L'échappée avec Benoît Magimel, pour le film "Pacifiction, tourment sur les îles"

Benoît Magimel à Cannes en mai 2022 ©Getty - Fred Dugit
Benoît Magimel à Cannes en mai 2022 ©Getty - Fred Dugit
Benoît Magimel à Cannes en mai 2022 ©Getty - Fred Dugit
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L’échappée vous emmène chez Benoît Magimel, qui est au cœur du film “Pacifiction : tourment sur les îles” d'Albert Serra. Benoît Magimel, c’est l’histoire d’un homme qui a grandi devant les caméras, a fini par se convaincre qu’il était comédien et qui peut décidément tout jouer aujourd’hui.

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C’est une expérience à nulle autre pareille. Une plongée de 3h dans la langueur de Tahiti, dans des paysages paradisiaques autant qu’inquiétants.

Et au cœur de ce décor fou, il y a un homme. Un haut fonctionnaire de la République incarné par Benoît Magimel. Un manipulateur dont l’autorité s’effrite tandis que progresse la rumeur d’une reprise des essais nucléaires aux abords de l’île.

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Le film s’intitule “Pacifiction, tourment sur les îles”. Il est signé Albert Serra et sûr qu’il fera date dans le parcours de comédien de Benoît Magimel.
On mesure le chemin parcouru, depuis qu’on l’a découvert quand il avait 13 ans avec le rôle de Momo, dans “La Vie est un long fleuve tranquille”. Ça fait un bail. Depuis, il s’est efforcé de brouiller les pistes, comme il dit.

Aujourd’hui, Benoît Magimel a 48 ans et il a déjà bâti une œuvre. Le mot lui inspirerait un sourire dubitatif mais tant pis.
C’était le matin, un peu avant midi et j’avais rendez–vous chez lui.

Extraits de l'entretien

Sa passion pour les percussions

En s'installant chez Benoit Magimel à côté d'un cendrier encore vide, on découvre une rangée de congas cubains : « J'en joue depuis l'adolescence. J'ai eu plusieurs groupes, mais je n'étais pas très bon. Je n'étais pas à l'aise sur scène, j'avais le trac et donc je perdais mes moyens. D'ailleurs, je soupçonne mes copains de baisser le micro quand je jouais sur scène. Paradoxalement, je n'ai pas eu ce trac devant une caméra. C'est sûrement le fait de ne pas avoir d'instrument. Au cinéma, c'est seulement depuis très peu de temps que je commence à me dire que finalement, j'ai été fait pour le métier d'acteur tout de suite. »

Ses débuts au cinéma à  l'âge de 13 ans

Repéré à l'âge de 13 ans, il décroche son premier rôle au cinéma dans la comédie d'Étienne Chatiliez, "La vie est un long fleuve tranquille" où il incarne « Momo » Groseille, il crève l'écran dans ce premier film : « On me disait de ne pas arrêter l'école parce que mon physique pouvait évoluer dans le mauvais sens. Ça arrive souvent. Les gamins ont de bonnes bouilles, et puis à l'adolescence, ils virent vers quelque chose de plus ingrat ou ils ne correspondent plus vraiment à ce qu'on attend d'eux. Il n'y a pas beaucoup d'enfants acteurs qui continuent par leur volonté. C'était une autre époque, on nous disait : "Ne travaille pas. Reste toi-même. Il faut que tu sois frais le plus possible". Et ça me paraissait dingue. Au fur et à mesure, j'ai commencé à savoir ce que je voulais faire : ne pas être cantonné au même rôle. J'ai brouillé les pistes. Je ne veux pas qu'on apprenne trop sur moi parce que je veux qu'on puisse plaquer tout ce qu'on peut vouloir projeter sur ma position d'acteur. »

Son adolescence baignée dans la culture hip-hop

À la fin des années 1980, le jeune Benoit Magimel se prend de passion pour la culture hip-hop et y trouve une porte d'entrée par le graffiti : « Je me suis mis à la peinture, c'était quelque chose d'extraordinaire. Vous alliez à moto dans un terrain vague pour faire du graffiti. Deux jours après, à Stalingrad, dans un autre terrain vague, tout était relié, que ce soit l'Est ou le Sud de l'Ouest de Paris. Il y avait des bandes et c'était une vie que j'aimais beaucoup. J'ai rencontré Joey Starr qui faisait du graffiti avec Mice Carter, qui venait d'arriver à Paris, et qui a recouvert la capitale de son nom. Quand on a 14 ans, c'est impressionnant. »

Son rôle dans "Pacifiction" d'Albert Serra

Dans Pacifiction tourments sur les îles, Benoît Magimel est haut commissaire de la République à Tahiti. On ne connaît pas son prénom. Il porte une veste croisée en toutes circonstances, dans des réceptions mondaines comme dans des clubs interlopes. Cette veste est l'accessoire dérisoire de son pouvoir qui se dissout tout au long du film. Benoît Magimel est le pilier de "Pacifiction". Il est quasiment de tous les plans. Sa masse, la lenteur de ses gestes, son phrasé, tout incarne la menace et le burlesque du pouvoir"Pacification" est signé d'un grand réalisateur contemporain, Albert Serra : « Il monte son film à l'oreille. Il a 540 heures de rushes, et il écoute. Et quand quelque chose l'intéresse, il va voir les images, et il les monte. Ça peut être un peu déconcertant pour un acteur, mais c'est quelqu'un qui vous offre un terrain de jeu. Il met en place une situation avec des protagonistes, il leur donne à tous, une problématique, un but et il laisse tourner trois caméras jusqu’au moment où il se passe quelque chose. »

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Son admiration pour Michel Simon et Jules Berry

Dans son Panthéon personnel, Benoît Magimel admire le jeu d'acteurs de deux comédiens : « Jules Berry m'a beaucoup impressionné dans « Le jour se lève » avec Gabin. C'étaient des comédiens qui venaient du théâtre, et ils s'en foutaient du cinéma. Et puis Michel Simon aussi, dans « Boudu sauvé des eaux » Ça donnait l'impression que c'était de l'improvisation alors que tout était écrit. Il y a quelques scènes où la prise de son est telle qu'il y a un naturel déconcertant pour l'époque. Tout était très articulé. Renoir, quand il parle de ce que c'est que la direction d'acteur, c'est fascinant. »

Le tube de l'invité

MURRAY HEAD - Say it ain't so

Programmation musicale

ORELSAN - Seul avec du monde autour

Pour en savoir plus, écoutez l'émission...

À réécouter : Benoit Magimel
Le grand entretien

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