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Le triton crêté, espèce en danger, revient buller au parc de l’Île d’Amour en Isère

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Une population de tritons crêtés a été découverte au printemps au parc de l’Île d’Amour à Meylan. Désormais, ce parc qui accueille de nombreux habitants de Grenoble et des alentours durant les beaux jours est également le domicile de cet amphibien, assez rare dans le Sud-Isère.

Le triton crêté est une espèce reconnaissable à sa grande taille et à la crête dorsale que possèdent les tritons mâles Le triton crêté est une espèce reconnaissable à sa grande taille et à la crête dorsale que possèdent les tritons mâles
Le triton crêté est une espèce reconnaissable à sa grande taille et à la crête dorsale que possèdent les tritons mâles - Photo : LPO / Alexandre Roux

La mare où a été découverte cette espèce patrimoniale avait été restaurée en 2019 dans le cadre d’un plan d’action lancé par la métropole grenobloise. Les mares sont des espaces naturels essentiels pour de nombreuses espèces menacées, à l’instar du triton crêté. Le nombre exact d’individus de la population de l'Île d'Amour est difficile à établir, les tritons vivant dans les eaux et ne se déplaçant que la nuit. Mais la nouvelle est déjà extraordinaire selon Fabien Hublé, chef de projet de la Trame Verte et Bleue à la LPO Isère : "On ne s’attendait pas à redécouvrir le triton crêté sur de nouvelles stations dans la métropole de Grenoble. _C’est une espèce qui est assez rare dans le département et le fait qu’elle soit présente dans un milieu plutôt urbanisé, c’est exceptionnel.__"_

Protection des espèces en Isère

La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) est une association de protection de l’environnement. En Isère, son rôle est, entre autres, de suivre l’évolution des mares et des différentes zones humides, qui sont des espaces essentiels à la biodiversité, notamment au triton crêté. En effet, cet amphibien de grande taille se développe dans les mares des milieux agricoles ou des prairies proches des forêts, des écosystèmes qui ont peu à peu disparu de nos paysages. Cette espèce est protégée, comme tous les amphibiens en France, ce qui interdit de la capturer ou de détruire son habitat ou ses œufs. Elle figure même sur liste rouge en Auvergne-Rhône-Alpes.

"Son statut *en danger* est lié à une combinaison de facteurs, précise Fabien Hublé. Ça peut être l’évolution de la taille de la population, la qualité de l'habitat, etc. Ça donne des listes qui recensent des espèces qui se portent plutôt bien à des espèces qui sont complètement éteintes, en passant par celles qui sont en voie d’extinction. Ces listes rouges existent au niveau isérois, au niveau régional, au niveau national et il y a même des listes internationales."

La création de mares dans le cadre du Contrat Vert et Bleu

En Auvergne-Rhône-Alpes, la délégation iséroise de la LPO a lancé un projet de restauration de nombreuses mares, en lien avec le Contrat Vert et Bleu. Mis en place par Grenoble-Alpes Métropole, en soutien avec le département, la région et l’Europe, ce contrat doit permettre de préserver ces écosystèmes. Cela passe notamment par le projet des Trames Vertes et Bleues qui vise à maintenir des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques terrestres et aquatiques.

Les mares s’inscrivent vraiment dans cette thématique de trame bleue qui est l’ensemble des milieux humides interconnectés qui permettent aux espèces liées à ces milieux-là de se déplacer.

_"Le Contrat Vert et Bleu de la métropole c’est un outil territorial qui permet de travailler sur les continuités écologiques,_ explique Fabien Hublé. Une mare ça paraît être quelque chose de plutôt ponctuel, mais les mares fonctionnent en réseau, ce qui permet aux individus de se déplacer. Ça peut être des amphibiens, des libellules, énormément d’espèces qui vont utiliser les mares comme points d’eau pour boire ou se nourrir ou, comme pour les amphibiens, pour se reproduire. Donc les mares s’inscrivent vraiment dans cette thématique de trame bleue qui est l’ensemble des milieux humides interconnectés qui permettent aux espèces liées à ces milieux-là de se déplacer."

Le contrat prévoyait la restauration et la création d’une cinquantaine de mares au total d'ici l'année prochaine, un objectif déjà atteint et certainement bientôt dépassé, puisque la LPO en est déjà à 48 mares créées ou restaurées. 

La préservation des milieux : une action collective

Aujourd’hui en Isère, on devrait atteindre les 4 millions d’observations. On est à plusieurs dizaines de milliers d’observations, ne serait-ce que sur la commune de Grenoble.

La LPO est aussi une association qui met en avant la science participative. Cela veut dire que tout le monde peut partager ses observations et venir participer à des opérations de sensibilisation à l'environnement. Le site, À vos mares, prêts, partez ! permet ainsi à tous de contribuer au recensement des mares. Il s’agit aussi de faire connaître au grand public ces écosystèmes encore trop méconnus, ou parfois détruits par le développement des zones urbaines.

Selon Fabien Hublé, le confinement a également renforcé le besoin de nature chez de nombreuses personnes. Il se dit très heureux de cet engouement : "Aujourd’hui en Isère, on devrait atteindre les 4 millions d’observations. On est à plusieurs dizaines de milliers d’observations, ne serait-ce que sur la commune de Grenoble. _On ne peut pas vérifier l’ensemble des données observées, certaines sont plus difficiles à établir. Par contre, pour les espèces comme le triton crêté qui est une espèce plutôt patrimoniale et rare, il y a une vérification systématique__, ce qui permet d'éviter les données fausses sur le site. Maintenant, c’est aussi le jeu des sciences participatives où on compte sur le nombre d’observations pour tamponner un peu les observations faussées, qui sont quand même rares dans l’ensemble."_

Non, les moustiques ne se développent pas dans les mares !

Le moustique tigre est certes présent en ville mais il n'est pas lié à la présence de mares. Il est plutôt dans les petits milieux. Sur une mare on a tout une faune qui est présente et qui va jouer son rôle dans l'écosystème, donc qui va prédater les larves de moustiques.

Fabien Hublé précise enfin que les mares ne sont pas des nids à moustiques, comme on le croit trop souvent. La faune et la flore qui s’y développent rapidement conduisent au contraire à un équilibre entre les espèces : "Il ne faut pas hésiter à créer un point d'eau chez soi, il y a plein de conseils qui existent sur le site de la LPO mais aussi sur d'autres sites. Ce qu'on entend assez fréquemment c'est la problématique des moustiques. Le moustique tigre est certes présent en ville mais il n'est pas lié à la présence de mares. Il est plutôt dans les petits milieux. Sur une mare on a tout une faune qui est présente et qui va jouer son rôle dans l'écosystème, donc qui va prédater les larves de moustiques. Donc ça ne crée pas une pullulation de moustiques d'avoir un point d'eau chez soi."

En plus d'être agréables et esthétiques, ces points d'eau sont donc des espaces propices au développement d'amphibiens, mais aussi de papillons, de libellules et de plantes. Ils peuvent même servir d'abreuvoirs pour les chauves-souris et les oiseaux. De quoi avoir son petit coin de nature à soi lorsqu'on habite en ville.

Reportage de Juliette Meulle

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