne environ 30.000 exemplaires, et vient de lancer un appel aux dons pour ne pas disparaître.

Mais il reste tout aussi mordant et irrévérencieux: son numéro de cette semaine est largement consacré à Michel Houellebecq dont le livre, «Soumission», qui imagine une France islamisée en 2022, paraît ce mercredi en France.

En une, une caricature de Houellebecq lance: «En 2015, je perds mes dents... En 2022, je fais Ramadan!» Un autre dessin fait dire à l'écrivain: «en 2036, l'Etat islamique fera son entrée dans l'Europe».

AFP