Questions-Réponses

Qu’est-ce qui consomme le moins d’énergie : couper le chauffage, baisser ou maintenir une certaine température ?

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Par Jean-François Noulet

C’est une question que notre rédaction a reçue : faut-il baisser, couper ou laisser le chauffage à la même température en cas d’absence ? Nous avons consulté Francesco Contino, professeur à l’école polytechnique de l’UCLouvain et spécialiste de l’énergie.

La règle de base : ne pas chauffer quand on n’est pas là

Pour le professeur Francesco Contino, le principe de base, c’est de ne surtout pas chauffer quand on n’est pas à la maison. "Cela fait parfois un peu bizarre et c’est contre l’habitude de certains chauffagistes qui ont une vision très conservatrice des choses", explique le professeur Contino, "mais il n’y a pas de raison de chauffer quand on n’est pas là", ajoute-t-il.

Il recommande ainsi de "subir un peu le froid", lorsque l’on revient chez soi ou au réveil, en attendant que la température remonte ou de programmer son thermostat.

Apprendre à régler le thermostat d’ambiance si l’habitation en est équipée

"On constate que beaucoup de gens ne connaissent pas le fonctionnement de leur thermostat d’ambiance", explique le professeur Contino. Le thermostat est souvent utilisé pour conserver une température confortable dans l’habitation. Les chauffagistes conseillent d’ailleurs parfois de programmer le thermostat sur la température souhaitée.

Cependant, de plus en plus de thermostats sont réglables selon les plages horaires et les jours de la semaine. Une fois programmé, cet outil peut donc se charger de régler la température du logement lorsqu’on est absent.

Pour économiser l’énergie, mieux vaudra toujours éteindre son chauffage en son absence. Cependant, en fonction des habitations, garder une température minimum sera conseillé. "Si l’habitation est très mal isolée, on risque de descendre relativement vite sous une température qui peut amener toute une série de problèmes", explique le professeur Francesco Contino. Certains appareils et équipements de la maison pourraient ne pas supporter une température trop basse.

Le risque d’humidité dans l’habitation est aussi à prendre en compte. "Je dirais qu’il faut essayer de maintenir une température de base de 14 ou 15 degrés. C’est raisonnable", estime Francesco Contino. Pour lui, "descendre jusqu’à 12 degrés n’est pas un souci majeur".

En résumé, donc, programmer la sécurité antigel entre 12 et 15 degrés est l’idéal en cas d’absence, voire la nuit.

"Oui, mais au redémarrage, le chauffage va devoir tourner plein pot !"

C’est une crainte que l’on a souvent : si la température descend trop bas dans une habitation, l’installation de chauffage va devoir tourner plein pot pour réchauffer l’habitation.

Le professeur Contino rassure. "Ce n’est pas grave", dit-il. Selon lui, "la chaudière peut tourner plein pot pendant un certain temps. Cela fera, quand même, que de l’énergie n’aura pas été dépensée avant pour chauffer un bien qui, de toute façon ne devait pas être chauffé", puisqu’on n’était pas là.

De plus, précise le professeur Contino, "la déperdition thermique d’un bien dépend de sa température intérieure. Si elle est élevée, il va perdre plus alors que vous n’étiez pas là""Ce n’est donc pas très utile" de chauffer quand on s’absente.

Ne pas confondre puissance et énergie

C’est ici qu’interviennent les notions de puissance et d’énergie. Craindre qu’une installation de chauffage ne soit obligée de tourner plein pot pour réchauffer une habitation, c’est confondre ces deux notions.

"La puissance, c’est l’intensité avec laquelle on va réchauffer", explique Francesco Contino. "Et effectivement, plus on a laissé descendre la température, plus on va devoir mettre une grande puissance pour remonter la température", poursuit le professeur spécialiste des questions énergétiques.

"L’énergie, c’est le temps pendant lequel on va utiliser une certaine puissance", poursuit le professeur. "Ce laps de temps ne sera pas très long si on utilise de la puissance pour remonter la température", ajoute-t-il. "Par contre, maintenir une température sur toute la journée, c’est sur un long laps de temps, avec une puissance qui est peut-être un peu moins élevée, mais qui au final va créer plus d’énergie", ajoute le professeur Contino.

Et "au final, ce qu’on paye, c’est l’énergie, pas la puissance", conclut-il.

Des nuances à apporter selon le type de chauffage

Ce raisonnement global, couper ou baisser le chauffage en son absence ou la nuit, doit être adapté en fonction du type de chauffage qui équipe l’habitation.

Pour un chauffage au mazout ou au gaz, ce raisonnement tient la route. "Le prix du gaz ou du mazout ne dépend pas du moment où on se chauffe et les performances du chauffage non plus", explique Francesco Contino.

Si le chauffage est purement électrique (sans pompe à chaleur), il s’agit généralement de chauffages qui se chargent la nuit, via accumulation. Cela va souvent de pair avec un compteur distinct et un tarif séparé, de nuit. Dans ce cas, c’est globalement la nuit qui est privilégiée pour faire tourner l’installation.

S’il s’agit d’un chauffage électrique sans accumulation et sans pompe à chaleur, on se retrouve un peu dans le même cas de figure qu’avec le gaz ou le mazout.

Si l’habitation est équipée d’une pompe à chaleur, il faut faire attention. "La pompe à chaleur va chercher ses calories dans l’air et elle est plus performante quand l’air est chaud à l’extérieur", explique le professeur Contino. Mieux vaut donc chauffer pendant la journée plutôt que tôt le matin, par exemple ou se contenter le matin d’un minimum d’apport de chaleur. "Ne pas chauffer quand on se réveille et subir un peu le froid, parce que c’est ce n’est pas le moment où il fera le plus chaud (ndlr : dehors)", conseille le professeur Contino. "Il vaut mieux retarder le moment où on va chauffer car le chauffage sera plus performant quand il fera bon dehors", ajoute Francesco Contino.

Des conseils toujours utiles : aérer, limiter le taux d’humidité, utiliser des chauffages rayonnants

Bien ventiler son habitation reste un conseil de base qui permettra de chauffer plus facilement le logement en réduisant le taux d’humidité. Pour le professeur Contino, le taux d’humidité ne devrait pas être de plus 60%, voire 70%. Il conseille d’ailleurs de s’équiper d’un appareil pour mesurer ce taux. Il en existe sous la forme de petits thermomètres qui mesurent aussi le taux d’humidité. On en trouve à quelques euros.

Pour réduire le taux d’humidité, la ventilation et l’aération sont nécessaires. Si le logement est équipé d’une ventilation mécanique, ce sera plus simple à faire. Sinon, l’habitude à prendre est d’ouvrir les fenêtres des chambres le matin et le soir, celles des pièces où l’on a vécu pendant la journée. Cela permettra d’évacuer l’humidité qui peut s’accumuler dans une pièce.

Enfin, pour ceux qui voudraient une alternative à un chauffage central, il y a la manière "slowheat" de se chauffer. Parmi les conseils, il y a les petits radiateurs rayonnants, de basse puissance et qui réchauffent localement plutôt que toute une pièce.

 

Sur le même thème : Extrait JT (22/10/2022)

Énergie : Quand allumer un chauffage d appoint ?

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