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« Charlie Hebdo » republie les caricatures du prophète Mahomet qui avaient fait du journal la cible des djihadistes

« Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais », a justifié le directeur du journal, Riss, alors que s’ouvre mercredi le procès des attentats de janvier 2015.

Le Monde avec AFP

Publié le 01 septembre 2020 à 12h08, modifié le 02 septembre 2020 à 10h38

Temps de Lecture 3 min.

L’attentat du 7 janvier 2015 a fait onze victimes au sein de la rédaction de « Charlie Hebdo », ainsi qu’un policier, Ahmed Merabet, tué dans la rue peu après.

Alors que s’ouvre, mercredi 2 septembre, le procès historique des attentats de janvier 2015, Charlie Hebdo republie les caricatures du prophète Mahomet qui avaient fait de l’hebdomadaire satirique une cible des djihadistes, a annoncé mardi le journal.

« Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais », justifie le directeur de Charlie Hebdo, Riss, dans le numéro dont la couverture reprend ces caricatures, en kiosques mercredi et accessible en ligne mardi à midi. « La haine qui nous a frappés est toujours là et, depuis 2015, elle a pris le temps de muer, de changer d’aspect pour passer inaperçue et poursuivre sans bruit sa croisade impitoyable », assure Riss.

Douze victimes

Ces douze dessins, publiés initialement par le quotidien danois Jyllands-Posten en 2005, puis par Charlie Hebdo en 2006, montraient le Prophète portant une bombe au lieu d’un turban, ou en personnage armé d’un couteau flanqué de deux femmes voilées de noir.

Outre ces caricatures danoises, la « une » du prochain Charlie Hebdo, sous le titre « Tout ça pour ça », reprend également une caricature du Prophète signée par son dessinateur Cabu, tué dans l’attentat du 7 janvier 2015, qui a fait douze victimes. Dans ce même numéro, la rédaction explique :

« On nous a souvent demandé depuis janvier 2015 de produire d’autres caricatures de Mahomet. Nous nous y sommes toujours refusés, non pas que cela soit interdit, la loi nous y autorise, mais parce qu’il fallait une bonne raison de le faire, une raison qui ait un sens et qui apporte quelque chose au débat. Reproduire cette semaine de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015 ces caricatures nous a alors semblé indispensable. »

La décision de Charlie Hebdo de republier ces dessins, juste au moment de l’ouverture du procès historique, est extrêmement forte.

Ces caricatures avaient provoqué, quelques mois après leur publication au Danemark, des manifestations violentes dans plusieurs pays musulmans. Leur reprise par l’hebdomadaire français lui avait valu de nombreuses critiques et en avait fait immédiatement une cible du djihadisme. Charlie Hebdo avait publié par la suite d’autres caricatures du Prophète.

Condamnation par le Pakistan

Mardi soir, le Pakistan a condamné avec « la plus grande fermeté » la décision de republier ces caricatures. « Un tel acte délibéré visant à heurter les sentiments de milliards de musulmans ne peut être justifié comme un exercice de la liberté de la presse ou de la liberté d’expression », s’est indigné le porte-parole du ministère des affaires étrangères sur Twitter. « De tels actes sapent les aspirations mondiales à la coexistence pacifique ainsi qu’à l’harmonie sociale et interconfessionnelle », a-t-il ajouté.

La représentation des prophètes est strictement interdite par l’islam sunnite et ridiculiser ou insulter Mahomet est traditionnellement vu comme passible de la peine de mort.

La dernière caricature de Mahomet publiée par le journal avait figuré en « une » du numéro suivant la tuerie de 2015. Elle montrait le Prophète portant une pancarte « Je suis Charlie » et titrée « Tout est pardonné ».

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé mardi à « ignorer » les caricatures de Mahomet republiées dans Charlie Hebdo. « La liberté de caricaturer est garantie pour tous, la liberté d’aimer ou de ne pas aimer [ces caricatures] également. Rien ne saurait justifier la violence », a déclaré Mohammed Moussaoui.

Il a appelé à se concentrer sur « le procès qui débute » mercredi et qui « doit nous rappeler les victimes du terrorisme ». « Ce terrorisme qui a frappé au nom de notre religion est notre ennemi », a martelé le président du CFCM, instance qui est la principale interlocutrice des pouvoirs publics au sujet du culte musulman.

Liberté de blasphémer, pour Emmanuel Macron

Interrogé à ce sujet au cours de sa visite au Liban, Emmanuel Macron s’est posé en garant des libertés, notamment celle de blasphémer. « Un président de la République en France n’a jamais à qualifier un choix éditorial d’un journaliste ou d’une rédaction, jamais. Parce qu’il y a une liberté de la presse », a-t-il dit.

« Dans notre pays, depuis le début de la IIIe République (...), il y a aussi en France une liberté de blasphémer qui est attachée à la liberté de conscience. Et donc, de là où je suis, je suis là pour protéger toutes ces libertés », a poursuivi le chef de l’Etat, qui a aussi rappelé « le devoir de ne pas avoir de discours de haine ». « La caricature n’est pas un discours de haine », a-t-il rappelé.

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Le Monde avec AFP

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