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Raymond Burki était «le Ramuz de la caricature»

Un dessin «fait sous le coup de l'émotion…»

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«Burki a marqué le canton, mais aussi à l'extérieur, par ses dessins. Il a par exemple accompagné tout l'assainissement des finances cantonales... C'était le dessinateur des Vaudois, il affectionnait de placer une boucle de saucisse aux choux ou un verre de blanc. Il aimait dessiner l'écusson du canton. C'était aussi une personnalité touchante. Brillant, il avait la synthèse facile, sur tous les thèmes. Il pouvait aussi bien faire du Sarkozy, Hollande ou Merkel. Il avait un grand bagage journalistique. La presse évolue en ce moment, on perd également des dessinateurs de presse et ce sont des pages qui se tournent alors que la démocratie a besoin de tout cela.»

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«On n'a pas le droit de faire rire les gens pendant 38 ans et puis, subitement, de les priver de leur dessin quotidien et deux ans plus tard, les abandonner définitivement. Raymond, l'humour noir, à ton endroit, ça aurait dû t'être interdit!»

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«Je suis extrêmement triste. Je le connaissais un peu, je n'étais pas un proche. Son fils a fait l'Ecal. C'était l'homme le plus sensible, le plus adorable, toujours caustique mais avec une gentillesse et une classe rares. Il a fait deux dessins de moi, un en officier des arts et des lettres à l'envers sur son cheval, l'autre avec des bas résilles. J'ai évidemment gardé les deux originaux.

J'adorais sa manière de voir les choses, de tout dire sans en rajouter. En fait, c'était un ouvrier exceptionnel, qui travaillait avec constance et talent. Il fut unique pour le canton de Vaud, avec malheureusement, en contrepartie, moins de carrière internationale qu'il aurait pu mériter.»

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«C'était un maître! C'était le pape, le meilleur de tous. J'ai pas souvenir d'un dessin qui ne marchait pas, il savait tellement bien choisir le moment, l'angle. Imbattable! J'ai les dessins qu'il a faits de moi là sous les yeux, je les ai tous gardés. Il n'avait pas son égal pour trouver le détail qui dit tout et fait la différence, il avait cet art-là de mettre le doigt exactement là où il le fallait, c'est ce qu'on appelle le talent. Je regarde encore le dessin où Constantin me bouffe en raclette, il est juste exceptionnel. C'est tellement lui, c'est tellement moi. On ne peut que être en admiration. Je l'avais encore vu à la pêche, je ne m'y attendais pas, c'est une grande perte. Irremplaçable Burki!»

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«C'était un maître à mes débuts. Un as du dessin silencieux. J'étais un fan de sa première période, en noir et blanc, qui possédait une force peu commune. Dans le sillage de Martial Leiter, il était alors plus tragique. J'adorais quand il relevait d'une seule couleur ses dessins en noir et blanc. Il m'arrive de le faire dans les miens, en songeant à lui. Je crois qu'il est devenu plus gentil au fil du temps. La couleur a arrondi son univers.

Dans l'exercice imposé du dessin sans texte, il était magistral. C'était un peu le Jean Villard Gilles du dessin, le Ramuz de la caricature. Quand c'était réussi, c'était imparable. Avec une économie de mots toute vaudoise, il incarnait l'esprit d'un pays. Il posait son regard sur le monde et n'en pensait pas moins, sans recourir aux effets de manches à la française.

Lorsqu'il est parti à la retraite, je l'avais dessiné en train de pêcher, prêt pour une belle et bonne vie sous un soleil vaudois. Je sais qu'il aimait la sérénité du pêcheur. Hélas, il n'a pas pu profiter beaucoup de ce bonheur.»

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«Raymond Burki faisait partie de notre patrimoine mais ses dessins n'avaient rien de régional. Il traitait souvent de politique internationale et a certainement permis à des lecteurs de comprendre des sujets complexes: saisir d'un coup d'œil sans avoir la tentation de zapper. Cette année a été dure pour de nombreuses raisons... Quand des dessinateurs de presse s'en vont, des voix précieuses disparaissent. Je pense notamment à ce dessin de Raymond Burki juxtaposant la lutte au caleçon en Suisse et la lutte contre le burkini en France. Certains de ses dessins étaient violents, mais il n'a jamais dépassé la limite et cela permettait d'ouvrir le débat. Il nous tendait le miroir reflétant nos dualités.»

