Raphaël, sur tous les fronts, a reçu le Goncourt de la nouvelle
- Publié le 31-05-2017 à 07h44
- Mis à jour le 31-05-2017 à 07h45
Le chanteur a reçu le Goncourt de la nouvelle pour son livre ‘Retourner à la mer’.C’est un premier livre sorti presque discrètement, sans bandeau racoleur. Juste sa photo, sur la Blanche, prestigieuse collection de Gallimard. "Retourner à la mer", ce sont treize nouvelles qui mettent en scène des personnages cabossés, "déglingués mais dignes" qui ont tous, de près ou de loin, été inspirés à Raphaël Haroche par des rencontres, souvent furtives. Par des images aussi, qu’il a rassemblées au fil du temps.
Au final, c’est un petit (166 pages) livre drôle et émouvant, qui a séduit, le 3 mai dernier, les jurés du Goncourt de la nouvelle. "Je suis complètement novice dans ce milieu", sourit le néoécrivain, une casquette floquée Belgium sur la tête. "Ce n’est pas un prix en plus. C’est un honneur extraordinaire, un prix prestigieux. Ça me touche beaucoup plus que d’autres récompenses en musique, qui sont plus dans ma sphère d’activité et qui me paraissaient moins inatteignables. Parce que j’aime la littérature… Ce livre, c’est comme un cadeau de la vie : je ne l’avais pas vraiment prévu, puis il s’est écrit facilement, tout était léger. Même si les thèmes sont graves, c’était agréable à écrire."
Il y a beaucoup, de près ou de loin, de textes qui parlent de la mort. Est-ce que flirter avec l’idée suffit à la tenir éloignée ?
Non, je ne crois pas. Mais c’est vrai qu’en parler, c’est peut-être un peu conjurer. Moi, j’ai essayé de parler de ce qui me fait peur, ou de ce que je ne comprends pas. Ce qui m’intéresse, c’est de parler des peurs.
L’alcoolisme aussi est un sujet qui vous fait peur ? Deux nouvelles en parlent…
Non. Et je ne suis pas alcoolique ! J’aime bien l’alcool, je sais que c’est un poison, mais j’aime bien la manière dont ça affecte les gens, en bien ou en mal. J’aime bien certains écrivains ivres, aussi, comme Malcolm Lowry. Je ne sais pas comment ils font, d’ailleurs. Je pourrais écrire en étant un peu ivre, mais par contre, la musique, c’est impossible. Parce qu’il faut déployer une énergie physique quand on fait de la musique. Moi, quand je suis saoul, j’ai envie de dormir.
La nouvelle "Le dernier des pères", qui met en scène l’accident de voiture d’un père et son fils, a quelque chose d’étouffant…
Oui, mais elle finit bien. Sinon, l’histoire serait insoutenable. Moi, j’aurais jeté le livre si ça s’était passé différemment. Là, c’est terrible, mais en même temps, ce père découvre presque ce qu’est la paternité. Il se rachète, quelque part.
On met plus de soi dans une nouvelle que dans une chanson ?
C’est sûr. Quelqu’un qui lit mon livre me connaîtra mieux que quelqu’un qui écoute tous mes disques. A part le dernier, qui est certainement le plus intime de tous. Arriver à la simplicité, c’est difficile. Et dire des choses intimes, c’est difficile.
Raphael Haroche, "Retourner à la mer", Gallimard.