« Visiteurs : la Révolution » : visiteurs indésirables

La presse écrite n’a pas eu le droit de visionner le troisième opus de la saga à succès. Nous avons pourtant essayé par tous les moyens, jusqu’à nous rendre en Belgique…

Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier, à gauche) et son maître Godefroy de Montmirail (Jean Réno), très mail accueillis par la critique, seront sans doute loin des 5 millions d"entrées escomptées
Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier, à gauche) et son maître Godefroy de Montmirail (Jean Réno), très mail accueillis par la critique, seront sans doute loin des 5 millions d"entrées escomptées
(Prod.)

    À Bruxelles, le palais des Beaux- Arts, également baptisé Bozar, accueille chaque année le BIFFF (Brussels International Fantasy, Thriller and Science Fiction Festival). Le 1er avril, « les Visiteurs 3 », de Jean- Marie Poiré, qui sort aujourd’hui sur 700 écrans en France, y était programmé. C’était le seul endroit public où ce film coproduit par Christian Clavier et que la Gaumont a refusé de montrer à la presse écrite devait être miraculeusement projeté.

    Cette interdiction pour nous et nos confrères de le voir, « c’est un ordre du producteur et distributeur du film », assure le service de presse des « Visiteurs 3 ». Ce n’est pas une première : Luc Besson, éreinté par la critique au moment du « Grand Bleu », a souvent refusé de montrer ses films aux journalistes. Ce fut aussi le cas avec « la Vérité si je mens 3 » et d’autres comédies populaires françaises. Après les deux énormes succès de 1993 et 1998, on était pourtant prêts à tout pour retrouver Jacquouille la Fripouille.

    Mais patatras, même à Bruxelles. Le miracle a fait pschitt. Quelques heures avant la projection, l’événement était annulé. Okaaayyy ! « Gaumont France, en accord avec Gaumont Belgique, ne souhaite pas que la presse belge voie le film avant la presse française », expliquait-on, penaud quoique un peu remonté, à l’accueil, car une cinquantaine de billets avaient été vendus.

    Tous les privilèges n'ont pas été abolis

    Mais voilà. Si Bruxelles nous a fermé ses portes, Paris nous en a entrouvert une. Nous avons pu voir par hasard le dernier quart d’heure du film

    (lire ci-contre

    ). Une séance y était organisée dans le plus grand secret à l’attention des représentants des émissions de télévision, où l’on ne risque guère la critique.

    Pendant ce temps, Clavier la Jacquouille, gueux parmi les gueux, était heureux d’annoncer ici et là que le scénario l’amène, en pleine époque de la Terreur, à apprendre que sa famille est la vraie propriétaire du château de Montmirail. Nicolas Sarkozy a dû en sourire. L’ancien président de la République a vu le film vendredi dernier en compagnie de Carla Bruni. Christian Clavier a par ailleurs expliqué sur l’antenne de « Rire et Chansons » que la déception de l’adaptation aux Etats-Unis avait invité l’équipe à prendre son temps pour imaginer un troisième volet. Il convenait aussi, a-t-il ajouté, de « renouveler la distribution ». L’affaire a coûté 25 M€. Il faut donc qu’elle rapporte. La stratégie de communication, servie sur les principaux plateaux télé et radio, avec éclats de rire télécommandés, a plaidé cette cause. Il se murmure que l’un des principaux acteurs n’aurait ri que trois fois sur une heure cinquante en découvrant le film. Là-dessus a surgi une polémique. Le nom de Pascal N’Zonzi, acteur noir, a été guillotiné au générique énuméré en haut de l’affiche. Des raisons « contractuelles », liées à la notoriété de l’intéressé, justifient noir sur blanc cette absence. N’Zonzi est bien cité mais en petits caractères, tout en bas.

    Quant à ces « Visiteurs », nous en rendrons compte ce matin, en toute honnêteté, sur le site du journal, après la première séance. Certes, notre humble appréciation ne changera pas le destin d’une superproduction mais nous aurons, jusqu’au bout, fait notre travail.

    VIDEO. « Les Visiteurs » : les répliques préférées des Français