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«C'est évidemment une nouvelle qui m'attriste. J'ai découvert Raymond Burki lorsqu'il m'a dessinée en Edith Piaf lors de mon accession au Conseil fédéral. Avec ce Je ne regrette rien qui est encore ma devise. C'était le plus grand caricaturiste de Suisse. Techniquement d'abord, ces dessins se rapprochaient de la peinture. Sur le fond ensuite. Il transperçait votre cuirasse sans jamais être méchant. Il vous offrait un miroir qui, en grossissant vos défauts, vous faisait rire et réfléchir. Je l'ai rencontré à Berne et à la rédaction de 24 heures à Lausanne. Et il nous arrivait parfois d'échanger par lettre ou par mail. Je garde le souvenir d'un homme charmant. Ses livres trônent en bonne place dans ma bibliothèque.»

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«Burki était un personnage extrêmement attachant, avec un regard timide mais malicieux et pétillant d'intelligence. J'admirais sa perspicacité et son talent pour être à la fois pertinent et impertinent. Je trouve notamment qu'il avait une façon sublime de traiter le rapport des gens avec l'argent: il mettait en lumière la cupidité et le cynisme du monde des affaires d'une manière admirable. Ses dessins faisaient mon rendez-vous de chaque matin.

Il m'a autant caricaturé en patron du Paléo qu'en syndic de Nyon, et souvent il brassait les deux: il m'avait dessiné sur la grande scène du festival avec un écriteau Votez pour moi!. Je l'invitais souvent au festival, et il y venait, très discret sous sa casquette...»

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«Le connaissant, il aurait sans doute souhaité qu'on fasse de cette journée quelque chose de joyeux, mais c'est difficile. Son décès me touche personnellement, mon épouse encore plus. Il y a cette complicité entre caricaturiste et caricaturé qui s'est transformée en amitié. Je ne lui en ai jamais voulu pour ses dessins. Nous devions encore partager une fondue dernièrement, il a fallu la reporter... Je perds un ami de notre famille. Le monde des dessinateurs romands subit une hécatombe cette année, mais je dois dire que Burki faisait partie du haut de la gamme à l'échelle internationale. Il était l'un des rares à pouvoir dessiner sans ajouter une ligne de texte. Ceci en résumant l'actualité sur plusieurs degrés. Pour beaucoup de gens, il remplaçait un article de fond à lui tout seul.»

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«C'est une amitié… , c'était mon alter ego. On nous appelait les BB, les Burki-Barrigue, les Barrigue-Burki. Je m'y attendais mais quand ça arrive, ça fait mal, très mal. En pensant à lui, à sa famille, à 24 heures , je n'arrête pas de pleurer. Mais là je suis en route, il y a un grand ciel bleu et je me dis que c'est toujours mieux de partir quand le ciel est dégagé, non? Tous ces souvenirs… On a presque passé plus de temps ensemble qu'avec nos femmes respectives. C'est quand même 29 ans de complicité. Et combien de bureaux n'a-t-on pas partagé dans la tour Edipresse? Il avait un côté métronome de l'odeur et sans surprise: à chaque saison des bananes, il ne mangeait que ça et après c'était les mandarines. Mais à part ça qu'est-ce qu'on s'est pas marré au bureau. L'un des meilleurs moments, c'est quand on mettait la radio pour écouter les nouvelles et qu'on se moquait des présentateurs. Ce qui était formidable aussi, c'est quand on partait faire des dédicaces ensemble et pourtant j'ai souffert. Imaginez, dans le canton de Vaud, il n'y en avait que pour lui! Mais on acceptait tout, on était des amis. On a même monté une maison d'édition ensemble pour un temps, on y publiait nos refusés. Raymond c'était, non c'est un immense talent, un génie. Il ne dessinait que des choses sans légende, elles étaient inutiles alors que moi, grand bavard... Et le voilà qui nous oblige à prendre la parole parce qu'il n'est plus là!»

