Record mondial pour « Le Cri» d'Edvard Munch chez Sotheby's
A 119,9 millions de dollars, «Le Cri», du peintre norvégien Edvard Munch est devenue mercredi l'oeuvre d'art la plus chère jamais vendue aux enchères publiques.
Douze petites minutes auront suffi pour que les enchères frôlent la barre des 120 millions de dollars, sous un tonnerre d'applaudissements. Le «Cri», du peintre norvégien Edvard Munch, est devenu, mercredi soir, chez Sotheby's, l'oeuvre d'art la plus chère jamais vendue aux enchères, dépassant ainsi le «Nu au plateau de Sculpteur» de Picasso, qui avait atteint 106,5 millions de dollars chez Christie's, deux ans plus tôt. Considéré comme une icône de l'histoire de l'art et une oeuvre-clef annonciatrice de l'expressionnisme allemand, le «Cri» vient ainsi coiffer le trio de tête des trois oeuvres les plus chères de l'histoire des ventes publiques avec le Picasso précité et l'«Homme qui marche», la sculpture de Giacometti vendue pour 104,3 millions de dollars en février 2010, chez Sotheby's à Londres.
«Au-dessus du fjord bleu-noir pendaient des nuages comme du sang et des langues de feu. Mes amis s'éloignaient et, seul, tremblant d'angoisse, je pris conscience du grand cri infini de la nature», écrivait Edvard Munch pour décrire son oeuvre fétiche. Le pastel sur carton de 1895, emporté mercredi par un acheteur anonyme au téléphone pour 119,92 millions de dollars (contre une estimation initiale de 80 millions), est la seule des quatre versions du «Cri» peintes par Edvard Munch qui soit encore détenue entre des mains privées. Deux autres versions avaient été volées, en 1994 et en 2004, dans des musées norvégiens, avant d'être retrouvées. Le vendeur, l'homme d'affaires Petter Olsen, est le fils de l'armateur norvégien Thomas Olsen, ami et mécène d'Edvard Munch. Le produit de la vente ira à la création d'un nouveau musée Munch, d'un centre artistique et d'un hôtel à Hvitsten, en Norvège. Le musée ouvrira ses portes pour le 150e anniversaire de la naissance d'Edvard Munch, à l'occasion de la restauration de sa maison et de son atelier.
Recette record pour Sotheby's
La vente a été réalisée par l'intermédiaire de Charlie Moffett, un spécialiste de Sotheby's qui représente souvent des acheteurs américains. Mais la famille royale du Qatar, qui est déjà supposée avoir racheté les «Joueurs de carte» de Cézanne à l'armateur grec George Embiricos en 2011 (pour un montant record de 250 millions de dollars en vente privée), a été aussi citée comme un acquéreur potentiel. Au total, la vente de Sotheby's s'est soldée par une recette de 330,6 millions de dollars, soit le montant le plus élevé pour une vente d'art moderne et impressionniste dans l'histoire de la maison de vente.
Chez Christie's, qui a ouvert mardi le bal des grandes ventes de printemps, un ensemble de 31 lots ont été dispersées avec succès (avec seulement trois invendus). Outre un Matisse à 19 millions de dollars, une aquarelle sur papier de Paul Cézanne, dessin préparatoire aux «Joueurs de cartes», a également atteint le même montant, pour un total de vente de 117 millions de dollars.
PIERRE DE GASQUET, DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK