Quand on a caché tous les sexes peints par Michel-Ange au Vatican
1564. Dans la chapelle Sixtine Danielle Ricciarelli dit « Volterra » est à l’ouvrage. La hauteur est vertigineuse.
C’est quand même malheureux d’en arriver là quand on a été le disciple de Michel-Ange, si proche de lui qu’on a assisté aux derniers instants du génie, qu’on est même chargé de la mise en œuvre de son testament. On fait aussi une belle carrière émaillée de fresques, de tableau et même de sculpture et on se retrouve, là, à retoucher l’une des plus belles fresques de l’histoire de l’humanité. Il a déjà corrigé 39 personnages. Plus que deux. Enfin a priori. Il y en a tellement !
La mission de Volterra est de recouvrir les sexes. Vous avez bien lu. Après les années 1550, finie la rigolade à Rome. Les cardinaux élisent des papes vertueux. Fini l’époque de Borgia ou de Paul 1er. L’Église vient d’achever le concile de Trente. Elle veut être exemplaire pour contrer ce protestantisme qui continue de séduire en dénonçant, entre autres, la débauche de Rome. Pourtant plus cool que son prédécesseur Paul IV qui a enchaîné les bulles contre les juifs et qui a remis l’inquisition au top de sa forme, le Pape Pie IV juge la peinture de Michel Ange indécente. Tous ces hommes nus ce n’est pas possible. C’est donc lui qui a ordonné à Volterra de repeindre systématiquement les sexes peints par son maître.
Quelques années plus tard, un autre pape fera recouvrir d’une feuille de vigne en plâtre les sexes des statues romaines Peu de plâtre remarquez ! Ils sont minuscules ces sexes. Pardonnez-moi ce jugement de valeur ! Ceci dit, les Grecs et les romains diminuaient volontairement la taille des sexes de leurs statues. Pour eux un grand sexe était le fait des animaux au pire, des satyres au mieux. Rien de plus vulgaire que de représenter un sexe de taille normal pour eux. En amoureux de la culture grecque et latine, les artistes de la Renaissance, dont Michel-Ange ont continué de faire dans le petit. Volterra entrera dans l’histoire de la peinture avec le surnom d’« Il braghetonne ». Autrement dit, à celui qui a caché tant de sexes, on lui a donné le surnom de « Faiseur de culottes ».