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«Je le savais malade, je m'y attendais un peu mais c'est évidemment un choc et une tristesse. Nous avions des rapports très amicaux depuis longtemps. Nous nous voyions souvent pour manger chez un ami commun. J'aimais sa façon d'apprécier les plaisirs simples, comme la pêche. On ne parlait pas de nos arts respectifs - de façon générale, Raymond ne disait pas grand-chose: sous sa casquette, c'était un taiseux. Je l'admirais pour sa façon de faire des dessins sans texte mais qui parlaient énormément.»

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«Je suis touchée par cette nouvelle que j'apprends à l'instant. Son départ à la retraite avait été somptueusement fêté. Il savait s'amuser des gens mais avec un regard plein d'amitié. Il savait croquer les caractéristiques qui rendaient ses sujets immédiatement identifiables. J'en ai fait partie, avec beaucoup de plaisir. Le Burki du jour, ça a toujours été le moment incontournable de la lecture de 24 heures.

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«On a tous pris ça en pleine gueule ce matin..., on est tous si tristes de perdre un ami, quelqu'un de si doux, de si vaudois aussi dans sa façon de ne pas s'énerver. C'est d'ailleurs ce qui transparaissait aussi dans ses dessins, à la fois incisif et d'une grande tendresse.»

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«Je le suivais, c'est un dessinateur extrêmement doué, ce qui n'est pas le cas de tous les dessinateurs de presse. Mais lui avait un vrai trait, le trait d'un hyperdoué et le fait de conserver un tel niveau, une telle qualité tous les jours est incroyable. En plus en étant toujours drôle et jamais méchant. Son départ, après celui de Mix & Remix, c'est un nouveau coup dur pour ce métier où l'on rencontre ces êtres, souvent des écorchés vifs qui expriment leur sensibilité par le dessin.»

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«Burki m'a souvent dessiné, mais je ne me suis jamais senti victime, car il y avait une intelligence beaucoup d'affection et de finesse dans ses dessins, toujours très subtils. J'en ai d'ailleurs achetés plusieurs. Ses croquis posaient une critique, mais teintée de respect. Lors de mon tour du monde en ballon, il avait dessiné mon grand-père en professeur Tournesol, qui faisait tourner le ballon autour du monde comme un pendule, génial! On sent qu'il aimait ceux qu'il dessinait, le résultat était magnifique. Son style inimitable va nous manquer.»

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«C'est le genre de nouvelle qui fait vraiment très mal. J'avais invité Raymond à venir pêcher chez moi, sur l'île de Marajo au Brésil, dès qu'il serait à la retraite. Cela ne s'est jamais fait... Il a dû réaliser une bonne dizaine de dessins de moi, souvent avec un entonnoir sur la tête, mais ce n'était jamais méchant. C'était juste touchant et tendre. Il avait eu la gentillesse d'illustrer le livre que j'avais écrit sur mes aventures. Il lui arrivait même de le dédicacer avec moi sur les salons. Un grand bonhomme.»

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«J'ai toujours apprécié son humour: une ironie jamais méchante, toute en subtilité. Il avait l'art de mettre une pointe au bon endroit et sa disparition me touche.»

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«Quelle série noire! Après Mix & Remix, Burki... Une deuxième grande figure du dessin de presse s'en va. Il était très caustique, j'aimais son humour. Je me souviens en particulier du dessin de son départ à la retraite: on voyait Obama, Doris Leuthard ou encore Micheline Calmy-Rey, tous en train de pleurer... sauf Blocher qui criait victoire!»

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«J'ai toujours admiré son dessin au service d'une idée avec une efficacité magnifique, il avait un vrai esprit de synthèse. En un dessin, c'était toujours le bon angle, la bonne idée ; en un dessin, on avait tout compris. Et un plus c'était quelqu'un d'une sensibilité extrême, on ne se voyait pas souvent, on se croisait mais toujours avec cette même gentillesse.»

