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Bénabar :  "Je ne voulais pas être celui qui, à 50 ans, se répète"

Bénabar
Bénabar © François Berthier / Paris Match
Benjamin Locoge

Le chanteur revient avec un neuvième album réussi, où il met en scène avec humour sa profonde nostalgie pour la vie. Rencontre.

Le voilà donc auréolé d’une nouvelle couronne : celle de numéro un des ventes de disques en France la semaine de la sortie de son nouvel album, devant Frédéric François et Camélia Jordana . Aurait-on enterré un peu trop vite Bénabar  ? Clairement oui. Car « Indocile heureux » revient à ce que Bruno Nicolini sait faire le mieux : des chansons futées, émouvantes, s’interrogeant à voix haute sur les faiblesses humaines. C’est bien troussé, évitant la bien-pensance ou l’émotion trop facile.

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Pour en arriver là, Bénabar a fait un grand ménage dans sa carrière. Nouveau manager, nouveau directeur artistique : Sébastien Farran et Bertrand Lamblot, qui ont œuvré chez Johnny, et, surtout, un coauteur, Pierre-Yves Lebert. « On ne se connaissait pas, raconte Bénabar, mais on s’est vraiment entendus. J’avais pas mal de choses déjà abouties, sur certains titres il a viré deux phrases, sur d’autres on a écrit à quatre mains, il a fait un vrai travail de script-doctor autour d’une bouteille de blanc et d’un feu de cheminée. Comme dans un film de Claude Sautet. »

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J’ai eu un grand-père corse et un autre napolitain. Impossible donc de ne pas être rancunier

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Ce qui frappe surtout, c’est que Bénabar ne s’est pas vraiment éloigné du chemin qu’il trace depuis son premier album, en 1997, celui d’une chanson réaliste, sans pour autant ressembler aux Ogres de Barback ni à La Tordue, une chanson grand public et populaire qui lui a permis de triompher entre 2004 et 2008. Quatre années folles, qui le menèrent dans les plus grandes salles, y compris un concert sous forme d’apothéose à Bercy. « C’est là que tous mes petits copains ont commencé à balancer des rumeurs sur moi. Je me suis aperçu que des gens qui ne me connaissaient pas me détestaient… » Bruno l’avoue : « J’ai eu un grand-père corse et un autre napolitain. Impossible donc de ne pas être rancunier. Je trouve même ça un peu suspect, les gens qui pardonnent. La rancune n’est pas un sentiment très noble, mais cela reste le meilleur moyen de mettre des bâtons dans les roues des opportunistes. »

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Aujourd’hui mon fils veut être musicien. Je me vois mal lui dire d’essayer autre chose

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Finalement, Bénabar évolue. Mais ne change pas. « Je ne voulais pas être celui qui, à 50 ans, se répète. Mais je ne veux pas tout renier, au contraire. Je sais juste qu’il faut toujours faire gaffe, ne pas tomber dans l’émotion facile. » Cela donne des chansons très réussies, comme « Un Lego dans la poche », ou des choses plus sociales, comme « William et Jack », fable sur la classe moyenne. « Je viens de là, explique Bruno, de cette classe moyenne de banlieue, anonyme, ceux qui travaillent, qui se sentent négligés. Leur sentiment de déclassement est réel et justifié. » En parler donc pour mieux dénoncer ? « Je ne crois pas que ce soit la place de l’artiste, au contraire. J’ai plutôt l’impression que quand on l’ouvre aujourd’hui, on dessert la cause que l’on veut soutenir. Non, j’ai aussi écrit ce morceau pour dire que dans “classe moyenne” il y a “classe”. Et qu’il ne faut pas en avoir honte, qu’on pourrait même en être fier. »

Bénabar, lui, navigue désormais entre deux vies, une parisienne pour le boulot, une autre plus bourgeoise à Gordes. En couple depuis vingt ans, père d’un garçon de 16 ans et d’une fille de 11 ans, il dit « avoir une vie normale. Mais on a toujours fait gaffe. Aujourd’hui mon fils veut être musicien. Je me vois mal lui dire d’essayer autre chose. » Bruno continue-t-il à chanter pour éblouir ses parents ? La réponse fuse. « Non. J’ai réglé ce problème. Ça sert au moins à ça d’avoir 50 ans. » Surpris, il a baissé la garde. Il était temps. 

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« Indocile heureux » (Columbia/Sony BMG).

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