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Comment (et par qui) le souvenir de Jésus a-t-il été transmis après sa mort ?

La question reste l’une des énigmes les plus difficiles à percer de l’histoire du christianisme. Alors qu’une partie du monde chrétien célèbre la résurrection du Christ à l’occasion des fêtes de Pâques, zoom sur la constitution des tout premiers récits sur Jésus, des lettres de Paul aux Evangiles.

Par  (historien et théologien)

Publié le 31 mars 2024 à 05h45, modifié le 31 mars 2024 à 11h48

Temps de Lecture 8 min.

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Une statue de Jésus, sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le 20 mars 2024.

Jésus de Nazareth est mort sans rien avoir écrit. Les quarante années qui séparent sa crucifixion de l’écriture du plus ancien Evangile, celui de Marc, constituent l’époque la plus obscure du premier christianisme.

Comment le souvenir de Jésus a-t-il été préservé ? Par qui ? La transmission de sa mémoire a-t-elle été laissée à l’initiative des témoins ? A-t-elle été orientée ? Comment ? Et pourquoi un Evangile n’a-t-il pas suffi, puisque trois autres sont apparus (et même plus, si l’on compte les Evangiles non retenus dans le Nouveau Testament) ?

La solution la plus simple, semble-t-il, est de penser que quatre disciples (Marc, Matthieu, Luc, Jean) auraient gardé, chacun à sa manière, le souvenir de ce qu’ils ont vu et entendu. Cela expliquerait les dissemblances entre leurs Evangiles, qui tantôt se rejoignent, tantôt divergent, jusqu’à se contredire. Or, cette solution « simple » ne l’est pas ! D’une part, ni Marc ni Luc n’ont été disciples de Jésus. D’autre part, comment imaginer des écarts aussi considérables entre des témoins qui auraient assisté aux mêmes événements ? Il faut donc scruter l’obscurité à la recherche de solutions moins simples, mais plus fiables. Et là, si les chercheurs ont parfois de bonnes réponses, des incertitudes demeurent néanmoins.

Paul et Marc, les pionniers

On l’oublie souvent : le plus ancien témoignage sur Jésus émane de Paul de Tarse. L’apôtre a écrit sept épîtres entre l’an 51 (1 Thessaloniciens) et l’an 58 (Romains). Problème : il dit très peu de la vie de Jésus. Ses références au Nazaréen se focalisent sur la croix et la résurrection. On apprend tout de même, au fil des pages, que Jésus était descendant de David, né d’une femme israélite.

Paul nous dit encore que Jésus avait des frères et qu’il s’était entouré de douze disciples. Il a enduré des insultes, a été trahi et a pris un dernier repas avant sa mort avec ses disciples. Paul cite au total trois paroles de Jésus. Maigre résultat. Pourquoi si peu ? On a dit que Paul ne savait rien de Jésus, mais c’est absurde. Comment pouvait-il annoncer la mort d’un homme dont il n’aurait rien su ?

En réalité, nous ne possédons aucune trace de la première prédication de l’apôtre, son message missionnaire. Ses lettres datent de la fin de sa vie. Il n’y répète pas ce qu’il a déjà dit, mais se concentre sur ce qu’il estime essentiel : la croix et Pâques. Il faut donc chercher ailleurs des traces plus importantes.

Marc fut un pionnier. Il a inventé un genre d’écrit qui n’existait alors pas, à mi-chemin entre la biographie et l’histoire religieuse. Matthieu l’a nommé, après lui, « Evangile ». Comment Marc a-t-il procédé ? En scrutant son texte, on aperçoit qu’il se compose d’une cascade de microrécits : une parole, une parabole, un miracle, un récit de rencontre…

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