Incendie au siège du journal Charlie Hebdo publiant une caricature de Mahomet

Le journal avait déjà reçu des menaces en 2006 lors de la publication des caricatures de Mahomet parues dans des journaux danois.
Le journal avait déjà reçu des menaces en 2006 lors de la publication des caricatures de Mahomet parues dans des journaux danois.

Temps de lecture : 3 min

La rédaction du journal satirique français Charlie Hebdo, qui publie ce mercredi un numéro spécial rebaptisé "Charia hebdo" avec à la Une une caricature de Mahomet hilare, a été détruite dans la nuit de mardi à mercredi par un incendie criminel.

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Le journal, (qui vend environ 60.000 exemplaires), rebaptisé pour l'occasion "Charia Hebdo", avait décidé de faire du prophète Mahomet le "rédacteur en chef" de son numéro de mercredi, afin de "fêter la victoire" du parti islamiste Ennahda en Tunisie et l'annonce que "la charia serait la principale source de législation de la Libye". En Une, un dessin représente un Mahomet joyeux et débonnaire avec ces mots: "100 coups de fouet, si vous n'êtes pas morts de rire!".

L'incendie s'est déclenché "aux alentours de 01H00" dans le quartier populaire du XXe arrondissement peut-être après le jet d'un "cocktail molotov", selon la police. Le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment étaient brûlés et noircis de suie, a constaté un journaliste de l'AFP.

"C'est dramatique, tout est foutu", a témoigné un des chroniqueurs, le médecin urgentiste Patrice Pelloux. L'incendie a "tout détruit, tout le rez-de-chaussée, où la rédaction est installée a brûlé".

Selon M. Pelloux, l'engin explosif aurait été lancé "sur la devanture et mis le feu au système informatique". "La police nous dit que deux personnes ont été vues en train de partir peu de temps avant le déclenchement de l'incendie", a précisé le directeur de la publication, le dessinateur Charb.

Piratage informatique présumé, la page d'accueil du site internet du journal était en outre remplacée peu avant 07H30 par une photo de la mosquée de La Mecque en plein pèlerinage, avec ces mots: "Not god but Allah" ("Pas d'autre Dieu qu'Allah").

Selon Charb, l'incendie est directement "lié" à la publication de ce numéro mais l'édition sera bien dans les kiosques, a-t-il dit.

"La provocation, on la fait toutes les semaines. On a fait notre boulot. On est aussi un journal d'actualité, on commente l'actualité. On a décidé de traiter ce qui se passait en Tunisie et en Libye. On a fait de l'humour à la Charlie hebdo. Il n'y a aucun dessin avec le prophète avec une bombe dans le turban", il est simplement présenté comme "un mec rigolard", a-t-il argué sur la radio Europe 1.

Depuis l'annonce lundi de la publication de ce numéro, le journal avait avait reçu des menaces. "Sur Twitter, sur Facebook, on a reçu pas mal de lettres de protestation, de menaces, d'insultes", que la direction du journal s'apprêtait à transmettre à la police, a indiqué Charb.

Le journal avait déjà reçu des menaces en 2006 lors de la publication des caricatures de Mahomet parues dans des journaux danois.

La publication de ces dessins au Danemark puis d'autres pays d'Europe avait déclenché de violentes protestations dans nombre de pays musulmans. Un caricaturiste Kurt Westergaard avait été attaqué chez lui à coups de hache l'année dernière.

En 2006, "la préfecture avait jugé ces menaces sérieuses: un car de policiers avait été posté aux abords du journal et des gardes du corps détachés auprès des principaux dessinateurs", selon Charb. Mais le numéro de ce mercredi "n'a pas la même portée, c'est plus déconnant qu'autre chose".

Dans une déclaration à l'AFP, la rédaction de Charlie Hebdo a assuré "être contre tous les intégrismes religieux, mais pas contre les musulmans pratiquants". "Nous sommes pour le printemps arabe, contre l'hiver des fanatiques", a-t-elle ajouté.

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a "condamné fermement" cet acte s'il est criminel.

Le gouvernement et la classe politique de gauche à droite se sont indignés.

"Ceux qui ont fait ça se désignent eux-mêmes comme des ennemis de la démocratie", a réagi la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet sur la radio France Info. "C'est tout à fait répugnant", a réagi Jean-Luc Mélenchon, candidat la présidentielle de 2012 situé à la gauche de la gauche.