« Sans Napoléon, je vendrais des oranges dans les rues d’Ajaccio ! », disait la princesse Mathilde, d’une grande liberté d’esprit. Fiancée au futur Napoléon III avant d’être mariée au riche prince russe Anatole Demidoff en 1840 (et de s’en séparer), elle affectionnait les objets extraordinaires et les bijoux somptueux, dévoilés dans l’exposition. Une sélection de vues d’intérieur de son hôtel de la rue de Courcelles permet de redécouvrir le « style Mathilde » original de la princesse impériale, tandis qu’un ensemble de portraits évoque le cercle d’écrivains qu’elle recevait le mercredi : Gautier, Flaubert, les frères Goncourt qu’elle appelait ses « bichons ». Peintre aquarelliste exposant au Salon officiel sous le Second Empire, celle que Sainte-Beuve appelait « Notre-Dame des Arts » invitait aussi dans sa propriété au bord du lac d’Enghien les artistes Giraud, Carpeaux et Gérôme. Maîtresse du « Bel Émilien » de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-Arts auprès de Napoléon III, elle collectionnait peintures orientalistes, scènes de genre et compositions historiques, réunies aujourd’hui pour la première fois au gré d’un accrochage très dense.