«Nous ne renoncerons jamais» : Charlie Hebdo republie les caricatures de Mahomet

À la veille du procès des attentats de 2015, l’hebdo affiche en couverture les dessins qui lui avaient valu d’être une cible des djihadistes.

 Une fresque réunissant les portraits des victimes de l’attentat, non loin des anciens locaux du journal.
Une fresque réunissant les portraits des victimes de l’attentat, non loin des anciens locaux du journal. AFP/Stéphane de Sakutin

    À la veille de l'ouverture à Paris du procès des attentats de 2015, Charlie Hebdo republie les caricatures de Mahomet qui en avaient fait une cible des djihadistes. Le numéro, disponible en kiosques mercredi, est accessible en ligne depuis mardi à midi.

    « La haine qui nous a frappés est toujours là et, depuis 2015, elle a pris le temps de muer, de changer d'aspect pour passer inaperçue et poursuivre sans bruit sa croisade impitoyable. Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais », justifie le directeur de l'hebdomadaire satirique, Riss.

    Ces douze dessins avaient été publiés par le quotidien danois Jyllands-Posten le 30 septembre 2005, puis par Charlie Hebdo en 2006. Ils montraient le prophète portant une bombe au lieu d'un turban, ou en personnage armé d'un couteau flanqué de deux femmes voilées de noir.

    La Une du numéro de l’hebdo satirique sorti à la veille de l’ouverture du procès des attentats de 2015/Charlie Hebdo
    La Une du numéro de l’hebdo satirique sorti à la veille de l’ouverture du procès des attentats de 2015/Charlie Hebdo AFP/Stéphane de Sakutin

    Sous le titre « Tout ça pour ça », la une de Charlie Hebdo cette semaine reprend ces caricatures danoises, ainsi qu'une caricature du prophète signée par son dessinateur Cabu, l'une des douze victimes de l'attentat du 7 janvier 2015.

    « On nous a souvent demandé depuis janvier 2015 de produire d'autres caricatures de Mahomet. Nous nous y sommes toujours refusés, non pas que cela soit interdit, la loi nous y autorise, mais parce qu'il fallait une bonne raison de le faire, une raison qui ait un sens et qui apporte quelque chose au débat », explique encore la rédaction du journal dans ce numéro.

    « Reproduire cette semaine de l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015 ces caricatures nous a alors semblé indispensable », ajoute l'équipe de Charlie Hebdo, estimant que ces dessins ont valeur de « pièces à conviction » pour ses lecteurs et les citoyens dans leur ensemble.

    Le procès de l'attentat djihadiste contre le journal et des attaques ayant ciblé une policière à Montrouge et un magasin Hyper Cacher s'ouvre mercredi à Paris pour juger quatorze accusés. Il durera jusqu'au 10 novembre.

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    La décision du journal de republier ces dessins au moment où il s'ouvre est extrêmement forte et suscite des réactions. « Mille bravos », lance ainsi sur Twitter Zineb El Rhazoui, ancienne journaliste de l'hebdomadaire, avant de citer un poème de Lousi Aragon : « Contre le chant majeur, la balle que peut-elle. Sauf contre le chanteur, que peuvent les fusils. La terre ne reprend que cette chair mortelle, mais non la poésie »

    L'ancien directeur de Charlie Hebdo, Philippe Val, interrogé sur RMC, salue pour sa part une « idée remarquable » pour défendre la liberté de penser et d'expression face à la « terreur ».

    De son côté, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui appelle à « ignorer » ces caricatures, tout en condamnant le terrorisme. « La liberté de caricaturer est garantie pour tous, la liberté d'aimer ou de ne pas aimer (ces caricatures NDLR) également. Rien ne saurait justifier la violence », déclare-t-il à l'AFP.