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Pour les puristes, les « Muppets », c’est Le Muppet Show, la série originelle – et seulement elle – du génial Jim Henson (1936-1990), en cinq saisons et 120 épisodes ; diffusée à partir de 1976 sur ITV, au Royaume-Uni, attendu que la télévision américaine avait d’abord boudé ce programme déjanté de marionnettes, en grande partie animalières, mais aux traits humains, si humains.
Diffusées ensuite partout dans le monde – dont en France, à partir de 1977, par Antenne 2 –, les aventures des Muppets ont été déclinées en films de cinéma, sortis en salle, et en « Television Specials », notamment pour les fêtes d’Halloween, Thanksgiving ou de fin d’année.
Après le rachat de la franchise Muppets par Disney, en 2004, d’autres moutures et relances modernisées ont été proposées, qui jamais ne retrouvèrent le génie foutraque des épisodes originaux (hélas non disponibles sur la plate-forme française de Disney). Ainsi Le Nouveau Muppet Show (2020), qui situait l’émission à l’heure des réseaux sociaux (Miss Piggy en influenceuse) et des téléconférences (Covid-19, saison 1 !), n’égalait même pas le niveau des Muppets (2015) annulés par ABC (filiale de Disney) après une saison.
Croque-mort et cimetière
Proposé quelques jours avant Halloween, le 31 octobre, Muppets Haunted Mansion (« Le Manoir hanté des Muppets ») est le vingt-sixième « Television Special » de la franchise, long d’à peine cinquante minutes – le format habituel du genre, même si le précédent, Lady Gaga and the Muppets Holiday Spectacular (2013), durait quatre-vingt-dix minutes.
Alors que les Muppets fêtent Halloween entre collègues de travail, une Black Party est organisée dans un manoir où l’on saisit avant même de l’avoir compris, grâce à quelques accords d’orgue gothique et un croque-mort (Darren Criss) dans le cimetière attenant, qu’il eût mieux valu ne pas y avoir mis les pieds.
Ce que font cependant Gonzo – bientôt aux prises avec un questionnement psychanalytique face au miroir de lui-même – et Pepe la crevette royale – le Julio Iglesias des décapodes qui en pince pour la première humaine venue et manque de le payer cher –, un personnage introduit en 1996 seulement.
On regrettera que l’ensemble de la troupe historique n’y soit que furtivement présente, sous forme de portraits accrochés aux murs du manoir, de bustes animés ou de fantômes, et lors d’un prologue et d’un épilogue très courts. Et l’on ne se console pas que Kermit la grenouille et Miss Piggy (« une grosse cochonne folle de son corps », ainsi que la décrivait la grande Micheline Dax, qui fut sa doublure vocale en France) soient presque totalement absents de ce film musical.
L’irascible porcidée apparaît certes dans une boule de cristal, sous les traits d’une certaine « Madame Pigota », et Kermit, travesti en Miss Piggy, avec perruque blonde et groin rose amovible (de toute évidence, l’animal amphibie est sur la voie d’une fluidité dé-binarisée). Mais c’est trop peu pour les fervents aficionados (dont nous sommes).
Ceux-ci auront cependant droit à leur minute d’émotion quand, à l’occasion d’une séquence onirique, le spectacle à la façon de l’ancien Muppet Show revient dans son jus originel, sur la scène du vieux théâtre, avec Kermit en maître de cérémonie passablement débordé et régulièrement chambré par les deux pépés en loge, les inénarrables Statler et Waldorf.
Muppets Haunted Mansion, téléfilm réalisé par Kirk Thatcher. Avec Will Arnett, Yvette Nicole Brown, Darren Criss, Taraji P. Henson, John Stamos (EU, 2021, 52 min), Disney+.
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