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La France va progressivement renouveler ses bombardiers d'eau

Les Canadair ont encore un potentiel de vol d'une dizaine d'années, mais les Tracker sont au bout du rouleau. Un appel d'offres vient d'être lancé.

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Par Denis Fainsilber

Publié le 28 juil. 2016 à 01:01

Nouvelle base opérationnelle, mais aussi nouveaux avions à venir : la Sécurité civile va connaître un remplacement au moins partiel de sa flotte de bombardiers d'eau, selon un plan à présent calé après plusieurs années de réflexion. Concernant les célèbres Canadair, les seuls avions amphibies de ce type dans le monde occidental, la France a encore un peu de marge : elle exploite la deuxième génération de l'avion canadien jaune et rouge (les CL-415), dont le plus âgé a eu vingt ans en 2015; le besoin de renouvellement ne devrait donc pas intervenir avant une dizaine d'années, malgré les sorties fréquentes à l'étranger dans le cadre de la coopération avec d'autres pays.

En revanche, pour leurs voisins de tarmac de Marignane, les neuf Tracker qui interviennent surtout sur les départs de feu en larguant 3.200 litres de produit retardant, la mise au rebut est proche : « Les Tracker S2F ont cinquante-huit ans d'âge moyen et seront progressivement retirés du service entre 2018 et 2022, en raison de l'atteinte de la limite de vie des cellules (25.000 heures de vol, NDLR) », annonce aux « Echos » le préfet Laurent Prévost, directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises. « L'orientation retenue consiste à les remplacer prioritairement par des avions multirôles, complétés, le cas échéant, par des avions amphibies », ajoute-t-il.

Dérivés d'un très ancien avion américain de lutte anti sous-marine (le Grumman S-2 qui a volé dès 1952), les Tracker tricolores ont été utilisés jusqu'à la corde. Ces turbopropulseurs à aile haute achetés jadis d'occasion devaient prendre leur retraite en 2008, mais ont été révisés en profondeur pour tenir jusqu'à aujourd'hui. Entre-temps, la France a testé plusieurs solutions, allant du très petit (l'Air Tractor, une frêle trapanelle fabriquée au Texas, utilisée au départ dans l'épandage agricole) au très gros (le Beriev Be-200, un biréacteur amphibie russe, capable d'arracher 43 tonnes au décollage). Ces alternatives ont été rangées au placard, au profit d'avions multirôles, capables de lutter toujours contre les incendies, mais aussi d'emporter en saison creuse du fret ou des hommes pour des missions de sauvetage plus variées, demandées à la Sécurité civile.

Un Airbus en préparation

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Des caractéristiques qui collent à celles du Dash 8 du canadien Bombardier, dont la France exploite déjà deux exemplaires (transportant 10.000 litres de retardant en soute), ou encore celles d'un modèle d'Airbus, qui a déjà été testé par les pilotes de Marignane, le C-295 : un avion de transport militaire que l'européen veut actuellement dériver en bombardier d'eau avec un partenaire canadien, Coulson. Un avis d'appel public à la concurrence a été envoyé au « Journal officiel » le 12 juillet dernier, et la notification du contrat est prévue pour le début 2017.

« Le gouvernement a décidé, dans le cadre du pacte de sécurité adopté suite aux attentats du 13 novembre, d'accélérer le renouvellement de cette flotte, en prévoyant dès 2017 les financements nécessaires pour l'acquisition d'un premier avion », ajoute Laurent Prévost, qui se refuse à préciser le montant total de l'enveloppe.

Concernant la « composante amphibie », le marché n'a pas été lancé à ce stade côté français, d'autant plus que le devenir des Canadair CL-415 reste un vrai point d'interrogation, depuis le récent rachat des droits de fabrication par le canadien Viking (lire ci-contre) : « Nous n'avons pas, à ce jour, d'informations précises sur les intentions de l'acquéreur quant à une éventuelle réouverture de la chaîne de production. Une fois la transaction finalisée, nous espérons avoir un dialogue avec Viking, sur ce point, avec les autres pays européens exploitant des Canadair », ajoute ce proche du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Car de plus en plus, les décisions se prennent à plusieurs, entre voisins. Le mécanisme européen de protection civile, qui permet d'échanger des moyens aériens ou terrestres en cas de besoin, a été activé plus de 30 fois depuis 2012, y compris vers des pays nordiques peu équipés comme la Suède, la Norvège ou la Finlande. De plus, la France a pris l'initiative en avril dernier de réunir les six pays européens exploitant des Canadair, « en vue de renforcer la coopération opérationnelle, et d'amorcer une discussion stratégique sur le renouvellement de nos flottes », précise Laurent Prévost. Entre-temps, la Commission européenne, le Maroc et la Turquie ont rejoint ce groupe de travail.

D. F.

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