Crise de l'hôpital : les urgences de la Timone se préparent à trier les patients en août

Elle ne passe pas inaperçue à l'entrée de l'hôpital la Timone, le plus grand de Marseille. Une grande tente blanche est désormais dressée à l'entrée des urgences adultes. Le service accueille en moyenne "250 patients par jour depuis le début de l'été", détaille sur France Bleu Provence Céline Méguerditchian, cheffe des urgences adultes. Une activité soutenue qu'il faut traiter avec deux fois moins de médecins. "Nous sommes actuellement quatre médecins urgentistes et un médecin orthopédique pour tous les trauma, contre neuf médecins habituellement".

"On est sur le fil, en équilibre" - Céline Méguerditchian, cheffe des urgences adultes à La Timone

Une situation critique qui risque bien d'empirer en août, redoutent les professionnels de santé. "La dernière étape c'est cette tente de tri, explique le docteur en poste depuis le mois de février. Si jamais on déborde encore malgré notre fonctionnement qui tient à peu près en équilibre, pour trier les patients, c'est-à-dire les patients qui ne nécessitent pas un plateau technique d'urgence, les orienter vers la médecine de ville. On ne prendra plus en charge les patients qui ne le nécessitent pas. Donc les otites, les angines, les "j'ai mal à l'épaule depuis quatre jours" (sic), on ne les acceptera plus dans les urgences".

Un scénario du pire auquel se prépare le service mais que Céline Méguerditchian espère éviter. "Pour l'instant, tant que cette procédure n'est pas activée, on accepte tous les patients qui se présentent aux urgences. C'est notre travail et notre devoir de le faire, pour l'instant. On est sur le fil, en équilibre". 

3.000 appels par jour en moyenne au Samu 13

Il faut dire qu'en août, beaucoup de médecins généralistes partent en vacances alors que la demande de soins reste élevée. De nombreux patients se tournent alors vers le 18 ou le 15. Les deux numéros sont réunis dans le même centre d'appels du Samu 13 à l'hôpital de la Timone. En ce moment, le centre enregistre une hausse d'activité de "20 à 30%", explique le docteur André Puget, chef du Samu des Bouches-du-Rhône. "On a 3.000 appels par jour. Ça génère environ 1.500 dossiers de régulation médicale. Sur ces appels, on envoie en moyenne 400 véhicules pompiers, 200 ambulances privées, 60 à 80 SMUR et on donne 600 conseils médicaux qui permettent d'éviter des hospitalisations et des orientations vers un circuit différent".

"On va se retrouver dans la tourmente, coincé entre le marteau et l'enclume." - André Puget, chef du Samu 13

Une situation inédite que le docteur Puget, voit encore se dégrader dans les prochains jours et semaines. "Ce mois d'août s'annonce un peu compliqué puisque vont se télescoper les difficultés qu'ont les établissements de soins et les services d'urgences, aux départs en vacances de nos collègues praticiens de ville. Quand on a une demande de soins non programmée, on va tout faire pour qu'elle soit assumée en ville et non pas à l'hôpital". 

"On n'a jamais vécu ça !" - Céline Méguerditchian, cheffe des urgences adultes à la Timone

France Bleu Provence a vérifié la situation critique aux urgences du plus grand hôpital de Marseille.