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«La nouvelle du jour est un choc. J'avais gardé un souvenir lumineux de nos rencontres. Il est indépassable et irremplaçable. La précision de son trait s'alliait à une sorte de gentillesse, de tendresse. C'était un homme doté d'une grande richesse humaine, ma femme et moi l'aimions bien. J'ai garni mon bureau de ses dessins. Ceux de Mix & Remix sont au chalet.»

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«J'ai 16 caricatures de Burki dans mon bureau et une de Mix & Remix, que j'aimais aussi beaucoup. Burki était un grand Monsieur. Il savait croquer l'actualité avec finesse, pertinence. Ses dessins étaient très pointus, parfois au vitriol, mais toujours sans méchanceté. Il m'avait dit qu'il n'était pas d'accord avec mes idées politiques mais qu'il aimait bien me dessiner. Il avait visiblement de l'affection pour ses sujets de prédilection.»

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«Je l'aimai beaucoup et suis très attristée par cette nouvelle. Raymond était une personne avec qui la sympathie se faisait tout de suite. Ses dessins comportaient toujours une touche piquante, mais pas méchante. Il pouvait toucher à tous les sujets sans jamais blesser personne. Il avait un regard tendre sur ses sujet. Au fond, il aimait les gens.»

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«En pensant à l'amoureux de la chose vaudoise qu'était Raymond, je ne dirais qu'une chose: on a eu été moins mal!»

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«Burki était toujours d'une clarté parfaite. Il détestait laisser un lecteur de côté. Ce qui pourrait le résumer le mieux, c'est la synthèse. Il savait rendre simples les choses compliquées. Cela explique sans doute une grande part de son succès. Quand on voyait ses dessins, on pouvait souvent se dire: il a tout compris. Doté d'une véritable imagination visuelle, il avait ce don de mettre les mots en images.

Je pense que c'était le plus populaire des dessinateurs de presse romands. Il y a eu une adéquation absolument incroyable entre lui et son public. C'est vraiment le chantre d'un pays. L'égal de certaines personnes comme Gilles. Il incarne un certain pays de Vaud. Il avait ce don d'exprimer ce que les gens avaient en eux et qu'ils pressentaient.

C'était peut-être aussi le plus émotif d'entre nous. Personnellement je me méfie de mes émotions. C'est pour cela que je mets des mots sur mes images, afin d'insérer de la distance. Lui, il fonctionnait à l'inverse: il s'imprégnait des émotions, et les exprimait. On était en communauté sentimentale avec lui.»

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«C'était un enlumineur dans le sens où il a fait du théâtre politique, souvent un peu ennuyeux, quelque chose de drôle. C'était presque un sacerdoce et je pense qu'aujourd'hui, si nous sommes tous tristes, il y a aussi beaucoup d'orphelins de Burki et en particulier tous ces gens qui lui doivent une fière chandelle parce qu'en le dessinant, il leur a donné une épaisseur. Il les a valorisés un peu comme les Guignols de Canal + l'ont fait pour la politique française.»

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«En trois coups de crayon, il arrivait à retourner une situation avec beaucoup d'humour. Il avait ce talent sans jamais être médisant et, à chaque fois que j'étais sur un dessin, il réussissait à me faire rire de moi.»

«Enfant, j'étais fascinée par les dessins de Burki, leur impact était parfois si fort que je m'en souviens encore. Je l'ai rencontré lorsque j'ai commencé à travailler pour 24 heures. Il était adorable et aussi peu bavard que ses dessins! J'ai du mal à croire que ses yeux clairs brillants d'intelligence se soient fermés pour toujours.»

«Raymond Burki était l'un de mes maîtres et j'ai copié nombre de ses dessins dans ma jeunesse. Il faisait partie de ceux, très rares dans la profession, qui peuvent se passer de texte. Tout dire en une image. Langage universel dans lequel Burki excellait. Mieux vaut donc se taire et admirer son œuvre muette, mais tellement parlante!»

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