Le Samu 13 cherche des médecins de toute urgence

Les médecins du Samu, en sous-effectif chronique, estiment que la prise en charge des urgences n'est plus correctement assurée

Les médecins du Samu, en sous-effectif chronique, estiment que la prise en charge des urgences n'est plus correctement assurée

Archives L.P

Marseille

Confrontés au manque d'effectifs, les praticiens redoutent un incident. Pour autant pas question de recruter n'importe qui.

Grippe, gastro, chute, et parfois arrêt cardiaque ou accident grave de la circulation : toutes les deux minutes, un appel au secours parvient au Samu 13. La plupart sont régulés par des conseils téléphoniques, les autres donnent lieu à 25 000 interventions sur place des SMUR (services mobiles d'intervention et de réanimation). 24h sur 24, 365 jours par an, le Samu Centre 15, l'un des centres de régulation les plus importants de France, est sur le pied de guerre. L'urgence, la course contre la montre ça fait partie du métier.

"Impossible de faire fonctionner une des quatre équipes SMUR"

Aujourd'hui pourtant, les médecins du Samu 13 s'essoufflent. Pas assez nombreux pour assurer la permanence des soins et répondre à temps à la demande, ils redoutent un incident. "La responsabilité d'un préjudice lié à un retard ou une carence de moyens est clairement posée", alertent-ils dans un récent courrier à la direction général de l'AP-HM. "Pour fonctionner correctement, c'est-à-dire 24h sur 24, il nous manque 6 médecins", explique l'un des 22 praticiens signataires. "Malgré les efforts et les bidouillages réalisés par tous les médecins qui acceptent de travailler en plus, nous sommes dans l'impossibilité de faire fonctionner une des quatre équipes SMUR. Aussi, chaque jour, un infirmier et un ambulancier sont renvoyés chez eux, faute de médecin pour compléter l'équipe", se désole ce médecin.

Dans les tableaux de services qui programment les effectifs des SMUR jusqu'au 8 janvier 2013, 49 journées et demi et 40 gardes seraient à ce jour toujours vacantes. Mêmes difficultés à la régulation téléphonique où il manque deux praticiens. "Par cette situation, la prise en charge pré-hospitalière et interhospitalière des urgences ne peut être correctement assurée. Les délais de mise en oeuvre des moyens pour les transferts de malades entre hôpitaux ont augmenté de 20 %", précise le courrier des médecins. Signalées avant l'été par le chef de services, ces difficultés n'ont toujours pas trouvé remède.

"Il ne s'agit pas de prendre n'importe qui"

"On nous avait pourtant promis des recrutements rapides" soulignent les médecins. Redoutant "un pépin grave", les praticiens ont donc voulu "se couvrir" en signant ce courrier à la direction. Contacté hier, le directeur de la Timone et chef du pôle urgences, Pierre Pinzelli, ne nie pas les difficultés. La preuve : "Nous avons validé le recrutement de deux praticiens". Le problème , c'est qu'il faut trouver les candidats qui répondent au profil. "Ces postes, en particulier pour le SMUR pédiatrique, nécessitent des compétences bien spécifiques et une grande disponibilité. Il ne s'agit pas de prendre n'importe qui", souligne le Pr Guy Moulin, président de la CME (représentant du corps médical de l'AP-HM). Comme dans de nombreux hôpitaux français, la médecine d'urgence fait partie des spécialités en mal de vocation. En attendant de trouver les bons candidats, les praticiens du Samu devront prendre leur mal en patience. Aux risques et périls des patients ? "A mon sens, la situation ne remet pas en cause la prise en charge", estime Pierre Pinzelli. Les médecins du Samu croisent les doigts.