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20 mars 2003 : l'Irak à feu et à sang

À l’entrée de Samawa, dans le sud du pays, le 30 mars 2003. Des hommes du 41e bataillon d’infanterie administrent les premiers soins à un Irakien touché par des tirs de mortier. À dr., le frère du blessé.
Ces soldats sont partis des États-Unis sur la promesse d’une bataille rapide. Mais la guerre éclair n’aura pas lieu. À l’entrée de Samawa, dans le sud du pays, le 30 mars 2003. Des hommes du 41e bataillon d’infanterie administrent les premiers soins à un Irakien touché par des tirs de mortier. À dr., le frère du blessé. © Alvaro Canovas / Paris Match
Flore Olive , Mis à jour le

Il y a vingt ans, le 20 mars 2003, l'Amérique de George W. Bush, affirmant à tort détenir la preuve de la présence d'armes chimiques, envahissait l'Irak sans le soutien de la France. Le régime de Saddam Hussein tombe en quelques semaines, mais le pays plonge dans l'insurrection et la guerre civile. Quand les États-Unis se retirent, en 2011, ils laissent derrière eux un chaos qui a joué un rôle dans l'émergence d'une nouvelle menace : l'État islamique.

«La première victime d'une guerre, constatait, comme d'autres avant lui, Winston Churchill, c'est la vérité. » Le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, Colin Powell, secrétaire d'État du gouvernement Bush, s'appuyant sur des photos, des écoutes et d'autres renseignements fournis par la CIA, déclare avoir la preuve que « Saddam Hussein dispose d'armes biologiques et de la capacité d'en produire rapidement davantage ». Il veut convaincre l'opinion publique internationale de la légitimité d'une action militaire contre l'Irak. Même si elle n'est pas encore lancée sur le terrain, la guerre a déjà lieu sur le front diplomatique. 

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La France, la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, menacent d'utiliser leur veto pour empêcher toute résolution approuvant le conflit. La Grande-Bretagne, elle, soutient les États-Unis. Le 14 février, dans un vibrant discours devant le Conseil de sécurité, le ministre des Affaires étrangères français, Dominique de Villepin, déclare que « l'intervention militaire serait la pire des solutions ». Le 16 mars, Jacques Chirac réitère son opposition à la guerre à la télévision américaine.

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Au Conseil de sécurité de l’Onu, à New York, le 5 février 2003, Colin Powell brandit une fiole censée contenir des extraits d’armes chimiques irakiennes.
Au Conseil de sécurité de l’Onu, à New York, le 5 février 2003, Colin Powell brandit une fiole censée contenir des extraits d’armes chimiques irakiennes. SIPA / © Elise Amendola / AP
Front commun contre la guerre : Jacques Chirac, Vladimir Poutine et le chancelier allemand Gerhard Schröder à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2003.
Front commun contre la guerre : Jacques Chirac, Vladimir Poutine et le chancelier allemand Gerhard Schröder à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2003. Paris Match / © Benoît Gysembergh
Les soldats de la compagnie Alpha, du 41e bataillon d’infanterie, avant de partir en Irak. Camp Virginia, Koweït, le 21 mars 2003.
Les soldats de la compagnie Alpha, du 41e bataillon d’infanterie, avant de partir en Irak. Camp Virginia, Koweït, le 21 mars 2003. Paris Match / © Alvaro Canovas

La coalition menée par les Américains envahit le pays sans déclaration de guerre et sans l'aval de l'Onu.

À Bagdad, où vivent 4,5 millions de personnes, des volontaires armés de vieux fusils d'assaut se préparent à recevoir un déluge de feu. On protège les bâtiments avec des sacs de sable, les habitants qui le peuvent stockent des vivres, creusent des tranchées. Saddam Hussein, chef d'un pays sous embargo depuis treize ans, a appelé chaque foyer à résister. Les membres du Baas, le parti au pouvoir, resserrent leur surveillance sur la population. Un Irakien confie au grand reporter de Match Michel Peyrard : « Je n'ai plus les moyens de creuser un bunker dans mon jardin. Pour le même prix, j'ai préféré acheter un baladeur à ma fille de 2 ans pour qu'elle ne soit pas trop marquée par le fracas des bombes. »

