Arrestation de Charlotte Corday en 1793

Henry SCHEFFER
1830
130 x 163 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Dépôt du Musée du Louvre en 1892
Localisation :
SA16 - Salle 16

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Fils d’un peintre de la cour de Louis Napoléon en Hollande et d’une miniaturiste, Henry Scheffer va dès 1813 suivre les traces de son frère Ary et se consacrer à la peinture. Éduqué dans le respect de l’Empire, il va bientôt devenir à son tour peintre officiel et répondre aux nombreuses commandes que lui feront Louis-Philippe et la famille royale. Peinte au cœur de l’été 1830 lors de la chute des Bourbons, soit trente-sept ans après la mort de Marat, l’Arrestation de Charlotte Corday est une œuvre qui a été achetée par l’État dans une volonté de cohésion nationale. Exposée au Palais du Luxembourg au profit des blessés de la révolution de Juillet, elle a été vue par des milliers de personnes au Salon de 1831. Égérie de la Monarchie de Juillet, Charlotte Corday y est montrée impassible en dépit de l’imprévisibilité des sans-culottes qui l’entourent et de la présence agressive du chien au premier plan. Dans cette jeune femme brune à la peau diaphane, vêtue d’une simple robe de drap bleu et coiffée d’un bonnet en coton blanc, rien ne laisse suggérer la criminelle qui mit fin aux jours de l’« Ami du peuple » qui, malade, travaillait dans son bain pour soulager ses maux. Ce tableau, inspiré d’une pièce de Ducange et Bourgeois, est considéré comme une allégorie des premiers mois du régime des Orléans, portés au pouvoir par une dynamique populaire. Le peintre dépouille son sujet de tout réalisme psychologique et montre la coupable, le regard absent, traversant la composition de droite à gauche : de la pénombre qui laisse deviner le corps immobile de Marat naît une dynamique lumineuse qui oriente le regard dans la direction que doit prendre la jeune femme emmenée par ses juges. Porteuse des idées des Lumières, cette jeune républicaine modérée est peinte ici comme une sainte qui a su « tuer un homme pour en sauver cent mille ». L’artiste donne ici au meurtre politique une dimension intellectuelle qui correspond à la fascination qu’exerça très vite la figure de Charlotte Corday comme archétype de l’héroïne d’un monde en mutation.

Un autre regard

  • La peinture d'histoire au XIXe siècle

    Le XIXe est le siècle des paradoxes où se côtoient les tendances les plus novatrices et les retours permanents vers les formes du passé, où s’exprime la nostalgie de l’Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance parfois de manière réaliste, précise et appliquée.

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