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Le dessinateur Burki laisse les Vaudois orphelins

Raymond Burki est décédé à l’âge de 67 ans. Ses dessins dans «24 heures» étaient devenus une institution vaudoise, et nationale. La conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro et l’ancien syndic Daniel Brélaz lui rendent hommage

Raymond Burki en juillet 2014 à Lausanne. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Raymond Burki en juillet 2014 à Lausanne. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Il y avait la casquette, et dessous, un regard plein de sarcasme judicieux et tranquille, à la vaudoise. Le dessinateur de presse lausannois Burki est décédé, annonce «24 heures», le journal qui a publié ses dessins pendant trente-huit ans. L’actuel rédacteur en chef du quotidien rend hommage à l’artiste.

Né à Epalinges en 1949, Raymond Burki avait débuté comme retoucheur photographique en héliogravure à «24 heures». Après un séjour à Paris, il se lance dans le dessin de presse et croque l’actualité pour le grand quotidien vaudois de 1978 à 2014. Il était atteint d’un cancer.

Son journal de toujours lui rend hommage en soulignant «la place capitale, profonde, qu’il a assurée dans les pages de «24 heures», offrant chaque jour l’occasion de rire et sourire à ses amis connus et inconnus». Au fil des décennies, il a offert quelque 8000 dessins à ses fidèles.

Il a été un caricaturiste hors pair des personnalités suisses et romandes, et a porté un regard d’une ironie toute vaudoise sur la marche du monde. Il a publié plusieurs albums de ses dessins.

L’hommage de Jacqueline de Quattro

Grande admiratrice de Raymond Burki, Jacqueline de Quattro ne cache pas sa tristesse à l’annonce de sa mort. «C’était un honneur» d’être caricaturé par lui, même si cela faisait parfois «grincer des dents». Après Mix & Remix, cette fin d’année est «rude», note la conseillère d’Etat vaudoise.

«J’ai seize caricatures de Burki, et aussi des dessins de Mix & Remix», explique Jacqueline de Quattro, interrogée jeudi par l’agence ATS. «Le matin, la première chose que je regardais dans le journal, c’était le dessin de Burki.»

«Quand j’en avais acheté un aux enchères, Raymond Burki venait parfois me l’apporter lui-même», poursuit-elle. «Nous ne sommes pas du tout du même avis, mais j’adore vous dessiner», lui disait le caricaturiste de «24 heures».

«C’était quelqu’un de très attachant, j’admirais son indépendance d’esprit. Même s’il y avait du vitriol dans ses dessins, il y avait du respect et de la tendresse pour les gens. C’était un honneur d’être croquée par lui», ajoute la ministre.

Sur Twitter, le Conseil d’Etat vaudois a salué avec tristesse la mémoire de Burki. (ATS)

Daniel Brélaz: «Un membre de la famille»

L’ancien syndic de Lausanne déplore la disparition d’«un ami, un membre de la famille». «C’était un caricaturiste de génie.»

«Nous avons mangé des fondues ensemble. La dernière, il a fallu la remettre, car il sortait de l’hôpital. Nous n’avons jamais trouvé de date, et maintenant il y a le malheur que vous savez», a raconté jeudi Daniel Brélaz.

A ses yeux, Raymond Burki était «un caricaturiste de génie», capable de tout dire dans un dessin sans bulle contenant du texte. «Un leader mondial dans sa profession», ajoute l’ancien syndic, qui était «toujours amusé même s’il était la cible» du dessinateur.

Sur Twitter, Patrick Chappatte, qui dessine notamment pour «Le Temps», a rendu hommage à son confrère. «Et maintenant nous pleurons l’autre géant du dessin de presse, Burki. Personne n’avait comme lui su incarner l’esprit d’un pays. Adieu ami.» Il y a dix jours, Mix & Remix décédait lui aussi d’un cancer. (ATS)

Lire aussi, en 2014: Alex, Burki, l’incision du crayon