Irak: pour les soldats américains, un retour inattendu trois ans après leur retrait

Soldats américains le 29 décembre 2014 sur la base de Taji au nord de Bagdad
Soldats américains le 29 décembre 2014 sur la base de Taji au nord de Bagdad © AFP - Ali al-Saadi

Temps de lecture : 3 min

En partant d'Irak en 2011 dans le cadre du retrait américain de ce pays, le sergent Michael Lair était loin de s'imaginer qu'il y remettrait un jour les pieds.

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

En effet, après près de neuf ans de guerre, les violences qui avaient coûté la vie à des dizaines de milliers d'Irakiens et des milliers de soldats américains étaient alors au plus bas.

Mais à peine trois ans plus tard, Michael Lair est de retour. Cette fois, sa mission est de conseiller et préparer l'armée irakienne à lutter contre le groupe extrémiste sunnite Etat islamique qui s'est emparé en quelques semaines de pans entiers du pays face à des forces de sécurité totalement dépassées.

L'aviation américaine mène par ailleurs des frappes depuis août sur les régions tenues par les jihadistes.

"Je ne pensais pas qu'on reviendrait", confie le soldat depuis l'énorme base de Taji, au nord de Bagdad, un fusil d'assaut lui barrant la poitrine.

En 2011, "on faisait le tour de toutes les bases opérationnelles avancées du pays pour récupérer le matériel et l'emporter au Koweït par la route", se rappelle-t-il. "C'était un grand moment. On repartait avec nos affaires, un plutôt bon signe".

Mais quand on l'a envoyé au Koweït en juin dernier, au moment où l'EI approchait de Bagdad, le sergent Leir se doutait bien qu'un retour en Irak était dans l'air. "Je me suis dit '+sois prêt à partir, parce que je suis sûr qu'on ne va pas juste s'asseoir et regarder+".

- L'Irak, une 'habitude' -

"C'est la 4e fois que je pars. Je m'y suis fait, je ne connais rien d'autre. C'est devenu une habitude", poursuit-il.

Soldats américains le 29 décembre 2014 sur la base de Taji au nord de Bagdad © Ali al-Saadi AFP
Soldats américains le 29 décembre 2014 sur la base de Taji au nord de Bagdad © Ali al-Saadi AFP

Michael Lair fait partie des quelque 180 militaires américains installés sur la base de Taji --où son armée était déjà présente pendant l'occupation--, un chiffre qui pourrait augmenter, explique le capitaine Tyler Hitter.

La base est l'un des cinq sites sur lesquels les Etats-Unis et leurs alliés dans la lutte contre les jihadistes espèrent entraîner 5.000 militaires irakiens toutes les six à huit semaines, selon le général Dana Pittard.

L'entraînement portera sur "les bases nécessaires à acquérir pour la contre-attaque", explique-t-il.

Les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars pour l'entraînement et l'équipement des forces irakiennes après 2003, mais cette aide s'est réduite avec le retrait américain.

Les soldats américains estiment que l'armée irakienne n'a pas poursuivi l'entraînement nécessaire pour maintenir à niveau ses capacités et cela, combiné avec un pouvoir miné par les divisions, a largement contribué à la débâcle face à l'EI.

Taji est utilisée par l'armée irakienne depuis 2011, mais les signes de la présence américaine passée sont toujours bien présents.

- Traces du passé -

Une partie des murs en béton est encore recouverte de graffitis ou de surnoms de certaines unités. Une boîte vide de Copenhagen, le tabac à chiquer préféré des soldats, traîne encore dans un coin.

Le sergent-chef Marlon Daily en est à sa quatrième mission en Irak depuis 2003.

Un soldat américain le 29 décembre 2014 sur la base de Taji au nord de Bagdad © Ali al-Saadi AFP
Un soldat américain le 29 décembre 2014 sur la base de Taji au nord de Bagdad © Ali al-Saadi AFP

La dernière fois qu'il a quitté le pays, début 2011, il ne pensait "honnêtement" pas revenir, reconnaît-il. "Mais être déployé, comme tous les soldats, c'est ce que je veux. Être là, faire la différence".

L'offensive de l'EI, et tout particulièrement la prise par les jihadistes de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, où il a été en poste, l'a choqué.

Le sergent-major Robert Keith en est à sa 5e mission en Irak. Lui non plus ne pensait pas revenir.

"Tout s'arrêtait, on se retirait tous vers le Koweït", se souvient-il.

Au fil de ses précédents séjours, dont certains passés à entraîner des soldats irakiens, le sergent-major a constaté "beaucoup de progrès, et beaucoup de changements". Voir que tout cela a été balayé par l'EI est "frustrant", confie-t-il.

"Quand vous avez accompli tant de choses et que vous revenez (...) c'est comme repartir de zéro". Mais ça ne l'empêche pas d'être content d'être de retour.

"J'aime venir en Irak, les gens sont géniaux ici, l'hospitalité...", lance-t-il. "Quand je dis ça, on me dit que je suis fou".

31/12/2014 10:16:38 - Base de Taji (Irak) (AFP) - Par W.G. Dunlop - © 2014 AFP