LES PLUS LUS
Publicité

Etats-Unis: Après l'Irak, le suicide

Depuis l'invasion en mars 2003, plus de 3800 soldats américains sont morts en Irak. Mais une enquête de la chaîne CBS révèle que le nombre de victimes est beaucoup plus élevé. Le taux de suicide chez les vétérans de l'armée se révèle deux à trois fois plus haut que la moyenne nationale américaine. Et il est particulièrement important chez les jeunes gens ayant servi en Irak depuis 2003.

Grégory BLACHIER , Mis à jour le
© Reuters

"Il y a les victimes des guerres dont vous n'entendez pas souvent parler - des soldats qui meurent de blessures qu'ils se sont eux-mêmes infligées." Ainsi débute le reportage de CBS qui jette un froid sur les Etats-Unis, alors même que le Congrès, à majorité démocrate, se bat pour imposer à l'administration Bush un calendrier de retrait des troupes stationnées en Irak. L'enquête menée par le journaliste Armen Keteyian aboutit à une conclusion terrible, celle d'une épidémie de suicide chez les vétérans des guerres, particulièrement prononcée chez ceux qui ont servi la cause de la "guerre contre le terrorisme" chère au 43e président américain.

Publicité

"Si ces chiffres ne réveillent pas notre pays, rien ne le fera"

La suite après cette publicité

Epidémie, le terme est ambigu, car il désigne, en principe, une maladie qui se répand par contagion ou à cause d'un élément extérieur. Mais il caractérise l'étendue et la gravité d'un phénomène. Selon CBS, 6256 anciens militaires se sont donné la mort dans 45 Etats américains, pour la seule année 2005. Soit plus de 120 par semaine en moyenne. Ces informations, obtenues Etat par Etat puis compilées, révèlent, outre ce chiffre élevé, une statistique édifiante. Le taux de suicides chez les anciens combattants sous la bannière étoilée est plus de deux fois supérieur à celui de la moyenne de la population (18,7 à 20,8 pour 100 000 selon les Etats, contre 8,9 pour 100 000). Et une catégorie se dégage tout particulièrement: les jeunes de 20 à 24 ans, qui ont servi dans la guerre contre le terrorisme. Ceux-là ont trois à quatre fois plus de "chances" de se suicider qu'un jeune de leur classe d'âge qui n'a pas combattu (22,9 à 31,9 pour 100 000 contre 8,3 pour 100 000).

La suite après cette publicité

Des chiffres de nature à alerter le département des anciens combattants, mais que lui-même n'a pu fournir. Les statistiques officielles font état de 2196 suicides entre 1995 et 2005, pour les vétérans des guerres américaines. Mais elle ne concerne que les soldats d'active, revenus du front, et pas ceux qui ont été démobilisés. Le journaliste est, à ce propos, très critique. Selon lui, les chiffres ne sont pas réunis car ils mettent en évidence un problème dont les autorités ne veulent pas avoir à se saisir. Sa critique est alimentée par les réponses du Dr Ira Katz, directeur du service de suivi de la santé mentale, qui nie la notion d'épidémie spécifique, et parle d'une problématique nationale. Au contraire des parents de jeunes vétérans de l'Irak ayant mis fin à leurs jours, qui témoignent de comportements changés, mais aussi d'avocats, ou de la sénatrice démocrate Patty Murray, première femme à siéger à la commission des anciens combattants. "Ces statistiques montre que nous avons vraiment abandonné les gens qui ont servi notre pays", relève-t-elle. "Si ces chiffres ne réveillent pas notre pays, rien ne le fera."

Source: leJDD.fr

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Élu pour la 5e fois le 17 mars 2024, Vladimir Poutine sera investi dans ses fonctions de président de la Fédération de Russie ce mardi.
International

Russie : où en est Poutine à la veille de son investiture ?

FRONT. Le président russe peut se féliciter des progrès de son armée en Ukraine mais l’arrestation d’un vice-ministre, à l’avant-veille de son investiture, est-elle le signe annonciateur d’un changement d’équipe au Kremlin ?

La dirigeante géorgienne Salomé Zourabichvili.
International

La Géorgie sous la pression de Bruxelles et de Moscou

Après l’adoption mercredi dernier par le Parlement géorgien, en deuxième lecture, d’un texte accusé de vouloir mettre au pas la société civile sur le modèle russe, Tbilissi s’est couverte de manifestants proeuropéens.

Publicité