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Bagdad, le 21 mars 2003. Un bâtiment officiel, siège du Conseil des ministres, a été frappé par un missile de croisière.
Bagdad, le 21 mars 2003. Un bâtiment officiel, siège du Conseil des ministres, a été frappé par un missile de croisière. Sipa / © Olivier JOBARD
Dans une rue bombardée de la capitale, le 26 mars 2003.
Dans une rue bombardée de la capitale, le 26 mars 2003. Sipa / © Olivier JOBARD
Des civils irakiens mis en joue par un soldat lors de la progression des troupes américaines, le 26 mars 2003.
Des civils irakiens mis en joue par un soldat lors de la progression des troupes américaines, le 26 mars 2003. Paris Match / © Alvaro Canovas
Face à face avec un missile. Des combattants américains pendant la bataille de Samawa, en 2003.
Face à face avec un missile. Des combattants américains pendant la bataille de Samawa, en 2003. Paris Match / © Alvaro Canovas

Car la stratégie des États-Unis est limpide : ils espèrent mener une guerre éclair, faire tomber rapidement la capitale bombardée, en même temps qu'ils enverront leurs troupes au sol. Leur but : décapiter le pouvoir. Le raïs, qu'ils avaient soutenu durant la guerre Iran-Irak, leur promet que Bagdad deviendra le « Stalingrad de la Mésopotamie ». Le 20 mars 2003, à 5 h 30 du matin, débute l'opération « Liberté pour l'Irak ». Les forces de la coalition, menées par les Américains, envahissent le pays sans avoir effectué de déclaration de guerre et sans l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais la conquête, sur le terrain comme dans les esprits, se révèle plus difficile que prévu. Alors qu'on parle de guerre technologique et de frappes chirurgicales, on a du sang, des larmes, et les images des premiers morts, militaires comme civils, bouleversent le monde entier.

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Bagdad, le 9 avril 2003. Des GI aident les habitants à renverser la statue du président irakien.
Bagdad, le 9 avril 2003. Des GI aident les habitants à renverser la statue du président irakien. SIPA / © FACELLY
Le président George W. Bush sur le porte-avions « USS Abraham Lincoln », le 1er mai 2003, jour où il annonce la fi n des « opérations majeures de combat ».
Le président George W. Bush sur le porte-avions « USS Abraham Lincoln », le 1er mai 2003, jour où il annonce la fi n des « opérations majeures de combat ». REUTERS / © Kevin LAMARQUE
L’arrestation de Saddam Hussein par les soldats américains à Tikrit, dans la nuit du 13 au 14 décembre 2003.
L’arrestation de Saddam Hussein par les soldats américains à Tikrit, dans la nuit du 13 au 14 décembre 2003. SIPA / © SIPA

Les États-Unis admettront que les raisons invoquées pour justifier l'invasion étaient fondées sur des mensonges.

Le 1er mai 2003, depuis le porte-avions « USS Abraham Lincoln », croisant au large de San Diego, le président George W. Bush déclare terminée l'opération « Liberté pour l'Irak », tout en précisant que la guerre contre le terrorisme, elle, se poursuivra. Dans la nuit du 13 au 14 décembre, Saddam Hussein est arrêté. Il sera pendu quinze jours plus tard, après avoir été condamné pour crimes contre l'humanité par un tribunal national. Mais, pour les Irakiens, cela ne signifie pas la fin de l'occupation américaine. Le conflit s'enlise. L'armée de Saddam Hussein est démantelée, le pouvoir et l'administration sont disloqués... La guérilla contre l'occupant s'organise, en même temps que les milices sunnites et chiites s'affrontent dans la première guerre civile irakienne. Le pays sombre dans le chaos.

Les forces américaines vont rester plus de huit ans en Irak. Elles n'achèveront leur retrait qu'en décembre 2011. Et admettront que les raisons invoquées pour justifier cette invasion n'étaient pas basées sur des sources solides mais sur des mensonges et des informations erronées. Rien dans le rapport des services américains de renseignement sur lequel s'est appuyée l'administration Bush, rendu public en 2015, n'indique que l'Irak possède des armes de destruction massive. « Je le regrette, je le regretterai toujours, a déclaré le secrétaire d'État Colin Powell, décédé en 2021. C'était une terrible erreur de notre part à tous. »

En première ligne. Mars-avril 2003 : en une, les reportages de Paris Match au cœur de la guerre.
En première ligne. Mars-avril 2003 : en une, les reportages de Paris Match au cœur de la guerre. Paris Match / © Paris Match
En première ligne. Mars-avril 2003 : en une, les reportages de Paris Match au cœur de la guerre.
En première ligne. Mars-avril 2003 : en une, les reportages de Paris Match au cœur de la guerre. Paris Match / © Paris Match

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