On a retrouvé Bénabar

Après plusieurs disques décevants, le chanteur revient avec un huitième album de nouveau inspiré.

 Retour très réussi pour Bénabar, avec « Le Début de la Suite ».
Retour très réussi pour Bénabar, avec « Le Début de la Suite ». LP/Olivier Arandel

    On n'aimait plus Bénabar. Il ne nous aimait plus non plus. Nous étions déçus par ses disques. Il était déçu que nous soyons déçus. Puis ce nouvel album est arrivé le 30 mars dernier. Il s'appelle « Le début de la suite », comme une page qui se tourne, pour lui. Pour nous aussi. Cette fois, on redécouvre l'artiste que l'on adorait dans ses petits chefs-d'œuvre : « Majorette », en 2001, sur son deuxième album, « Je suis de celles », en 2003, dans le troisième, « Quatre murs et un toit », temps fort du quatrième, en 2005, tandis qu'au même moment « Le dîner » avait fait de Bruno Nicolini un artiste définitivement populaire.

    On a retrouvé Bénabar comme on rappelle un vieux pote avec qui on était fâché pour des broutilles. « Pour remplacer les bûches, les reproches crétins, leurs minables embûches crameront bien », chante-t-il dans l'excellent single « Feu de joie », hymne solaire, single entêtant où le chanteur balaie les contrariétés inutiles : « Allumons un feu, avec ce qui ne va pas, ce qui rend malheureux. Brûlons tout ça »

    « Je suis toujours aussi tendu qu'avant, confie l'artiste de 48 ans. Je ne suis jamais serein. Mais je veux aller de l'avant, essayer de faire partie de ceux qui tirent vers le haut. Il ne s'agit pas d'être naïf et angélique mais d'identifier les choses qui nous pèsent et qu'on peut dégager. »

    Parfois, il s'agace encore. Comme lorsque Frédéric Beigbeder le tacle gratuitement dans son nouveau livre. Il ne peut s'empêcher de lui répondre sur les réseaux sociaux. « Je suis un gentil qui ne se laisse pas faire », résume l'intéressé.

    Ce parasite médiatique de Beigbeder m’allume dans son nouveau bouquin dispensable. Marre des donneurs de leçons qui...

    Gepostet von Bénabar am Mittwoch, 3. Januar 2018

    Bénabar, on l'aime tendre, drôle, piquant parfois et surtout émouvant. Ça faisait longtemps qu'il ne nous avait pas fait pleurer. Les larmes montent à plusieurs reprises à l'écoute du « Début de la suite » : dans « Chevaliers sans armure », sublime piano/voix en hommage au milieu hospitalier, sur « Brève et approximative histoire de France », porté par des cordes magnifiques ou à travers « On jouait fort », touchante évocation de ses débuts.

    «Le dernier disque a moins bien marché, j'en suis conscient»

    « Je n'ai jamais oublié les dix personnes qui étaient là dans les bars lors de mes premiers concerts. J'ai vécu cette période avec beaucoup de bonheur, explique-t-il. Je ne me projetais pas, je voulais devenir scénariste. Ça m'a appris à prendre les choses comme elles viennent. J'ai connu le succès à 30 ans et pas à 20. J'avais eu une vie avant. Ça m'a permis de savoir que signer des autographes, ce n'était pas normal. »

    Et cela fait vingt ans que ça dure pour Bénabar, de petits bars en Zénith, d'Olympia à Bercy, de films en pièces de théâtre. « Je ne me sens pas installé pour autant. Le dernier disque a moins bien marché, j'en suis conscient. Mais je n'ai aucun problème avec les échecs car j'ai toujours réalisé les choses avec sincérité. Cette fois, j'avais justement la trouille de faire un album pour faire un album, sans prendre trop de risques en utilisant des recettes. Je me suis même dit un moment que je ne ferais peut-être pas de disque tout de suite. »

    Puis « l'urgence », « l'obsession des idées » sont revenues, aidées par la complicité de Mark Daumail, leader et chanteur du groupe Cocoon, qui a emmené Bénabar vers un univers plus pop, plus direct, plus lumineux. Les deux artistes cosignent même « Marathonien », irrésistible portrait des joggers du dimanche, dont fait partie le musicien. « Il y a toujours un peu de moi dans les chansons. Je ne veux surtout pas me mettre dans la position du donneur de leçons. »

    Bénabar finit son disque avec « Ça sert à rien une chanson », fausse affirmation, et subtile conclusion d'un album enthousiasmant. « C'est vrai, ce sont des mots lancés, facultatifs comme tous ceux dont on ne peut se passer », fredonne-t-il. Ceux de Bénabar vont de nouveau nous accompagner pour un moment.

    NOTE DE LA RÉDACTION : 4/5

    Bénabar « Le début de la suite », Sony. En tournée à partir du 3 octobre prochain et en concert du 7 au 10 novembre au Grand Rex de Paris.

    En live au Parisien ce jeudi

    Avant de partir en tournée l'automne prochain, Bénabar passera ce jeudi par Le Parisien. Le chanteur donnera un mini-concert dans nos locaux, au cœur de la rédaction. Accompagné de deux musiciens, il jouera cinq titres, dont quelques extraits de son nouvel album « Le début de la suite », sorti vendredi dernier. Une prestation à découvrir sur notre page Facebook à partir de 17 heures.