Haro sur la chenille processionnaire du chêne en Seine-Maritime !

La Seine-Maritime lance cette année un plan à l’échelle de son territoire pour lutter contre la prolifération de la chenille processionnaire du chêne, une espèce redoutablement urticante. Une aide sera notamment versée aux collectivités et aux particuliers pour les aider à financer la destruction des nids.

Les chenilles processionnaires du chêne tiennent leur nom de la manière dont elles se déplacent, les unes derrières les autres, entre leur nid et les branches de l'arbre. Christophe Bailly
Les chenilles processionnaires du chêne tiennent leur nom de la manière dont elles se déplacent, les unes derrières les autres, entre leur nid et les branches de l'arbre. Christophe Bailly

    Avec l’arrivée du printemps, il n’y a pas que les beaux jours qui sont de retour. En Seine-Maritime, la chenille processionnaire du chêne se prépare, elle aussi, à éclore. « Dans le département, depuis plusieurs années, ce sont plutôt celles qui s’attaquent au chêne qui gagnent du terrain en provenance de l’est de la France. Celle du pin est plutôt présente dans l’Orne ou la Manche, même si les deux espèces peuvent cohabiter », précise Déborah Marie, la responsable technique en charge des espèces à enjeu sanitaire au sein de la Fredon Normandie, un réseau d’experts reconnu par l’Etat et spécialisé dans la protection des végétaux et des populations. Pour elle, parmi les éléments qui expliquent l’extension de son aire de répartition, « ce sont sûrement les hivers moins rigoureux qui ne permettent pas à une régulation naturelle de se mettre en place ».

    Capable de coloniser par centaines le tronc et les branches de l’arbre pour se nourrir de ses feuilles, l’espèce est connue notamment pour son caractère urticant qui peut avoir des conséquences plus ou moins importantes sur la santé de ceux qui se trouvent à proximité. « Ce sont les petits poils invisibles, pas les plus longs, qu’elle libère au gré du vent quand elle se sent agressée qui provoque ce phénomène », continue la spécialiste. Leur présence constitue donc un véritable problème sanitaire pour les communes et les particuliers qui y sont confrontés.

    Détruire les nids au plus tôt

    Ce qui a poussé les conseillers départementaux à lancer cette année un plan à l’échelle de son territoire pour lutter contre l’encombrant lépidoptère. « Il y a eu une évolution législative », explique Frédéric Marche, l’élu en charge du dossier. « Le code de la santé publique a fait évoluer son statut. Elle est devenue « une espèce dont la prolifération constitue une menace pour la santé humaine ». Cela nous permet d’organiser une lutte plus efficace et de façon collective ».

    En s’appuyant sur la FREDON et un réseau de professionnels capables de traiter les arbres attaqués, le Département veut surtout épauler ceux qui sont confrontés au phénomène sans avoir forcément les moyens ou les compétences pour y remédier. « L’idée est d’être réactif en détruisant les nids au plus tôt et dans le même temps d’avoir une approche préventive », continue Frédéric Marche qui, en tant que maire de la ville de Cléon (Seine-Maritime), a déjà été confronté à cette situation. « Ce n’est pas simple de savoir comment réagir efficacement, sans risquer d’impacter la santé des agents communaux qui sont en première ligne pour intervenir ».



    Comme le confirme Déborah Marie, « il faut évidemment être très prudent lorsque la présence de la chenille processionnaire est avérée ». Il existe des solutions techniques (utilisation d’un insecticide biologique, grattage et aspiration des nids, etc..) pour traiter le problème, « mais elles doivent être mises en œuvre par des professionnels pour être efficaces et sans danger ». Et surtout, comme elle le rappelle, « toutes les chenilles ne sont pas urticantes. Il ne s’agirait de vouloir toutes les éradiquer ».

    Le département va donc proposer une aide financière aux communes et aux particuliers en prenant en charge à hauteur de 30 % les opérations de destruction de nids à la suite d’un signalement. Pour la partie prévention, il participera également à l’achat de nichoirs à mésanges (un oiseau particulièrement friand de chenilles) et de gîtes à chauve-souris qui elles contribueront à la diminution de la population des papillons avant qu’ils ne pondent. Des formations seront également proposées aux services municipaux. « C’est évidemment un travail de longue haleine », assure Frédéric Marche qui entend, avec l’appui de la Fredon, surveiller sur plusieurs années l’évolution du phénomène pour tenter de l’endiguer.

    Plus d’informations sur www.chenille-risque.info et au 07.56.22.93.85