Quel est le secret du ciel rouge dans « Le Cri » de Munch ?

De l'explosion du volcan Krakatoa en 1883 à une pure expression d'angoisse, les théories sur les raisons qui ont poussé Munch à peindre le ciel du « Cri » d’un rouge si intense sont nombreuses. Cependant, une équipe de scientifiques pense qu'il existerait un phénomène météorologique pour l’expliquer.

Les spectateurs regardent « Le Cri » d'Edvard Munch au Museum of Modern Art (MOMA) de New York, présenté lors d'une exposition de six mois en 2012. Le tableau le plus célèbre de l'artiste norvégien, et l'une des peintures les plus emblématiques du monde, a été vendu pour près de 120 millions de dollars ( 90 millions d'euros) chez Sotheby's en mai 2012 et reste la seule des quatre versions en mains privées, image © Spencer Platt / Getty Images
Les spectateurs regardent « Le Cri » d'Edvard Munch au Museum of Modern Art (MOMA) de New York, présenté lors d'une exposition de six mois en 2012. Le tableau le plus célèbre de l'artiste norvégien, et l'une des peintures les plus emblématiques du monde, a été vendu pour près de 120 millions de dollars ( 90 millions d'euros) chez Sotheby's en mai 2012 et reste la seule des quatre versions en mains privées, image © Spencer Platt / Getty Images

La publication d’une étude menée par les scientifiques Fred Prata, Alan Robock et Richard Hamblyn a été publiée récemment, et annonce avoir identifié la raison qui se cache derrière le ciel sanguin des quatre versions de l’œuvre Le Cri d’Edvard Munch, l'un des tableaux les plus célèbres du mouvement expressionniste.

En plus de sa grande valeur artistique, la peinture est également célèbre pour avoir subi deux vols, en 1994 et 2004. Le plus récent avait provoqué un grand tapage médiatique : dérobée au musée d'Oslo par deux hommes armés, la toile avait été récupérée seulement deux ans plus tard, avec de légers dommages.

Le Cri d’Edvard Munch est considéré comme l'une des œuvres les plus angoissantes de l'art occidental, elle a toujours été interprétée comme une expression directe de l'état émotionnel de l'artiste, qui a réalisé de nombreux croquis ainsi que quatre versions du sujet, entre 1893 et ​​1910.

Edvard Munch, Le Cri, 1893, Galerie nationale d'Oslo, Norvège, image CCØ
Edvard Munch, Le Cri, 1893, Galerie nationale d'Oslo, Norvège, image CCØ

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L'origine de la peinture a été documentée par le peintre norvégien lui-même. Dans une note écrite de sa main, on peut lire :

« Un soir, je marchais sur la route avec deux amis, la ville se trouvait d’un côté et le fjord en dessous. Je me sentais fatigué et malade. Je me suis arrêté pour regarder le fjord - le soleil se couchait et les nuages ont viré rouge sang. J’ai senti un cri transpercer la nature ; il m’a semblé entendre ce cri.

J’ai peint ce tableau, j’ai peint les nuages comme du véritable sang. Les couleurs ont hurlé. Ce tableau est devenu Le Cri. »

En un mot, tout semblait faire croire que le cri d'angoisse et de solitude de la figure au premier plan était celui de l'auteur et de l'humanité tout entière, représentant ainsi l'angoisse existentielle inhérente à notre espèce. Une interprétation qui reste valable, mais l’explication de la couleur du ciel, elle, a été approchée d’un point de vue scientifique.

En 2000, l’un des scientifiques de la même équipe (Robock) avait assumé que l'origine du ciel de la toile était en lien avec l'éruption du volcan Krakatoa de 1883, qui aurait parsemé le ciel d’une teinte inhabituelle, et visible à des milliers de kilomètres. Les peintures de Munch, cependant, sont datées de 10 ans après l’événement, ce qui rend l’hypothèse plus qu’improbable.

Un avion transperçant des « nuages nacrés », image © Vidar Nordli-Mathisen
Un avion transperçant des « nuages nacrés », image © Vidar Nordli-Mathisen

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La nouvelle étude en revanche, véhicule une autre théorie : selon des scientifiques du Département de Physique Atmosphérique, Océanique et Planétaire de l'Université d'Oxford, l’auteur de la toile aurait assisté à un phénomène météorologique portant le nom fascinant de « nuages ​​nacrés ». L’événement se produit à une température très basse et provoque parfois la formation de nuages ​​striés (semblables aux cirrus), prenant l’aspect de blocs aux couleurs spectrales. Le mélange des teintes nacrées rappelle les reflets parfois visibles dans une flaque d’essence.

Après avoir recueilli quelques témoignages confirmant que l'événement s'était bien produit à Oslo lors de ces années-là, les scientifiques ont analysé les couleurs de la peinture, en la comparant avec des photos plus récentes de l'événement : les similitudes, en termes de couleurs et de formes, ​​ne laissent pas planer beaucoup de doutes quant à la véritable source d’inspiration de Munch.

Si la théorie était un jour confirmée, Le Cri comporterait alors la première représentation artistique connue du phénomène des « nuages ​​nacrés ».

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