Un salaire correct pour une fonction qui demande une disponibilité de tous les instants, bien loin toutefois des salaires pratiqués dans le privé ou dans la fonction publique internationale pour des responsabilités équivalentes. Ainsi, un haut fonctionnaire de la Commission européenne peut gagner jusqu’à 192 000 euros par an (16 000 euros/mois) et la rémunération d’un CEO d’une entreprise du Bel20 peut culminer au-delà des 7 millions d’euros (Carlos Brito, AB InBev), descendant rarement sous le million d’euros. En 2009, le patron de Solvay, la multinationale "belge" par excellence, touchait tout de même 1 520 000 euros…
Moins d'éminences
A noter toutefois : les vice-premiers toucheront le même salaire que le Premier, soit une différence de 327 euros par mois avec leur salaire de base comme ministre. Or, il y aura deux vice-premiers supplémentaires cette fois, chacun des six partis de la coalition ayant le sien. Dont surcoût annuel : 7848 euros.
Mais d’autre part, il y aura aussi 2 ministres (10 709 euros/mois) et 1 secrétaire d’Etat (10 283 euros/mois) en moins par rapport au gouvernement précédent, soit une économie annuelle de 380 376 euros.
Résumons pour ce qui concerne les salaires des éminences : il en coûtera au Trésor 2 438 373 par an, soit 372 528 euros de moins que si le gouvernement avait gardé la voilure de l’équipe précédente, et compte non tenu de la réduction de 5% des salaires de tous les membres du gouvernement.
Chers cabinets
Reste qu’un gouvernement s’appuie sur des cabinets. Composés pour l’essentiel de spécialistes des compétences des ministres, ils comprennent également un staff davantage dévolu aux activités du ministre lui-même : chauffeur(s), secrétaire(s), attaché(s) de presse…
Difficile de chiffrer précisément le coût des cabinets ministériels, d’ailleurs dénommés "cellules stratégiques" depuis la réforme Copernic des années 2000-2001. Deux choses sont claires : le nombre des membres des cellules stratégiques a largement été revu à la baisse suite à cette réforme et une part significative des "cabinettards" sont issus soit du Service public fédéral (SPF) placé sous la tutelle du ministre, soit d’une autre administration. Des règles complexes et précises régissent le paiement de ces "soutiers" de la politique. Ainsi, pour les membres des cabinets détachés de l’administration fédérale, seule la prime est à charge de la cellule stratégique, le salaire de base étant versé par l’administration d’origine. Les membres de cabinets issus d’administrations d’autres niveaux de pouvoir (régions et communautés) continuent à recevoir leur salaire de leur administration d’origine, celle-ci étant remboursée de ce montant durant le détachement.
Des engagements d'économies
Sous le gouvernement Leterme, avec un pic à 930 personnes, les budgets destinés aux cabinets ministériels s’établissaient à environ 65 millions d’euros par an. Un peu plus que sous Verhofstadt II et sans doute aussi un peu plus que pour cette nouvelle législature. Pour quelles raisons ?
Les cellules stratégiques sont de taille variable selon les départements concernés. Inévitablement, la réduction de trois unités du nombre des membres du gouvernement va engendrer une diminution du nombre des membres des cellules stratégiques, ne serait-ce qu’au niveau des fonctions directement attachées à la personne du ministre. Et d’ailleurs le nouveau gouvernement s’y était engagé dans son épure budgétaire.
Reste que le passage à six vice-Premiers va entraîner la création de deux "cabinets vice-Premiers" supplémentaires, chargés du suivi de la politique générale du gouvernement. L’économie réalisée d’un côté pourrait donc être en grande partie annulée par le surcoût engendré de l’autre côté.
Enfin, rapportés aux 90 milliards d’euros que contient le budget des voies et moyens en 2011, les quelque 65 à 67 millions d’euros annuels que coûteraient les cabinets et les salaires des ministres représenteraient… moins de 0,1% du total. Pas rien certes, mais peut-être le prix de la démocratie.
T.N.