Georges Brassens, un Italien qui s'ignorait ?

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Georges Brassens, un Italien qui s'ignorait ?

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Georges Brassens l'italien
Georges Brassens l'italien
© Getty - James Andanson/Sygma

Même ses fans ne sont pas au courant : la mère du chanteur emblématique de la chanson française des années 1950 à 1980 était italienne. Pourquoi une telle omerta ? Et en quoi cette culture transalpine a-t-elle influencé Brassens, dont on célèbre le centenaire ?

"Ne me faîtes pas dire que Georges Brassens était influencé par la musique italienne dans ses chansons" prévient Isabelle Felici. L’universitaire, spécialiste de "reconstruction de la mémoire de l’émigration italienne dans le monde entier" a publié en 2017, un ouvrage sur les relations entre le chanteur et la patrie de Garibaldi. 

Car, on le sait peu, Brassens (1921-1981) a des origines transalpines. Sa mère, Elvira Dagrosa, était issue d’une famille venue à Sète depuis la Basilicate, une région pauvre de "la Botte" située entre les Pouilles et la Calabre. 

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Un héritage souvent méconnu 

Brassens dans un entretien à France Culture en 1979 : 

Elle chantait d'abord des chansons italiennes, (...), ma mère. J'avais ce répertoire des chansons italiennes. Et en ce temps-là, tout le monde chantait.

"Lors de ses premières interviews, Georges Brassens évoque ses origines italiennes. Comme ce n’était alors pas très bien vu, "se revendiquer étranger était une façon de s’affirmer comme quelqu’un de marginal"  explique Isabelle Felici. Puis, lorsque le racisme anti-italien sévit moins, le chanteur cesse d’en parler. Peut-être que l’influence de sa mère s’estompe. "Georges Brassens, contrairement à Yves Montand ou Nino Ferrer nés en Italie de deux parents italiens, n’avait que sa mère pour lui transmettre sa culture."

Georges Brassens ne parlait pas italien 

L’auteur de Supplique pour être enterré sur la plage de Sète, a utilisé l'espagnol sur scène, mais il n’a jamais poussé la chansonnette dans la langue de sa mère ! "Pourtant, même si celle qu’il surnommait affectueusement "l’Italienne", parlait surtout un dialecte, il devait comprendre l’italien." affirme Isabelle Felici. "Peut-être est-ce par pudeur qu’il n’a pas osé employer la langue de Dante." 

Sa musique n’était pas influencée par la musique italienne 

Le chanteur a dû baigner enfant dans un bain de paroles et de chansons du Mezzogiorno. Il est donc tentant de chercher dans ses mélodies des traces méditerranéennes. Et cela donne lieu à de multiples spéculations. Mais Isabelle Felici nuance : "Georges Brassens avait dû écouter des titres d'artistes français d’origine transalpine (comme Rina Ketty) et de Tino Rossi (Corse mais qui passait pour Italien) ainsi que des chansons napolitaines interprétées par le grand ténor Caruso. Mais son œuvre est surtout marquée par le jazz, et la musique de Charles Trenet qu’il aimait beaucoup". Lui-même disait : 

Je suis un enfant trouvé de la musique.

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L’Italie pour l’intimité

Si Georges Brassens conservait une part d’Italie, il la gardait pour lui. Dans son alimentation, notamment : « Nous ne sommes pas dans les affaires de sa gouvernante (Sophie Duvernoy), mais le chanteur était connu pour manger des pâtes. Il a d’ailleurs donné une recette de sa mère à un ami restaurateur pour prolonger la vie de ce plat, et exprimer son affection envers Elvira. »

Et si, enfant, il avait surtout des copains français « de souche », plus tard, il s'est trouvé des amis italiens : l’acteur Lino Ventura, l’écrivain Louis Nucera… « Mais aussi des musiciens, un tailleur, un facteur de guitare d'origine transalpine. Peut-être était-ce une coïncidence vu le nombre d’émigrés italiens en France, mais on peut imaginer que Georges Brassens trouvait en eux, une certaine proximité. », conclut l’universitaire. 

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